chapter 27 ; the fall. (calista)

elle avait toujours eu le contrôle. c’est une aura de calme qui l’entoure. les traits sont naturellement doux, le regard tendre, celui d’une médicomage habituée à mettre en confiance, comme si elle savait ce qu’il se passait en chacun. exigeante avec ses subalternes pour qui elle ne voulait que du bien, comme elle pouvait l’être avec ses élèves, les poussant à être la meilleure version d’eux-mêmes. sociable dans toutes les scènes, solaire, altruiste. le clou du spectacle, c’était quand on la voyait avec gaia, si affectueuse. la famille parfaite qu’elle avait toujours rêvé. calista avait une façade publique plus que parfaite, bien qu’elle restait humble face aux compliments. pour un autre oeil, cela semblerait presque trop parfait. factice, comme si tout était un automatisme.

— she is my only child. my precious girl. qu’elle articule avec le sourire, enchantée de parler de sa progéniture.
— i’m a widow. répondu aux plus curieux, avant de les rassurer car les années ont passé. elle avait fait le deuil.

un polygraphe ne sourcillerait pas aux réponses, le poul jamais irrégulier, les traits détendus.
ces mensonges qu’elle avait transformé en vérité absolue.

elle avait toujours eu le contrôle, calista. a modelé les esprits, les mémoires, et façonné chacune de ces vies de la manière dont elle le souhaitait. a fouillé régulièrement et sans remord l'esprit de sa propre fille - consentante - au nom de sa protection, violant son intimité. parfait petit ange qui savait que sa mère faisait tout pour son bien-être. parce qu'elle avait déjà perdu un enfant, elle n'en perdrait pas un deuxième. et son pouvoir, elle le trouvait dans sa facilité à faire disparaître de sa vie les êtres aimés, sans le moindre regret, le moindre remord, et de les oublier.

elle était douce, calista, mais elle était aussi un monstre.

( ANGER )

sa rage était vive, arrive comme un orage et frappe la terre avant de se volatiliser. elle était d’autant plus violente pendant ces jeunes années ; impulsive, terrible. parce qu’elle était égoïste, calista, elle ne pensait qu’à elle-même. toutefois, la vie lui donna de nouvelles priorités. trois personnes dont elle a porté un amour aussi grand que le monde porté par atlas. elle s’est offerte au premier, a abandonné son nom pour le sien et l’a aimé aussi farouchement que sa haine portée, que leurs baisers échangés, que leurs lettres envoyées, leurs déclarations d’un autre temps. les deux suivantes ont été le fruit de cet amour, le bonheur sur ses traits alors que chacune d’entre elle prit sa place au creux de son ventre. son mari, ses enfants. trahie par l’un, trahie par l’autre, il ne lui restait que sa petite dernière, et le silence.

sa rage était bruyante, ne craignant jamais les conséquences et terrassante, laissant à tout jamais un impact sur son futur. les échos de voix montant au crescendo quand le couple finit par se déchirer. trahie, il n’y avait que son catalyseur serré dans sa paume avant de tout lui faire oublier jusqu’à sa propre existence. aux yeux de calista, il n’avait plus aucun droit d’exister auprès d’eux.

sa rage était froide, au coeur de l’hiver. elle cessait d’être humaine, ses propres convictions prenant le dessus de son propre sang. de son petit garçon. hantée par ses propres parents quand elle chavire à la trace de morsure plantée dans le cou frêle. submergée quand le garçon l’appelle, avant qu’elle n’entende plus rien malgré les lèvres qui articulaient encore le même mot. maman. calista, elle ne voyait qu’un garçon mort. attrapant son catalyseur, prête à murmurer les mêmes mots prononcés contre son père.. en vain. pas un mot ne s’échappa. elle le regrettera des années plus tard.

BABY, PLEASE CLOSE YOUR EYES FOR ME.

( BARGAINING )
tw : tentative de suicide

il y a des traumatismes que l’on peine à oublier. pour calista, tout lui faisait revenir à son enfance brutalement interrompue. son innocence retirée devant les corps sans vie de ses parents, les traces de morsure évidentes, marquant la peau plus de fois qu’il était nécessaire juste pour survivre. du sadisme. il ne lui restait plus que de la colère.

elle avait grandi avec ce souvenir, une haine qu’elle n’avait jamais montré ouvertement, inculquée et grandit par sa grand-mère, qu’elle partagea à sa progéniture. qu’elle appliqua d’une froideur absolue, sans la moindre hésitation. il n’y avait pas le moindre regret quand elle vit le regard de son mari, hagard, ne comprenant pas ce qu’il faisait dans leur chambre. calista le guida jusqu’à la sortie. il n’y avait pas le moindre regret quand ezra lui demandait où est-ce qu’elle l’emmenait. pas un regard lancé quand il était l’heure des aux revoirs. son esprit était bloqué dans une boucle qui l’empêchait de voir ce petit être comme étant le fruit de ses entrailles. son fils était mort. et, il n’y avait pas le moindre regret quand elle effaça la mémoire de sa fille l’existence de cet aîné qui ne ferait plus jamais parti de leur vie.

un souvenir oublié. le garçon était parti, et le roc avait commencé à s’effriter alors qu’elle regardait sans innocence la lame de rasoir posée sur le lavabo. le silence est absolu alors que, l’esprit vide, le tranchant manquant d’effleurer le poignet avant de s’immobiliser en écoutant des pas s’approcher, si reconnaissable, et une voix appelée son nom. elle ne le savait pas, gaia, mais ce soir-là, elle lui avait sauvé la vie.

elle n’avait jamais cherché à comprendre pourquoi. était-ce de la pitié ? de la cruauté de sa part de l’abandonner avec tous ses souvenirs ?

( DEPRESSION )

elle ne le réalisera jamais, mais le rouage de la mécanique du désespoir finit par l’écraser un beau mois de janvier. il suffit de quelques mois d’absence pour qu’elle perde sa fille à jamais. était-elle morte aussi ? son esprit ne l’acceptait pas, même après l’avoir renvoyée de chez eux. c’est brutal, et elle s’enferme dans le travail, refusant la réalité qui était bien là. frappée par la malédiction, elle finit par tomber un soir. réalisant qu’elle n’avait pas le choix ; qu’elle pourrait mourir sans elle. mais l’étape finale.. elle n’y arriverait jamais.

( ACCEPTANCE )

la porte est close.

there's a hole in my rotten heart,
i don't know how to heal it.

TRIVIA
( what do you associate calista with ? )

le réveil à 05h30. les effluves de nicotine. un sachet de thé dans sa poche. l’opéra, les galeries d’art. la bouteille de bordelais et les quelques gouttes qui s’y échappent à l’ouverture. la même mélodie murmurée dans sa bulle. l’heure du thé à 17h. constamment réveillée. le même sourire, jamais trop faible, jamais trop fort. sincère. la même chaleur que ma mère. cette odeur de rose qui lui colle à la peau. l’automne. l'odeur de propreté. les gobelets de café qui s'empilent. sa discrétion. ses mots réconfortants. son rire qui fait écho dans le couloir. sa fille. ses haussements de sourcil quand elle veut en savoir plus sans le dire. le soleil.