Juchée dans un recoin de Yanagizaka, la boutique de musique du vieux Wada est appuyée contre le tronc d'un immense cèdre ancien. Intérieur de bois chaleureux envahi de plantes, on y vend des instruments de musique magiques comme Intouchés, accessoires et partitions en tous genres. Les violons suspendus au plafond jouent de la musique paisible toute la journée, mêlés aux fleurs et plantes grimpantes venues coloniser l’intérieur sans que le propriétaire n’y voit d’inconvénient. Dans la pièce principale, un piano de bois est disponible aux visiteurs près de la vitrine. Wada-sensei propose également des services de lutherie pour l'entretien de vos instruments à cordes et vos cuivres, et quelques professeurs à temps partiel occupent l'une des pièces de la boutique régulièrement pour donner des cours hebdomadaires.

Dans le bruit sourd des machines à grande vitesse et entre quelques plantes fleuries toujours rayonnantes, de nombreux bancs flottant magiquement sont disposés pour permettre aux mages de patienter calmement, le temps que leur linge soit totalement savonné et rincé par les éléments d'eau virevoltant dans la bâtisse. Ils sont souvent retrouvés à gambader dans le lieu sous forme de bulles de différentes couleurs, et s'empressent de venir trouver le linge sec dans les bacs que l'on pose sous leur nez. Curieux (et parfois un peu intrusifs), ils se chargeront de faire disparaître les tâches des vêtements que les mages leur confient en un temps record ; ou en plusieurs heures, selon si l'élément est lazy ou non. Quelques machines sont disponibles pour s’offrir une lecture ou une boisson rafraichissante. Au fond de la pièce sont installés des séchoirs magiques, permettant au linge de se sécher en quelques minutes seulement. Pour ceux possédant plus de temps, des lignes sont disponibles dans la cour arrière, tirées entre deux bâtiments soldes - le vent marin se fera une joie de faire disparaître la moindre goutte.

Petits studios encombrés dans un ancien bâtiment, résidences modestes partiellement rénovées et grands manoirs familiaux cohabitent dans ce quartier dans un style éclectique. Si certains logements présentent à peine assez d’intimité pour quelques étudiants pratiquement fauchés, d’autres permettent aux familles de s’installer confortablement sans trop s’éloigner du centre de Meiwa. C’est à l'abri de certains regards, derrière de grands arbres et d’aussi grandes barrières élégantes que certains anciens bâtiments toujours en très bon état se tiennent encore droits et gigantesques, accueillant certains riches mages se préférant ici plutôt que dans la modernité de Chūo-Kōei.

Ici, rien ne bouge. L'eau et les vapeurs semblent suspendu.e.s en même temps que le temps, qui s'étend en même temps que le promeneur qui s'égare. Akaname Onsen prend sa place dans les sillons d'un labyrinthe de marches en pierre-il faut, pour y pénétrer et s'imprégner du lieu, apprivoiser les escaliers capricieux qui forment un pont biscornu, véritable portail à l'oeil qui voit tout. Les sources ont, de jour, l'allure d'un paradis pour les mages en quête de détente : nombreux bassins fumants, à l'odeur entêtante, donnent un air serein et inspirent confiance -il paraîtrait que les étendues d'eau parfois sans fond découlent directement du Mont Hyōri, et auraient une influence positive sur la magie de celui qui s'y trempe. Cependant, les rumeurs disent qu'à l'apparition des premières étoiles, l'endroit est hanté d'esprits, de kami, de yokais et autres créatures douées d'intelligence, qui prennent possession des lieux et y sont traités comme des rois : un pacte ancestral passé entre eux et la famille propriétaire du domaine scellerait, en échange de soins, un traité de paix entre ces créatures surnaturelles et les humains de l'archipel. Tout humain.e qui errerait dans le village après minuit serait soumis.e à un choix : travailler pour les sources chaudes (sa magie serait alors enchaînée au lieu) ou être changé en animal. Personne ne sait que ces rumeurs sont bien réelles… et que le pacte est en péril : le palais ne tient debout qu'en puisant dans la magie de ses employés, de ses captifs — et dans une moindre mesure, de ses visiteurs, qui confondent l'épuisement en découlant avec la fatigue d'une longue journée de plaisir. Il arrive que les lourdes illusions s'effondrent et que les murs se révèlent ruines, le temps d'un battement de paupières. Car, frappé d'une malédiction par un esprit du mont Hyori offensé, le propriétaire, désormais mourant et privé de son héritier rebelle, pourrait bien laisser le lieu s'éteindre en même temps que lui.