Le chant des sirènes — Niji

Parents immigrés du sud de la Corée, pour s'installer sur l'île où la magie ne cesse de prospérer ! Fuir les discriminations pour tenter de construire une nouvelle vie. Père sans magie, mère mage, mais l'espoir ne s'est jamais perdu entre leurs veines, tout comme leur amour, leurs passions pour ces choses si simples de la vie. Le bonheur d'une famille fondée, il y a eu Ari en premier, sage et doux, l'enfant des anges. Puis Niji, d'un caractère à en défier les lois de la nature, l'énergie qui regorge jusqu'à absorber celle des autres. Enfin, il y a eu Umi, dernière de la fratrie, douce et pourtant déjà prête à suivre les pas de Niji, frère qui ne cesse de lui montrer et conter les aventures les plus folles. Maman a le pouvoir de tout faire de ses mains, elle aime tenir sa boutique au rez de chaussé quand papa passe des heures dans la cuisine, pâtisseries comme plats pour une dizaines de personne, ils aiment accueillir, famille au coeur chaud malgré les tempéraments qui explosent chez les aînés, car Niji n'a jamais été tendre à vivre, il a besoin d'exister, de prouver, de tout faire pour qu'on puisse le voir sans jamais l'oublier.

Librairie/bibliothèque familiale, la magie n'y est pas toujours la bienvenue, inclusive pour tous les témoins, ils peuvent être en paix ici, quand aucune discrimination ne leur sera imposé. Tout est fait à la maison, authentique, [iNiji utilise un peu de magie pour passer le balais, à l'écart des regards.[/i] Bâtiment unique où le bois est fondateur des charpentes, porte sur ses épaules tout une famille. A l'étage il y a la cuisine, le salon, salle de bain, quelques fleurs séchées dans un coin du couloir, quelques vieux livres que maman adore, les jouets de leur soeur, les souvenirs d'antan gravé dans des photos qui ne bougent pas. Au second étage, il y a la chambre d'Ari, mais Niji ne s'y attarde jamais réellement, n'y trouvant aucun intérêt. A côté de celle ci se trouve celle de sa soeur, encore enfantine, elle y collection les cristaux trouvés dans les roches à l'aide de son père ou de ses frères. Dans le grenier, unique repère, seul Niji en possède la clé, il existe un double pour Kouta, enfant presque adopté de la famille. C'est un peu le bordel, comme dans sa tête. Des vinyles dans la bibliothèque, à côté de ses livres trop annotés, mais ses préférés. De vieux posters des années 80 aux murs, des photos, polaroids du temps, avec Kouta, Lei, Kiko, Ari et Umi. Des notes, des fringues qui trainent sur le sol, trop fatigué pour ranger quand il rentre tard le soir, trop épuisé pour en comprendre l'inconfort. Guitares dans un coin de sa chambre.

Il aime ça, Niji, le son des instruments qui vibrent dans ses tympans, ceux qui font battre son coeur, propulsent son coeur ! Basses dont il connaît les cordes par coeur, sort de silence parfois lancé pour ne pas dérangé le reste des habitants. Il aurait pu se diriger vers un cursus musical, bien plus basé sur ce qu'il adore faire, ou bien le sport. Pourtant Niji veut garder ses passions vivantes, il a besoin que rien ne vienne entaché tout ce qu'il aime. Il aime composer, de temps en temps, tard la nuit quand ses jambes guident le garçon sur les toits, sous les lueurs de la nuit. Il repense à lui, à l'été qui lui manque, gravé sur son calendrier. Car il a eu un jour peur de le perdre, peur de ne plus le revoir. C'est arrivé.

Les corps, il aime les caresser, les utiliser, s'en servir de temps en temps. Il aime les promesses, parce qu'il sait qu'il ne viendra jamais les respecter, aucune d'elle. Il ne connaît pas l'amour, beau menteur. Il ne connaît que Kiko, l'impression qu'il ne pourra jamais l'amour. Il n'a pas envie de donner cette affection à d'autres, alors il ne donne que des mirages, des mots qui se transforment en poison quand il n'y a en réalité, aucune once de vérité entre ses lèvres, l'honnêteté qu'il ne connaît pas. Il charme, flirt, couche et aime jouer. Il aime prétendre être en couple, en jouer avant de tromper ses partenaires et se rire de leur malheur. Il aime ça, aussi tragique que cela soit. Parce qu'il n'en connaît pas encore la douleur. Popularité douteuse, pourtant il ne cesse d'être convoité, charmé, il les attire tous sans le vouloir. Piège dans lequel il est facile de tomber. Il est difficile de le raisonner, Niji, il sera difficile de le changer.

Il finira par se brûler lui-même.

L'été est sacré chez lui. L'été, il n'y a toujours eu Kiko dans son paysage, quand la famille s'envolait pour quelques semaines sur les plages japonaises, confiaient les clés aux employés. Il se souvient de ses pieds sur le sable chaud, de sa main dans la sienne, de son coeur prêt à imploser dans sa poitrine. Il se souvient de tout, de son rire, de ses sourires, de la forme de son visage et de ses épaules, la couleur de ses cheveux, la profondeur de son regard. Et chaque été, il l'aimait encore un peu plus, sans jamais lui avouer. Amour éphémère jusqu'à ce qu'il reste en lui, que les jours soient comptés jusqu'à ce qu'il puisse le retrouver.

Puis un jour, plus rien.
Il avait disparu, Kiko.
Et tout était devenu fade.

Il y a le poison qui coule dans ses veines, qui se diffuse comme un miasme dont l'on ne pourrait se débarasser. Gaon est arrivé dans un vie comme une erreur, une fois de trop, un verre avalé de travers et le gout qui reste et qui ne bloque à tout jamais. Il a gouté ses lèvres, la pomme qu'Eve a croqué signant sa trahison envers les cieux.
Et il reste dans sa tête comme une vieille chanson, un refrein qu'il aime de nouveau parcourir lorsque la nuit tombe, quand ses doigts défilent sur la peau qu'il mémore, petit à petit, ses mains accrochées à ses hanches, son souffle qui ne redemande que le sien. Et comme pour lui échapper, il se noie dans tous les bras qu'il croise, dans ceux des mécréants, aux plus offrants ; mais son fantôme le suit, le maudit. Gaon l'a marqué, et Niji n'est plus qu'un jouet qui demande pitié. Pitié qu'il ne soit qu'à lui.