666, omen of the devil ─── ✧ remira (OS)

Les mauvais présages ne demeurent que d’ordinaires augures d’entre lesquels pleurent les madones des tourments – d’illustres rengaines que même les années ne sauraient essouffler, n’en deviennent communes qu’au rythme des provocants. D’aucune imposture ne pourrait mieux occuper les trônes branlants des manants que l’auguste vaurienne – et dans ces danses sombres s’en ressentent les immenses urgences d’en redemander encore. Les respirations s’esquintent dans les silences bousculés à s’en demander quelle en sera la dernière – mais les mouvements s’alourdissent, s’emmêlent de fièvres incessantes et d’épuisement. Tu grattes les moindres miettes de résistance, incapable de reconnaître quand tes limites pourraient se perdre. Dans les recoins de votre repère, Remi, tu recherches les absolus – à dissoudre les derniers coups, les derniers souffles, et même les derniers remous, tout pour mieux asseoir cette souveraineté que tu dépeins dans ce domaine.

Tu observes l’adversaire sous les revers des nuages bas d’être trop de fois tirés là – Akira de ses regards concentrés ne cherche qu’à détromper les gestes usés. Sur vos épaules s’affaissent un nouveau poids et les plaintes du parquet accompagnent vos pas gourds d’être répétés maintes fois. Les efforts se ressentent dans l’affaissement imperceptible de vos corps – et entre vos bras se peuplent d’innombrables grammes las. Les secondes s’étirent plus lentement qu’elles ne sont tombées au commencement mais sans t’en rendre compte, même toute vigilance s’émiette sûrement. Dans un revers d’essoufflement tu recules de quelques pas, te permets de prendre un écart – mais quelle n’en fût pas l’incartade. Dans un regain frauduleux, Akira s’élance pour tout emporter dans ses ombres ; toute patience, l’issue de cette confrontation, et surtout ta respiration. Placardée comme une poupée de chiffon par ta faute, dans un manque de vigilance à son égard. Les bois se fissurent à l’encontre de ta silhouette malmenée par un retour de force insoupçonné, comme si par l’élan du malandrin tout ton être s’en retrouvé enfoncé dans les reliefs des boisures. Ce n’est pas seulement ton corps qui proteste dans ce nouvel impact, mais toute la piaule – comme un grondement sourd s’élevant des fondations. Les lattes du parquet craquent sous les pas précipités, les murs deviennent menaçants, prêts à s’enrouler autour de ton corps ; et de vos décombres.

Toute respiration s’échappe dans la surprise, et dans la collision – pendant quelques secondes, seule l’asphyxie s’éprend de tes poumons. Les poignets accrochés comme de vulgaires portraits – c’est dans l’ombre du sien que tu redresses ce regard vaurien. Un ricanement des catacombes coincé au travers de la trachée, à croire que rien n’est jamais suffisant pour te réduire au silence. Les tambours s’emportent contre tes tempes, contre ta patience. Tu n’entends que les pulsations de ton pouls en tourment – ou bien celui de l’autre. La carcasse du démon se presse comme un tombeau, pour peu tu pourrais disparaître dans cette pression intransigeante. Mais quelque part ce poids a le réconfort de tes névroses, l’écho de tes besoins immoraux. Akira pourrait bien s’écraser de tout son être contre ton squelette, tu n’en ferais rien – s’il n’y avait pas la nécessaire urgence de reprendre le contrôle. Une situation ne s’échappe jamais trop longtemps de tes tempêtes – les défiances mises en avant, les orgueils soulevés, et surtout la crainte de n’être maître de rien.

La pression est une nouvelle piqûre d’adrénaline injectée directement dans tes veines, dans un fracas qui pourrait faire disparaître des montagnes. Tes prunelles se relèvent d’entre les gouttes de sueur abandonnées sur son torse vers les charbons des siennes, abaissées vers ton visage pour mieux appréhender le prochain virage. Tu en prends la mesure de toutes ses nuances, des froncements de ses sourcils au discret pincement de ses lèvres, si caractéristique de ses efforts. Tu ne saurais reconnaître lequel de vos visages révèle le plus ce qui trame entre vos émois – mais pour peu, tu pourrais percevoir ton état en miroir dans son regard. Les secondes de plus sans reprendre correctement ta respiration ne deviennent qu’un engourdissement détestable de ta conscience. Les pensées s’emmêlent, les réflexions deviennent pataudes – des envies difformes et des projections compressées. Des idées précipitées s’écrasent à la commissure de tes pensées nécrosées, mais tes lèvres ne s’entrouvrent suffisamment longtemps que pour reprendre un souffle depuis trop longtemps absent. Scellées avant qu’aucune lettre ne s’en échappe par les mauvaises grâces de la moitié démoniaque. Les courroux s’amassent dans le froncement de tes sourcils, toute magie entravée par sa paume, par ses poignes, par sa présence. Par la fatigue, également, mais tu ne voudrais l’admettre autrement. Chaque fois tu en oublies la précision de ses anticipations, tellement accaparée par tes égoïstes décisions que tu feins de le reconnaître plus bête qu’il ne l’est réellement. Mais Akira est toujours deux pas derrière quand tu en avances de trois, jamais trop près pour te dépasser, mais jamais assez loin pour te laisser le distancer.

Il est des temps passés où sa main impérieuse contre tes lèvres avait d’autres égards, entre les draps – n’est désormais qu’insupportable dans vos nombreux combats. Ta mâchoire se contracte entre ses doigts ramassés, si près de la faire craquer. Ta poitrine se soulève douloureusement d’une respiration haletante, permise uniquement par le nez. Les injures ravageuses se devinent dans leurs ombres muettes au-dessus de vos silhouettes. Les ombres s’affaissent entre vos regards qui jamais ne s’échappent, et tu voudrais lui faire regretter cette ascendance que tu ne pourrais jamais accepter – comme tu voudrais que son corps se presse d’autant plus contre toi. Que les aspérités du bois ne deviennent qu’un détail entre ses bras. Tes doigts se glissent silencieusement contre leur chair, remontent ce derme que tu voudrais faire disparaître pour mieux te satisfaire – et s’accrochent autour des poignets féroces de leur emprise. Tu ressens les battements de ses veines contre tes doigts, les ongles se plantent dans la peau mais n’en font rien de plus un court instant. Faudrait-il l’amener plus près que toute gravité ne le permet pour que vos peaux s’embrassent ; ou au contraire, le rabattre à des mètres loin de toi pour lui rappeler qui d’entre ces murs fait loi.

Toute balance ne connait aucun équilibre, dans tes délires. Plutôt crever que d’admettre qu’il pourrait vaincre, à l’orée de toutes tes forces épuisées. Les lueurs de sa peau brûlante ne sont que quelques grammes d’essence dans les basfonds de ta conscience – mais même accablée, tu en reconnais les flagrances. À t’en abreuver comme une camée en manque, tu pourrais tout prendre. Sa main qui te retient prisonnière, son corps qui se fait cloître de tes émois. Son regard qui t’arrache d’autres envies détestables – et le démon de ses entrailles. Toutes ces batailles ne se terminent jamais vraiment ; il n’est aucune fin suffisante dans votre monde. Tout comme il n’est aucun monde où tu ne peux ignorer reprendre l’ascendant. L’échine s’empresse d’une caresse familière, chargée d’électricité. Les ions s’entassent dans l’atmosphère à mesure qu’ils apparaissent sur ton épiderme. Dans tes prunelles se reflètent les promesses des enfers, les tempêtes de tes règnes. Les maigres ressources se soulèvent pour un dernier anathème. Les cicatrices de son corps s’illuminent en même temps que tes estampes – tous deux auréolés de tes éclairs apprivoisés. Le temps s’engourdit plus encore que vos corps, et une plainte s’échappe des murs de ta chambre. Les mèches sombres détrempées autour de vos visages crépitent comme un mauvais présage – et dans ce sourire inaccessible, Remi, tu relèves l’étendard impitoyable de l’aguerrie. Tes doigts se resserrent d’autant plus contre son poignet, près de cette paume que tu embrasses par la pression exercée contre tes lèvres, pour l’empêcher de s’en détourner. Il ne peut plus vraiment se soustraire de ton emprise – désormais lui-même captif de sa propre initiative. Et dans les reflets électriques de vos regards, tu renverses doucement ce rapport à ton égard.

La moindre parcelle de ton corps s’imprègne de l’électricité grandissante, charogne de son élément. Tu en revêtes le réconfort mordant comme une seconde peau naturellement. L’audace se pourfend dans ton regard à mesure que les orages apparaissent sous le plafond, viennent s’accrocher aux moindres particules de l’atmosphère. L’environnement se plie aux caprices d’une foudre que tu n’as jamais eu peur de déchaîner – encore moins à ses côtés. Les mouvements entravés n’empêchent pas la pièce de se retrouver enclavée, et sous les crépitements menaçants on pourrait penser être dans un tout autre environnement. Les charges accumulées sous tes doigts viennent mordre la chair que tu enserres comme un bracelet immortel ; enclenchant les défenses adverses à rendre plus dense l’air environnant. Tu ressens les veines d’Akira s’immoler dans leurs braises – et tout son corps en suivant. Les charnières brûlent sous ses paupières sombres en écho à tes lueurs étincelantes ; et dans la pénombre du temple, vos regards ont des allures impérieuses de déités désastreuses. Les magies se calcinent dans leur rencontre, impitoyables comme les attentions à vos égards. Dans d’autres circonstances, tu n’aurais voulu éteindre l’incendie – tu y aurais pris racine de tes insolences impies. Mais dans ces lieux, dans ces instants, tu ne peux lui accorder cette clémence.

Le regard toujours accroché au sien, tu viens en guerre, à la recherche sournoise de ce qu’il ne perçoit pas. Ta respiration se bloque dans une nouvelle concentration, quémandant toujours plus de ressources dans des forces amoindries. Tes sens s’immiscent sous sa peau, sous ses tissus veineux, partent en quête des liaisons dangereuses, se font caresses des muscles incandescents. Une maigre seconde, pour mieux diriger ton élément dans les recoins les plus poussés de son maniement. Tu relâches la foudre dans un soupir imperceptible, bien assez précise pour immobiliser ses nerfs et tout ce qu’ils retiennent. Le bas de ton visage se libère dans une légère bascule, suffisamment pour reprendre les commandes. La lueur qui transperce ton regard est cruelle, avide – rapide comme l’éclair. Tu viens mordre la chair de ses lèvres étirées d’une esquisse macabre, nullement déstabilisée par les émanations métalliques qui percent contre ta langue, viennent s’éprendre contre ton palais. Tu t’accroches à pleines dentes comme une bête affamée, what the– seulement le temps de prendre un nouvel élan. La surprise t’octroie quelques centimètres de liberté, en le faisant reculer d’un pas. Tes paumes trouvent leur appui sur la surface ébréchée derrière, assez pour te permettre de le repousser d’un coup de pied bien placé. Le corps parjure est propulsé par terre dans un élan qui t’emporte de quelques mètres, déstabilisée par les mouvements soudainement retrouvés.

Tu te redresses à ses pieds, légèrement chancelante, la respiration saccadée par l’air retrouvé et la magie déversée ; mais aucune autre satisfaction n’équivaut à la nouvelle scène que tu amènes. Tu rassembles tes pensées et tes orages pendant qu’Akira se débat, perclus dans un engourdissement temporaire. Tu ne ressens rien d’autres que l’immense complaisance de l’adversaire mis à terre, galvanisée par le retour en contrôle de la situation et le récent amas de poussière. D’autant plus quand dans un ricanement austère, tu le repousses à nouveau vers l’arrière. Don’t be a bitch… La protestation se meurt à la commissure de tes pensées comme un outrage, de ses quelques lettres vient soulever de nouvelles tempêtes. Chaque parcelle de ton être se crève des limites dépassées mais tu n’es guère commode avec tes émotions. Celles qui mènent dans la danse quand le diable se relève. C’est presque plus par instinct que par réflexion que tu procèdes à l’entraver contre le parquet de tes propres empoignades. Naturellement attirée par son corps comme des aimants en inversion, ta silhouette se glisse contre la sienne dans un mouvement fluide. Vos ombres se rencontrent projetées contre les murs aux lueurs chancelantes des bougies – et dans ces formes nouvellement unies, ne paraissent plus qu’une étreinte infinie. Les jambes repliées de part et d’autre de sa carcasse épuisée, tu t’affaisses comme une profane venue chercher son trépas.  

Tes paumes se glissent contre les siennes et viennent s’enlacer comme des amants oubliés, poussières électriques et chaleur crépitante se rencontrent comme si elles ne s’étaient plus trouvées. Cette étreinte a des saveurs dangereuses, piquées d’une adrénaline caractéristique aux magies qui s’associent et se délient par vagues maudites. Les absences se comblent entre les doigts qui se resserrent pour mieux marquer l’ascendance – pour mieux faire taire des soupçons d’insuffisance. I taught you better than that, murmure impétueux abandonné dans un souffle. Tu refermes cette prise en usant du poids de tout ton corps, aidée d’une gravité en reprise de son espace. La position est loin de t’être inconfortable, toute charge relayée entre l’assise et les mains clouées contre les siennes. Ton regard impétueux retrouve l’arrogance de celui en contre-bas, les lèvres creusées d’un sourire dégueulasse – que tu pourchasses d’une caresse de la langue pour faire disparaître les traces carmins laissées par sa main outragée. Un rictus s’accommode de tes pommettes échauffées, profitant de cette vue qui n’est plus vraiment commune. Seules vos respirations saccadées s’entendent pendant un moment, dans un chaos pantelant. Les charges dans l’atmosphère retombent doucement, des étincelles s’échouent autour de vos corps comme des lucioles venues s’éteindre dans le caveau des amants d’antan. L’attache de tes doigts contre les siens se renforce imperceptiblement, comme pour extraire le poids d’une fatigue accumulée… ou par peur qu’il ne cherche à s’en défaire. Suspendus dans vos efforts comme si le monde-même en retenait son souffle, tes nuages se dispersent pour mieux dévoiler la pénombre dans tes prunelles païennes.

La chaleur de ses mains se diffuse à travers les tiennes, et tu ressens sa peau caniculaire près de tes sens. Tu perçois la rigueur de ses paumes aux creux de tes griffes et doucement tu bascules dans ces besoins irrépressibles – de ceux incommodes qui voudrait le prendre. Son corps est une brûlure dans laquelle tu voudrais te consumer ; que ses mains caustiques viennent arracher tes pensées imbues et tes sourires détestables, ta peau calomnieuse et tes mots revanchards. Au-dessus de son regard de cendres, tu sais que dans une attention tu pourrais capituler. Vos respirations s’accordent doucement, sans vous en rendre compte. Des gouttes de sueur perlent dans les reliefs de ton visage pour s’échouer sur ses pommettes anguleuses. Il est un arrière-goût amer qui demeure même dans cette victoire que tu clames déjà tienne. Akira est redoutable mais toujours moins quand l’autre n’est pas là – et tu recherches cette présence silencieuse au creux de ses yeux. Comme une impression inachevée ; même si les combats ne sont jamais équitables quand tu t’octroies tous les droits. Il est un manque d’une autre forme planqué derrière tes éclats faussaires, des violences que tu quémandes toujours plus grandes – des instincts de carnage dans l’ère de vos misères. Tes cheveux retombent autour de son visage, l’encadrent d’un voile noir. Le sang affluant sous la peau de ses lèvres n’est qu’un regret de ne pouvoir en soutirer d’avantage – selon ses règles. Ses poumons s’affaissent doucement, comme une berceuse près de tes seins. Tu voudrais qu’Akira t’en arrache la peau et ses moindres maux, qu’il fasse de tes sens une prison de silence – que les canicules ne lui appartiennent plus seulement, que d’entre tes poussières, Remi, ses mains se fassent trône de tes soupirs. Son souffle s’emmêle à ta respiration retrouvée et tu abandonnes la contemplation de ses lèvres pour retrouver ses prunelles, accrochée à ces foyers incandescents dans une certaine provocation. À presque rien de commettre le prochain impair – mais jamais assez pour ne pas être celle qui cèderait.

Les centimètres disparaissent progressivement dans tes expirations – ravalés pour mieux se rapprocher du plancher. De ses traits sombres, et de son regard des mauvais songes. Ces mêmes rengaines reviennent comme des vagues noires au creux de tes pensées néfastes, desquelles il se défait toujours pour mieux ignorer ces obsessions dans lesquelles tu sieds. Mais son absence d’offense immole les basfonds de ta confiance – dans ses mains clouées et ses yeux pendus à tes péchés, tu cherches à le faire basculer. Les défenses s’abattent en même temps que la distance ; il ne reste, que des miettes, que des soupirs perclus dans les silences qui vous unissent. Les hanches plaquées contre les vapeurs de son corps d’une suffisance à soulever des morts, tu guettes l’absolution – le corps languis entre les os de son bassin, tu deviens une condamnation. Les secondes se suspendent dans l’apostrophe des tensions et l’espace d’un instant, tu te demandes si finalement jamais ne viendrait le Stop. C’en est presque une déception ; presque, car en dépit des fougues que tu ravales ce mot dépeint une victoire. Celle que tu accroches aux côtés des autres dans vos immuables guerres infernales. Gotcha. Les outrages apparaissent à la commissure de tes lèvres, se dépeignent dans un sourire d’apostat. I won, pas sur tous les terrains, mais suffisamment. Tes doigts relâchent les siens d’une étreinte abandonnée non sans des regrets informulés, reviennent contre tes cuisses désormais redressées. Hell no. Le mouvement s’interrompt, les sourcils se redressent – il est évident qu’il n’aurait pas donné son accord si facilement, mais comme toujours les offenses deviennent des affronts. Fuck yes. Le poids de ton corps se réajuste normalement entre ses reins, dans les restes d’une provocation – les ombres d’une demande. Tu pourrais y rester, comme ça, creuser d’autres ravages, soulever d’autres batailles, d’autres regards. Tu ne partages pas ses chaînes ; et dans cette pièce, Remi, tu pourrais l’en défaire si le respect ne lui était pas permis. Tu l’observes se redresser d’un regard de biais, amusée par ses traits consternés. Par la nonchalance de l’échange, comme si le trône que tu occupes n’a pas les reliefs de son corps. Ton visage se redresse à mesure que son torse en fait de même, creuse l’arrogance que tu lui adresses en souveraine de vos manières.

Hell - to the fuck - to the NO. – to the YES. Les paroles se ravalent dans l’outrage, consternée d’une audace que tu reconnais lui sied, pourtant habituée. Les gestes sont machinaux, devenus des réflexes, l’expression de ces réponses que tu ne donnes qu’avec violence ; mais également plus lourds, plus lents, plus attendus. Sa main rattrape ton poignet en devançant tes propres pensées, chair de nouveau brimée dans ses forces brûlantes. Le sifflement égaré entre tes lèvres n’est qu’un augure présage parmi d’autres. À chacun son pattern, tu dirais. Les morsures contre les poignets entravés. We said K.O. by no blood. Comme un écho à tes pensées, les marques de tes menaces se révèlent entre ses doigts dans les lueurs des chandelles. Des croûtes s’assèchent lentement, comme par crainte que tu viennes y remettre tes tourments. Tu ne veux prendre son sens, les chemins de traverse ne demeurent intéressants que tant qu’on les arpente sans remise en question. You should know by now, I don’t play by the rules. Les mots s’insinuent entre tes lèvres comme des serpents, passablement agacée que le combat se ramène maintenant au nom d’une victoire. Les règles demeurent celle que tu imposes – pas celles qu’on t’oppose. Tu n’es guère disposée à suivre les prétendues convenances – pourtant intransigeante de discipline. Dans les démences de tes perceptions, tu t’es accordée reine de bassesses, mais c’est pourtant lui que tu perçois comme un charlatan.

Le silence ne dure qu’un temps, rattrapé par les fureurs immondes. ’t’was for the challenge. Too hard for you? Les nuages s’amassent de nouveau dans ton regard bas, presque imperturbable. Ses mots viennent révéler l’inconstance de tes pensées, piquée par ses paroles, l’égo froissé dans des semblants de vérité. Les grammes d’une quelconque tension dissous dans d’autres divergences, d’autres orages plus grands. Les flammes d’une frustration se pulvérisent dans tes veines acides – et emportent tous les supplices. Tu abandonnes ton séant sans plus de considération, sans même demander ton reste. Les fantômes de son corps accrochés quelque part dans les lambeaux de tes fantaisies. Tu le toises dans tes hauteurs, avec l’aigreur des mauvais jours. Too easy. I was getting bored. Les lettres se détachent dans une colère froide, provocante – annonciatrice de toute violence. Les rafales de coups ne suffisent pas longtemps, les hématomes dissimulés sous les estampes, les rougeurs éprises des cicatrices maudites, les sueurs abandonnées sur l’épiderme menaçant – rien n’est jamais suffisant. Les violences de leurs gloires ne répondent qu’à des appétits toujours plus vastes. Et ce soir, Remi, tu demandais plus que ça. Plus que l’épuisement de ton corps, de toute magie. Plus que les éclairs démunis. Plus que les coups bas et les éclats, tu aurais apprécié le monstre – dans les danses sinistres tu aurais souhaité pousser jusqu’à l’ultime vice.  Ce n’est jamais assez – Akira de tous les autres est celui qui reste, qui revient. Jamais longtemps, mais dans tes nuances de temps, tes envies ont des allures d’éternité. Il est celui qui colmate le plus de tes brèches, et qui crée d’autant plus de failles revêches. And you're the one who said "stop" first, tu marmonnes en te détournant ; préférant déverser tes tempêtes dans le néant qu’à son attention. Une serviette se glisse entre tes doigts, contre tes chairs en émois. Les tatouages disparaissent doucement sous le tissu, pour réapparaître moins luisants. Les paupières s’affaissent dans l’ombre des fibres avant que tu ne lui jettes dessus sans un regard. Les caprices se traînent dans tes pas comme une gamine qu’on aurait punie. On pourrait entendre des orages par-delà les toits, à s’y méprendre. Mauvaise perdante, pourtant guère mauvaise joueuse. L’un n’empêche pas l’autre, mais entre tes mains vauriennes, les associations se font distorsion. I won, tu répètes, une moue boudeuse sur les lèvres – une arrogance sauvage coincée dans le regard.

Aucun soupir ne peut sceller cet échange de cette façon, pas en ta présence. Tu l’observes se déplacer dans la pièce, du coin de l’œil. Et tu attends, quelque chose de commun. Une apostrophe, un geste. Une reconnaissance – idée étrange. You were stuck (…) les paroles se percutent dans les chemins sinueux de ta trachée, instantanément. Les insolences deviennent surenchères, allègent de nouveau l’atmosphère. Des querelles d’adolescents, à la différence près que le moindre écart pourrait vous être fatal. Tes pas reviennent vers Akira comme une impie retourne à son diable, maniaque. D’une main tu souhaites battre son torse pour marquer tes mots, mais ses dernières paroles résonnent comme un ultime affront. Si tu lui concèdes ce dernier mot, ce n’est que sous le couvert de tes plus sombres prunelles. Les rancœurs se retiennent, s’accordent, s’équilibrent dans les soupirs maudits. Tsk. Les sourcils se redressent dans un whatever silencieux alors que tu te détournes de ce gars qui te donne des envies de blasphème. Les cheveux détrempés de sueur plaqués vers l’arrière entre tes mains, tu t’appuies contre un meuble avant de croiser tes bras libérés. Tu ressens les vents se renverser dans les gestes qui s’enchaînent, machinalement. Une soirée d’antagonisme s’achève tranquillement, dans les ivresses en suspens. Le regard accroché aux muscles détendus de l’adversaire, tu l’observes en le maudissant en silence – en le voulant sans accorder toute conscience. Les soupirs perclus entre les plis du vêtement qu’il attrape, suspendus aux traces revanchardes. What? La nonchalance s’accorde à tes lèvres vauriennes, dans quelques moqueries légères. Your hand, mouvement du menton vers les derniers vestiges de vos affronts, don’t stain my bed with it. À d’autres ce genre de remarque, mais tu ne peux t’empêcher de ramener l’attention à tes marques, lui rappeler qu’entre ces murs – qu’entre ces draps – il n’est d’autres présence accordée à la sienne que la tienne. Gravée dans sa chair aussi souvent que nécessaire. Wouldn't be the first time, et tu pourrais lui répondre, que tu pourrais reprendre, s’il le souhaite et même dans les contraires, que tes lèvres pourraient s’éprendre d’autres morceaux de peaux, faire d’autres lambeaux de ses patiences en détention. Les sourires mauvais demeurent miroirs dans l’apesanteur de cette chambre – seule témoin de tous les écarts. Le minois légèrement penché, sourcils relevés d’une impétuosité passablement agacée de son comportement, tu ne marques aucune autre attention que pleinement concentrée à son égard. Tes obsidiennes s’échouent à la commissure de ses lèvres, à la rencontre avec sa chair – se poursuivent dans la manœuvre, plus attentives qu’elles ne le devraient aux mouvements de sa langue. Done. Le rictus se creuse, pourtant, d’un divertissement accommodant. Good boy. Une promesse malfaisante, qu’aux prochains orages tu n’en resteras pas hagarde. Dans les fossettes discrètes, tu t’accordes avec tes fantasmes – démone pernicieuse dont les caprices ne cessent de croître.

Eh. Tu l’interpelles tranquillement, pendant qu’il remet sa montre. L’insolence marquée dans les pas droits, le regard revanchard. Tu te rapproches pour ne laisser que des centimètres amers – et d’une paire de doigts, s’immisce à l’orée de son bassin. Tu attrapes l’élastique de son pantalon, pour mieux l’attirer brusquement vers toi. Sa peau s’effleure une dernière fois sous tes marques, gestes presque caresses avant que tu ne récupères ta main – et ne viennes remettre son tshirt correctement sur ses épaules, froissements estompés sous les pressions répétées de tes paumes. Une légère tape sur le torse dans un done assurant qu’il est maintenant présentable, scelle ces retrouvailles acharnées régulières. Le temps reprend sa course et le temple retrouve son souffle, comme si ce monde n’appartenait qu’à vos songes – et que maintenant que les êtres se délient, le cours reprend sa vie. La mention de son revendeur amène d’autres préoccupations qui lui appartiennent, et te ramènent à celles que tu as mis en pause, le temps de vos échanges. Vos ombres s’accordent un dernier moment dans les pénombres du temple, et dans vos regards s’échouent les promesses de lendemains toujours plus lourds. Une pause imperceptible se remarque – avant que d’autres urgences ne récupèrent son attention. La paire démoniaque disparait finalement de ton paysage, abandonnant ta silhouette au milieu de couloir, effleurée par les fantômes qui reprennent leur passage de droit – ne reste que le poids d’une électricité statique ambiguë dans son sillage. Un profond soupir s’abandonne entre tes lèvres alors que dans un roulement des épaules, tu concèdes au réconfort de la chaleur d’une bonne douche. Tu disparais dans les méandres de ton royaume, d’innombrables murmures se pressant dans tes pas – avec des fantasmes las de ne demeurer que dans cet état. Une certitude flanquée dans les entrailles que dans le pandémonium d’Akira, tu n’en restes pas moins la reine de ses éclats.