I'm half alive ✧ Vivi

La nuit est longue. Elle ne cesse jamais. On y voit rien, pas même un rayon de soleil, pas même une étoile dans les cieux. Tout s'est éteint ce soir. Tout est calme, silencieux. Il n'y a aucun signe de vie. Il n'y a rien. Seulement lui. Gamin debout sur ses deux jambes. Il n'est pas très grand, frôle le mètre cinquante, peut être. Les tâches brunes sur ses joues témoignent encore de sa candeur, de l'innocence. Il est seul, ici. Il ne se souvient plus de rien. Ni de son nom, ni même du visage de ses parents. Il se demande s'il en a déjà eu. Pourquoi est ce qu'il n'arrive pas à se réveiller ? Pourquoi il n'ose pas avancer dans les ténèbres qui enveloppent son corps ? Il a peur. Remarque à peine que sa peau est tremblante, froide, livide. Il ouvre à peine la bouche, mais aucun son n'en sort. Ses mains se portent à sa gorge, comme réalisation qu'on ne pourra jamais plus l'entendre, que ses appels à l'aide sont vains depuis si longtemps ! Et alors que les genoux rencontrent le sol, une faible lumière naît au loin. Mom? Voix fébrile qui réussi enfin à résonner, mais il sait que personne ne l'entend, qu'on ne le sauvera pas de ses torpeurs.
Ca se rapproche, lentement.
Et quand enfin le rayon lumineux l'enveloppe, il se retrouve ailleurs. Son corps n'est plus le même. Enfant devenu adulte, il fixe ses mains quelques secondes, couvertes d'un liquide rouge. C'est le sien. Uniquement le sien. Et il comprend, alors qu'il touche frénétiquement son abdomen. Il saigne. Mais depuis quand ? Depuis toujours.
Cicatrices jamais refermées, en voilà de nouvelles ;
Car à jamais,
Elles marqueront ton corps.
Ô vive est la douleur qui s'empare de son coeur, de l'organe brisé au fond de sa poitrine. Soudaine, fatale, il se courbe jusqu'à ce que son front rencontre le sol. Why? Why does it hurt so much? What's happening? Pourtant aucun souvenir de lui vient. Il est simplement là, enfermé dans ses pires cauchemars. Il pleure une vie dont il ne se souvient pas ici. Il pleure l'inconnu, le vide, le silence et la tempête. Alors ça tourne, ça tourne en boucle autour de lui. Des voix, des hurlements. Il se souvient de la sensation horrible de la ceinture sur sa peau. Ses doigts agrippent ses cheveux jusqu'à les tirer. Stop... Please... Stop. Qu'il vient supplier aux pieds de la faucheuse. Mais elle prend plaisir, la belle, à le regarder souffrir. Et lorsqu'elle dépose ses doigts cadavériques sur son épaule ;
Tout revient.
Tout éclate.
Ses cauchemars ont toujours été réels.

Le regard livide au milieu de cette chambre trop blanche, l'odeur de l'hôpital l'a toujours répugné. Mais jamais autant qu'à ce jour. Il fixe un point face à lui, pourtant il n'y a rien. Rien, pas même un bruit. Il a fait sortir toutes ses infirmières, leur hurlant presque dessus. Leave me alone, leave me the fuck alone. Ses doigts sont crispés autour des draps qu'il serre de haine, de colère, de douleur. Pas celle que son corps lui inflige, celle de ses souvenirs qui reviennent, frappent son esprit comme son père frappait sa peau. Celle de ne pas avoir été assez, quand il fallait protéger les siens. Retour à la case départ. Il n'est plus personne.
Il n'a jamais été lui.
Hauru n'existe pas.
Ou plutôt,
Il aurait dû cesser il y a longtemps.
A ces pensées, un triste sourire maquillage son visage alors qu'une de ses mains se dépose sur son front, soupirant. Fuck that shit. All this life is a fucking nonsence. Son bras retombe lourdement contre le lit. Ses yeux dérivent vers les perfusions reliés à ces anti-douleurs. It still hurts. Son regard remonte jusqu'à la machine qui fait un bruit affreusement agaçant. Tout ce qu'elle indique, c'est qu'il est toujours en vie. Et pourtant, il aimerait presque que ça ne soit pas le cas. Il y a des fleurs, pas loin de lui. Certainess sont de Yujin. Il a pris soin de venir chaque jour, même lorsqu'il était dans le coma. Il les a changé, quand elles commençaient à faner. Il a apporté quelques vêtements, ses sweats, ses pulls, des photos de son chat et de son canard. Mini et Assem sont passés, eux aussi. Il se souvient de leur regard inquiet à son réveil, de la main du plus jeune qui serrait la sienne, des larmes aux yeux, le suppliant de ne pas le laisser. I wont Assem. I wont. Even if i wanted to. I can't. Qu'il avait répondu, d'une voix trop faible encore. Les visites sont fatigantes, et il a cette horrible habitude, maintenant, de crier à tout le monde de s'en aller, de le fuir. Même à lui. Même Kenma. Ses yeux s'arrêtent sur un porte clé qu'une infirmière lui a donné, plus tôt dans la journée. Il l'attrape, caresse les écritures de son pouce. There is always hope. Uh. Disgusting. Murmure t-il alors que d'un geste de colère, il lance l'objet contre la porte de sa chambre qui s'ouvre au même moment, laissant apparaître le visage coloré de Vivi, les bras chargés, alors qu'il soupire longuement. Can't I be alone, even here? Il voudrait la chasser, lui dire à elle aussi de rentrer chez elle. Mais il n'en a plus la force. What d'you want lil rat? Il aimerait faire semblant, lui montrer une autre facette, mais impossible. Il se redresse avec difficulté dans son lit, redressant le haut de ce dernier. You're lucky, i don't want to scream, not again. Be quick and leave. Qu'il lâche alors qu'il contaste déjà ses bras débordants de peluches multicolores. The fuck is that Violet? Presque blasé. You won't leave this here, d'you hear me? Mais il sait que cette fois, il n'aura aucun pouvoir ni autorité sur elle.