just let me -`ღ´- sunox#3

J'ai toujours pensé que la vie n'était qu'une succession d'images sans véritable sens hormis celui qu'on leur donne, et que mis bout à bout, elles constituaient le film de chaque être, avec d'autant de variables qu'il y a d'esprits et de façons de voir. Mais que se passe-t-il alors, lorsqu'on ferme les yeux ? -`ღ´-

Tonnerre vrombissant dans la salle aux parois étanches, la cage vibre sous l'effervescence générale. Mélange de cris d'extase et de rage, d'odeurs de parfums et de sueurs, l'exaltation au comble de la barbarie et dans  ce désordre grotesque, sa silhouette qui semble plus fine que les autres, plus fluette, à l'envers du décor. Pourtant bien bâti, Sun, il fait partie des poids plumes ; de ceux dont l'agilité et la rapidité font la différence dans la cage, bien plus que la force brute et les coups. Lui, il use de patience, mène son adversaire au bout de ses limites avant de lui asséner la défaite à la portée de son poing. Choix de carrière somme plus étrange pour un mage qui pourrait y échapper facilement, à cet étalage de muscles sans pitié, à cette violence qu'on dit maîtrisée (mais elle ne peut l'être réellement), à cette émulsion astringente de colère qui noircit les cœurs de ceux qui tirent profit des affrontements. Il faut dire que son père a tenté de s'y opposer fermement, jusqu'à ce qu'il perçoit les ravages que la dépression avait déjà causée chez son fils. Toutes les thérapies du monde ne valait pas les précieuses minutes engagées dans l'hexagone ; la discipline, l'endurance, la persévérance, la maîtrise de soi. Sun n'avait pas emprunté cette voie par hasard, il l'avait voulu. Car dans la cage, il se sentait tout simplement revivre, là où partout ailleurs il était éteint. Adieu la timidité, il ne s'agissait que de se concentrer sur son adversaire, d'anticiper les coups, de savoir les encaisser et de repérer les failles, les opportunités. Chaque mouvement était technique, chaque coup porté avait son lot de conséquences à apprivoiser. Et ça procure du plaisir, à Sun ; d'être maître de la situation. De savoir exactement quoi faire et à quel moment. Il occultait la foule. Il n'entendait pas les bruits. Il ne voyait pas le monde qui s'entassait et braillait dans la salle. Il n'y avait rien autour. Juste lui, et son adversaire ; tous deux lancés dans une danse virtuose, un spectacle grandiose, d'où ne sortira debout, que l'un d'entre eux. Et la liberté lui donne un air sauvage particulièrement menaçant. Le regard perçant vif, le corps musculeux qui réagit à une vitesse incroyable. Tiger Sun est une star ici-bas, ses combats provoque toujours la liesse de la foule. Tiger Sun peut tout faire ; tout ce que Sunny n'ose pas. A peine lancé, le combat tourne à son avantage. Son adversaire impatient est décidé à en découdre et à le mettre au sol, alors il esquive ses coups, en reçoit quelques uns sans gravité. Il occupe l'espace, Sun, ne reste jamais statique. Constamment en train de bouger, en train de surprendre, et l'uppercut bien placé qui vient décrocher la mâchoire du combattant sans qu'il ne l'ait vu venir. Poing puissant, depuis qu'il est loup, sa force est décuplé. Et les knock-out s'enchaînent, sa carrière s'envole. Nombreux souhaitent le défier, mais peu n'y arrivent avec succès. Moins de deux minutes, l'adversaire est au sol et il est proclamé vainqueur sous les acclamations des parieurs qui le vénèrent. Alors, son regard se tourne vers la foule qu'il distingue à peine, et au milieu des ombres flottantes, il retrouve cette aura, son aura qui le galvanise d'un plaisir sans nulle autre pareil. Et son sourire s'étire, pour la première fois de la soirée, avec une réelle sincérité. On se retrouve dans ma loge, pas vrai ?

Invitation acceptée sans même sourciller et l'emploi du temps de la soirée libéré pour pouvoir aller le retrouver, en apprendre un peu plus sur lui et surtout, avoir l'occasion de le revoir. parce que tu n'as pas vraiment compris Nox. pourquoi il s'est enfuit. pourquoi, cette fois encore, tu t'es éveillé seul, pourquoi il est partit sans rien dire. endocarde aux abois et finalement, les explications qui ne viennent pas et Sunny qui é l u d e la situation, préfère faire comme si rien ne s'était passé. et tu aurais pourtant besoin d'en parler Nox, juste pour être sûr, juste pour pouvoir mettre des mots, trouver une explication r a t i o n n e l l e à ce qu'il s'est passé entre vous ce jour là. mais il ne veut pas, Sun qui préfère certainement passer à autre chose, ne plus y penser. estime t'il que tout ça est une erreur ? questions qui s'enchaînent dans ta tête depuis ce jour là et pourtant, les yeux qui ne parviennent pas à le lâcher, prunelles fixée sur le jeune loup en plein combat et l'admiration qui pointe, illumine le visage, fait briller le regard. il est beau quand il combat Sun. enfant dans son élément et les deux minutes qui semblent pourtant être une é t e r n i t é avant que le combat ne se termine par un ko de l'adversaire, Sunny à nouveau victorieux face à la foule qui se déchaîne, vrille les tympans. regards qui se croisent et ce sourire qui illumine son visage qui fait violemment bondir ton cœur, embardée incontrôlable face au mage devant toi, à son sourire ravageur. et à travers la clameur, les cris de joie et les encouragements, ses mots qui s'élèvent pour toi, aussi clairement que s'il était là, à portée de mains. vas y, je t'y rejoint. et tu ne sais pas Nox, s'il t'entendra, s'il comprendra les quelques mots sur tes lèvres. tu ne sais pas, mais tu espères vraiment Nox.

longs instants d'attente et finalement, l'invitation VIP qui te permet d'accéder aux loges, longs dédales de couloirs truffés d'agents de sécurités alors que les contrôles s'enchaînent jusqu'à ce qu'enfin, on te laisser frapper à la porte marquée de son nom de scène, Tiger Sun qui soulève des montagnes pour accéder à la victoire, Tiger Sun qui semble être totalement différent du Sunny que tu connais, de cet enfant bourré de peurs et de traumatismes que tu as tant envie de protéger, face à cette montage qu'il ne parvient pas à gravir seul, enfant é p a r p i l l é qu'il est. félicitations pour ta victoire Sun... mots lâchés à peine la porte ouverte et les fleurs que tu lui tends sans même réellement réfléchir, sourire aux lèvres. j'ai entendu dire que c'était chose commune d'offrir des fleurs au vainqueur alors... tiens ! questions tues, réduites au silence à la demande de l'amant et pourtant, l'instinct qui gronde en toi à l'instant où tes prunelles se posent sur lui, croisent à nouveau les siennes. et je suis quoi, moi, pour toi ? violence des émotions que tu ne laisses même pas transparaître et ce sourire s i n c è r e que tu lui offres, sans ciller, sans trembler. c'était la première fois que j'assistait à un match, c'est beaucoup plus technique que je l'aurais pensé !

On se laisse surprendre. L'anticipation comme barrière à tant de nos sentiments, comme une muraille infranchissable constituée d'interdits, de non-dits, d'insécurités et de peurs violentes. Regard qui se pose comme un voile, pour assombrir les pensées. Si on ferme les yeux, on prend le risque de se laisser aller. Voilà pourquoi, je les ai si souvent grand ouverts.  -`ღ´-

Galvanisé par l'effervescence de la foule, après l'ovation du public, un retour en loge et une fin de soirée qui s'annonce éclatante. Car rien ne peut entacher son moral après une victoire ; c'est ce qu'il aimerait croire, Sunny, c'est ainsi que cela se passe dans ses rêves. La réalité est autre. La solitude finit toujours par le ramasser à la petite cuillère. Personne ne fête ses victoires, personne ne le félicite. Ses parents ont honte de son activité, et il a perdu la plupart de ses amis lors de son (trop) long repli. La solitude le hante. Le ronge. Le bouffe. Viscéralement. Et pour une fois, il y a quelqu'un qui l'attend. Quelqu'un qui est venu le voir, qui a assisté à son combat, qui est là pour lui. Il est là pour toi, Sunny. L'impatience grandit au fur et à mesure qu'il avance, l'adrénaline du combat pas encore retombée, c'est avec un sourire qui fend son visage jusqu'aux oreilles qu'il débarque dans sa loge.

Accueilli par un bouquet de fleurs, il s'arrête, décontenancé. Jamais personne ne lui a offert des fleurs encore, alors il fait face au bouquet, totalement interdit. C'est que... Ah bon ? Il ne connaissait pas cette coutume là. Avec précaution, il se saisit du bouquet et approche les fleurs de son visage pour les sentir. Elles sont belles, et douces au toucher. Elles sentent bons. Un sentiment de béatitude et d'extase le gagne alors, il se sent gâté et c'est quelque chose qu'il n'avait pas expérimenté depuis longtemps, cette sensation d'avoir de la chance. Elles sentent bons... J'aime trop ! Mais j'ai pas de vase pour les mettre ? Elles vont pas faner dis ? Ce serait si dommage... D'aussi belles fleurs. Il croise son regard et à nouveau, il a la sensation de chuter de trois étages. Comme si son corps pesait une tonne, il se sent étourdi, engourdi. Et ce n'est pas désagréable, juste... inhabituel. Tu pensais qu'on se battait comme des sauvages ? C'est l'effet "cage" ça. Il secoue la tête, amusé, puis secoue à nouveau les fleurs devant lui. Je les mets où ? C'était bien de lui offrir des cadeaux, mais il ne savait pas quoi en faire à présent et avoir ce bouquet dans les mains l'empêchait clairement de suivre ses envies. On va fêter ça dehors ? Tu veux ? T'as des choses à faire peut-être, en fait... désolé... Il l'avait déjà fait venir ici. Il lui faisait clairement subir ses envies. A quel moment Nox en aurait marre de lui ? Il avait la cruelle sensation que d'ores et déjà, son temps près de lui était compté. Comme toute chose de bien dans la vie, il y avait forcément une fin. Et à force de l'attendre, Sun finissait par la provoquer.

Rire léger face à sa réaction, Sunny qui n'a visiblement pas l'habitude qu'on lui offre quoi que ce soit, Sunny qui semble ne pas savoir quoi faire avec tes attentions, Sunny qui apprécie pourtant le geste, sans pour autant savoir qu'en faire, comment gérer. on t'as jamais offert de fleurs ? surprise dans la voix et la tête qui se penche sur le côté, impression d'être le premier, alors que pourtant, Sun avait tant gagné. je suis content qu'elle te plaisent... oui Nox, tu es vraiment heureux de le voir sourire, d'enfant pouvoir entrevoir son bonheur. questions en masse comme à son habitude, Sunny visiblement touché par ta présence qui peine à se poser, préfère se laisser emporter, essaie de combler les trous, comme pour occuper tout l'espace, tel un enfant désireux d'être vu, entendu. remarqué. alors tu lui attrape la main Nox, à l'instant où il te secoue le bouquet sous le nez en ne sachant pas quoi en fait, louveteau perdu dans toute cette nouveauté, incapable de se poser. hey hey Sunny ne t'inquiète pas pour elles, elles sont enchantées, elles ne faneront pas dans l'heure si tu les met pas dans un vase immédiatement... mouvement douceur pour les lui retirer des mains et les poser sur la table juste à côté avant d'attirer le combattant à toi afin de lui offrir ton étreinte, lèvres furtives sur son front, tendresse sortie de nulle part et l'instinct qui pousse à agir pour le rassurer, tenter de l'apaiser. en vérité j'avais regardé quelques matchs pour me préparer à assister au tiens et la plupart des concurrents ont fini... assez amochés alors je pensait que ce serait... plus violent ? nouveau sourire et les bras qui le libère pour le laisser voleter ça et là, peut-être s'éloigner ou mieux, rester contre toi.

si je veux fêter ta victoire avec toi ? sourire mutin accroché sur les lèvres et le regard qui brille de fierté, désir puissant de l'avoir rien que pour toi ce soir, cette nuit, demain matin et peut-être un peu plus longtemps qui dévore les entrailles, fait battre l'endocarde. j'ai envie d'être tout à toi ce soir alors je suis d'accord avec tout ce que tu proposes tu sais ? et à nouveau, l'affirmation. celle de vouloir passer du temps avec lui, celle d'avoir envie d'être là, à ses côtés. la seule chose que j'ai prévue de faire c'est de passer la soirée avec toi... drague pas-très-subtile alors que le sourire s'agrandit et que ta main ose effleurer sa joue pour venir mourir dans son cou, pouce caresse contre le derme alors qu'au fond de la poitrine, la crainte d'être rejeté, d'un Sun qui peine tant à se laisser approcher et qui pourtant, semble en avoir tant besoin, tant envie. je suis toute ouïe, où veux tu m'emmener mr. le champion ?