— Aphrodite (Sia)

Enfance doucereuse entre les mains des parents aimants. Ils n'ont jamais fauté sur l'amour ! Ils ont toujours aimé leurs enfants, la première jusqu'au dernier. Seiren comme astre que l'on attendait plus, mais elle se souvient encore, Sia, de la première fois qu'elle a pu le tenir entre ses bras fins. Il avait l'air si fragile et à la fois si fort. La douce chaleur contre sa peau, et ses sourires de poupons. Elle l'a aimé dès le premier jour, comme Yurim. Fratrie à protéger, car elle sait qu'elle se sentirait coupable s'il venait à leur arriver ! Le malheur qui guette dans les songes, parfois dans les limbes. Malédiction silencieuse.

Enfance mortelle, dans le fond de son coeur, de son estomac qui se tordait encore et encore. Tu dois les protéger, d'accord ? Tu es l'aînée, tu dois faire honneur à ton nom, à cette famille. Il n'y avait que le ton doux de papa, les yeux amour de maman. Et sur les épaules de la petite fille, un poids déjà trop lourd à porter, quand elle n'a été que pillier pour porter les fardeaux de sa soeur, vivre à travers les yeux des autres, s'occuper de ces choses d'adultes, quand elle rêvait seulement d'aventures, de dessiner les fleurs des plus beaux champs. Quand elle voulait seulement sentir les vagues contre ses chevilles. Enchaînée, famille fardeau.
Amour qui transperce son coeur.

Des études et des directions qu'elle n'a pas eu le droit de réellement choisir. Sia avait déjà un haut potentiel pour une mage de son âge. Elle était différente, bien plus forte que les autres. Il ne manquait que la rigueur, l'éducation à ne jamais dépasser les limites. Cursus difficile, mené d'une main de fer. Elle en a abandonné ses désirs d'évasion, abandonné les crayons et le grain de ses carnets pour se plonger longuement dans ses livres, dans ses révisions, jusqu'à ne plus en dormir, ou seulement trop tard, quand les étoiles disparaissaient déjà, pour que l'aube s'annonce. Elle a abandonné quelques espoirs d'amour dans les bras d'autres hommes, d'autres femmes. Elle voulait se piquer un peu la peau, comme lorsqu'on touche une rose, sans comprendre qu'elle était elle-même ses rose, repliée sur elle depuis trop d'années. Les pieds et mains liés, elle a peur de décevoir. Peur de tout abandonner. Peur de l'échec qui pourrait s'annoncer si elle n'est pas à la hauteur. La pression bouillonne dans son coeur, détruit chacune de ses pensées positives. Il n'y a plus d'échappatoire, elle doit affronter cette vie, à la seule force de son esprit, car sa magie ne sauvera pas son âme.

Elle a la peau encore pâle, comme celle d'un enfant, malgré les baisers que l'on dépose tard le soir sur ses joues qui viennent de temps en temps rougir. Elle a les cheveux sombres, souvent attachés dans un chignons serré quand elle disparaît dans le brouillard du matin pour n'être que reine de son destin et de sa vie. Elle a les cheveux qui dévalent en cascade contre ses épaules, le long de son dos fatigué, quand elle rentre, se faufile dans les bras de l'amant. Les perles contre sa peau, de ces colliers et bijoux offerts par celui à qui elle a donné son coeur, son corps et son âme. Elle lui donnerait tout ce qu'il veut. Et elle y croit un jour, que leur amour sera plus fort que toutes les convictions du monde. Ses mains contre les siennes, quand d'une confiance aveugle, il la laisse le toucher alors qu'il ne voit qu'horreur sur les phalanges. Ses lèvres contre les siennes.

Sais-tu à quel point je t'attendais ?

Au départ, ils n'étaient rien. Rien que des corps sans lendemain, dans les draps des hotels, quelques adresses abandonnés dans un message. Avant, ils n'étaient que faiblesse pour l'un et l'autre, avant que les coeurs s'ouvrent et laissent place à l'amitié, quand elle n'a jamais su l'aimer de cette façon. Elle le voulait, le désirait, de son coeur et plus de son corps. Parce qu'il a toujours l'air différent, Ailin, il a toujours eu l'air d'être au dessus de ceux qui convoitaient la nymphes. Et elle croyait à ces histoires dans son esprit, quand son regard s'égarait de temps en temps pour glisser le long de sa silhouette, à en garder les sentiments secrets, comme bombe à retardement.

Je t'aime.

Hurlé dans la haine d'une saint valentin gâchée,
Etouffé contre des pulpeuses qu'elle n'attendait plus, faiblesse dévoilée à se fondre en lui, à ne plus jamais le laisser partir, laissant les larmes couler, les douleurs s'échapper de sa poitrine. Et il sera son roi demain, comme il l'était hier. Comme il le sera toujours. Amour inespéré.

Je t'ai cherché si longtemps.

Et les mois amoureux se sont écoulés, laissant les amants vivre des aventures qu'ils n'auraient jamais imaginés autrefois. Sa main dans la sienne, elle ne le lache plus, ancrage dans la réalité, dans ce monde qui avance trop vite alors qu'elle s'essouffle, les épaules sont trop lourdes pour continuer à partir le poids de sa fratrie. Mais Ailin, l'aide, comme il l'a toujours fait. De leur amour invincible, et dans les entrailles de la belle, fruit de leur union qui s'est formée jusqu'à grandir, arrondissant son ventre. Les mains qui caressent la peau, d'un amour qu'elle voue déjà à celle qui se développe en elle. Elle est le résultat de leur équation, de leur amour, une famille pour Ailin, un espoir pour Sia.