･ﾟ✧ do not touch ☽ anzu

outre le fait que myeongho travaillait ici, le café avait une bonne ambiance. après ses sorties avec ses amies, ou même pendant, huan pouvait venir se poser pour dessiner et parfois même tricoter tout en buvant un mocha. elle avait besoin de caféine mais de facon douce. elle adorait le thé, mais elle n’aimait quasiment que ceux qu’elle avait chez elle, achetés par ses parents. la qualité n’était pas la même et ils étaient préparés de la façon qu’elle aimait le plus. une vraie princesse mais qui tente de ne pas trop le montrer. et encore une fois, ses pas la ramenaient dans ce café, le cœur léger, prête à voir myeongho à tout moment. elle voulait s’occuper les mains et commençait déjà à entamer un croquis pour se faire un t-shirt, les yeux se baladant partout dans la pièce ouverte.

elle ne la cherchait pourtant pas, ce n’était pas comme si elle avait envie de la voir, encore moins ici. mais son regard s’était posé sur elle, et elle ne pouvait plus l’ignorer. elle ne pouvait pas retourner quelques secondes plus tôt, au moment où elle ne faisait que regarder autour d’elle, à réfléchir à quelles couleurs et quels motifs elle pouvait mettre sur son joli top. et plus elle s’attarder sur la silhouette de la jeune femme, plus l’envie de se lever se faisait ressentir. que faisait-elle encore ici ? la réponse semblait évidente et pourtant elle avait tenté de se convaincre qu’elle ne venait pas que pour embêter myeongho. ses expériences n’avaient pourtant fait que confirmer ses doutes ; à chaque fois c’était pareil, et elle connaissait son ami, ça ne signifiait qu’une chose. et puis merde. elle finit par se lever pour aller vers la table qui semblait clignoter à ses yeux d’un pas décidé.  t’es encore venue faire chier myeongho ? t’en as pas marre ? pas de salutations, rien. pas même de politesse étrangement, ce n’était pas le genre de huan de s’adresser ainsi aux autres, inconnus ou non, mais elle sentait que la colère se propageait en elle et n’avait même pas pu commencer comme elle l’aurait fait en temps normal.

une routine n’apportait rien de bon dans une vie. anzu était capable de faire un exposé sur le pourquoi du comment  c’était le meilleur moyen de se laisser enterrer dans la morosité d’une vie trop courte pour savoir à quelle heure on prendrait son petit-déjeuner le lendemain et tous les jours d’après. cependant, dans le grand foutoir bienheureux de son existence, le doux parfum maussade d’une habitude planait sur elle et surtout sur ses lendemains de soirées douloureux - sur bon nombre d’entre eux donc. mais ce serait particulièrement malvenu de le lui faire remarquer et la jeune femme trouverait surement le moyen de détourner cela. d’abord parce que les cafés du cosmobucks étaient très bons et que c’était un moyen facile d’acquérir une bassine de caféine trop sucrée à emporter. ces deux raisons étaient suffisante pour expliquer sa présence régulière en ces lieux et puis de toute façon anzu avait l’esprit bien trop embrumé la plupart du temps pour qu’elle le réalise.

une fois de plus elle avait rejoint la célèbre chaîne de cafés avec la ferme intention de décoller ses yeux cernés avec la fumée s’échappant d’un goblet extra-large de moccha blanc supplément crème fouettée. ça ne demandait pas beaucoup d’efforts à part peut-être faire les gros yeux à myeongho dont la voix montait dans les octaves à chaque fois qu’il la servait, surtout le matin alors que le monde entier pouvait voir qu’anzu était encore saoule de la veille. ce matin-là ne fit pas exception à la règle, il avait parlé affreusement fort et elle l’avait insulté avant de quitter le comptoir avec sa boisson. elle était à une gorgée de la renaissance quand huan se téléporta sous ses yeux à moitié fermé. petite pimbêche aux allures de mademoiselle je-sais-tout qui habitait dans son voisinage. sa première réaction fut de grogner. elles n’avaient jamais échangé autre chose que des regards en coin particulièrement peu amicaux et voilà que la moins marrante de ses voisines venait lui sauter à la gorge aux aurores - à dix heures passées du matin. malgré l’étroitesse de ses orbites, elle la jaugea du regard en grimaçant. sans un mot pour sa cadette, anzu but d’abord une longue et fort bruyante gorgée de café, soupira d’aise en sentant la boisson chaude couler dans sa gorge. c’était le pied. quand elle eut retrouvé un semblant d'humanité, elle put enfin montrer un soupçon d’intérêt à la furie face à elle. “tu vas pas avoir des problèmes avec papa et maman pour ton vocabulaire grossier ? tu sais les gentilles filles disent bonjour et ne jurent pas.” sourire en coin parfaitement odieux. elle n’avait absolument aucune idée de ce que lui voulait la gamine mais elle n’allait pas rater l’occasion de pouvoir l’asticoter un peu.

la violence ne résout rien. c’est ce que pensait sincèrement huan. elle savait que crier, insulter ou frapper n’était bon que pour les faibles d’esprit. elle en était convaincue et pourtant à force de voir la cruche collée à myeongho à la moindre occasion, et très souvent le matin, elle commençait à perdre patience. elle ne comprenait pas comment malgré sa carrure il continuait de se faire martyriser mais c’était bel et bien le cas, et ça l’agaçait fortement. elle n’avait rien dit auparavant et s’était contentée de lancer des regards qu’elle voulait meurtriers sans grand succès. elle n’était pas son chien de garde et n’avait donc aucune crédibilité ; c’était à lui de faire peur aux autres, pas l’inverse.

alors un soupir échappe de ses lèvres lorsqu’elle entend enfin une réponse de la part de la gamine. celle-ci était dans un autre monde et elle aurait préféré que leur échange soit court, mais elle sentait que ça ne serait pas le cas. c’est vrai, mais il faut parfois s’adapter à son interlocuteur. je n’ai pas le temps pour les politesses, je viens juste parce que ça commence a faire beaucoup et qu’il est trop gentil pour te mettre un coup de pied au cul. si elle commençait à converser comme si de rien n’était, rien ne changerait, elle ne serait pas prise au sérieux et myeongho continuerait de se coltiner la vieille meuf qu’était cette fille. tu devrais vraiment arrêter de l’embêter autant. les bully restaient des bully, mais si elle pouvait se rendre compte qu’elle n’y gagnerait rien à continuer, peut-être finirait-elle par s’arrêter. à moins qu’elle n’ait une raison particulière de le faire ? son regard se faisait insistant à mesure qu’elle réfléchissait à la situation, espérant trouver une fin correcte rapidement.

Sa matinée était en train de prendre une tournure inattendue mais particulièrement amusante. Jamais Anzu n'aurait pensé associer cet adjectif au nom de sa coincée de voisine mais la voir monter sur ses grands chevaux était un vrai plaisir. Même sans savoir de quoi la petite chinoise était en train de la blâmer - Anzu n'avait jamais été exempte de tout reproche mais elle n'avait encore jamais rien fait à Huan. Ça n'allait pas l'empêcher de rentrer dans son jeu voir même d'en rajouter une couche maintenant qu'elle avait du café pour la tenir éveillée. Elle aurait même pu trouver intéressant cette nouvelle facette de la personnalité de la jeune femme qu'elle avait toujours trouvée trop lisse et barbante - sans même avoir pris la peine de la connaître. Non, Anzu allait l'embêter puisque l'autre avait décidé de lui chercher des noises de bon matin sans même prendre le temps de s'annoncer.

C'était presque fascinant de regarder Huan s'énerver, c'était comme regarder un tout petit lutin essayant de donner des coups. Un peu plus et elle posait sa main sur le front de sa cadette pour l'empêcher d'approcher. Mais dans le monde réel elles étaient du même gabarit et Anzu n'avait aucune envie de faire le moindre effort physique. Sa première réponse aux piaillements de Huan fut un long et tonitruant baillement qu' elle ne put pas retenir. La nuit avait été courte et la blonde n'était pas du matin. "pour le moment la seule personne qui a l'air embêtée de ma présence c'est toi princesse et tu es..." Elle but une longue gorgée de café sans se soucier de la jeune femme qui attendait peut être le reste de sa réponse. "...venue chercher la bagarre toute seule." Aucune idée de qui pouvait bien être la personne qu'Anzu semblait martyriser, elle n'avait pas écouté le début de l'attaque de sa voisine et n'était pas d'humeur à clarifier un quelconque malentendu. Il lui avait toujours paru évident que la petite dernière des Liu ne l'avait jamais portée dans son cœur, sûrement parce qu'elle était trop occupée à jouer à la fille bien sous tout rapport. "je ne compte rien arrêter du tout. Après tout elle n'avait rien à se reprocher.

huan s’était parfaitement exprimée, ses mots étaient clairs et rien ne pouvait être mal interprété. et pourtant anzu ne semblait pas comprendre la situation. était-ce un manque de neurones ou une volonté de faire chier le monde ? les deux étaient possibles et au vu de son comportement envers myeongho, elle ne serait pas étonnée de la voir tenter la même chose sur elle. la différence serait qu’elle ne se laisserait pas faire. huan était trop mature et réfléchie pour ce genre de choses. les remarques cependant, savait l’irriter, passer sous sa peau pour titiller ses nerfs et lancer un peu d’adrénaline dans son sang. c’est vrai. je le suis parce que je sais ce qui attend myeongho et je sais qu’il ne dira rien parce qu’il est trop gentil. et peut-être un peu con sur les bords. elle ne le pensait pas complètement mais après avoir vu tous ses moments avec la gamine bien chiante qu’elle pouvait être, huan ne saurait trouver une raison pour qu’il accepte toujours de lui parler si ce n’est celle-ci. et même elle, pourquoi insiste-elle à venir le voir sur son lieu de travail ? un café reste un café, et son besoin d’énergie était compréhensible, pour autant, elle sentait qu’il y avait plus que cela.

la princesse n’est pas venue chercher la bagarre, ce n’est le seul moyen de communiquer existant tu sais. mais c’est peut-être la seule solution que tu imagines pour arrêter de harceler myeongho. ce qui signifierait qu’elle n’était vraiment pas prête de l’abandonner, et huan poussa un léger soupir, déjà exténuée de cette interaction, trop longue à son goût. tu ne comptes rien arrêter ? j’aurais du m’en douter. comme si on pouvait résonner une telle enfant avec des mots. exactement comme l’image que tu rends, je ne sais pas a quoi je m’attendais. entre tes deux neurones qui se battent en duel, je ne sais pas ce qu’il reste pour la décence. partagée entre son envie de couper court à la conversation et réussir à l’irriter et lui arracher son air moqueur, elle laissait les mots couler à flot, toujours debout, en plein milieu du café.

si huan n’était pas un modèle d’ennui et de bienséance, elle aurait pu faire un sujet d’étude des plus intéressants. la voir s’agiter dans le vide à reprocher du vent à la jeune femme était tout à fait récréatif. tellement que cette dernière se demandait s’il s’agissait bien de sa voisine coincée ou un métamorphe qui aurait pris les traits délicieusement fades de huan pour lui jouer un tour. mais elle n’avait jamais vraiment parlé de la mésentente qui existait entre elles deux. une histoire sans le moindre intérêt, tout comme la chinoise qui piaillait à chacun des réponses de la blonde. heureusement qu’elle portait ses lunettes réfrigérantes, sans qui anzu subirait de plein fouet les remontrances infondées de huan. elle était à deux doigts de soupirer au nez de son interlocutrice, qui de toute façon la rangeait dans la catégorie des phacochères, une impolitesse de plus n’y changerait rien mais l’évocation de myeongho changea la donne. son soupire se transforma en un pouffement assumé. que venait-il faire dans l’équation ? était-elle immature au point de ne pas supporter qu’elles aient des connaissances en commun ? cela l’aurait à peine étonnée et ne la rendrait pas plus agréable. vraiment, liu huan n’avait rien pour plaire.

voilà qu’elle se lançait dans de grandes tirades. anzu n’était pas particulièrement attentive en général mais avec la tête dans le cirage l’effet était démultiplié. de ses élucubrations elle n’en retint que la moitié et en tira ce qu’elle pensait être le plus important. non, la jeune femme était plus occupée à réfléchir comment elle allait occuper son après-midi et à ce qu’elle allait manger au déjeuner. il était hors de question qu’elle rentre chez elle pour partager la table de son oncle et sa tante. une pizza lui faisait de l'œil et pourquoi pas la prendre à emporter pour décuver jusqu’au soir sur une plage ? oh oui ce serait parfait. la programmation du reste de sa journée se conclut en même temps que les insultes de huan. “t’as subi une opération pour qu’on te retire enfin le balais que t’as dans le cul ou tu te crois tellement meilleure que les autres pour m’insulter comme ça ?” se faire appeler par de divers noms d’oiseaux n’était généralement pas un problème pour anzu, l'avis des autres ne l’intéressait pas spécialement mais elle ne laisserait jamais la princesse des mégères prendre ses libertés avec elle. elle approcha son visage de cette dédaigneuse petite emmerdeuse et releva ses lunettes de soleil pour la regarder droit dans les yeux. “je comprend que voir quelqu’un d’heureux et de libre ça puisse faire rebiquer tes cols claudines mais je te propose de retourner à ta vie bien chiante et convenue et que tu laisses les vraies personnes jouir de la vraie vie. hein. retourne donc chez papa et maman vivre ta petite existence silencieuse.” elle se redressa, rabattit ses lunettes sur son nez et but une gorgée bruyante de café.

huan s’était demandé pourquoi anzu répondait en étant à côté de la plaque. elle s’était demandée si elle s’exprimait correctement, et c’était le cas. elle savait s’exprimer et ne balbutiait pas. le problème venait de la personne en face d’elle qui ne faisait aucun effort. et dans sa colère, elle sentait la frustration naître pour la mettre dans un état qu’elle n'avait que peu connu auparavant. elle à toujours été du genre à fuir les gens à problèmes et faire en sorte de ne pas être mêlée à des situations inutiles et compliquées. et pourtant, c'était ce qu’elle avait fait aujourd'hui et elle devait mettre un terme à cette conversation futile qui n’allait mener à rien de plus que des insultes de la part d’anzu. elle était venue demander quelque chose à anzu, elle l’avait dit, alors il ne restait plus qu’à s’en aller, non sans rajouter une remarque ou deux. elle ne s’en irait pas en se taisant, elle ne laisserait pas ce plaisir à la gamine qu’elle avait face à elle.

tu te crois drôle ? t’insulter ? je ne dis que la vérité. et de ce que je vois tu n'écoutes pas la moitié de ce que je dis, alors ne fais pas ta sélection. je ne suis pas la pour parler à une idiote droguee incapable de preter attention à ce qui se passe autour d’elle. elle avait enchaîné ses mots sans pause, ses pommettes rosies sous la colère, et elle ne sait même pas ce qui lui à pris de sortir tout ça, mais elle se sentait légère de s’être légèrement emportée après cette interaction plutôt frustrante. j’ai dit ce que j’avais à dire, je me fiche que tu sois heureuse ou non, ou que ta vie sois passionnante bordée de ton indécence. elle comptait s’en aller mais avant cela, elle devait se défouler et agir comme la gamine qui sommeille en elle. d’un geste simple et précis, elle poussa la tasse d’anzu pour la renverser sur la table, ajoutant un sourire faussement doux. oups. pas d’excuses, elle ne les méritait pas.