lights off ☼ ena

'There's no more icecream ', qu'il lisait avec la même intonation sur sa conversation téléphonique avec Ena que celle qu'un gamin capricieux emploierait. Mais certainement que s'il acceptait les caprices de quelqu'un, c'était bien ceux de sa meilleure amie. Venant de quitter le travail et réagissant à ses messages subliminaux comme le ferait un petit ami consciencieux, le voilà qui passe par leur supérette habituelle pour se saisir du pot de crème glacée préféré de la jeune fille, n'adressant que quelques simples salutations au vendeur qui semblait déçu de ne pas voir la blonde à ses côtés, aujourd'hui. Zhilan se la jouait de toute façon chien de garde dès qu'il essayait de soutirer le numéro de téléphone de la suisei-ka. Grumpy à souhait, il lâche la monnaie et se casse sans rien dire de plus, bien trop heureux de ne pas avoir à s'éterniser davantage auprès de l'autre mamie qui les adorait, lui et son amie.

C'est le pas traînant qu'il grimpe les escaliers jusqu'à l'appartement d'Ena après avoir entré le code d'entrée. C'est avec très peu de vigueur, aussi, qu'il toque chez elle, un sourire venant pourtant étirer ses lippes lorsque le visage qui lui fait face s'illumine à sa présence. Il sait, pourtant, que ce n'est pas tant lui que le pot qu'il avait dans la main qui provoquait cette réaction chez la demoiselle. Et alors qu'elle tente de choper l'objet, il lève le bras au-dessus de sa tête comme on le ferait face à un enfant, l'air de dire attrapes-le si t'en es capable. « Hello to you, too. » Qu'il ricane un peu, s'approchant pour la serrer dans une étreinte trop forte d'un seul bras qui ne dura que quelques secondes avant qu'il ne la relâche et lui tende l'objet de ses désirs. « I'm beginning to think that you use me for my money. » Qu'il affirme d'un air faussement touché, reprenant pourtant bien vite un visage naturel. Aka sa resting bitch face. « So. Why am I here today. Are we watching a new series? »

fenêtre est ouverte dans le taudis, le vacarme éclectique de l'extérieur comme bruit de fond pour accompagner l'ennui de la belle. l'endroit se joliment décoré, toute son âme dans chaque recoin, de l’aquarium vide qui trône sur les étagères aux vêtements empilés sans réelle considération dans un coin de la pièce. effluves de la mer viennent saluer la ryū, même bien loin de l’océan, se porte à son nez dans une odeur enivrante. les phalanges tapotent sur le téléphone avant que celui-ci ne soit délégué d'une indélicatesse flagrante dans un endroit qu’elle finira par oublier, laissant des messages pourrir dans l'appareil jusqu'à ce que la mémoire de celui-ci ne lui revienne, grande habitude.

les coups ne mettent pas longtemps à retentir sur la porte, comme écho d'un certain ennui qui ne tarde qu'à être comblé. de son envie, besoin de voir son meilleur ami. et le visage s’illumine, les prunelles parées d’or qui pourraient illuminer le ciel. aussitôt il l’enlace dans une étreinte, et ça ne fait aucun doute que c’est comme ça que le monde devrait continuer à tourner autour d’eux. zhilan dans le creux de ses bras, zhilan qui remplit chaque recoin de son coeur, un sourire peint sur leurs lippes. et si elle est loin d'être la plus vigoureuse, pas très encline aux démonstrations physiques, tout est différent avec lui. les atomes du monde se construisent d’une autre façon, le ciel est d’une autre couleur, la sirène se fait plus joyeuse. alors elle attrape son visage de ses deux fines mains, et place un léger baiser sur sa joue. « you have a way to talk to me. » le rire se fait léger lorsqu’elle attrape l’objet de ses désirs, se dirigeant dans les entrailles de la caverne, son meilleur ami sur ses pas. l’objet est vite déposé dans le congélateur, d’autres plans en tête avant de consommer les désirs. « why the long face? got asked for my number again? » elle dit sans se retourner, dégageant quelques objets de son canapé pour qu’il n’y ai toujours pas assez de place, sur lequel ils finiront bien embriqués l’un sur l’autre comme à leur habitude malgré les efforts. et elle se retourne finalement, prends les poignets du suisei dans ses mains,& elle a cet air qu’elle n’arbore qu’avec lui, celui d’une enfant qui va lui révéler tous les secrets du monde. « today, » un sourire et cet air délicatement mesquin dansent sur son visage. « you're telling me every last gossip you know of. » elle veut se noyer des paroles de son ami, s'abreuver de tout ce qui a pu lui arriver, besoin carnal de savoir ce qu’il se passe lorsqu’il est loin d’elle. et quand elle le regarde elle peut pas s’empêcher de se dire, que peut-être qu’il n’y a de la place dans son âme seulement pour lui. dans cette pièce écho d'un océan lointain, son zhilan, qui de sa présence ferait presque pâlir la solitude à laquelle elle s’est accoutumée.

Il a un sourire qui flotte sur le visage quand son amie s'enquit de déposer ses lèvres contre sa peau. Et s'il se laissait faire, c'était certainement parce qu'Ena avait eu cette façon insidieuse de se glisser jusqu'à son cœur, sous sa peau. Elle s'était infiltrée dans sa tête si aisément. Car s'il fallait le comprendre comme personne ne l'avait fait auparavant, sans filtre, sans gêne, c'était bien vers elle qu'il fallait se tourner. Mio elle-même n'avait pas les mêmes détails de sa vie, de ses terreurs et de ses désirs inscrits si aisément sous ses yeux. Encore moins depuis qu'il ne l'avait pas vu depuis tant d'années. « Yep. I'm considering telling that guy I'm your boyfriend at this point. » Pour qu'il lui foute la paix. Il agissait peut-être un peu en grand frère surprotecteur, mais il préférait ça plutôt que de voir un gars coller la jeune fille comme un bon toutou. Qui n'était par ailleurs certainement pas bon. Il jugeait peut-être ce gars à la dur (comme chacune des conquêtes d'Ena ou de potentiels partis intéressés), mais du moment qu'elle ne s'en plaignait pas, il n'arrêtait pas. Au fond, n'était-ce pas un peu rassurant, de savoir qu'on avait quelqu'un derrière soi pour appuyer le cœur, si jamais il s'effondrait? Respectueux des demandes de son amie, il n'estompait son côté protecteur que si elle le lui réclamait.

Le sourcil se hausse, lorsqu'elle le ramène à elle avec un air jovial. Et la suite de ses paroles le fait ricaner. Acquiescement vague, il se fait une place dans le bordel organisé qu'elle avait posé sur son canapé, se débarrassant de quelques trucs encombrants qui empêchaient ses fesses de trouver du confort, avant de la pointer du doigt. « Only if you spill the tea you know about, too. » Qu'il affirme, d'un sourire en coin. Il savait, au fond, ce qui motivait la jeune fille à réclamer des informations. Son caractère fermé. Sa tendance à tout garder pour lui jusqu'à exploser. Elle en avait certainement déjà payé les frais, réclamait un peu de son attention et lui rappelait qu'elle l'écoutait. Qu'elle était là. Et quelque part, il l'en remerciait sans jamais le faire. « Admit it : you just want to know if I still fuck with that guy you set me up with. » Et l'air amusé qu'il affiche ne démontre aucune animosité. Il fait mine de se faire désirer, de ne pas savoir s'il devrait lui dire, et ce n'est qu'en observant une approche d'attaque de la part de la demoiselle qu'il lui offre une réponse satisfaisante. « And the answer is yes. »

« well, aren't you? » et la réponse se posait en simple évidence, qu'il nn'a rien de son petit-ami mais tout de quelque chose qui est bien plus que ça. peut-être une âme-soeur, quand bien même le mot sonne vide à côté de ce qu'il représente pour elle. la personne qui l'a extirpée d'une solitude qu'elle n'osait pas nommer, pansé des plaies qu'elle ne savait même pas exister. zhilan qui met des étoiles dans le ciel des nuits sombres, qui comprend que son silence autour de sa personne n'a jamais été secrets à vouloir conserver mais par habitude silencieuse. zhilan qui attend patiemment, à chaque fois, le regard posé sur elle, doux et patient, d'entendre des bribes de sa vie. le gardien d'une forteresse, et ça semble l'amuser, de jouer les protecteurs. alors elle ne dit rien, se contente de le regarder de loin avec un rictus amusé sur les lèvres, voyage jusque dans les yeux. elle est une grande fille, assez indépendante en vertu d'avoir passé une grande partie de sa vie seule. si elle enchaîne les conquêtes, c’est toujours sans grands attachements. sans aucun danger, et elle le sait, zhilan le sait, mais il y a quelque chose qui réchauffe un coeur dans le sentiment de savoir que quelqu'un veille sur elle, et elle espère le lui rendre assez. elle espère que de leurs promesses silencieuses il comprend, que toute la confiance du monde est dans le creux de ses mains, qu'elle lui donnerait l'univers. qu'entre deux regards échangés il existe tout l'amour possible, quintessence de la pureté.

l’instant d'après elle se retrouve sur le canapé, assise de côté, son bras appuyé sur le dossier pour soutenir sa tête, moue curieuse plantée sur le visage. « you’re gonna end up thirsty. don’t have anything. » et la vérité se fait étrange, la sorcière au rythme effréné n'a connu aucune mésaventure récente, en dehors de ce qu'il s'est passé au gala de saint-valentin. que zhilan n'a pas subi, puisqu'il était en train de faire affaire dehors. mais elle l'a bien évidemment mis au courant dès le matin. rien ne s'est passé depuis, les cours s'enchaînent et s'enchevêtrent avec le travail dans une routine épuisante. la fin d’année, les examens, tout un tourbillon de responsabilités étourdissantes. et même si elle ne l’avouerait pas, il y avait aussi ce poids dans la poitrine, la période de l’année où les célébrations ryū s’enchaînentt sans jamais laisser le temps de respirer, et le doute qui flotte au dessus d’elle, si prêt à s'écrouler. si zhilan lui demandait ce qui la tracassait elle ne répondrait sûrement pas, mais elle le sait patient. elle le sait compréhensif, et elle les sait similaires. elle finirait par lui confier ses fardeaux, à son propre rythme, sans jamais être forcée. sans jamais qu’il ne soit forcé. ils sont juste l’océan, libre de leur flot. elle est sortie de ses pensées par la phrase de l’apparent bourreau des coeurs, et un air faussement choqué vient se déposer sur ses traits, l’air de dire qu’elle n’oserait jamais faire une suggestion pareille. mais c’est évidemment le cas, tout ce qu’elle veut savoir. « cheating on me already? » mais la vérité ne peut être éclipsée par l’air amusé qu’elle arbore, le sourire en coin et les yeux pétillants d’avoir enfin réussi à refiler son meilleur ami à quelqu’un. en lui parlant de chiens. « so you're like, what? boyfriends? fuck buddies? daddies? dog lovers? »

Il snort à la question qu'elle lui pose, sourire tanguant sur le bout des lèvres. Ah. Elle avait raison, quelque part. N'était-elle pas la femme de sa vie? Celle qui, en dehors de Mio, avait réussi à percer un peu la poitrine? A se faire trop facilement une place dans le cœur un peu de marbre, parfois, du grumpy guy? Ena avait toujours été un point faible pour lui. Il ne se souvenait pas à partir de quand. Ni même pourquoi. C'était une sorte d'évidence qu'il n'osait pas trop nommer, ni même questionner. Une constance agréable dans sa vie comme il les aimait. Présence rassurante d'une âme qui, comme lui, était assez blessée et n'avait personne d'autre à qui se rattacher. Il avait peur du jour où elle se rendrait compte qu'elle avait tant à trouver ailleurs. Mais le temps n'était pas venu. « Nah. I'm your husband. » Qu'il ricane doucement.

Il a le sourcil qui se hausse face à l'aveu de son amie. Elle n'a rien à lui dévoiler? En voilà une nouvelle. Elle qui vit à deux-cent à l'heure, elle qui a toujours plein de trucs à raconter. Il a le visage qui se penche un peu sur le côté, un sourcil qui se hausse alors qu'il vient poke la joue de son amie. « What did you do to Ena? » Qu'il demande avec le rire dans la voix. Il sent, au fond, qu'il y a quelque chose qu'elle ne lui dit pas. Mais il ne la forcerait jamais à parler, comprenant, depuis le temps, qu'elle offrait ses pensées assez aisément pour qu'il n'ait pas à forcer quoi que ce soit de sa bouche. Et s'il fallait qu'elle ne le lui dise jamais, alors soit. Il n'était pas du genre à fourrer son nez trop profondément dans les affaires des autres. « Sorry darling, we're not exclusive anymore. » Qu'il dit comme l'on annoncerait le beau temps. Et ça le fait sourire un peu bêtement, le bout de ses pieds venant chercher la table basse qui leur faisait face pour s'occuper. « You know I don't do boyfriends. » Qu'il affirme en secouant la tête, haussant même un sourcil en mode tu me prends pour qui. « But you got it all right. We are dog lovers, for sure. » Et ça le fait s'esclaffer. Il hausse un peu les épaules, finalement, reprenant un léger sérieux. « We sometimes fuck, that's it. Congrats on your matchmaker skills. »