Spectrum ✧ Robin

C'est un jeu ridicule, dangereux, pour l'enfant choyé par les divins. Qing est né dans l'or, et si elle doit disparaître, alors elle voudrait se noyer dans les plus beaux bijoux du monde. Elle n'a toujours fait que briller, même si elle devait écraser les autres pour se faire une place au sommet. Elle se pensait intouchable, puissante, reine de tout son univers, centre d'un cosmos qui a éclaté. Il n'en reste plus que des miettes, des fragments qu'elle tente de rattraper de ses bras qui s'agitent dans l'espace, mais elle n'y parvient pas. Tout est trop loin, et la blessure de son être est trop profonde pour se refermer. Les pansements n'y changeront pas grand chose. Le baiser d'un amant non plus. Et peut-être qu'elle tente de se convaincre, que sa haine pour Milo est la raison de tous ses problèmes. Si c'est de sa faute, alors ça soulagera son coeur. Si c'est à cause de lui, alors elle aura un coupable à blâmer. Et pourtant, ça lui fait presque un peu pitié. Il n'a rien demandé, garçon poupée, qu'il est beau, qu'il est si rayonnant dans son déclin. Et en lui, brille la plus belle des pierres précieuses, la plus solide, celle qui bat, se teint de rouge. Rubis qu'elle désire égoïstement. Elle pourrait lui arracher, mais quelque chose lui dit, qu'il perdrait toute sa valeur. Alors elle le veut tout entier, dans ses cauchemars, dans ses mirages causés par ses transformations. Car quand la lune est haute, c'est lui qu'elle appelle. Qu'elle supplie, pour qu'enfin il puisse mettre fin à cette malédiction. Sauve moi, achève moi. Car si c'est de tes mains, je n'aurais aucun regret. Sauve moi. Milo, arrache moi le coeur.

Et elle sait, au fond, qu'elle ne pourra voir ce souhait exaucé. Elle est condamnée à cette honte qu'elle se porte envers elle même. Elle a tenté de l'accepter, de se convaincre qu'il finirait par y avoir des avantages. Qu'elle s'y habituerait. Mais rien, rien n'y fait. Elle se déteste, monstre qui se dessine dans son miroir. Elle déteste ces êtres, ce qu'elle est devenue à cause de son manque de méfiance. Alors au fond de cette poitrine, elle y croit, à un remède miracle. Elle y croit, à un être qui pourrait lui rendre sa vie d'antan. Qing, héritière d'une grande famille, oh elle ne peut pas finir comme ça. Elle ne peut pas, elle ne veut pas. Et si elle aime l'or, le luxe et la marbre, elle s'est pourtant glissée dans les bas fonds de l'ile, couverte de vêtements qui ne lui vont pas, mais étaler le confort d'une vie ici serait suspect. Tout la dégoute ici. La pauvreté, la faiblesse. Elle aurait presque envie de vomir. Elle pose à peine son regard sur les carcasses, tente d'oublier les soirées et les établissements qu'elle a fréquenté pour tenter d'obtenir des informations contre des pièces d'or. Parfois arnaquée, parfois un détail qui n'avançait pas plus sa recherche. Mais au fil du temps, un portrait se dessinait presque. Il n'est pas faiseur de miracle, mais s'y connaît en alchimie, peut-être, qu'ils disent, ce ne sont que des rumeurs qui circulent ici, là où les grandes têtes penseuses ne viennent pas fouiner. Comme un fantôme, une illusion, elle cherche dans ces rues celui qui apporterait lumière à sa vie maintenant couverte d'une voile sombre. Les cheveux attachés en un chignon bas, le maquillage retiré, les bijoux abandonnés sur sa coiffeuse, elle est simple, porte des vêtements qu'elle aimerait voir brûler. Mais pas aujourd'hui, quand l'espoir chatouille enfin son nez. Elle s'est rendue à l'endroit indiqué, près d'un vieux bar mal fréquenté. Tête de fouine, le regard curieux et à la fois fugueur, le visage fin, cheveux en bataille. Il est là, son miracle. Et quand il reprend enfin sa route, ses pas s'accélèrent jusqu'à le suivre dans une petite rue où elle attrape son épaule sans discrétion. You! La voix résonne presque alors qu'il se retourne brusquement vers elle, bien plus grand d'ailleurs, elle lève le regard vers le sien. Sa détermination brûle, comme sa détresse, la pitié qu'elle inspire. I need you. Tout d'abord, elle ne dit rien de plus, comme s'il était censé deviner ce qu'elle cherchait. Pourtant, elle ne trouve tout simplement pas ses mots. Elle n'est pas intimidée, elle n'a pas peur de lui. Elle sait qu'il doit la prendre pour une folle. You have to save me. Qu'elle vient presque supplier alors que ses doigts s'aggrippent à son poignet, de peur qu'il lui échappe, celui qu'elle a longuement cherché.

Robin a appris à vivre avec le monstre. A parfois aimer cet aspect de lui que les gens voient comme répugnant. A cohabiter avec la malédiction comme s'il s'agissait d'un fait dans une vie normale. Quotidienne. Comme quelque chose qui arriverait à n'importe quel individu, et pas à un petit garçon tout haut de ses huit ans. Parce que Robin n'aurait pas pu vivre si longtemps dans une haine de soi plus forte encore que celle qui le consumait déjà. L'ironie se trouvait simplement dans le fait que ses parents n'étaient eux-mêmes pas des vampires, mais des loups-garous. Et s'il n'a jamais su s'il s'agissait là de la seule raison pour laquelle il s'était retrouvé dans cette maison (de force de la part des autorités?), il n'avait pas non plus envie de le demander. Il préférait vivre avec ce poids comme une remarque constante d'une vie qu'il n'avait pas choisi, tout comme certains respiraient sans en avoir l'envie.

L'air d'Eiyamachi puait la moisissure. Peut-être l'alcool, et d'autres particules qu'il ne décortiquait plus depuis longtemps, déjà. Les rues étaient peut-être plus sales qu'à Londres mais les gens y étaient les mêmes. Ils avaient tous ce regard : celui de la misère qui leur collait à la peau. Ca n'empêchait pourtant pas quelques addicts à ses petites créations de venir en réclamer d'autres. De payer le prix fort juste pour se sentir un peu mieux. Pour atténuer la soif de sang pendant quelques temps. Pour arrêter les effets de la lune le plus possible avant qu'elle ne grimpe haut dans le ciel. Ces petits bonbons n'étaient pas seulement coûteux physiquement, non. Ils avaient leur lots d'effets secondaires que Robin n'aimerait conseiller à personne. Qu'il tendait pourtant dans sa propre misère. Sans en regarder la substance. En comptant simplement le grammage et la récompense. C'était ce qu'il faisait, ici, avant de se faire arrêter par une demoiselle qu'il n'avait jusqu'alors encore jamais vu. Le réflexe de virer cette main qui s'attaque à son corps se fait vif, alors que les sourcils se froncent sur le visage de Qing, visiblement sur ses grades. Les doigts jouent nerveusement avec la clef qui pend, là, accrochée à un pan de son pantalon. Fermement. Il prend quelques secondes à se détendre en voyant qu'elle n'a pas l'air si menaçante. Qu'elle n'a en tout cas pas l'ambition de venir lui flanquer une raclée gratuite. Pas qu'il se laisserait faire. La première idée qui lui vient à la tête, soudainement, est qu'elle cherche aussi quelques drogues. Son regard glisse sur la forme de la jeune femme, se demandant quelle malédiction elle porte. Son pari se porterait sur un loup-garou (peut-être par familiarité, parce qu'elle a la même aura que papa, maman ou encore Neela). « I can't help anyone else tonight. » Qu'il dit, les poches vides de marchandises. Il ne ment pas vraiment. Et n'a vraiment qu'une seule hâte : rentrer chez lui aussi vite que possible. Son insistance, pourtant, le tend un peu alors qu'il bat des cils, inspire sans savoir quoi ajouter pendant une fraction de secondes. Il regarde derrière la jeune femme, lui fait signe de s'enfoncer un peu plus avec lui en baissant le visage, petits mouvements soudainement erratiques. « I don't know what you've heard, but... I'm no savior. » Qu'il affirme, visage baissé. Presque honteux. Sans oser croiser son regard.

Son sang est un poison qui coule dans ses veines, un venin qui se répand jusqu'à sa langue de vipère, incapable de garder les mots pour elle. Qing n'a jamais été une sainte, une gamine qui écoutait, restant sagement assise dans son coin. Non, elle aimait qu'on l'entende hurler, que l'on cède à ses caprices, que l'on complimente ses nouvelles chaussures, ses robes, le rouge carmin de ses lèvres, son corps et ce visage qui en a tant charmé. Elle aime toujours ça, personnalité construite autour de ses artifices, car personne ne mérite de voir à travers sa chair, ce coeur caché à tous, meurtri, écrasé sans aucune once de pitié. Et c'est peut-être ce qu'elle déteste le plus. Du moins, elle pensait. Avant que morsure ne vienne déchirer ses entrailles, faisant brûler son esprit jusqu'à ce que tout éclate. Jusqu'à ce qu'elle en appelle à la pitié des dieux, pour la sauver, ou l'achever. Si seulement elle avait pris un autre chemin. Si elle n'était pas sortie malgré les interdits de ses parents. C'est le prix à payer. Son prix à payer, pour elle qui aime tant massacrer les autres. Réduire leur mental en poussière. Mais n'a-t-elle pas assez souffert ? Oh sûrement pas assez. Elle ne veut plus faire de sacrifices, elle ne veut plus se cacher, fuir sa chambre les nuits de pleine lune pour se réfugier au coeur de la forêt. Attendre de redevenir elle même, frigorifiée dans le froid de la nuit. Elle n'a pas de refuge, personne à qui partager ce secret en dehors de sa meute. Alors s'il y a un moyen, un échappatoire, elle veut prendre le risque. C'est ce qu'elle se répète sans cesse, et la pensée se fait encore plus intense face à l'homme devant elle. I can't help anyone else tonight. Elle hôche vivement la tête, non. Non, il ne peut pas dire ça. Et Qing a beau se savoir forte, se faire invinsible. Sa poitrine lui fait mal, son coeur se tord, son estomac se retourne. Non, elle ne veut plus supporter tout ça. Elle veut que tout s'arrête, se plonger sans honte dans les bras d'un amant, dans ceux de Milo. Car même en cet instant, il est toujours celui qui perce son esprit, se fait une place - pas besoin, tout lui appartient déjà. - Mais à son geste, elle se rapproche, suit sa demande sans rechigner. But... But you can become one. You can try, don't you...? Ses doigts s'accrochent sans violence au tissu qu'il porte, ses mains tremblent, pourtant elle le tient, de peur de sombrer elle même, de peur que ses jambes fébriles cessent de la porter. Listen... L'air s'infiltre dans ses poumons, gonflant sa poitrine, reprenant son souffle petit à petit pour extraire l'angoisse naissante dans son corps. Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre qu'il est sûrement son seul espoir ? Elle a beau penser, réfléchir, ses paroles se bousculent dans sa gorge sans jamais dépasser la frontière de ses lèvres. I've heard... Some rumors. I don't know if it's true but if i don't try this, i'll regret it... Les larmes naissent à ses yeux, celles qu'elle ne tentent pas de ravaler. Sa fierté est déjà au fond d'un gouffre depuis des mois. Son ego n'existe plus ici. I don't know what you do for living, and to be honest, i don't care. But i need you to... Stop this curse. Please, try on me. I'll give you money or ... Whatever you want. But please, i'm really begging you and believe me, i'm not that type of person. I can't be a monster anymore... Elle soupire alors que ses mains lachent enfin leur emprise, un bras retombant le long de sa taille, l'autre, venant de sa paume essuyer les larmes qui coulent comme une rivière inondée. Elle renifle. Oh Qing, elle a abandonné ses repère, ses artifices, pour le trouver, et si elle doit briser tous ses préjugés, alors elle le fera. I need you to be my savior.

Il a l'impression, pendant une fraction de secondes, de voir un mur qui se brise. Quelque chose de fort qui finit en morceaux à même le sol sale de cette ruelle. Et si, lui, est habitué à cet aspect de la vie, elle semble toute faite de diamants. Peut-être ne mérite-t-elle pas ce sort, mais il n'est pas certain d'être celui qui réussira, un jour, à se débarrasser de cette fichue malédiction qui la prend. Il grimace un peu en sentant la poigne sur son habit, la regarde, interdit. C'est qu'il ressent une vague d'empathie pour elle, sans savoir se l'expliquer. Il ne la connaît pas. Il se détache bien souvent de ses clients, de ceux qui racontent leurs problèmes à en rouler par terre (à s'en endormir). Qing semble différente. Pourtant... « I try to be. It never succeeds. » Acceptation de son propre destin. Ca ne l'empêchait pourtant pas de tout faire et de réessayer à chaque fois. Il comprend, alors, qu'elle a dû entendre parler de ses drogues. Des dérivés de ses expériences plus saines et moins addictives. Soupir un peu tremblant sur le bord des lèvres, il la regarde un instant avant d'acquiescer vaguement. « You, listen. » Qu'il affirme. Il vérifie que personne ne s'est retourné sur eux. Que personne ne les écoute. « You don't seem to have tried drugs before. You don't know what addiction is. I usually don't care, because... People here don't eithter. They search for relief and that's it. But you're not really from this part of town, are you? » Qu'il demande. Parce qu'ici, personne ne porte ses sentiments à même le corps a moins d'être déjà proche d'autrui. Le fait qu'elle se qualifie de monstre lui dévoile finalement qu'elle est encore assez nouvelle dans cette vie et il se frotte un peu nerveusement la nuque. « I've actually met some very great werewolves... Sorry for the assumptions. My point is : it doesn't make you a monster. Just a handicap you have to live with. If I can do it, then you can too. » Il se rend compte de ce qu'il affirme, de ce qu'elle pourrait interpréter et secoue un peu les mains pour se dédouaner de ses propres paroles. « Not that losing your mind on the moon and drinking blood is the same, but... You know. » Savait-elle seulement? L'appel de l'argent lui fait prendre en considération l'idée d'accepter sa proposition. Il ne sait pas si c'est très éthique, mais au point où il en est... « I try to find solutions. They create... Some addictions and other things to help but never the result I really want to achieve. But I try. You can help me if you want to. » Sans même lui dire qu'elle s'offrait un peu en pâture à un gang traqueur de loups-garous. Certainement qu'il ne la vendrait pas si elle le payait ou si elle était d'une véritable aide.

Et face à cet inconnu, elle brise toutes les barrières qu'elle a longtemps imposé aux autres. Il ne connaît rien d'elle, comme elle ne connaît rien de lui. Deux étrangers liés par une malédiction qui ronge le sang comme la chair. Qing admet difficilement ses faiblesses, offre rarement ses larmes. Perles cristallines souvent utilisées pour des caprices, sans qu'elles soient réelles. Pourtant, celles ci son chaudes lorsqu'elles coulent contre ses pommettes rosées par le froid qu'offre ce lieu qu'elle n'a pas l'habitude de fréquenter. Gamine née dans le luxe, l'or et les bijoux, se mêle à la crasse de ces rues où les rats sont des rois. Elle a laissé tomber ses principes, l'air hautain de son visage pour y laisser la pitié s'y faire une place, la tristesse se révéler, elle qui aime tout cacher sous cette immense carapace. Une part d'elle qu'elle serait, aujourd'hui, incapable de montrer à Milo. Alors c'est plus facile, quand il ne sait rien d'elle. I don't want to be an addict or something. I'm not here for that, trust me. I just want a solution, no matter what it cost me. Et bien sur, qu'elle s'attendait à ce qu'on l'identifie d'ailleurs. Ca se voit, à son visage, à sa peau, à ses ongles colorés de rouge et d'or, à ses paroles, l'impression qu'elle ne connaît rien à la misère qui règne ici, qui emporte les corps comme des cadavres au fond de l'océan. No. No i'm not. But i came here to find you. I don't ware about who you are, if your a criminal or something, or whatever you do for living. Elle ravale sa salive un instant, essaye de ne pas être maladroite avec ses mots, car elle ne sait pas ce qui pourrait le blesser. I'll help you. I mean, i have money but if you want something else, well, ask me. Qu'importe ce qu'il demandera, elle sait dans ses yeux qu'il ne lui fera probablement aucun mal, qu'il ne tentera jamais de profiter d'elle, de son influence ou d'autres choses. Son coeur bat fort dans sa poitrine, car elle n'a jamais été aussi proche du but, d'une solution, et à la fois, c'est le néant, le flou. Et elle boit ses paroles, hoche la tête à chaque fois qu'il termine une phrase, lui faisant comprendre qu'elle le suit, qu'elle ne s'égare pas dans ses mots. Et à sa peur d'être maladroit, elle rit. Pas un rire moqueur, pas un rire fort. Un rire discret qui illumine un peu ses yeux alors que sa main vient cacher sa bouche. It's really kind of you... To reassure me, i meant. I-I don't see you as a monster tho! It's just... me... I'm really hard on myself but ... You guessed it i think. Tête baissée, laisant quelques mèches sombres tomber devant ses yeux, échappées à son chignon. Et dans ses paroles qui ne transpirent pas l'espoir, elle arrive à en appercevoir, relevant les yeux sur lui, l'attention se reporte sur l'homme qui est définitivement, plus grand qu'elle. I want to help you. I wont be mad at your if it's doesnt work. I know there's no miracle but... At least, we can try together...? Elle se reprend de s'emparer de nouveau de son bras, sentant bien qu'il n'apprécie pas tellement son contact. Alors elle vient fouiller ses poches avant d'en sortir une broche qu'elle découvre discrètement entre ses doigts. Rubis sublimes qui brillent à la faible lumière de la ruelle, sa valeur est incontestable. It's my most prized possession. You must not really trust me, and I understand. But if it can prove to you that I'm not going to rip you off, run away, or just report you... I promise not to do any of that. And this may be my first payment to you. Sell ​​it, it has a very high value. Pas autant que la valeur que ce bijou a dans son coeur, mais si elle doit s'en séparer en échange d'une vie bien meilleure, d'espoir ou d'un remède, alors elle n'hésite pas.

Qing est de celles qui croit en fermant les yeux. De celles qui lèvent bien haut le menton et ont pourtant l'humilité, là, face à l'échéance de l'homme. Et Robin le respecte. Car lorsqu'il regarde l'air sérieux de la jeune femme, lorsqu'il est à deux doigts d'écraser les larmes contre la peau de l'inconnue, il a l'impression d'avoir mis à nu des émotions que jamais la princesse n'aurait jeté, du haut de sa tour d'ivoire. Il inspire, pousse un soupir, secoue la tête et puis acquiesce deux secondes plus tard. Il a les rouages dans son crâne qui s'activent trop vite et les doigts qui tressautent face aux idées qui partent dans tous les sens dans le fond de son crâne. « You could. » Il souffle, redresse la tête en se glissant un doigt contre la gorge, nerveux, avant de l'enfouir trop fort dans sa poche pour ne rien laisser paraître. Et dans le tissu, les ongles battent en rythme contre sa cuisse. « You could help, if you're willing to test some things for me. And... Give me some samples? I actually need to be in reach of mangetsukis to. You now. Study them. » Et si Neela était d'une grande aide, il était bien trop proche de la jeune femme pour véritablement la mettre à l'épreuve de tout ce qu'il avait en tête.
Mais Qing? Il ne la connaissait pas. Et du haut de son menton trop pointu et de sa tête tenue haute, elle avait l'air assez forte (et son loup assez jeune et malléable) pour suivre ses idées les plus saugrenues.

Les yeux s'écarquillent alors que la main se tend, alors qu'il observe les gemmes briller sous ses yeux. Et il sait que le bijou se revendrait à prix d'or, qu'il aurait de quoi se nourrir (s'abreuver) pour quelques temps. Il aurait quelques restes pour Neela. Ils se rempliraient la panse à s'en éclater le gosier. Mais il secoue la tête de gauche à droite. Car au fond, il sait ce que c'est, que de s'attacher bêtement à un objet (la clef à sa ceinture teinte de sentiments trop profonds) et il repousse sa main en appuyant de la sienne sur les doigts de la jeune femme. « Don't. This isn't necessary. » Ca l'était. Mais il aurait eu moins de rancœur à s'emparer d'un bijou auquel elle n'était pas attachée. Alors les yeux parcourent la figure, les doigts glissent sur ceux de Qing et s'arrête à une petite bague à la valeur peut-être moindre, pourtant capable de subvenir à ses besoins. Il la fait glisser de son index, la fait rouler dans sa paume et son emprise s'y referme. « This one shall suffice. » Qu'il dit en croisant le regard de la jeune femme. Et alors il brise le contact, s'éloigne un peu à pas hasardeux de la louve et décide de lui offrir plus d'informations. « Right. If I can trust you... Meet me at this adress. » Il lui file un papier entre les mains (son adresse et ça l'angoisse chaque fois qu'il le fait mais Robin n'a pas les moyens de s'encombrer d'un atelier séparé de son logement). « We can... Talk more about our agreement there. Tomorrow? If you're free. »

Elle pourrait vendre son âme au diable, si seulement il pouvait la défaire de cette malédiction, lui retirer ce terrible poids qui pèse sur ses épaules. Ca fait mal à sa conscience, à son égo ! Princesse qui chute, frappe le sol d'une violence sans nom, sans retenue. Ses os craquent avant de se reformer, sa chair se déchire avant de cicatriser - et elle déteste ça, sentir son corps changer, se transformer à chaque pleine lune, savoir qu'elle perd le contrôle d'elle même, le dégout au bord des lèvres, un sauveur qu'elle vient cueillir sur une rose protégée par ses épines, elle n'a pas peur de son poison, car il n'y a pas plus dangereux qu'elle même - nécrosée jusqu'au bout de ses doigts. I'll let you do it. Qu'importe les expériences, les douleurs, elle ne dira pas un mot, si c'est pour garder l'espoir d'être sauvée.

L'argent, les bijoux, ce n'est pas ça qui manque dans les entrailles de son nom comme de sa maison, elle pourrait faire de lui un roi ! Empereur d'une fortune qu'elle lui offrirait qu'à une seule condition - la sauver. La sortir de cette vie qui ne fait que pourrir ses os, son être. Et elle lui offre une chance, à cet instant, la chance de tout lui prendre, ses biens les plus précieux - et sa fierté avec. Mais il n'en fait rien. Repousse la main de Qing où le bien réside, elle fronce les sourcils, ne comprenant pas comment il pourrait refuser quelque chose d'aussi précieux - il en a besoin, elle le toise de haut en bas, sait qu'il n'y a que la misère autour de lui. Elle ne rétorque pas, le laisse faire, quand il frôle sa peau, elle sursaute, peu habituée du contact. You sure? Qu'elle demande, rangeant ce qu'elle lui proposait, il n'aurait pas d'autre chance de lui prendre - elle le paiera autrement les prochaines fois. Good. Soufflé alors qu'elle aussi, s'éloigne, replace le manteau qui couvre son corps, peur d'être reconnue - peur de devenir proie ça se voit, qu'elle ne vient pas d'ici. Ses phalanges s'emparent du morceau de papier, yeux qui lisent rapidement l'adresse. I'll be there, then. Elle confirme d'un mouvement de tête. I'm free. I'll meet your tomorrow. Thank you. Elle remet en place la capuche sur le haut de sa tête, avant de ranger l'adresse à l'intérieur de son manteau, elle sera là, demain, et sûrement les autres jours également. Signe de tête, elle le salue, avant de disparaître dans les méandres de la cité - dans les rues nécrosées.