Caterpillar in the tree {Lyla

Cette réunion n’en finissait pas. Seul au bout de la table entouré de ses actionnaires occupés à transformer son art en chiffres, Naveen retenait ses bâillements depuis une bonne heure déjà. Seul un passage sur Elixir et l’intéressante discussion qui s’en était suivie l’avait aidé à tenir. Alors que les soi-disant têtes pensantes de cette assemblée se mettaient enfin d’accord sur l’attribution des ressources de la compagnie, il put enfin lever la séance non sans un soupir de soulagement. “That’s all for today, let’s meet next week.” Sans demander son reste, le PDG se dirigea vers son bureau afin d’attraper sa veste. “Miyuki, i’ll be out for the day. Call Harumi to arrange a session in the week. We need to work on her new track. L’américain profita de la descente d’ascenseur pour lisser les plis de sa chemise. Il ne rencontrait pas ses flirts elixir en costard d’habitude mais il n’avait pas vraiment envie de se changer. Il aurait pu ressembler à n’importe quel businessman sans le tatouage sur son cou et les nombreuses bagues à ses doigts. Saluant la réceptionniste d’un clin d'œil, il habilla son visage d’une paire de lunettes de soleil avant de se photoporter des rues de Chuo-Kohei à celles, bien moins guindées d’Eiyamachi. Il n’avait pas opté pour la casquette promise mais gardait bel et bien un bloc note à la main. C’est le pas décidé qu’il passa la porte toute de néons de l’antre du plaisir. Naveen était dans son élément. Habitué depuis l’adolescence aux excès et plaisirs de la chair, il avait vu son lot de sex-shop et strip clubs dans plus de pays qu’il n’en pouvait compter sur ses deux mains. Apercevant sa proie occupée avec un client, Naveen ne put s’empêcher de sourire. C’était le sourire des mauvais coups, celui qui n’annonçait rien de bon. Peut-être Neela aurait-elle pu prévenir sa collègue si elle avait eu vent de l’affaire. Peut-être Lyla n’en aurait-elle rien eu à faire. Il commença par attirer l’attention de la demoiselle en appuyant ostensiblement sur un canard vibrant en plastique qui offrait également le magnifique couinement d’un jouet pour chien. Pas vraiment sa came, mais il fallait de tout pour faire un monde. De même que les charmants plugs avec fausse queue de renard. “Didn’t know there was that many furry lovers in town.” Il ne faisait aucun effort pour être discret. Fouillant ici et là, il parvint à mettre la main sur le godemichet le plus bizarre jamais vu. Evidemment, il le sorti des rayonnages pour mieux l’admirer sous toutes les coutures, faisant fuir au passage un gamin bouttonneux qui n’avait sans doute pas les dix-huit ans requis. “People really get off with that kind of things? Looks like being fucked by a giant caterpillar. Not a fan of tentacles. Maybe I’m too American for this shit.” Il lança l’objet du délit dans les mains du client de Lyla. “What do you think, pal?”