regrets, shaped like the memory of you

regrets, shaped like the memory of you
@Oscar Rojas
⬦ musique ⬦
Son arrivée sur Meiwa semblait avoir rendu une vraie vie à Angus. Celle qui lui avait été arrachée injustement - aux griffes de son frère, principalement - avant qu'il n'ait le temps de réaliser ce qu'il se passait.
La solitude, la tristesse, l'incompréhension; une certaine rage aussi, quand bien même celle-ci était plus enfouie, beaucoup de sentiments s'étaient fait place sous sa peau alors que les couleurs s'enfuyaient. Le monde était terne, un peu plus à chaque coup que la vie lui mettait.
T'es qu'un loser, Angus.
Un coup dans son ventre.
Tu sers à rien, Angus.
Une baffe dans sa gueule.
T'aurais jamais dû être là, Angus.
Il portait des traces invisibles de chaque remarque, chaque appel de son nom filé de venin qui le piquait comme des milliers d'échardes, si bien qu'il en détestait son nom, en plus de se détester lui-même.
D'apparence, Angus n'avait pas eu une mauvaise enfance, mais les seuls souvenirs qu'il en conservait étaient ternes et froids, et la culpabilité d'avoir un vécu qui différait de celui qu'on lui racontait qu'il avait eu ne faisait qu'ajouter au poids qui l'écrasait depuis des décennies.

La décision de partir de la Nouvelle-Zélande - qui avait été plus un plan très mal exécuté qu'une vraie décision de sa part - s'était avérée être une bénédiction. Il n'y avait plus les remarques de son frère, il n'y avait plus les yeux déçus de ses parents, il n'y avait plus les moues désapprobatrices de sa belle-famille.
Ici, Angus était libre, et nouveau. Il était lui.
Plus le fils, le frère, le mari; il était Angus, juste Angus, et on ne le connaissait que pour lui, pas pour ce qu'on avait pu dire sur lui. Meiwa avait une douceur qu'il n'aurait jamais pu soupçonner, un goût sucré sans le retour amer qu'il avait toujours connu jusque là. C'était ici, sa place, pour sûr. Sur l'île des mages, quand bien même il n'en était pas un.
Il y avait une certaine tristesse dans le fait d'être plus à l'aise sur une île qui ne lui est pas destinée entouré d'inconnus tous différents de lui que chez lui, entouré de sa famille, mais il n'y a rien qu'il pouvait faire à propos de ça.

Le restaurant était déjà bruyant quand il finissait de se préparer.
Angus ajustait sa barbe, vérifiait sa tenue dans le miroir de la salle des employés. Il devrait assurer la seconde partie du service, mais pour le moment, il faisait surtout partie du show.
Angus s'échauffait un peu, pliait vigoureusement ses genoux pour ne pas qu'ils craquent trop, tournait ses poignets pour éviter les entorses. Et puis son moment arrivait: le signal musical se faisait entendre et Angus ouvrait les rideaux rouge du premier étage, qui séparaient la salle des coulisses réservées aux employés.
Un genre de balcon faisait le tour de la salle et permettait aux serveurs d'en faire le tour pour les scènes actées. Il s'y affichait, les regards redirigés sur lui grâce à une lumière stratégiquement placée.
Le spectacle ne durait pas trop longtemps, l'intérêt n'était pas de déranger les clients; il faisait juste un petit discours, étant le méchant du scénario habituel, et descendait le long d'une barre comme un pompier pour slalomer entre les tables le temps d'une chorégraphie qu'ils avaient plus ou moins bien retenue. Leurs faux sabres s'entrechoquaient de la table 42 à la 18, et Angus finissait par se retirer par l'entrée des cuisines, clamant haut et fort qu'il reviendrait, qu'il n'en avait pas fini. Un méchant plus têtu qu'il n'était vaincu.
Le spectacle était généralement très apprécié des plus jeunes, qui ne se privaient pas d'applaudir la performance, peu importe combien elle était bancale.
Quand il réapparaissait dans la salle, Angus était de nouveau un simple serveur. Il avait enlevé son tricorne, et tel Clark Kent enlevant ses lunettes, ça semblait suffire pour faire comprendre qu'il n'était plus le méchant pirate d'il y a dix minutes.
Il passait entre les tables, deux burgers/frites dans les mains qu'il posait doucement sur la table 12. Une gamine aux grands yeux le remerciait quand il annonçait avec un sourire, Hi y'all, I'll be your server tonight! Don't hesitate if there's any- Angus se stoppait seul dans sa phrase, son regard passant de la fillette à l'adulte qui l'accompagnait.
Il y avait des gens qu'il ne souhaitait pas revoir, parmi lesquels sa famille, ses exs et son professeur d'histoire-géo de 5ème, et au-dessus encore de ceux-là, il y avait Oscar.
Oscar était une maladie à sa vie, un virus dont il avait toujours voulu se défaire, quand bien même ni son frère ni son cœur ne semblaient vouloir coopérer.
If there's anything you need. Sa voix était plus terne, comme si un regard le ramenait en Nouvelle-Zélande. La vie avait repris des couleurs, et il suffisait d'une paire d'yeux pour qu'il ressente à nouveau le besoin de se gratter la peau à s'en faire saigner. Si sa vie était un film, Oscar en serait définitivement le méchant. Le genre de méchant à propos duquel on trouvait des fanfictions douteuses en ligne, mais un méchant néanmoins.
Angus se raclait un peu la gorge, priant tous les Dieux existant et ceux qu'il pouvait créer sur le spot pour que son costume ne révèle pas son identité. Pour que ses yeux le trahissent moins que ceux d'Oscar. Pour qu'ils soient moins ancrés dans l'esprit du chilien que le contraire, quand bien même il avait plus l'habitude de les voir derrière un voile de dégoût et de haine.
Angus attendait là comme un poireau devant la table, incapable de fixer autre chose qu'Oscar, avant de se reprendre et de sortir de ses propres pensées. Enjoy your meal. Il détalait en vitesse, pressé d'aller chercher une autre commande, priant pour qu'ils le laissent tranquille jusqu'au moment de payer leurs repas.

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@Angus Edwards
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Si sa vie était une pièce de théâtre, il en aurait été le maître marionnettiste. Jouant de ces vies, de ces corps comme bon lui a toujours semblé, sans même se préoccuper de la douleur de ses mots, des maux imposés aux battants. Et le temps n'efface rien, le sable coule dans cet immense sablier, la vie continue sa route, et les regrets s'entassent comme des fardeaux qu'il pousse, comme Atlas. C'est ainsi, mais ça n'a pas toujours été comme ça. La jeunesse s'est envolée, ne laissant sur son visage que les marques de la vie, des années, d'un amour perdu, d'un autre qu'il n'a jamais avoué. Oscar est un homme simple, ou du moins, c'est ce qu'on pourrait penser en le voyant ainsi, dans son rôle parfait de professeur, foulant le sol des couloirs de la grande école comme une fierté. Mais c'est plus complexe que ça.
Il y a une tempête qui a toujours fait rage en lui, silencieuse, dévastatrice. Il y a des secrets gardés sur ses lèvres, comme des trésors, mais on ne sait où chercher, où creuser pour qu'il finisse par avouer. Avouer des erreurs du passé, des choses qui ce sont passés il y a trop longtemps qu'il ne sait plus compter les années qui le sépare de son adolescence, de sa vingtaine. La vie s'est écoulée comme un fleuve sous un pont. Parfois calme, parfois mouvementé. Il s'est caché derrière un mariage, bien qu'amoureux, bien qu'heureux. Il s'est persuadé lui même qu'elle était âme soeur quand son coeur lui disait le contraire. Quand il repensait encore à lui, à son regard bercé dans une mer de désespoir quand le venin s'échappait de sa proche bouche. Il le détestait. Il le détestait, pour tout ce qu'il provoquait en lui. Autant qu'aujourd'hui, il se déteste. Vient bannir la personne qu'il était, loin de ces terres où les souvenirs sont comme des pieux qui s'enfoncent dans ses entrailles. Ici, personne ne viendra lui rappeler qui il a été, qui il est encore aujourd'hui. Ici, il y a la paix, sa fille, sa vie, son univers devenu paix sans jamais se pardonner.
La gamine face à lui à les yeux de sa mère, brillent comme des émeraudes sous la lumière de la lune un soir d'été. Elle a le teint dorée de son père, ses cheveux rebelles, épais, mais sa blondeur, elle ne le tient pas de lui. Parfait mélange, Marisol a toujours été une fierté, sa fierté. Une princesse dans un monde parfois trop cruel, celle qu'il veut protéger, encore et toujours, comme si elle avait encore 5 ans, comme si elle n'était pas assez grande pour connaître les dangers que l'univers réserve. Elle a ce sourire d'ange, parfois curieux, parfois, on sait qu'elle a quelque chose derrière la tête, petite fouine qui ne cesse de l'impressionner. Et ses lèvres s'étirent toujours avec tendresse quand elle s'adresse à lui. We should come here more often, their show is really good I think! Elle a les poings fermement serrés, plaqués sur la table, le buste en avant et le rire dans le fond de sa gorge, des étoiles plein les yeux. Yeah, you're right. Once a week? So i eat those famous burgers every time. Main levée pour se faufiller dans la chevelure vagabonde de la jeune fille, qui râle une énième fois quand elle passe après lui pour défaire les noeds que son geste a créé. Daaaaad, please my hair! Il n'y avait rien de plus beau au monde, que la mélodie de sa voix, de son rayonnement, de ses sourires qui n'ont cessé de l'éblouir depuis ses premiers jours. Et quand elle accueille le serveur avec ses lèvres étirées, sa bonne humeur, il ne peut qu'être fier d'elle, alors que son coeur se pince un peu en pensant à sa mère, puis une nouvelle fois alors que son regard rencontre celui de l'homme arrivé à leur table. Thank you sir! I think everything's alright! Qu'elle s'exclamait alors qu'Oscar n'osait plus prononcer un mot, c'est à peine s'il osait respirer face à ce fantôme, face à ce regret éternel. C'est comme s'il retombait dans le passé, se retrouvait à cet instant, ce jour là, quand ses lèvres ont gouté les siennes. Mais dans son esprit, il ne le rejette plus. Pourtant, c'est ce qu'il s'est passé, dans cette réalité aussi horrible qu'elle soit. Le temps courait soudainement, les secondes, les minutes, tout s'accélérait sans qu'il ne puisse dire une phrase, un son, et lorsque son fantôme semble prendre ses jambes à son cou, c'est là que sa main agit seule, retenant son poignet un instant. Angus? Is that really you? Et il voudrait qu'il lui dise non, que lorsqu'il se retourne, ça ne soit pas là, ça ne soit qu'une erreur. Il aimerait ne pas retourner à ses vieux démons, à ce regret qui plane toujours dans son coeur. D'you know him dad? Sa gorge est nouée, il vient déglutir doucement, comme s'il essayait déjà de digérer la lourdeur de ces retrouvailles inattendues. An... Old friend of mine. My old bestfriend's lil bro... Et dans sa bouche, ça ne sonnait pas comme il le voulait. Ce n'est pas la vérité. Ce n'est pas ainsi qu'il voyait Angus avant. Il ne l'a jamais considéré comme un ami à cette époque. Alors pourquoi maintenant? Yeah? So you knew my father when he was young? Awesome! Elle s'en réjouissait, elle qui connaissait si peu du passé de son père, outre ces quelques vieilles fréquentations. Mais pour eux, ça ne sonnait pas aussi génial. Non. C'était une claque dans la gueule, un retour en arrière. Le retour de leurs démons respectifs.

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@Oscar Rojas
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Angus apercevait la cuisine au loin comme la lumière au bout du tunnel, avec le même sens de délivrance pour l'accompagner - mais il n'avait pas fait trois pas qu'une main se serrait sur son poignet, et le serveur se figeait en un instant. Un contact et il se revoyait à douze ans, les yeux débordant de trop d'émotions après qu'Oscar l'ait insulté publiquement quand il l'avait embrassé la veille. Il se retrouvait empris de la honte et du regret, de la haine qu'il n'avait jamais su exprimer.
Angus? Is that really you? Le temps avait déformé le souvenir qu'Angus gardait de la voix d'Oscar. Elle était plus grave et profonde maintenant, portait bien plus de vécu qu'à une époque où il aurait pu boire ses paroles. Angus détestait que le simple fait d'entendre son nom lui filait la chaire de poule, et détestait encore plus l'idée passagère que si rien n'avait changé en trente ans, alors rien ne changerait jamais. Il serait probablement enchaîné au souvenir d'un amour à sens unique, douloureux, et dont il aurait préféré ne jamais connaître le goût.
D'you know him dad? An... Old friend of mine. My old bestfriend's lil bro... Plus encore, il détestait n'être que ça: le petit frère de, le prix de consolation, la pensée d'un second temps. Il avait pitié de lui-même, de cet idiot qui n'était que le petit frère quand Oscar avait toujours été Oscar, avait toujours été le premier - amour, baiser, coeur brisé -, et ne serait jamais moins que ça quand bien même Angus donnerait tout pour. Il était triste de voir qu'il était le même enfant qu'il avait toujours été, celui qui avait rendu la vie si dure à vivre.

Il déglutissait difficilement, la gorge nouée par cette simple interaction, avant que son regard ne se glue sur la gamine à côté de Oscar. Elle tenait de lui, pour sûr, et Angus dégageait son poignet de la main d'Oscar en pensant au fait qu'il avait probablement une femme, maintenant, et une vie bien rangée dans laquelle Angus n'avait pas plus de place que quand ils étaient jeunes. Yeah? So you knew my father when he was young? Awesome! Malgré tout, Angus restait Angus et ne pouvait pas adresser la même froideur envers elle qu'envers Oscar.
Le serveur forçait un sourire du mieux possible, parce qu'elle n'avait pas plus demandé à être là que lui. Guess I did, yeah, kiddo. I'll tell you stories about him one day if you got some embarrassing ones to share yourself, how's that sound? Il tentait un sourire à la gamine, puis à Oscar. L'idée était basse pour sûr, mais une partie honteuse de lui voulait voir son vieux bourreau stresser à la simple mention de son nom. Tout pour égaler ou remplacer son propre sentiment d'humiliation - quand bien même tous savaient qu'une fois vraiment posé face à elle, il n'oserait jamais dire la moindre chose négative à propos de Oscar.
Angus reconcentrait son attention sur Oscar, le regard plus froid et distant qu'un instant avant. I had no idea you'd come here. Or else I'd have gone very, very far away restait sur le bout de ses lèvres sans qu'il n'ose le dire, mais il supposait que son regard traduisait bien l'idée. Got here with your... Son regard passait une seconde sur la gamine avant de revenir à lui, peu sûr de comment formuler la chose. ... family? Il n'était que trop bien placé lui-même pour savoir que parfois, les apparences sont trompeuses, et qu'on peut être époux un jeudi et étrangers un vendredi, alors Angus préférait rester vague, ne pas faire de bourdes et risquer de blesser les autres, comme il l'avait toujours fait.

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@Angus Edwards
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Sa gorge devenait poussière à la mention de son prénom, tant il s'était fait rare, inexistant ces dernières années. Avait-il pensé à lui ? Oui, pourtant aucun mot n'est jamais sorti de ses lèvres, comme un secret bien gardé. Comment expliquer à sa femme qu'il a préféré fuir que d'affronter ses peurs pour sauver un amour de jeunesse, comment expliquer à ce meilleur ami, qu'il ne restait à ces côtés que pour voir la bouille de son petit frère. Comment s'excuser, après toutes ces tortures, quand il n'en pensait pas un mot. Non, rien ne pourra jamais l'excusé. Il s'est fait à cette idée en oubliant petit à petit cette vie qu'ils auraient pu mener s'il n'avait pas été un connard, un lâche. Il a construit sa vie pour l'oublier, sans jamais y parvenir. Il a épousé une femme dont il était amoureux, mais son coeur battait encore pour un autre à l'autre bout du monde. Funeste comédie dans laquelle il n'est pas le héro, simplement l'antagoniste, celui qui fait verser les larmes, provoquant la tristesse, la colère, la haine. La haine. Angus devait le détester, plus que tout, et il ne pouvait que le comprendre. A sa vue, son ton a changé, son regard avec. Tout a changé. Son visage aussi, le temps en a fait une oeuvre d'art, de son corps un homme et non plus un gamin de 12 ans. Usé par la vie, par ce qu'il a enduré, dont Oscar est tout aussi coupable. D'un divorce dont il a entendu parler, des échecs que sa famille ne cesse de conter.
Oscar lui, avait réussi. Comme toujours. Angus lui, était resté le même. Ce même gamin que l'on accusait de tout et de rien. Que l'on rejetait, que l'on traitait d'inutile. Ah. Si Oscar n'avait pas été ainsi. Il l'aurait pris avec lui, l'aurait emmené à l'autre bout du monde, il l'aurait épousé quelque part, loin des yeux, des mots empoisonnés, loin de cette vie qui ne fait que pourrir leur carcasse. Son corps se rempli de chaleur quand sa main touche son poignet, pourtant, tout redevient froid quand Angus décide de mettre un terme à ce contact. Il a raison, pense t-il. Il a raison. Oscar n'a pas le droit au pardon, ni même à la pitié. Il le sait lui même. Il a été un tortionnaire, quand il aurait dû le soutenir, l'aider, et surtout, l'aimer au grand jour ! Of course! i have sooo much about him! I'll come here without him, don't worry! De ses yeux brillants, de son sourire curieux et intrépide qui rémonte jusqu'à ses oreilles. Un léger coup d'oeil jeté à son père qui rit nerveusement alors qu'il hoche la tête de gauche à droite en fermant les yeux un bref instant. Yeah, since it's your passion to embarrass your father... Of course it is! I LOVE that! Et elle s'excitait déjà sur sa chaise à l'idée d'entendre des ragots sur la jeunesse de son père, ses aventures, leurs aventures, ô si innocente, elle n'a jamais connu les méfaits d'Oscar, ses mots, les maux provoqués, les douleurs, le connard qu'il était quand à ses yeux, il est celui qu'il l'a élevé, qui a continué à être présent après le décès de sa mère, qui continue de la soutenir malgré son jeune âge. Il est son héro, quand à ses propres yeux, Oscar n'est rien de cela. Le regard d'Angus rencontre de nouveau le sien, et il ravale sa propre salive. Ah, il ne peut rien faire, rien dire. Il aimerait s'excuser, mais pas ici, pas devant sa fille, et après tout, est ce que ça aurait du sens avec toutes ces années de silence ? Yeah, it's my daughter, Marisol. She's 13, an adorable and too curious lil girl i guess. Dit-il alors qu'il vient lui tirer tendrement la joue pendant qu'elle surjoue, s'accrochant presque aux vêtements d'Angus. Omg please save me from him, he treats me like... Like i'm still a babyyyy, but look at me, i'm a courageous and strong woman! Riant de bon coeur, mais Oscar lui, n'a pas envie de rire avec elle, son regard ne quittant pas celui de l'homme. When did you come here? You could have sent a mess... Sa phrase se stoppe alors qu'il se rend compte de ce qu'il prononce. Sorry. Et ses yeux s'échappent, son regard se détourne, sous les grands yeux de sa fille qui, bien que jeune, n'est pas si bête. I'd like to see you one day. Just you and me, if you want to. Mais il comprendrait son refus, sa colère, il comprendrait.
Car Oscar n'est pas celui à plaindre.
Il ne mérite que les blâmes et les punitions divines.

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@Oscar Rojas
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Respirer était toujours venu naturellement à Angus - à la surprise générale, vu comme le reste de la vie semblait toujours lui avoir échappé - mais c'était plus difficile sous le regard de Oscar. Son service du jour n'avait plus d'intérêt pour lui, et ses collègues devaient l'avoir compris à la pâleur qu'avait pris son visage quand son premier amour lui avait attrapé le poignet. Il avait déjà couvert tant de services en urgence pour les autres qu'il ne se faisait pas de doute sur le fait qu'il serait tranquille s'il en ressentait le besoin, quand bien même si il était trop perturbé pour y accorder une seule pensée.
La fille d'Oscar était aussi énergique qu'adorable, et Angus ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle était exactement ce qu'il aurait aimé que son père soit à son âge, un parfait petit rayon de soleil.
Angus les regardait en silence, le regard faisant un ping pong au rythme de leurs paroles, vidant suffisamment sa tête pour l'apaiser un peu. Jusqu'à ce que Oscar ne se reconcentre sur lui. Yeah, it's my daughter, Marisol. She's 13, an adorable and too curious lil girl i guess. Angus hochait doucement la tête, avant de sursauter légèrement quand la gamine se rapprochait soudainement de lui. Omg please save me from him, he treats me like... Like i'm still a babyyyy, but look at me, i'm a courageous and strong woman!
Angus souriait, plus sincère que forcé cette fois. Il ne pouvait s'empêcher de penser au fait qu'ils partageaient leur côté théâtral, qu'il se serait presque plus retrouvé dans la gamine que son père. Est-ce que sa mère lui ressemblait, à lui? Est-ce que sans l'avouer, peut-être même sans le réaliser, Oscar avait cherché en une autre ce que Angus avait toujours été? La pensée lui arrachait le coeur une nouvelle fois.
Si c'était bien le cas, alors ça ne voulait dire qu'une chose: loser ou pas, ça n'était pas la personnalité d'Angus qui avait tant rebuté et dégoûté Oscar; ça n'était pas son air idiot ou sa joie d'apparence à toute épreuve, c'était lui-même. C'était Angus en sa qualité propre de personne qui était le problème, et les mots de sa famille et de son frère en tête de file rouvraient à nouveau des plaies qu'il pensait enfin fermées.
Et si, qui qu'elle soit, elle avait fait changer Oscar, l'avait fait évoluer en une bonne personne, alors ça voulait dire qu'il en avait probablement toujours été capable, et que Angus n'était simplement pas assez pour y parvenir en premier. Pas assez bon, pas assez doué, pas assez tout et un peu trop rien; pas assez en tous les domaines comme il l'avait toujours redouté. Angus, le cassos, le raté, le second. Jamais premier, jamais premier, jamais premier. Loser, loser, loser.
Il aurait dégluti plus facilement s'il n'avait pas l'impression d'avoir du verre dans la gorge.
La voix d'Oscar le sortait à nouveau de sa torpeur et il tournait un visage pâli par une fatigue soudaine vers lui. When did you come here? You could have sent a mess... Sorry. Angus sentait son index s'attaquer nerveusement à la peau de son pouce - un réflexe qu'il avait pris adolescent quand il sentait l'anxiété monter en lui. I'd like to see you one day. Just you and me, if you want to.
Le voulait-il? Rien n'est moins sûr.
Avant de se donner le temps et l'espoir d'analyser ce que ça pouvait cacher et s'il se moquait de lui, faisait preuve d'une politesse creuse ou était sincère, Angus préférait s'adresser à Marisol en premier. For an old guy like him you'll always be a baby, sweetheart, sorry to disappoint. L'air presque naturel avec lequel il arrivait à parler l'étonnait lui-même. Il aurait vraiment dû partir à Hollywood. I'll agree that he's insufferable though, and I'll gladly save you from him if you ever need. You know where to find me. Il faisait un clin d'oeil rapide à la petite, avant que sa mâchoire ne se serre du simple fait de se retourner vers Oscar.
Son cerveau lui disait de parler mais son coeur hurlait encore: loser, loser, loser.
Why would I? Puis sa raison criait plus fort, et il ravalait le verre qui lui encombrait la gorge, la bouche, les poumons. Semblait se propager à une vitesse inquiétante. Elle lui rappelait que Marisol était là, probablement trop attentive et curieuse, et qu'Oscar avait beau être Oscar, elle était absolument adorable et ne méritait pas d'assister à tout ce que Angus brûlait envie de cracher. I mean, why would I not want to? Of course. Il se rattrapait lamentablement. Meiwa avait définitivement été le bon choix, Hollywood l'aurait bouffé.
Came here few months ago. Nobody knows - they think I moved somewhere else, long story - so, if you could... y'know? Keep it down, maybe? Il espérait que la cupbalitié des années, et peut-être la pitié de le voir là, à presque cinquante ans, à faire le mariole en tenue de cuir dans un faux bateau pirate, suffirait à le convaincre de se taire. Dunno if you're still in touch with... you know... Son frère, bien entendu - mais il préférait éviter son nom et toute pensée qui le rattrachait à lui - But I'd, I'd appreciate it. Angus réfrénait de peu l'envie de lui rappeler qu'au besoin, il pourrait parfaitement pisser dans son cocktail de bienvenue la prochaine fois qu'il venait manger là si jamais sa présence ici parvenait aux oreilles de sa famille. Il gardait l'idée pour une prochaine fois.
Son index ne s'arrêtait pas d'attaquer son pouce, et il ne s'arrêtait qu'en voyant une goutte de sang perler du coin de son ongle. Ah, shit. Angus regardait à droite et à gauche. Il n'était pas le plus habile ou dégourdi pour sûr, mais il gérait généralement mieux son stress que là. Il avait besoin d'un pansement, parce qu'il ne pouvait pas être au service d'un restaurant avec une plaie ouverte, aussi minime soit-elle, et parce qu'il estimait avoir déjà exposé suffisamment de blessures à l'air libre pour aujourd'hui. Il avait à la fois envie de fuir en courant, utilisant l'excuse pour s'éloigner d'Oscar et, qui sait, peut-être fuir le pays, et une partie de lui, enfouie depuis presque trente ans, s'accrochait à la paire d'yeux qui ne le quittait pas comme il en avait rêvé à l'époque.
Il avait toujours voulu l'attention d'Oscar, son regard dans le sien, et plus rien d'autre autour. L'Univers se moquait drôlement de lui pour que ça n'arrive que maintenant qu'il était seul, divorcé, vivant une vie à la fois ridicule et de mensonges là où Oscar semblait être celui à qui tout avait réussi.
Honteux comme un gamin, Angus baissait le regard vers la pointe rougeâtre qui teintait le coin de son ongle, incapable d'agir de quelque manière que ce soit - et le verre de ses poumons avait migré jusque dans ses yeux au point qu'il se sentait au bord des larmes, alors que son coeur répétait d'un souffle las, avec la voix d'un gamin qu'il avait un jour aimé:
loser,
loser,
loser.

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@Angus Edwards
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Les regrets s'échouent sur ses épaules comme des enclumes qu'on a lâché du haut des cieux. Il titube, inconsciemment, son esprit vacille, tout devient flou. Presque incapable de faire face à cette réalité où les couteaux se plantent dans son coeur. Il ne peut pas fuir cet énième cauchemar, cette illusion du passé, bien trop réelle, incapable de la chasser du revers de sa main. Il n'est pas le soleil qui le réveil le matin, celui qu'il peut oublier alors qu'il enfonce son visage dans son oreiller. Et pourtant, il brûle sa rétine, terrasse son âme et tout ce qu'il a construit depuis plusieurs années. Oscar se sent vulnérable. Mais après tout, n'est ce pas le prix à payer pour ses méfaits ? Pour tout ce qu'il a infligé à celui qu'il revoit encore plus jeune, du haut de sa petite taille quand le plus vieux des deux le surplombait. Pourtant, ah, c'est lui qui était minable, après tout. Il n'y a toujours eu qu'un coupable. Lui même. Dans sa chaise, il voudrait s'enfoncer jusqu'à fondre, dans les yeux de sa fille, il voudrait que sa silhouette ne s'y reflète plus, de peur de voir la déception sur le visage de sa gamine, de son tout, son univers, la plus belle des fleurs. Dans cette funeste pièce de théâtre, il n'est rien. Rarement le personnage principal, encore moins un héro qui sauve les corps et les coeurs. Non, lui a tout enfoncé avec ses mots, a tout enterré avec des maux. Les voix autour de lui sont comme des échos, celle de sa fille qui pétille comme toujours, qui brûle de cette envie de vivre. Celle d'Angus, plus grave, différente adulte. Lui qu'il a regardé grandir qu'à travers des paroles aussi tranchantes que les couteaux d'un boucher. Right? Right?! S'excitait l'enfant sur sa chaise alors qu'elle regardait Angus avec des étoiles dans les yeux, ce petit quelque chose qui autrefois, avait appartenu à Oscar. If I come back, could I have a milkshake? Elle fronçait le bout de son nez en regardant son père, faisant naître un léger sourire sur les lèvres de ce dernier. And how do you plan to pay? With your credit card of course!. Il n'y avait aucun doute. Elle était bien sa fille. Il ne pouvait le nier. Un léger rire brisa le silence qu'il s'était imposé lui même, reposant de nouveau son regard sur l'amour d'enfance, mais difficile de garder la même tendresse, quand il ne ressentait que de la honte. Il se sentait nu, seul, et après tout. Il l'avait mérité. Really? Thank you Angus. Il sait au fond de lui, que lorsque ce moment arrivera, ça sera différent, car Marisol ne sera pas là pour installer cette barrière entre eux. Pour empêcher la colère du plus jeune parler, pour pour cacher la honte sur le visage de son propre père qui n'oserait même pas élever la voix face à ce qu'il a fait. Parce qu'il l'a fait. Même s'il pouvait clamer haut et voix que c'est du passé, jamais ça ne l'excusera. Oh... I see. It's a really good choice? It's nice here, I think you’ll like it. And don't worry about them. I wont, i don't talk to them to be honest. You know... Life. Il est vrai, il n'était pas le fils parfait non plus. Il n'avait pas visité sa famille, et donc la Nouvelle Zélande, depuis le décès de sa femme, et y retourner, c'était s'infliger à lui même des souvenirs qu'il fuyait, pourtant ils reviennent en hurlant aujourd'hui. Well, not really. Even if i was, I wouldn’t talk about you. Car au fond, Angus, tu es mon secret, le seul que j'ai jamais gardé, derrière ce masque affreux. Son sourire devient presque un peu plus doux, un peu plus tendre, parce qu'il veut qu'Angus lui fasse confiance - même s'il a toutes les raisons du monde de ne pas le faire. Après tout, on ne parle pas de n'importe qui, mais d'Oscar. Celui qui a brisé son coeur, brisé ses espoirs, brisé un gamin qui n'avait rien demandé. Foutu harceleur. La voix qui s'échappe de nouveau l'interpelle alors qu'il suit le regard du serveur, fronçant les sourcils. Are you hurt? Old habits don’t change. Il se souvient encore qu'à l'époque, il le faisait déjà. Probablement à cause de lui et de son frère. Tout comme aujourd'hui. Lemme see that. Qu'il dit en prenant sa main pour observer la blessure. It's okay, it's not that deep. Fouillant dans sa poche de son autre main, il en sorti une petite fiole, laissant glisser une goute sur la blessure. Disinfectant. Marisol gets hurt all the time. Yeah and ! I have some cute plasters!! La petite fouine qui avait déjà attrapé l'un deux dans son petit sac, dessus, la tête d'Hello Kitty un peu partout. Une fois l'aval de son père, elle appliqua doucement le pansement autour du doigt de l'homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes. Waaa, looks sooo cool on you. A cool pirate! Son visage posée sur ses mains, les coudes sur la table, alors qu'elle riait en agitant les jambes, son humeur si contraire à celle de son père et d'Angus. Is it okay now? Laissant sa main lui échapper, un contact qu'ils n'avaient pas initié depuis des années, une chaleur différente, avec un gout d'autrefois. Presque candide.

regrets, shaped like the memory of you
@Oscar Rojas
⬦ musique ⬦
Il était né une diagonale d'anxiété et de tension précisément entre les corps d'Angus et d'Oscar, protégée de toute implosion par la simple présence de Marisol.
En vérité, Angus n'était pas du genre à éclater; ni de rage ni de tristesse. Il était une bombonne qui se remplissait depuis des années d'un trop plein de sentiments qu'il n'osait plus exprimer; la jauge de remplissage affichait plein depuis longtemps déjà, mais sans savoir par quel miracle c'était possible, elle semblait toujours s'élargir, et ses émotions en poussaient la carcasse pour faire plus de place. Angus était le premier effrayé du jour où la bombonne tomberait et que l'équilibre se briserait dans une explosion sans pareille - il était peut-être même le seul, tant il avait persuadé le monde de sa bonne humeur constante. Angus était un iceberg d'émotions dont on avait découvert seulement la pointe et dont on ne s'approchait que rarement. Personne ne s'inquiétait de lui, de ses états d'âme et de ses peines, et pourtant,
et pourtant.
Oscar était peut-être l'étincelle de trop qui ferait vasciller la façade, qui ferait imploser la bombonne, qui découvrirait l'iceberg. Ce n'était pas un événement prévu au programme, mais ça semblait trop gros maintenant pour l'ignorer et fermer les yeux. Are you hurt? Old habits don't change. Lemme see that. La main d'Oscar se saisissait avec plus de douceur que jamais de celle d'Angus, et il sortait de ses pensées un instant, réalisant à la fois ce qu'il se passait et ce qu'Oscar lui avait dit.

Le problème des choses à moitié dites et de deux idiots qui ne savent pas se comprendre, c'est qu'on s'expose rapidement à plus de quiproquos que la moyenne.
Là où Oscar voulait dire qu'il n'avait pas contacté aucune de leur famille depuis longtemps parce que la vie l'avait éloigné de la Nouvelle-Zélande, Angus pensait comprendre qu'il aurait dû, comme eux, appartenir au passé et y rester; et là où il sous-entendait que Angus était un secret qui n'appartenait qu'à lui, Angus n'y voyait que le même type de raisonnement qu'avait toujours eu son frère: il n'était pas même suffisamment intéressant pour qu'on parle de lui, et trop honteux pour qu'on daigne le mentionner à autrui. Is it okay now?
Angus se raclait doucement la gorge, plus gêné encore qu'il ne l'avait été jusque là. C'était terrible, d'arriver à son âge, changer d'environnement, de pays, presque d'identité... et se rendre compte qu'il était toujours le même looser à qui Oscar n'avait donné qu'un baiser vite regretté.
Il se forçait à sourire un peu en voyant le pansement que lui offrait Marisol, sans répondre à son père, son sourire vite fané quand il ne restait plus que le contact de la peau d'Oscar sur la sienne. Un contact étranger et froid quand lui l'aurait voulu chaleureux comme dans ses rêves d'adolescents. Thank you, Marisol. Il ne voyait aucun intérêt à remercier Oscar, pas après qu'il s'amuse à un chaud-froid insoutenable, entre sous-entendus blessants et regards doux.
Angus récupérait sa main d'un geste un peu brusque, la tenant contre lui comme si on l'avait électrisé. I, Il cherchait ses mots, maladroit comme toujours. Angus avait tendance à être un beau parleur, mais tout s'effondrait face à Oscar. Il aurait besoin d'une notice 48h à l'avance la prochaine fois que leurs regards viendraient à se croiser. Uh, I didn't mean to crash your meal. Your burgers are gonna be cold... Il regardait à droite et à gauche; il savait qu'il pouvait prendre son temps, mais tout lui donnait envie de se carapater à vitesse grand V. I think I should ask another waiter to take your table - just tell 'em you're with me, they'll give you free desert.
Angus adressait un sourire presque désolé à Marisol et fixait les burgers plutôt qu'Oscar lui-même. Enjoy your meal. Un petit signe de tête en guise de tout au revoir et il s'éloignait, alpaguant la serveuse la plus proche pour lui donner sa table la plus redoutée.