no one like you,

romeo, il paraît tout petit là, en face de l'immense building tout de verre et d'acier. le complexe est rutilant et monte jusqu'au ciel en se cachant dans les nuages. le môme n'a jamais rien connu de pareil, habitué aux maisons sales, qui se cassent la gueule de tous les côtés. même, il pourrait presque être mal à l'aise dans le quartier si il ne le connaissait pas si bien... il le connaît pour toutes les soirées qu'il a passé, erin lovée dans ses bras. il le connaît pour toutes les courses qu'il y a disputées, la nuit tombée. il le connaît pour avoir rêvé, gamin, d'appartenir aux cercles des chanceux qui y vivaient. un soupir s'échappe de ses lèvres alors qu'il maudit l'enfant qu'il était, animé par des futilités.

le bel inspire une dernière fois sa cigarette avant de la jeter sur le trottoir et qu'elle explose en une centaine de feu d'artifice colorés. alors qu'il relève la tête, la baie de vitres qui lui fait face lui renvoie un reflet qui ne lui appartient pas. romeo, il triche. le somamorphe a revêtu les traits ronds et les courbes de la cousine de son ancienne amante. pour quelques minutes, il sera mazra. juste le temps de passer les portes de la résidence, offrir un beau sourire au concierge et rejoindre l'ascenseur qui le mènera à l'appartement d'erin pour récupérer son précieux skyglider. il n'y a que ses doigts mécaniques que l'anglais ne parviendra pas à transformer, handicap facilement dissimulé dans la poche de son jean alors qu'il passe devant le comptoir, sans que le gardien ne suspecte quoi que ce soit, pensant croiser là l'une de ses résidentes habituelles. son méfait accompli, romeo voit son visage reprendre son allure normale dans le miroir de l'ascenseur qui l'emmène directement dans l'appartement qu'il connaît tant.

une fois devant la porte, il y cogne doucement. erin, it's me.
il n'a pas besoin d'en dire plus.

elle rage en lui envoyant son dernier message, i’ll be waiting. elle rage et lance son téléphone contre son matelas, avant de le reprendre dix secondes plus tard, misérable. incapable de se concentrer sur autre chose que l’écran de son téléphone et la page de leur discussion. erin n’ose pas regarder à quand remonte leurs derniers échanges. il n’y avait pas eu de violence dans leur séparation, trop froide, et ça, ça faisait mal. et voilà que maintenant, elle attendait que roméo vienne chez elle, comme autrefois. la blonde s’étale sur son lit, agacée (nerveuse, mais son égo refusait de l’admettre). l’absence de mazra la rendait encore plus fébrile et il ne lui fallait pas grand-chose pour lui envoyer un message pour qu’elle revienne à la maison, et qu’elle ne la laisse pas seule avec lui avant de se raviser, la laissant tranquille aux côtés de son petit ami. erin lui fera le débrief une fois rentrée.

le visage s’enfonce dans l’oreille et un cri - étouffé - est poussé. erin ne s'était retrouvée seule avec lui depuis un bon moment ; les fois où les prunelles s’étaient croisées, s’étaient faites en public, le regard aussitôt rivé autre part avant de fuir au cœur de la foule. elle n’avait aucune idée de quoi lui dire d’autre qu’un au revoir une fois lui avoir rendu son dû. la déléguée se prenait la tête sûrement pour rien, mais elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle allait sortir de sa bouche une fois qu’il sera en face d’elle. un soupir s’échappe entre ses lèvres. elle qui restait toujours digne ne savait pas si elle arriverait à le rester. le silence est brisé par la porte, il était là. la blonde se redresse aussitôt et accourt jusqu’à la porte. la main enveloppe le poignet et hésite une micro seconde avant d’ouvrir la porte et de lui faire enfin face. « hello. » saluant son visiteur par automatisme, la voix blanche. elle se met sur le côté pour le laisser entrer. « come in. .. tea, coffee ? » encore un foutu automatisme qui la fit intérieurement jurée, ce n’était pas le projet de le garder ici aussi longtemps mais sa mère l’avait bien élevée. elle en oublierait presque la raison de sa visite, le skyglider qu’elle a oublié de retirer de sous son lit.

et alors qu'il n'avait que le silence comme simple réponse, la porte s'ouvre d'un coup. la silhouette de son ex petite-amie vient déchirer la pénombre du hall et l'envahir de toute sa lumière. hey. lui répond t-il avec un léger sourire, se fichant des accents froids qu'elle a dissimulé exprès dans sa voix. il la connaît, romeo. s'il ne note pas l'air détaché qu'elle veut se donner, il ne note pas non plus les pas pressés qu'il a entendu sur son perron, la course que la fugi a faite pour venir lui ouvrir. non. comme d'habitude, romeo, il fait semblant de rien.

alors que la blonde s'écarte pour le laisser passer, il se permet de rentrer dans le penthouse désormais familier, déposant au passage un baiser sur sa joue pour la saluer convenablement. a coffee would be nice, thanks e. lui répond t-il. le jeune maitland avait passé sa nuit à travailler sur la réparation de la monture de cosmoball d'andrea. les traits de son visage avaient beau être juvéniles, rien ne pouvait effacer les cernes qui entouraient ses beaux yeux. so... what's up ? demande t-il alors qu'il la suit dans la cuisine et s'installe sur l'un des tabourets de leur immense îlot central. ils avaient passé des dizaines de soirées assis à la même place, à manger, boire, s'amuser ou à refaire le monde. à s'aimer. romeo, il ne demande pas tout de suite où est son skyglider, s'enfonçant malgré lui dans les réminiscences d'un passé qui lui manquait sans qu'il ne puisse l'avouer, sans même qu'il ne le sache. le môme prenait la vie comme elle venait, et cette philosophie lui avait coûté le premier amour de sa vie.  quel idiot.

la scène lui paraît presque irréelle. l’avoir en face d’elle, entendre le timbre de sa voix, presque trop tendre. si injuste. mais en bonne hôte, elle ne réagit pas face à cette indifférence, plus tard. et un jour, erin se promettait, elle serait aussi forte que lui. les lèvres posés sur sa joue ont l’effet de la foudre sur elle, la paralyse, et elle aurait voulu crier à cet instant la blonde mais cette situation était assez pour lui rappeler le passé, la fait acquiescer mécaniquement à la réponse donnée avant de courir filer jusqu’à la cuisine pour préparer un café à son ex.

la fugi avait pensé avoir quelques minutes de répit, avant d’entendre des pas la suivre et le garçon s’installer autour de l’ilôt. cri intérieur et supplication interne pour que mazra revienne à la maison alors que les deux se confortent dans le silence, brisé par la cafetière et par romeo qui relança la conversation avec toujours ce même timbre de voix, assez pour qu’elle retrouve ses anciennes habitudes, à se glisser entre ses bras. « nothing new. » qu’elle commence à articuler, posant délicatement la tasse de café devant lui, erin n’avait pas particulièrement soif. « mazra isn't home much these days because of her boyfriend. » elle effleure délicatement sa joue, sentant encore les lèvres du garçon sur celle-ci avant de se reprendre violemment.  « you ? still   hoverboarding ? » une question idiote, évidemment qu’il était toujours à fond dessus, mais voilà, les mots lui manquaient et sa présence était assez pour lui faire perdre toute logique. ô romeo.