･ﾟ✧ blueberry & lavender ☽ haru

l’odeur du papier lorsqu’elle tournait les pages du livre qu’elle lisait, l’odeur qui restait lorsqu’elle se posait sur lit après le départ de myeongho, et même l’odeur du soleil sur ses vêtements après être restés trop longtemps exposés à ses rayons ; toutes ces odeurs lui plaisaient fortement sans pour autant égaler celle qui s’accordait aux souvenir qu'elle avait avec haru. réminiscences d’un temps qui ne reviendra pas mais qu’elle espère recréer. elle veut garder une trace de ce passé dans son présent, recréer un soleil de ces poussières restantes, étincelantes à son regard naïf. dans son coeur presque tout était intact, seul son amour s’était transformé en un sentiment autre, sentiment toujours positif, toujours doux à l'égard de ce visage bienveillant. haru aurait toujours une place dans sa vie, dans ses pensées et dans ses créations. et huan continuerait de créer des tenues en pensant à elle, elle continuerait de modeler ses désirs selon la silhouette de son ex qui restait une muse d’exception.  

elle terminait de catalyser ses ongles, son sac prêt pour sortir rejoindre haru. elles se revoyaient en tant qu'amies, de plus en plus souvent, et pour huan, c’était un poids en moins sur son cœur et ses épaules. une relation qu’elle ne voulait pas voir se désintégrer et disparaître, une personne qu'elle voulait garder auprès d’elle ; huan ne pouvait s’imaginer la perdre. non, une fois était bien suffisante, elle préférait encore perdre l'opportunité de se marier. mais ses pensées finissent par se dissiper lorsqu’elle aperçoit la silhouette de haru dans le café ou elles devaient se rejoindre. elle aurait voulu arriver en première, arriver en avance pour commander à boire pour elles deux, lui montrer qu’elle la connaissait et se souvenait de ce qu’elle aimait. plus que tout, elle détestait se sentir en retard. coucou ! tu ne m’as trop attendue j'espère ? elle pose son sac sur sa chaise et s'assoit rapidement pour faire face à haru, un sourire étirant les traits de son visage. si le ciel manquait d’étoiles, c’était sûrement que celles-ci s’étaient réfugiées dans leur regard, huan en était certaine. tu vas bien ? elle sentait ses joues et le haut de ses oreilles rosir, regrettant presque de ne pas avoir mis un t-shirt plutôt qu’une chemise, la chaleur toujours présente en ville.

la douce amertume du thé, sur sa langue. les reflets azurés des créations, qu’elle fait naître de ses doigts. la caresse de sa peau, contre la sienne. c'est les souvenirs envahissent haru, alors qu’elle attend huan. qu’elle continuera probablement encore longtemps d’associer à la jeune femme. vestiges d’une idylle relayée au passé - leur relation morphée dans dans une amitié confortable - mais l’affection est restée, plus présente que jamais. leurs rituels aussi, comme ces rendez-vous au café, comme les coquillages mêlés de perles qui pendent à ses oreilles.

ça a pas toujours été le cas. les yeux posés sur le siège encore vacant face à elle, elle se souvient encore la peine et le vide béant de l’absence. mois douloureux suivant leur séparation, elle n’en chérit que plus ces moments de réunion. rendez-vous parfois encore tâtonnant, ça devrait être étrange, ça devrait être gênant. et pourtant quand huan pointe le bout de son nez face à elle, y’a aucune question, aucune gêne. juste la chaleur tranquille dans son estomac, et le sourire qui se dessine tout seul sur ses lippes.

“je suis arrivée il y a pas très longtemps, t’inquiètes pas. notre commande est même pas encore prête.” les dents qui viennent titiller sa lèvres “j’ai commandé pour toi aussi, si ta boisson n’a pas changé?” (c’était presque un réflexe, de glisser au serveur la demande pour la brune, les spécificités de la commande ancrés dans sa mémoire tellement elle l’a entendue la commander) puis glissé dans un sourire complice, “sinon tant pis, je prendrai les deux pour moi”, gourmandise jamais oubliée.

elle se redresse sur sa chaise, laisse à son amie le temps de s’installer, les yeux qui s’attardent sur la beauté du sac dont elle se défait. ça fait écho à celui qu’haru a posé sur la coin de la table - cadeau chéri de la jeune femme face à elle. huan lui offre toujours l’océan, au creux des mains.

elle croise les jambes sous sous sa jupe en reposant ses pupilles sur la créatrice“ça va et toi?” elle remarque la chaleur de ses joues “tu as pas eu de mal pour venir j’espère?”

huan pouvait facilement se noyer dans les souvenirs, dans son imaginaire rempli de sons et odeurs en tout genre. elle pouvait le modeler comme elle arrangeait ses rêves, créatrice de bien-être. et pourtant, elle ne pouvait se contenter de si peu. elle aurait voulu modeler la réalité, garder des fragments de son passé pour les revivre, créer une réalité alternative plus réelle et plaisante encore. un idéal qu’elle jette systématiquement aux oubliettes pour mieux vivre l’instant présent et profiter de tous les détails qui lui font face. haru et son regard étincelant, son visage lumineux, ses manies ensorcelantes. huan la détaillait et s’attardait sur les objets qu’elle lui avait offert, son cœur empli de joie à leur vue. elle se souvenait avoir fait les boucles d’oreilles dans sa chambre une nuit ou le sommeil la fuyait et ou le besoin d’utiliser ses mains la démangeait. le sac n’était là que pour compléter la collection des objets qu’elle avait pu lui offrir, pour ajouter une touche plus neutre aux tenues.

non ça n’a pas changé. même si elle ne prenait plus du tout la même chose, même si elle ne voulait plus sa boisson, elle n’aurait rien dit. elle préférerait se contenter de cette sensation de confort et de douceur qui émanait de ce rendez-vous et de haru. merci. elle sentait une certaine chaleur se répandre en elle, un bien-être dont elle ne se lassait pas, une joie qu’elle aimerait garder pour toujours. tu boirais les deux ? j’ai presque envie de voir ça. ce serait drôle. le chai latte serait sûrement très sucré et bourratif, et pour le terminer en plus de sa boisson, cela relèverait du miracle. elle pouffa légèrement à l’idée avant de revenir à la réalité. ça va, je pense que j’ai juste pas pris la meilleure tenue. elle aurait voulu dire qu’elle n’avait pas fait attention à ce qu’elle avait choisi, mais ce serait un horrible mensonge. elle faisait toujours attention à ses tenues, et encore plus lorsqu’elle voyait haru. elle ne laissait rien au hasard et c’était sûrement aussi le cas pour son ex petite-amie. du moins elle l’espérait. huan aimait la voir porter ses créations, les afficher fièrement comme s’il s’agissait de beaux accessoires qui méritaient d’être exposés sur l'œuvre d’art qu’était son corps. ils étaient présents pour complimenter sa beauté et elle ne s’en lassait jamais, peu importe combien de fois elle la voyait, aujourd’hui, demain ou dans plusieurs années. par contre tu es sublime. un plaisir pour ses yeux, mais elle n'ose le dire, ne trouvant les mots adéquats pour transmettre ses pensées de manière subtile. comme toujours. un sourire lui échappe et s'étend sur tout son visage pour l’illuminer.

c’est précieux, ce qu’elles ont là, haru le sait plus que tout. parce que quand elles se retrouvent dans ce café aux odeurs familières, ya le deuil, la perte de repère suivant la chute de ce pilier qui a trop longtemps soutenu toutes les voutes de son adolescence, mais ya surtout l’excitation, de tout ce qu’on a de nouveau à (re)construire, cette curiosité presque enfantine, de savoir ce qu’on peut encore apprendre de l’autre, sous quelles couleurs la relation peut se morpher à présent qu’il y a tout a redessiner, jusqu’où ça va nous mener. et elle s’entêtera jusqu’au bout, pour préserver cet amour qui n’a jamais disparu (elle en aura même pas besoin, huan est comme elle)

alors elle rit doucement à la remarque de son amie, parce que c’est toujours facile, avec huan

“tu m’en penses pas capable ? j’y arriverai je pense…mais je n’imagine pas mon état de mal-être après”

et comme pour lui prouver raison le serveur dépose leurs deux boissons sous leurs yeux, le chai latte de son amie aussi sucré et gourmand que son propre bubble tea. elle savoure quelques instants les douces effluves qui chatoient ses narines, mais reporte vite ses iris sur la tenue de son interlocutrice. “elle est superbe pourtant ta tenue, ça te va bien.” elle la connaît assez pour imaginer les longs instants qu’elle a passé à en sélectionner les moindres détails - l’un des nombreux caractères qu’elles partagent et si c’était si facile, avant, en tant qu’amies puis petite-amies, de passer des heures à choisir leurs tenues ensemble, s’envoyer les photos avant chaque rendez-vous - et comme toujours le résultat ne fait que la sublimer. “la chemise est pas confortable?” une moue empathique fronce ses lèvres. le coton et la dentelle de sa propre robe longue blanche suffisent à peine à lui apporter la légèreté pour échapper aux caprices de ma météo.

et les habitudes, ont pas totalement disparues, les mots tendres de son amie viennent encore poudrer ses joues d’un rose touché “merci” la gêne fuyant derrière sa boisson dont elle vient consciencieusement prendre une gorgée.

un confortable silence s’installe, quelques instants, et ses yeux s’égarent sur l’objet qui avait attiré sa curiosité . “c’est une nouvelle création?” le doigt pointé vers le sac qu’huan a déposé à ses côtés.

les sourires, les rires, l’intonation de sa voix ; huan voulait faire attention à chaque détail pour pouvoir les garder en mémoire. remarquer des choses qu’elle n’avait peut-être jamais pris en considération avant cet instant. un souhait qui lui semble futile puisqu’elle savait déjà tout de son amie. avant que leur amour ne se mue en amitié, elle avait pris le temps de s'imprégner des détails qui fleurissaient à présent dans ses plus beaux souvenirs. tu insistes ? un jour je te mettrai au défi de boire autant. ou peut-être que je changerai un peu pour que tu aies à manger comme une streameuse meokbang. elle pouffa en imaginant haru devant une montagne de nourriture, bien plus qu’elles ne pourraient manger à deux en une journée complète.

tout est toujours si simple entre elle, une complicité qu’elle n’avait pas encore retrouvée ailleurs et qu’elle chérissait autant que l’amour qu’elle portait pour sa famille. elle se sentait à l’aise et en paix, et savait que c’était réciproque. et les compliments fusaient sans qu’une ne soit mal à l’aise, au contraire, huan pouvait très bien voir les sourires de haru accompagner les siens dans une atmosphère paisible. merci. il était vrai que sa tenue était jolie, elle s’était vue tournoyer plusieurs fois devant son miroir dans sa chambre, fière de l'esthétique rendue. son seul problème étant sa chemise qui ne souhaitait aucunement faire la paix avec le temps et la température de son corps. c’est ça. tu lis vraiment en moi comme dans un livre ouvert.

parfois, elle se demande si dans un monde parallèle, dans une réalité alternative, leur couple a duré. une question qui l’intrigue légèrement avant de fuir ailleurs, la laissant avant qu’elle ne tente d’imaginer quoi que ce soit. oui. je voulais continuer la broderie. et en faire quelque chose d’utile. à force de vouloir toucher à tout, j’ai l’impression de ne jamais rien finir. enfin, ce n’est pas totalement vrai, mais il faut que je me concentre un peu plus non ? question à laquelle elle ne souhaiterait entendre qu’une seule réponse. elle aimé s'éparpiller et tester de nouvelles choses, elle aimé créer et vendre du rêve, autant au sens propre qu’au figuré, mais elle a besoin de rassurance, elle à besoin qu’on lui dise qu’elle ne se trompe pas. et de la bouche de haru, elle écouterait toutes sortes de conseils. si tu veux je pourrai te faire quelque chose, je commence à avoir la main. elle s’imaginait déjà mêler plusieurs techniques et créer de nouvelles merveilles mettant en valeur celle qui était sa muse sans qu’elle n’ose réellement le dire.