warm hearts. (kuro)

 @kaneko kuro  

☽. welcome home
— 01.12.2022 —

il avait tellement l’habitude d’échanger avec des cartes postales que la prise de contact avec une technologie plus avancée lui était presque étrange, mais nécessaire. jasper ne voulait pas rater l’arrivée du cadet de mio. sa dernière carte était en main avec l’ultime annonce ; kuro rentrait sur l’île. le professeur avait beau lui avoir fait des appels de phare pour reprendre le chemin de la maison, il fût quand même un peu surpris en l’apprenant, bien que de longues années étaient déjà passées depuis qu’il avait quitté l’île sous ses bons conseils. il ne chercha pas à savoir la raison exacte — s’il y en avait une. l’homme avait retourné un simple « bon retour parmi nous », ravi par la nouvelle. les deux rôles se sont échangés avec le temps, lui qui n’était toujours que de passage sur l’île quand le garçon était plus petit, jusqu’à ce que kuro ne devienne le globe-trotter, et jasper - lui - celui qui restait sur l’île.

un léger sourire est sur ses lèvres alors qu’il guette les arrivées, laisse les silhouettes émergées en se demandant à quoi ressemblait kuro neuf années plus tard, une image vivace de l’adolescent qu’il était dans son crâne. lui ne semblait pas avoir changé, à l’exception des traits un peu tirés et de l’ombre qui planait sur lui après que son égoïsme a fait assassiner son meilleur ami. parmi tous les visages qui défilèrent, son regard finit par s’arrêter sur un visage, des prunelles. ces yeux, il les reconnaissait. « kuro ! » qu’il s’exclama alors, agitant son bras avec la carte, le sourire plus lumineux.

 @jasper artaega  

☽. welcome home
— 01.12.2022 —

L’esprit rempli de questions sans réponses et le cœur de souvenirs certainement pas oubliés, seulement laissés de côté pendant neuf années. Interdit, immobile, Kuro n’ose pas franchir le miroir pour rentrer à la maison, ce chez lui qui ne porte plus vraiment ce nom. Ne sait pas ce qu’il va y trouver mais sait surtout qui il n’y trouvera pas, c’est peut-être le plus difficile. Parce qu’il a quitté l’archipel pour une raison, l’absence, le deuil, mais ceux-ci n’ont pas disparu au bout de neuf ans. Ils prennent seulement moins de place dans le cœur et dans l’esprit, enfin, c’est ce qu’il dit ; qu’il soit dans le déni ou bien conscient, il n’empêche qu’il a tout fait pour tenter de revoir sa mère et persiste à croire que sa sœur pourrait être là, quelque part, perdue entre deux mondes. À croire qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour rentrer - et cette fois, il sera là, du bon côté du miroir, à se forcer à ne pas reprendre les recherches parce qu’il n’aurait jamais pu surpasser le poids du deuil s’il ne l’avait pas fait, il y a neuf ans.
Autour de lui les voyageurs d’un instant se pressent contre le miroir, d’une manière à la fois ordonnée et à la fois pas. Il sent comme une excitation, peut-être due aux fêtes de fin d’année, et sourit distraitement en voyant des enfants s’élancer dans le miroir en courant ; leur premier voyage, sûrement. Et finalement, son lourd sac de voyage à l’épaule, il franchit la barrière et pose un pied dans l’archipel, le cœur serré et soulagé en même temps. Prend une seconde pour respirer l’air, jeter un œil autour de lui. Avant même de chercher le visage de Jasper, seule personne qu’il a mis au courant de l’heure de son retour, il s’imprègne de l’atmosphère, des lumières, des traits inconnus. De tout ce qui a changé et de tout ce qui n’est pas si différent. “Kuro!” Le sourire s’agrandit en cherchant l’origine de la voix, vers laquelle il se dirige, les yeux qui croisent enfin ceux de son mentor, de celui qu’il a toujours plus ou moins considéré comme un père, le sien étant quasiment absent. “Jasper!” Il pose son sac au sol pour l’étreindre, heureux de le retrouver en chair et en os après tant d’années à ne le voir qu’à travers le papier de leurs cartes postales. “It’s so great to see you,” Jasper n’a effectivement pas changé, l’expression peut-être un peu plus taciturne qu’il y a neuf ans et quelques cheveux blancs ; lui non plus ne s’était pas tant métamorphosé, certes plus musclé qu’il y a neuf ans, mais les traits sont moins tendus qu’à son départ, le poids du deuil un peu moins présent. Il avait vieilli, oui, mais il avait toujours été mature et adulte, forcé par la vie à grandir trop vite. “How are you doing? How is it, here?” Il aurait voulu dire home, mais ne peut encore s’y résoudre, pas habitué à considérer à nouveau cet endroit comme sa maison.

 @kaneko kuro  

☽. welcome home
— 01.12.2022 —

il n’a pas à attendre longtemps avant qu’un corps se serre contre lui, l’étreinte des retrouvailles d’un petit devenu bien grand, ou son esprit lui jouait simplement des tours. il est tout sourire, et difficile à enlever quand il le voyait en chair et en os. « it’s great to see you too. » qu’il retourne le plus naturellement du monde, et jasper n’avait même pas besoin de lui dire ; ça se voyait dans ses prunelles, il le savait, l’homme toujours aussi expressif. « i hardly recognise you and- oh ! » une main tapotant affectueusement l’épaule de son cadet, il réalise avec un rire « you’ve put on muscle ! » qu’il s’exclame, cerise sur le gâteau. les émotions fusent, puis se tassent sereinement, la conversation se crée naturellement. pour être honnête, il ne savait pas s’il allait bien, s’il allait mal. la ligne était floue, alors il se concentrait sur autre chose, c’était plus simple comme ça. kuro n’avait pas besoin de le savoir, jamais il ne l’accablerait. « everything is fine. » qu’il répond sagement, « if you remember, i came back here three years ago. » il était marié à ce moment là, c’était une autre histoire maintenant. « it hasn't changed, still the same island. i think you'll like it, it's a good place to live. » rajouté, même s’il était certain que kuro avait une meilleure vision de lui, lui qui connaissait mieux l’endroit que lui. l’aîné lui offre un sourire, avant de se saisir du sac du voyageur, pas question qui le porte. « come on, let’s go. i’m sure you’re hungry. » qu’il déclare, l’intimant d’un geste de le suivre avant de regarder l’heure. « told amaïa that we’ll be three for the dinner tonight. »

 @jasper artaega  

☽. welcome home
— 01.12.2022 —

“I hardly recognise you and- oh! you’ve put on muscle!” Il répond d’un rire, en effet marqué par les années, le sport qu’il n’avait jamais arrêté et la formation dans les brigades spéciales, transformé, bien que le Kuro adolescent que Jasper avait quitté n’était déjà pas un maigrelet. “Everything is fine. If you remember, i came back here three years ago.” Il se souvenait, bien sûr. Ils se ressemblaient sur bien des points, ce n’était pas pour rien que Kuro avait toujours vu en lui un mentor, une figure paternelle pour combler les défaillances du sien. Il hoche la tête, l’esprit songeant au fait que même s’il était censé mieux connaître l’archipel que Jasper, quelque chose bloquait, des fantômes qui avaient tellement transformé les lieux qu’il ne savait plus bien s’il marchait réellement en terrain connu. “It hasn't changed, still the same island. I think you'll like it, it's a good place to live.” Peut-être que l’archipel n’avait pas changé, mais que Kuro ne parviendrait quand même pas à le reconnaître, tout simplement parce qu’il lui fallait réapprendre à vivre sans elles (mais il se mentirait à lui-même s’il disait que c’était possible). “Yeah, I’m sure it’s still pretty much the same.” Et il y a dans une simple phrase toute la nostalgie du voyageur de retour qui ne sait pas encore quoi penser de ces premiers pas sur sa terre natale, hésitant et marqué par les souvenirs. “Come on, let’s go. I’m sure you’re hungry.” Il le laisse volontiers prendre son sac (sait plutôt que c’est un combat perdu d’avance), la main qui se pose sur le ventre, le sourire qui s’agrandit. “Yeah, I’m famished. Told Amaïa that we’ll be three for the dinner tonight.” Il n’avait entendu parler d’elle que par leurs échanges, mais Amaïa était née plusieurs années après son départ, si bien que Kuro ne l’avait jamais vue, même s'il savait qu’elle ne pouvait qu’être adorable. “I’m glad I get to meet her at last, after hearing so much about her. I’m sure she’s your spitting image.” Et il lui emboîte le pas avec entrain, exalté par leurs retrouvailles, mettant de côté pour un moment tous ces sentiments contrastés que son retour manifestait. “How old is she now?”

 @kaneko kuro  

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— 01.12.2022 —

y’avait quelque chose qui le rendant particulièrement ému, à traverser la nuée de mages voyageurs revenant et quittant l’archipel. jasper l’avait vu partir, sans vraiment l’accompagner, à travers les lettres échangées. il n’y avait pas vraiment eu d’au revoir tacite, parce que l’homme n’avait jamais été au même point que son cadet, quand lui avait l’habitude de lui dire bonjour et au revoir à l’époque quand il rendait visite à la petite famille. il n’y avait rien d’amer, rien d’étrange, c’était uniquement de la douceur qui ne pouvait que le rendre encore plus joyeux ; et signe qu’il serait sûrement beaucoup plus triste si à l’avenir, kuro partirait. mais en attendant, il avait un mage à nourrir ! « almost seven ! » toujours fier avant de finir par tomber en lambeau plus tard quand il réalisait qu’elle grandissait trop vite, amaïa qui les attendait à la maison avec sa baby-sitter. « i wish she was… » bref soupir à ce souhait, mais il ne pouvait pas nier qu’elle ressemblait plus à sa mère qu’à lui. il pouvait toutefois s'enorgueillir du fait qu’il avait le même sourire et la même couleur d’yeux.

jasper les arrête devant une porte au hasard avant de brandir sa clé dokodemo, utilisée pour arriver jusqu’ici. « we could have walked but it would have taken longer, and I'm sure you'd rather rest. » qu’il explique en enfonçant la clé et ouvrant la porte donnant sur wakoku. « after you. » l’invitant à passer en premier, grand sourire. la porte donnait accès direct à son portail et au petit jardin verdoyant qui entourait la maison familiale. il claque la porte derrière lui et laisse la clé disparaître dans une explosion de poussière. il s’avance et toque à la porte, annonçant aux deux femmes son arrivée, reconnaissant les pas rapides d’amaïa jusqu’à la porte qui s’ouvra aussitôt. « i’m home ! » saluant affectueuse en retour sa petite fille, lui ébouriffant les cheveux sur le passage, et intimant au garçon de rentrer alors qu’il salua la nourrice et la remercia, la laissant filer aussitôt. « amaïa, this is your uncle kuro. say hello. » n’oubliant pas de présenter les deux, et ce qu’elle fit, solaire. il laissa kuro s’installer et prendre ses marques après lui avoir montré la chambre d’ami, le temps que le repas finisse de se préparer. « diner is almost ready ! » qu’il finit par annoncer, très rapidement pour ne pas le faire attendre, la table remplit. « made your favorite, enjoy. » l’atmosphère se fait alors légère quand les trois se concentrent sur leur plat ou sur l’un des mots glissés. « so, tell me. do you have any plan?  »

 @jasper artaega  

☽. welcome home
— 01.12.2022 —

Leurs retrouvailles lui feraient presque oublier tout le reste, et Kuro reconnaît être soulagé de ce moment un peu moins lourd que ce à quoi il s’attendait ; peut-être qu’au fond, lui-même savait qu’il n’était pas tout à fait prêt à fouler une terre vide d’elles. À retrouver une maison dans laquelle elles ne seraient plus. Des années qu’il luttait contre le poids du deuil, mais malgré tous ses efforts, leurs fantômes continuaient à le hanter. Ou plutôt, il aurait aimé - et dans un sens, rentrer chez lui constituait un nouvel espoir, parce que peut-être que rentrer à la maison pousserait le fantôme de sa mère à le visiter à nouveau. C’est ce qu’il croyait, mais surtout ce qu'il espérait.
Il suit Jasper, les yeux qui se détournent pour regarder les alentours, redécouvrent un endroit qui a changé autant qu’il est resté intact. Il reconnaît la porte, le jardin, mais en même temps l’atmosphère n’est pas la même et Kuro se dit qu’en neuf ans, la vie de Jasper a bien dû changer, peut-être même plus que la sienne. Lui s’était quelque part contenté d’être formé à l’étranger, hanté par son passé, alors que Jasper était ne serait-ce que devenu père. S’était séparé, avait changé de vie. Les vivants pesaient tout aussi lourd que les morts. “Amaïa, this is your uncle Kuro. Say hello.” Kuro découvre la petite Amaïa avec un grand sourire, répond à cette enfant si solaire par une affection particulière, déjà très investi dans sa place d’oncle - le mot a agrandi son sourire, entérine plus encore à quel point Jasper est devenu plus qu’un mentor. Plutôt une véritable famille, pour combler les disparitions successives, et ce malgré la distance.
Assis sur le lit de la chambre d’ami, Kuro prend un moment pour se complaire dans le silence - se jouent alors d’autres retrouvailles, muettes et douloureuses. Il se laisse gagner par la nostalgie, dans une chambre qui n’a rien à voir avec la sienne, pourtant, mais dans laquelle se mélangent des souvenirs lourds et pesants. Ça ne dure pas ; il finit assez vite par lâcher un soupir et quitter la pièce, pour retrouver la chaleur de la salle à manger et de cette famille adoptée. Entend Jasper annoncer le dîner et Kuro s’assoit autour de la table, ravi des plats qui ont été disposés. “Made your favorite, enjoy. I really appreciate it, thanks,” répond-t-il en se servant, dégustant des bouchées elles aussi remplies de souvenirs. “So, tell me. Do you have any plan?” Il y aurait tant à dire. Mais Kuro s’abstient de parler de ses recherches infructueuses liées aux fantômes dont il ne parvient pas à se départir, et se contente du plus pragmatique, comme à son habitude. “They offered me a position in the special forces,” explique-t-il, avant d’ajouter, “like my mom.” L’information semble banale, mais ils savent tous les deux que ce n’est pas le cas. Que suivre les pas de sa mère est logique, mais reste crucial pour lui. “So I said yes, I’ll be mentored by an old friend of highschool for a bit. I’m planning on finding a flat, I don’t need a big space, just somewhere to crash.” Il ne mentionne pas le fait qu’il ne se sent pas de retourner tout de suite chez lui, Jasper doit s’en douter. “Find my bearings again, mostly, y’know.” Il n’a pas prononcé leur nom une seule fois, mais il semble pourtant que Mio et Shiro sont à ses côtés - que ça n’a pas changé, malgré les années.