syrup’s still syrup in a sippy cup♡

miya ( 宮 , palace — princess )
rien que le reflet d’un désir assumé qui la tourmente depuis la nuit des temps. elle pourrait crever, elle pourrait tuer, trahir, mentir, pour l’illusion d’un certain luxe, d’un confort de vie assuré. le péché lui colle à la peau, l’étouffe presque, mais elle n’est pas prête de l’arracher. les paupières fermées, la vision volontairement inerte, elle ne voit pas, elle ne sait pas. elle préfère s’aveugler, s’inventer princesse plutôt que de confronter la réalité. elle ne s’aperçoit pas des effets de son envie, de son mensonge ; la forme serpentine qui arpente son squelette a déjà laissé son venin s’immiscer entre les parois de son hémoglobine. il est trop tard maintenant, c’est incurable. "gimme just a little bit more, little bit of excess."

sakura ( 桜 , cherry blossom )
une identité dérobée, pour des bijoux volés : tel avait été établi le marché. "can you pretend i’m someone i’m not ?" un regard incertain, une confusion qui transparait sur le visage de la femme. "sure." alors, c’était décidé. les tendres syllabes trouvées par hasard dans un vieux bouquin, son palpitant s’était accroché à ces consonances étrangères, devenues douce promesse de renaissance, et délicat hommage à sa mère. maman, belle et tendre maman, qui rêvait de traverser la frontière chaque printemps, qui s’imaginait valser sous les cerisiers le temps d’une éternité. des papiers falsifiés prêtés, elle germa à nouveau sous les traits d’une innocence achevée, gomma de sa mémoire les nombreux souvenirs d’un passé raté.

FAKEFAKEFAKEFAKE

li ( 李 , plum )
les espoirs sont morcelés, les attentes s’émiettent et les rêves se dispersent quand vient frapper à la porte l’empreinte paternelle. depuis sa plus tendre enfance, elle tissait dans les recoins de son imagination le quotidien idéalisé d’une vie parfaite, et drapait sur sa silhouette mille robes et paillettes qui valaient bien plus que les soupes qu’ils engloutissaient chaque semaine. et surtout, surtout, elle peignait le portrait d’une famille unie, d’un papa qui aimait la maman, d’une maman qui aimait le papa. peut-être rêvait-elle trop grand, finalement, car la réalité rimait toujours avec écrasantes déceptions.

pourtant, papa ne l’a jamais frôlée dans le but de la blesser, ou prononcé la moindre parole dégradante à son égard. au contraire, il avait l’habitude de la couvrir de tendresse lorsqu’il enveloppait sa frêle figure contre lui, presque pour la protéger, comme s’il savait les horreurs que renfermaient le monde. et il ne les connaissait que trop bien, papa, les horreurs humaines. il transportait avec lui cette odeur putride, et, parfois, une couleur rougeâtre virant au marron sur ses mains. tantôt, il avait un regard distant, tantôt, il avait cette folie dans les prunelles qui le dévorait un peu plus chaque jour, à tel point que, au fil des années, même son ombre paraissait étrangère. papa et monstre semblaient liés.

shihan ( 诗涵 , poetic mellow )
les regrets se creusent dans le myocarde, et quand bien même doublés sont les efforts pour les déterrer, ils restent plantés là, infrangibles, car même fermer les yeux ne suffit pas pour les faire cesser d’exister. avec eux survient une singulière mélancolie, celle qui bouleverse l’esprit et qui fait se retourner. puis, d’innombrables questions parasitent l’encéphale sans que l’ombre d’une réponse ne surgisse. chaque jour, elle voit les doutes s’accumuler, leur poids s’alourdir et ses épaules faiblir à force de devoir les porter. car si sakura shihan entame chacun de ses pas d’une assurance irrécusable, retentissent encore les échos maternels des lettres de son prénom pour la stopper dans sa démarche. "sorry, mom. i’ll come back one day, i promise.", un mensonge de plus qu’elle se répète à elle-même, dans l’unique but de se rassurer.

guangzhou ( 廣州 , expensive district )
elle éclot entre les entrailles de la capitale de guangdong, l’air pollué qui infecte les poumons, la pauvreté marquée sur le paysage. loin de l’idée des gratte-ciel fastueux hébergeant d’opulents citoyens, elle se familiarise plutôt avec les quartiers défavorisés de la ville chinoise et les minuscules appartements empilés les uns sur les autres. une faim insatiable, celle de grandeur, la tenaillait dès qu’elle osait s’aventurer dans le luxe urbain de certains coins de guangzhou, la jalousie lui bouffant la raison, un simple questionnement l’obsédant : "why them, why not me ?".

2 2 , ( twenty - two )
les années qui passent tracent peu à peu les courbes sinueuses de son enveloppe charnelle, développent la maturité des contours de son faciès, le tout serti d’une féminité exacerbée, et d’une identité pas encore affirmée. il est compliqué de croire en une âme dont on a honte, dont on refoule l’histoire et les cicatrices.

japanese
la nationalité est adoptée dès son arrivée sur le territoire nippon, sans qu’une émotion particulière ne la traverse. rien de plus qu’un fast-pass pour une vie meilleure, loin de li shihan et tout ce qui s’y rapproche.

chinese
mais l’accent ciselant sa voix et sa tendance maladroite à écorcher certains sons dévoilent cette appartenance à l’empire du milieu. malgré tout, si elle a pendant longtemps foulé ses terres, appris ses contes et finalement domestiqué une certaine fierté patriotique, elle ne peut s’empêcher de vouloir l’effacer de ses souvenirs. résonnent entre grand nombre de ses villes les cris d’âmes injustement enlevées à leur propriété physique, et y réside encore l’ombre paternelle qui hante ses nuits. "i can still hear them. the lambs screaming."

( gymnastic ) ribbon
gamine, ses iris chocolatés avaient déposé leur curiosité sur un bout d’étoffe immaculé, satiné, étincelant, un contraste prononcé avec le ton grisâtre du bitume. dans l’instant, fut immédiatement reléguée au second plan l’obligation scolaire, petite shihan préférant se concentrer sur cette sublime trouvaille d’au moins plusieurs mètres de long. le matériau lui glissait entre les doigts, semblait bien trop doux au toucher pour qu’il ne vaille pas une petite fortune. rapidement, le tissu évoqua en elle une profonde passion pour la mode, et le stylisme. il traversa les âges, rafistolé et modifié ; fut accroché au satin un bâton boisé finement taillé afin qu’il puisse tenir dans son poignet, et furent brodés des centaines de motifs multicolores, leur qualité s’améliorant au fil des années.

raiyo ( 雷誉 )
uc.

fashion student
uc.

thief ( オパール , opal )
uc.