- a light that never goes out (blue lily, lily blue)

La lumière des bougies allongeait les silhouettes - dans la tente drapée d'améthyste, l'odeur de l'encens te revenait. Lourde et gourmande, elle s'incrustait dans le fond de tes narines et peignait ta gorge de charbon alors que tu peinais à formuler ta question. L'atmosphère frôlait le ridicule - une ode à la superstition où des talismans pendaient dans les quatre coins et un corbeau en cage surveillait le moindre de tes mouvements. Une petite radio grise toussotait de vieilles mélodies hongkongaises.
La dame qui t'avait accueillit portait une coiffe digne des films des années 50; élégante et suave, sa voix avait gravé une sorte de pacte obscur avec ton coeur. You will not lie. You will trust. Et une part de toi ne voulait pas réellement savoir ce qu'il pouvait advenir dans le cas contraire.
Une tasse en porcelaine avait attiré ton attention - d'un bleu nuit, ses gravures dorées vibraient sous la lueur chaude des petites flammes dispersées un peu partout. La vapeur s'en échappait. Le faible parfum d'un Earl Grey arrivait à s'immiscer de temps à autre, lorsque la main de la medium voltigeait dans l'air.
Tu t'étais assis.e. Elle avait sortit son jeu, en avait travaillé les cartes jusqu'à les étaler devant toi. Un de ses sourcils s'était haussé dans ta direction - it was your turn to play.

Tires une carte (cliquez sur le choix qui vous appelle).



Peut-être as-tu toutes tes réponses : OUI.

























You pulled The Moon

Starlight Mass
"Depuis quelques années maintenant, dans le désert d'Arizona, une mystérieuse communauté prospère. Nichée entre deux monts de sable, les habitants de ce village improvisé ne vivent pas dans des maisons ou des appartements, mais des caravanes."

Des spots blancs et métalliques reflètent la lumière du soleil, le sol riche d'une teinte terracotta s'étend sur des milliers de kilomètres autours de l'agglomération.

"Isolés physiquement, la ville la plus proche se trouvant à presque vingt kilomètres, ils le sont également mentalement."

Des enfants vêtus de blanc jouent sous des parasols, certains portent des colliers de perles bleues, d'autres rouges. Des femmes font la lessive à la main plus loin, tandis que des hommes fument et discutent, assis.

"Nous avons rencontrés ceux qui se nomme The Starlight Mass, les enfants du cosmos. Fondée en 1970 par Belzédur Washington, la communauté reste renfermée sur elle-même et ne nourrit aucun contact avec le reste du monde. Leurs croyances ne le leur permet pas. En effet, la peur d'une certaine corruption maintient la population solitaire. Afin de pouvoir filmer ces plans et conduire nos interviews, nous avons du revêtir une combinaison s'apparentant à celle que l'on porterait dans l'espace."

Des journalistes en combinaison blanche marchent au milieu des caravanes, les enfants s'arrêtant pour les observer. Un d'eux mange une barre chocolatée au beurre de cacahuètes.

"Leurs croyances reposent sur des principes ésotériques et astronomiques. Chaque âme revient sur Terre pour accomplir une chose, elle ne choisirait pas son corps simplement se doit d'honorer la vie et réaliser sa destinée. Elle ne peut quitter la planète que lorsque cela est fait. Où part-elle ensuite ?
"With the stars.""

Le soleil ruisselle sur le visage de la femme, l'obligeant à grimacer et porter une main au-dessus de ses yeux.

"Par-delà la conscience humaine, avec les astres et l'essence de la Poussière. Pour accomplir leur Destin et les guider hors de la corruption terrestre, celle qui peut les dévier de leur chemin, il y aurait des guides spirituels, ceux que l'on nomme les enfants indigos.
- "So you're an indigo child?"
- "Yes."
- "How do you know you're one?"
- "I was told by my dad." "

Le père sourit, accrochant les épaules de son fils.

" - "I just knew right away. He had that halo...so bright. His soul had to be one of the oldest we ever encountered."
Pour les préparer au grand voyage, chaque membre de la communauté participe à différentes tâches, qu'elles soient culinaires ou autre.
- "What about the UFOs?"
- "They'll land and get us when the time comes."
- "Do you know when?" "

L'homme ricane et secoue la tête.

" - "I'm not allowed to talk about that, sorry."
Le gourou de cette secte, lui, reste injoignable malgré nos multiples demandes. Afin de rentrer dans le culte, chaque personne doit payer une certaine somme d'argent qui permettrait d'assurer sa place sur un vaisseau spatial...et de payer certains conforts.
- "What's that?" "

Dans le réfrigérateur d'une caravane, des bouteilles de coca-cola sont disposées.

" - "That's for us." "

Un bambin joue avec une figurine d'astromage.

" - "So we don't forget our terrestrial plane."
- "Isn't it corrupted?"
- "No, no, no. We clean it." "


( La radio grésille. "Don't you want to become a cult leader?", une chanson de rap coupe, "Since the death of God there's been a vacancy open.", "Stay-" la voix d'une femme gratte derrière une publicité, elle semble éloignée alors que la réception reste fragile. "The Pop-ess-". Un craquement. )


" - "They're lunatics! Those kids...they don't go to school, don't go to the doctor. Who knows what happens over there...it gives me chills. Very disturbing."
- "No I see them comin' sometime, yeah over there to my shop. With their pick-up van and their white dresses. Don' like it very much weirds out my costumers."
- "They don't do much. They're actually very nice people. Very polite. We don't see the kids, ever. But the adults seem to be fine and healthy. I mean...I'm ninety years old now, you know, to each their own." "


Hong Kong Home
L'architecture de l'appartement hongkongais disposait de plusieurs secrets. Il en était presque nécessaire pour une dame comme Tara - un peu de mystère saupoudrait toujours ses cils noirs et une miette d'énigme accrochait le coin de sa bouche.
Le bâtiment était grisâtre, miteux, écrasé par d'autres plus grands et plus pompeux - et sans cesse, ses yeux vitreux étaient illuminés. Au quatrième étage, la troisième fenêtre sur la droite, brillait de jaune, tandis que celle du huitième tout au fond à gauche, prenait des airs d'aquariums. Celle du milieu était toujours éteinte...et parfois, une silhouette transgressait les ombres. C'est au milieu de ce trou que se trouvait la famille Xià et ses multiples dimensions.
Bien qu'il semblait petit, c'est en l'explorant qu'il s'étendait...quasiment à l'infini, les couloirs s'allongeaient tels des vers de terre léchant le sol, les chambres s'arrondissaient, s'engrossaient d'espace, et les portes apparaissaient et disparaissaient à chaque clignement d'yeux. Un labyrinthe fait de différents papiers-peints floraux et de tapis venant d'ailleurs.
Dans les corridors, les montres et horloges ne marchaient plus - des espaces liminaux faisant office d'entre-mondes où Tara faisait claquer ses talons et voler la traine de ses robes. A trois heure du matin, on disait qu'un chat noir pouvait être aperçu, marchant sur le plafond - ses yeux brillants dans les ténèbres.
Certains entrebâillements de porte étaient arrosés de sel, des pendentifs en cristal frôlant le crâne des habitants, to keep the spirits away...
Un chant revenait de la salle de bain, les soirs de pleine lune...il était long et mélancolique, si bien qu'il s'apparentait à des sanglots plus les heures passaient. Pourtant, il n'y avait personne. Si ce n'est le feu-follet qui ne se montrait que dans le reflet du miroir ou celui de l'eau.
Le contenu des pièces semblait être aléatoire...à treize heure celle-ci pouvait être une chambre et à treize heure trente, un placard à balais. L'armoire pouvait donner des livres, comme des millions de papillons faits de poussière.
L'appartement ne semblait avoir aucune règle si ce n'est la sienne, aucun sortilège si ce n'est celui d'être construit au coeur d'un repère préhistorique. Aucune tangible, si ce n'est la boule de cristal trônant au milieu d'un petit salon mauve.

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You pulled The Empress
( "You came here...Int-" la voix s'altérait petit à petit - tombant dans des grésillements étranges et des coupures de musiques pop, de ce qui ne pouvait provenir que d'une station de radio à proximité, "tere-", de multiples interférences revenaient, des bouchons de bruits coupant le fil du mot : il y avait des bouts de publicité, des timbres graves dont les syllabes s'écrasaient les unes contres les autres, des bouts de phrases qu'on pouvait clairement entendre "Very disturbi-" et quelque-part, en une fraction de seconde on avait l'impression de percevoir sa propre voix sans même avoir ouvert la bouche. Elle revenait de loin, derrière les fortes inspirations, comme une chose étrangère. )

Tara
D'abord venait le noir.
Puis la flamme d'une bougie en transparence brûlant l'écran d'un faible halo. "Is something bothering your heart?" la figure d'une femme se dessinait progressivement sur le côté. Sa peau d'albâtre contrastait avec l'entièreté de son environnement et de ses possessions...comme si elle avait emprunté des teintes qui ne lui appartenaient pas réellement...qui venaient d'ailleurs, d'autres corps. D'autres allures. Pourtant ses lèvres bordeaux remuaient, ses mains veineuses entrecroisées sur la table devant elle, "Muddying your mind?". Un numéro de téléphone apparut en gros sous les pans de la nappe en velours. Il rayonnait d'un jaune délavé et d'une police imposante. "Answer your call, find your path..." la bougie fit place à une boule de cristal légèrement mauve qui tournait sur elle même. On semblait pouvoir distinguer des traits de visages...familiers ? "trust a real psychic." Une roue astrologique apparut alors que, subitement, la boule s'agrandit, et que la femme disparu afin de faire place à des lettres. Des extraits, de ce qui semblaient être des sessions passées, étaient joués rapidement : "Did he die from a cardiac arrest?" "Yes, oh my god!", les mots s'arrangeaient : "We see your life!" puis une autre scène, "You should call upon your ancestors tonight." , "Free psychic advice!" encore une autre, cette fois-ci présentant un jeu de tarot, "The Hermit is next to The Sun" "Right..." la voix d'une jeune femme provenait d'un haut-parleur, "So you should take a moment to ponder over this decision, Spirit tells me it could be life changing [...]", "Ask your questions right away!" en gras.
L'écran revêtit un dégradé de violet et la medium revint, un fin sourire soulevant ses pommettes. "Don't wait up on your life. Everything lies between your own hands...and Spirit's.". Elle fit signe devant elle et en baissant les yeux, on trouvait, sur ses genoux, un journal ouvert à une page arborant le même numéro de téléphone.
"May you travel safe."
Un fin bandeau faisait glisser rapidement de petites lettres blanches.

[ La vie de Tara se résumait à des interruptions télévisées dans le noir propre aux trois heures du matin : l'écran grésillait jusqu'à l'apparition de longs ongles rouges tapant contre une boule de cristal et deux yeux noirs allongés d'un trait d'eye-liner. Il y avait, également, des découpages de journaux grisâtres, des lettres en gras et capital : PSYCHIC: MISS TARA (+66) 7890 6784, ainsi que des livres souples présentant l'illustration d'une carte de tarot sur le devant et sa photo sur la quatrième de couverture. ]

Moira
tw: alcoolisme, sous-entente d'abus physique, tromperie, abus verbal.
Moira souffla et, d'un coup de poignet, éteignit la télévision.
Le brouhaha avait bercé son cerveau engourdit depuis des heures déjà - crépitant, dans le silence du désert d'Arizona, des dialogues nigauds entrecoupés d'annonces publicitaires. Il fallut un temps à ses yeux pour s'habituer aux ténèbres, et quelques minutes en plus pour que les échos des voix s'apaisent finalement.
La sorcière jeta un coup d'oeil à la bouteille accrochée à sa main : vide.
Elle aurait pu se lever et laisser la lueur froide du réfrigérateur aveugler la caravane, ou d'une incantation remplir le verre d'un liquide ambrée mais elle n'en fit rien...n'a jamais été celle qui faisait grand-chose de toute manière. Elle n'était pas comme sa soeur, pas comme Tara. De sa tête, aucune chevelure blonde ne ruisselait, elle portait le noir. Sa peau était tachetée de rousseur lorsque celle de la frangine était faite de porcelaine. Puis sa vie était brisée à ses pieds...ceux-là même qui étaient étendus à l'heure actuelle sur la table basse, près du cendrier encore essoufflé de fumée.
Moira paraissait translucide dans la nuit.
La porte d'entrée s'ouvrit et elle tendit l'oreille. Il y avait une part d'elle qui lui chuchotait des rêveries, des espoirs qui finissaient par l'écorcher à chaque fois; son mari ne reviendrait pas, lui qui avait préféré partir avec une autre pour "le bien de la communauté". La sorcière ricana, seule. Cette maudite famille qui l'arracha sous une illusion de grand amour à ses études, à ses grattes-ciels new-yorkais et les trottoirs suintant de néons. Moira aurait pu avoir un semblant d'existence, un petit job avec de la paperasse et le décompte des heures avant la pinte du soirs entre collègues. Elle aurait pu renvoyer des cartes postales à sa mère au lieu de voir celles de la maternelle s'empiler dans un coin de la cuisine. Elle aurait pu...elle aurait pu...
Son regard se perdit sur le corridor qui venait de s'allumer.
Le bruit de pas s'approchant jusqu'elle.
Le pincement au myocarde.
- "The stars were so bright today Mama, you should've come with us." us, la consonance lui soutira une grimace.
- "They're the fucking same every single night." sa voix sortit comme un râle, un crachat roulant dans le fond de la gorge. Ses doigts croisèrent une cigarette dont le bout s'alluma au contact de ses lèvres.
- "Did you eat anything?" La silhouette de Blue était découpée par l'ampoule du couloir et son ombre semblait disproportionnellement grande par rapport à sa taille. La gamine avança doucement et alluma la lumière.
- "Turn that off! For fuck's sake!" Les ombres la recouvrirent de nouveau mais sa vision pulsait d'étincelles. "Fucking coming here and disturbing my fucking peace with her bullshit..." des limaces de mots bavant de sa bouche, Moira avait l'impression que son crâne allait exploser...ou imploser.
- "Sorry..." un murmure, sa petite main portée à son bras droit celui qui brûlait encore de la clope de la veille avant que les sanglots de la mère ne viennent les panser. "Can I - can I help you with any-anyth-i-ing?" parfois il lui arrivait de bégayer, et l'adulte en avait horreur. Particulièrement, les nuits comme celles-ci où le temps semblait lui manquer...où sa vie semblait se noyer.
Son index se leva.
- "Shhh..."
Et son regard vint enfin croiser celui de sa fille - du moins, pensait-elle...il était dur de discerner ses traits dans l'obscurité, alors suivait-elle seulement les motifs de ses tâches de rousseur qu'elle connaissait par coeur. Un amas en forme de cercle sur la joue gauche, un autre qui ressemblait étrangement à un tourbillon sur la droite, quelques routes éparses dispersés sur l'arête de son nez...le reflet de celles qui parsemaient son propre visage. Sauf que celles de Blue vibraient d'une couleur verdâtres - fluorescentes, depuis ses toutes jeunes années. Depuis son temps en couche.
Mais cette nuit...quelque-chose était étrange, c'est-à-dire que l'image présentée semblait normale et pourtant, c'était comme si elle avait eu, toute sa vie, l'habitude de voir le vase dans la bibliothèque à droite et que, soudainement, il se trouvait à gauche. Puis cela lui vint, Moira ne pouvait effacer la sensation d'être observée. Elle n'avait pas le talent de Tara et ne pensait pas que les iris de sa fille soient aussi présentes - alors qu'est-ce qui la dérangeait ? Qui avait déplacé le vase sur son étagère ?
- "You shouldn't be here." et on ne savait si elle parlait à Blue, ou à quelque-chose d'autre.
La mère inspira une nouvelle fois, tentant de se lever de son fauteuil. Le bras fléchit, le bruit d'une bouteille qui se brise. "I said you shouldn't be here!" le hurlement perça la nuit, transperçant le coeur des anges.
Blue n'était pas certaine de savoir où exactement s'était arrêté son enfance. Mais si elle devait parier, elle dirait que c'était là, quelque-part dans les morceaux de verre éparpillés à ses pieds.

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You pulled The Hermit

Him
Il avait les cheveux débordant de son crâne et si ébouriffés que les doigts de Blue perdaient souvent leur chemin. Mais lorsqu'ils en ressortaient des petits bouts d’idées y étaient accrochés, des morceaux de rêveries et des croquis de malices non exercées…la sorcière en riait souvent, collectant les étoiles qui scintillaient dans le brun de ses iris. Elle pensait pouvoir les préserver, les coincer dans un pot en verre - elles illumineraient alors son armoire comme des lucioles.
Puis il avait l’odeur d’un bleu poudré - d’un bleu bébé, et lorsqu’il la prenait dans ses bras, elle avait l’impression de tomber dans ses draps, de danser entre le linge volant sous le soleil et de rentrer à la maison. Il gonflait sa poitrine, une voile prête à l’emporter vers d’autres horizons avec courage, son bateau la faisant voguer sur d'autres vagues. Aussi, souvent avait-elle le mal de mer dès qu’elle le voyait, l’impression qu’elle pouvait recracher l’ensemble de ses boyaux tant il la rendait nerveuse. Tant elle voulait lui plaire…tant elle lui plaisait, et ne savait que faire de tous ses baisers sur les bras. Et il la faisait rire, surtout. Il la faisait rire à s’en tordre le ventre. Là, dans l’aquarium, le doigt pointé vers le poisson le plus moche en disant qu’elle lui ressemblait, l’espièglerie étirait ses lippes. Une plaisanterie intime qu’ils partageaient ensemble, comme le cône de glace dans lequel il croqua plus tôt, le bout du nez blanc de crème. Ils s’étaient rencontrés lors du bal de fin d'année - dans le coin des gourmandises. Elle n’avait jamais eu de compagnon, était plutôt le journal intime de ses copines qui s’éclipsaient des danses avec leur partenaire pour venir lui chuchoter les pires bêtises… Alors elle hantait la table des boissons, rôdant autour tout le long de la soirée, sa robe violette frôlant les jambes. Il lui était rentré dedans, son verre finissant sur son haut. Ses joues s'étaient empourprées, tandis qu'elle tentait de le rassurer, s’excusant pour sa boisson et lui assurant qu’elle ne tenait pas vraiment à cette robe - ce qui était, quelque part, un mensonge. Un sourire avait écorché les lèvres du garçon, et il s’était penché vers elle, lui disant simplement qu’elle lui devait une boisson, un clin d’œil accompagnant ses mots.
And they both fell.
Aussi simplement, aussi stupidement. Ils se retrouvaient maintenant dans un musée, des constellations parsemant le plafond, des planètes multicolores les entourant. Les enfants courraient, s’émerveillaient, et il tenait sa caméra face à elle - micro système solaire fait de corps humains. Pourtant il était son soleil à elle, ne cessant de l’aveugler. Il lui coupait le souffle si bien qu’elle ne pouvait plus rentrer le ventre en sa compagnie. Si bien qu’elle n’y pensait plus…qu’elle mangeait ses frites et buvait ses sodas, si bien qu’elle trainait des pieds et ne portait plus de mascara. Si bien que son rouge à pommettes avait été remplacé par l’amour.
Et il leva son menton vers l’étoile la plus vive, lui murmurant qu’elle était bien plus belle.

But it’s not real, and you don’t exist.
And I can’t recall the last time I was kissed (never).

Son plafond à elle était drapé de vert, et dans la nuit il semblait presque noir. Le dortoir des dojin était bien calme, quelques ronflements berçant le silence général.
Sans qu’elle ne se rende compte, blottie dans son lit, Blue avait quitté la planète terre.

Teacup
Des sifflements lunaires envahissaient ses oreilles. Les douces notes de Faye Wong, reprenant Dreams des Cranberries, tournoyaient en boucle depuis maintenant une dizaine de minutes dans le casque de Blue. Il y a quelques-temps, en débarquant chez Tara, on lui avait présenté Chungking Express avec l'excitation d'exhiber une fierté nationale...les néons déroulaient contre ses iris, Faye et son pixie cut envahissaient l'écran et l'esprit de la jeune sorcière disparaissait un instant, obnubilé par les rues électrifiées et la huitième rendition de California Dreamin'.
C'était donc naturellement que sa chambre s'amassaient de croquis inspirés par le film...puis par les trottoirs de la cité, et les visages qu'elle y croisait. Longs, courts, tassés de cernes et embrumés de fumée, les traits s'étiraient sur ses multiples carnets qui se diversifiaient par leur couleur. Il y avait une volonté d'organiser les volutes de fusain, sans que cela ne fasse absolument sens pour autant...lorsque la couverture bleue ne devait comporter que des splashs d'aquarelle, on y trouvait des brouillons de pastels et quand la couverture verte était dédiée uniquement aux crayons, on percevait le charbon. Blue Lily Hills se plaisait dans un désordre géométrique - des vagues confuses d'idées vadrouillant à l'intérieur de son crâne qu'elle semblait suivre à l'aide d'une baguette de radiesthésie.
Dans un coin, des bouquins d'astronomie s'entassaient. Des esquisses de chiffres parsemaient des feuilles volantes (littéralement, capables de voler), des gribouillages de planètes entre les bordures.
La musique changea et les sourcils de la sorcière se froncèrent davantage. Le nez dans une tasse bleue, les gravures dorées attrapaient des brisures de lumière entre ses doigts tandis que les feuilles noires, s'agglutinant dans le fond, se moulaient en des formes étranges...elles semblaient glisser à chaque clignement d'yeux.
Un vase déplacé.
Des doigts claquèrent devant elle. Elle releva la tête, lentement, trouvant le regard sombre de Nanami. Les lèvres de cette dernière remuèrent, articulant des syllabes qu'étrangement Blue ne pouvait déchiffrer. Alors c'est confuse qu'elle parut, secouant négativement de la tête - persuadée que cela indiquerait à la jeune fille que Blue n'avait aucune idée de ce qu'elle pouvait bien lui dire. Nana souffla, tapotant sa propre oreille pour indiquer le casque de l'américaine, qui le glissa donc jusqu'à son cou après une seconde.
CLAC-CLAC-CLAC-CLAC, la machine à coudre tapait contre ses tympans.
- "Can you stop with the noise?"
CLIC---CLIC---CLIC---CLIC, le bruit métallique des aiguilles venait plus lentement.
- "I'm making clothes for the fall."
Nanami balança son poids sur une de ses jambes, roulant des yeux par la même occasion.
- "I don't care. It drives me crazy, so can you make it stop?"
- "But I've told you earlier that I'll be making clothes."
Une guitare bourdonnait contre son épaule, des vibrations chatouillant sa peau.
- "It was three hours ago, Blue. Three. Freaking. Hours," La demoiselle pinça l'arête de son nez, un signe que l'américaine comprenait comme de l'agacement et des échardes de fatigue. "I need to concentrate."
Nanami se mouvait dans un brouillard...les couloirs s'amassant de perles de pluie à chacun de ses passages, des boulets d'énergie attachés à ses chevilles. Elle était une équation que Blue n'arrivait à déchiffrer, les nombres s'emmêlaient dans sa caboche avec frustration et lui arrachaient des souffles et des gémissements. Il n'y avait aucun plaisir à lui demander d'où venait les troubles obstruant ses iris...ni même les ombres qui semblaient frissonner rapidement dans le coin de ses yeux. Aucune raison de venir toucher le cadavre au milieu de la route, éclairé par les phares.
Saturnienne.
Des anneaux entourant sa silhouette, un espace que Blue ne pouvait frôler sans se faire découper.
Alors elle ne posait jamais de question...laissait la porte entrouverte.
Ses mains claquèrent et les bruits s'arrêtèrent complètement - la machine se stoppa, le bout de tissus immobile pendant de la table, les aiguilles tombèrent sur le tapis, un serpent magenta muant de son acrylique.
Sans un mot, son nez retourna dans le fond de la tasse.
- "What do you see?" la sorcière s'accroupit près du lit, l'index bousculant la tasse entre les mains de Blue. Cette dernière aimait le thé...le thé et ses feuilles, celles qui dessinaient de sombres formes contre la pâleur de sa porcelaine. Tara lui avait appris le symbolisme derrière tout ceci, le rituel entier se déliant sous ses doigts soigneusement manucurés. La dame avait soufflé son intention dans l'oreille de la jeune fille, la croyance que Blue avait un don...une sensibilité qui expliquait pourquoi elle préférait la petite lumière des étoiles aux lampes dans les halls, pourquoi septembre était doré et août beige, pourquoi le lundi matin était réservé pour son bol de céréales mais le mardi aux muffins à la myrtille. Pourquoi les larmes lui venaient quand elle croisait un insecte mort, quand les rayons du soleil perçait les feuillages des arbres.
- "I don't know. I can't read Nana...It's too clogged."
Mais parfois, juste parfois, la brume venait.
Elle releva subitement ses yeux bruns vers le mur...le vide faisant face à son lit, le noir dans l'entrebâillure de sa porte.
- "Something's watching us." chuchota-t-elle.

Le murmure s'évanouit avec la vapeur alors que les bordures ondulaient, laissant les couleurs saigner les unes sur les autres.

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You pulled The Fool
( Le silence. Puis un ricanement toqua. "Very disturb-" la voix grave semblait être mise en boule par d'autres récepteurs...des froissements de chants qui sonnaient religieux et des gospels de jingles d'annonces de supermarché. "I don't think she likes-" un bout de conversation, "This card...now-" on voulait s'accrocher à ces mots, suivre une ligne imaginaire, invisible, le téléphone tendu vers les airs tentant de capter un signal clair. Une languissante mélodie des années 50 en cantonais se fit une place avant d'être remplacée par une chanson oldpop japonaise, le synth résonnant entre les paroles. "The Fool -" "- likes - ", une musiquette promotionnelle retentit de nouveau : "- comes also in blue!".
"Spirit-", l'accalmie.
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"Houston?"..."- landing -"..."- down." )

La plupart de sa garde-robe est réalisée par ses soins : tricot, couture, crochet, avec l'expérience a-t-elle réussi à produire des sortilèges assez habiles pour enclencher les instruments sans même qu'elle ne lève le petit doigt  ✧  Des rubans viennent tresser ses mèches noires, les attachant en des nattes ou des chignons, des queues ou des couettes  ✧  Les arts culinaires retiennent leur occulte en sa présence, malgré des heures passées à regarder des émissions où des chefs stressés hurlent à leurs commis d'augmenter la cadence, ses mains restent incapables de produire quoique ce soit de comestible  ✧  La vivacité des couleurs baigne sa vision. Pour Blue, tout ce qui existait avait une essence, une aura...juillet était bleu et grand comme le ciel, décembre était argenté et humide, seize heure était rouge et violet et aimait la musique pop tandis que durant la nuit, à trois heure du matin, ses pieds étaient les seuls à produire le froissement d'un bruit. Elle était synesthète  ✧  Extrait de sa playlist personnelle  ✧  L'intérieur de ses joues reste rouge...souvent parce qu'elle a la manie de les mordiller  ✧  Lors de grandes crises d'anxiété, Blue a besoin de son casque et de la solitude - des vestiges de son bégaiement d'enfance peut refaire surface, la honte humectant ses yeux  ✧  Dans sa chambre, des étoiles serpentent le plafond - elle les a peint et par enchantement, certaines brillent, d'autres filent suivant les murs jusqu'à tomber sur le sol  ✧  Possède un petit bol en guise d'aquarium depuis son adolescence, un poisson rouge gravitant entre les algues et le chateau de sable  ✧  Des petits cristaux sont cousus à l'intérieur de ses vêtements et elle ne porte que des bijoux en argent (for protection)  ✧  En plus du dessin et de la peinture, Blue s'adonne à la photographie   ✧  Un baume à lèvres à la fraise teinte légèrement ses lèvres.




inspirations : starfire (dc), pam beesly (the office), x-files, lottie matthews (yellowjackets), howl's moving castle, trc, alina starkov (grishaverse), practical magic, honey and clover, willow rosenberg (buffy the vampire slayer), luna lovegood (hp).

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