drapeau blanc (niraia)

14.02.23 — @awae niran

drapeau blanc

Elle l’a bien vu, au loin, le sourire aux lèvres, élégant et gracieux dans son costume, comme s’il se fondait naturellement dans la soirée, en tous cas bien plus facilement qu’elle. Le problème, c’est que Dahm l’a vu aussi, et qu’elle ne pourra pas y échapper, encore moins quand leurs yeux se croisent et qu’il la prend par les épaules, la force à ne pas détourner le regard. Elle n’en a pas reparlé, a un peu évité le sujet, mais il sait, que depuis leur discussion de début janvier, elle n’a pas remercié Niran - que ce qu’il lui a dit à son sujet a peut-être fait un bout de chemin dans son esprit, mais peu importe les conclusions auxquelles elle est parvenue, elle ne les a pas mises à exécution. “Look who's over there! Now's your chance, bubbles. Go thank him... or want me to really do it for you?” Elle souffle, les sourcils froncés, agacée d’être plus ou moins forcée mais surtout agacée qu’il ait raison de le faire. “Fine, fine, I’ll do it.” Son sourire s’agrandit alors qu’elle lève les yeux au ciel. Mais elle n’a pas le temps d’éviter la confrontation, parce que Dahm en profite pour s’éclipser, la laissant seule avec sa mission à la con, non sans un baiser sur son front. Elle sait qu’elle doit le faire, qu’elle y pense régulièrement depuis un mois, mais ça n’en est pas plus facile ; surtout quand l’entièreté de son corps, de son esprit, la pousse à vouloir le détester - c’est tellement plus simple, dans un sens.
Mais elle serre le poing, prend une grande inspiration, et s’avance dans la foule pour parvenir jusqu’à lui, en se répétant mentalement ce qu’elle compte lui dire, la manière dont elle va formuler ses phrases, l’assurance qu’elle doit dégager, tout en restant polie et bienveillante. Sauf qu’une fois devant lui, une fois qu’il l’a remarquée et que son attention s’est complètement et définitivement posée sur elle, elle n’est plus sûre de rien. “Hey, could we, hm, talk, somewhere?” Elle n’arrive qu’à balbutier ce semblant de demande, incapable de détourner les yeux pour chercher une direction menant à des pièces plus calmes, à la fois parce que c’est plus poli de le regarder et à la fois parce qu’elle serait bien incapable de détacher le regard, comme aimantée malgré elle. Il n’a aucune raison d’accepter, pourrait refuser et la laisser là, sans lui donner la moindre chance de s’expliquer, mais elle ne se voit pas faire ce qu’elle a à faire en devant presque hurler pour se faire entendre. “No, rather, could I talk to you, somewhere?” Donc elle préfère rectifier, peut-être comme une main tendue qui n’en a pas trop l’air, une manière de lui montrer qu'il n'aura pas besoin de parler, parce que c'est à elle de s'expliquer. Qu’elle ne veut pas la guerre - un semblant de drapeau blanc.

14.02.23 — @Gaia Belacqua

drapeau blanc

Il y a la grâce des astres dans son regard, là où on pourrait penser qu'il n'existe plus rien, que Niran ne brille plus, mais en réalité, il ne s'est jamais autant illuminé que sous ce ciel étoilé. L'amour n'a jamais été quelque chose dont il aimait se vanter, Niran est charmeur, pourtant pas joueur, et ce soir, il est venu seul, comme l'année précédente. Parce qu'il sait très bien que celle qu'il voulait inviter, ne l'aurait jamais accepté, ou peut-être sous la contrainte qu'une quelconque menace - ce qui ne lui ressemble pas - et comme une comète libre, il vagabonde, vient en saluer ses ami.e.s comme ses connaissances, le sourire qui ne sait jamais le trahir, et les paillettes sur son visage ne font que le rendre plus beau sous les lumières indigos. Il le l'a pas encore remarqué, Gaia, perdu dans l'une de ses conversation avec un des invités ce soir, perdu dans une conversation qui au fond, n'a pas réellement de sens, sauf à leurs yeux, des études qu'ils partagent, la médecine comme seul accroche dans sa vie. Il n'y a aucun écho négatif, aucun volcan en rage, car Niran est sage, et que si les évènements de début janvier restent dans sa mémoire, il n'en retient rien. Rien de réellement négatif, ni même de positif. C'est arrivé. C'est arrivé. Et il n'a pas besoin de revenir la-dessus, pas besoin de lui courir après, ni même de surveiller chacun de ses fait et geste. Gaia le déteste et il l'a toujours senti, depuis ce date, depuis cette conversation qui aurait dû se terminer autrefois. Mais il n'a aucun pouvoir sur le temps, il ne peut remonter en arrière, il peut tout réparer. Et si tout avait été différent, m'aurais tu laissé t'aimer ? Mais les réponses ne se trouvent pas dans cette réalité, ni ici.
Son ami vient se taire à l'approche de la jeune femme, poussant Niran à dévier son regard jusqu'à elle, et de s'excuser auprès de lui, pour lui faire fasse, sans grandes ambitions. Hey. Il se retient de dire qu'il la trouve ravissante - ce n'est certainement pas ce qu'elle souhaite entendre, ni ce pourquoi elle est là .- Sa phrase est presque surprenante, alors il a du mal à l'analyser, la comprendre. Il ne sait pas où elle veut en venir, ou du moins, ce qu'elle voudrait dire de plus, mais il ne fera aucun pas en arrière, quand c'est elle qui fait un pas en avant. Of course, come. La réponse ne se fait presque pas attendre, il se doute qu'elle n'a pas que ça à faire, alors il l'invite à le suivre, aucun contact physique, aucun autre approche, il sait qu'il ne tentera jamais rien sans son accord, encore moins après tout ça. Alors il se meut jusqu'à l'un des couloirs annexes à la salle, là où le calme règne, où la nuit se fait de nouveau silencieuse. I’m all yours, if you want to talk. Le dos vient s'adosser avec délicatesse contre un mur, ses yeux brillants dans le noir qui transpercent le regard de la jeune femme en retour.

14.02.23 — @awae niran

drapeau blanc

Ce serait tellement plus simple, qu’il dise non, finalement. Elle préférerait, parce qu’elle n’aurait pas à avaler sa salive avec douleur et hésitation, à se demander comment faire sortir des mots coincés dans sa gorge, à vouloir boire deux litres d’eau. Et surtout, à se concentrer pour ne pas laisser le stress l’envahir, révélant ses crocs à la foule. S’il pouvait simplement refuser de lui parler, la détester, comme elle, le monde s’en porterait mieux et elle pourrait éviter le moment sans culpabiliser.
Mais évidemment, les choses ne se passent jamais comme prévu, elle est bien placée pour le savoir. Et elle sait, au fond, qu’elle doit au moins le remercier pour début janvier. Ne serait-ce que par politesse - même si elle avait mis un moment à l’accepter, poussée par Dahm. “Of course, come.” Mais évidemment, Niran est insupportablement bien élevé ou trop gentil (à défaut de dire parfait, ce mot interdit), accueille sa proposition et l’invite à le suivre, sans s’imposer. Ne va pas trop vite pour lui laisser le temps de suivre, de se frayer un chemin entre les silhouettes ; s’il allait plus vite, elle aurait sans doute été obligée de lui attraper le bras. Ce qu’elle s’apprêtait à faire ce soir était bien suffisant, comme progrès (même si, par ego et par fierté, elle aurait sans doute répondu qu’elle n’avait aucune envie de l’approcher).
Le silence du couloir où Niran les amène contraste avec sa respiration, intense et saccadée, qu’elle fait tout l’effort du monde de calmer. Ce n’est pas tant qu’il l’impressionne ou qu’à un moment donné, elle a espéré qu’il serait peut-être son premier (ou peut-être bien que si), c’est qu’elle a du mal à savoir comment formuler les choses, ne voudrait pas ajouter des braises et a déjà la bouche écorchée de reconnaître que sa haine n’a peut-être pas de fondement. Elle tente de ne pas détacher le regard, fait appel à la confiance dégagée par son rôle de déléguée, comme elle l’a toujours fait quand il s’agissait de gérer ses émotions, ou de se calmer. “I wanted to thank you, for what you did last month. I’m sorry I didn’t do it sooner. So, thank you.” Elle se montre la plus sincère possible et la rapidité, la facilité avec laquelle sortent les mots semble indiquer qu’elle l’est vraiment. Mais elle ne lui donne pas l’opportunité de répondre, parce qu’au moment où Niran semble sur le point de parler, Gaia anticipe, “I’m not done.” Et c’est là, qu’elle se dit qu’elle n’a pas fait le plus dur. Que ce qui suit le sera plus encore, à tel point qu’elle lève les yeux au ciel pour chercher du courage, prend une inspiration. N’a absolument aucune idée de comment va sortir la tirade, mais monologuer sans réfléchir, à mesure que viennent les mots, est dans ses habitudes, surtout lorsqu’elle est angoissée, ou dans l’évitement. Et admettre qu’elle n’avait aucune raison de le haïr, n’est-ce pas ce qu’elle souhaite éviter le plus ? “I don’t believe in chance. I don’t think things happen randomly, or that people just find themselves at the wrong place and time.” Elle cherche son regard, la voix qui tremble un peu. “I needed to blame someone, I needed something to hold on to, and-” Elle s’arrête, consciente qu’il se fiche sûrement des raisons, que ce n’est pas ça qui l’intéresse - que ce n’est pas ce qu’elle est venue lui dire, ce soir. “I know you did nothing wrong. I’m sorry for blaming you.” Et étrangement, les mots ne sont pas si difficiles à prononcer, même si Gaia a le poing serré pour s’empêcher de pleurer et les yeux malgré tout embués.
Mais au moins, elle l’a fait.

14.02.23 — @Gaia Belacqua

drapeau blanc

Le destin se moque très probablement d'eux, à cet instant. Les dieux également, lorsqu'ils se penchent au dessus de la voute céleste pour les observer. ils ont ce sourire en coin, celui que Niran ne porte pas ce soir, parce que la situation est plus sérieuse que l'on pourrait le croire. D'autres élèves pourraient penser qu'ils sont en train de confesser un amour qui sort tout droit de nul part, quand les coeurs ne battent pas assez pour se trouver. Pourtant il y a une distance entre eux, physique comme psychologique. L'un ne peut atteindre l'autre, des barrières qu'ils se sont efforcés de mettre entre eux après les évènements de janvier, du moins, c'est le cas de Niran. Il l'aime pas se sentir responsable de quelque chose dont il n'est pas coupable, et Gaia l'a jugé sans le connaître. Gaia de sait rien de lui, pourtant elle lui voue un haine sans nom, sans limite, comme une obsession malsaine. Il n'attend rien de spécial, pas des excuses, ni même des explications. Un sourire suffirait, parce qu'il n'a rien à pardonner, il ne lui en veut pas. Ce n'est pas de sa faute, il le pense sérieusement. Elle est tout aussi victime que lui, des monstres qui se trainent dans les ténèbres quand la nuit fait sombrer les âmes et que s'éveillent les orbes rouges. Mais ce ne sont pas des excuses qui viennent briser le silence, pas au début. Un remerciement sonne, fracasse presque une fierté au passage, mais pas clele du garçon, qui reste là, le visage neutre. Il n'ajoute rien de plus et quand il s'apprête à le faire, il est coupé. Ses bras se croisent sur sa poitrine, et il la regarde, vient boire chacun de ses mots, hoche légèrement la tête à ses explications. Si Niran avait été autrement, il serait peut-être parti, ou la colère aurait grondé, laissant la jeune femme seule. Pourtant, ce n'est pas le cas, il n'est pas comme ça. Il ne l'a jamais été, même après sa morsure et ces années à se détester sans pouvoir se regarder un dans miroir de peur d'en voir un démon. Ses mots résonne, et son coeur, peut être qu'il le sent un peu vibrer, un peu retentir au fond de sa carcasse, alors qu'il n'y a plus rien à espérer. Alors le silence s'installe, de nouveau. Elle a terminé.  I see. Ce sont les premiers mots qui fracassent l'air lourd qui pèse dans le couloir, ou du moins, autour d'eux. Il ne bouge pas, ne s'approche pas, ne recule pas. Il ne tient pas à fuir, à l'insulter, à crier, à la traiter de monstre, non. Ce n'est pas dans sa nature de faire ça. I have to tell you that I didn’t expect anything. Not that I don’t want your thanks or even your apologies. I just don’t. I have nothing against you, and what happened... it happened. But... Son sourire se montre de nouveau, jamais mauvais, toujours honnête. Thanks for doing it. Et la discussion pourrait s'arrêter là. Ils pourraient retourner à leur vie, retrouver leurs ami.e.s, continuer comme si de rien n'était, mais Niran ne se sentirait pas réellement mieux. Pas réellement transparent. Parce que Niran est loin d'être ce monstre qu'elle peut s'imaginer derrière les apparences monstrueuses qui se dessine probablement dans son esprit. Niran est une victime, comme elle, seulement il ne peut que le deviner. A ses yeux, on ne devient pas ce qu'ils sont par simple plaisir. Pas simple envie, ou égoïsme. Personne ne voudrait subir ça. You should know, Gaia, that you are not my enemy. And I am not yours. In reality, I am like you. Just like you. Il se stoppe un moment, reprenant sa respiration, gonflant ses poumons avant d'expirer longuement. You know as well as I do that appearances are deceiving. So if I’m not a monster, neither are you. You’re probably just as much a victim. Ca claque dans la gorge, contre sa langue, la vérité que l'on a du mal à comprendre et à accepter.

14.02.23 — @awae niran

drapeau blanc

Leur conversation ressemble à des montagnes russes, sauf que personne ne les a prévenus avant de lancer le manège. Elle ne sait pas à quoi elle s’attendait, comme réponse ; sans doute à rien, n’avait pas anticipé la moindre réponse, parce que ça aurait supposé anticiper ce qu’elle allait dire. Et visiblement, même si elle s’y était préparée, les mots seraient sûrement sortis dans le désordre, se seraient enchaînés ou auraient marché les uns sur les autres dans un bordel désorganisé.
Au début, une fois son monologue terminé, elle le regarde, un peu essoufflée, angoissée de l’attente, de sa réaction, malgré tout soulagée d’avoir réussi à dire ce qu’elle espérait. “I see.” Et c’est peut-être logique, que ce soit ces deux mots qui guillotinent le silence. Gaia les trouve appropriés, mais attend patiemment le reste - s’il vient. “I have to tell you that I didn’t expect anything. (…) But…” Elle reste suspendue à ses lèvres, le cœur battant, même si elle accepterait d’entendre qu’il n’a rien à faire de ce qu’elle peut vouloir lui dire, comme il n’en a plus rien à faire de son existence. “Thanks for doing it.” Et évidemment, comme toujours Niran se montre poli, bienveillant, accueille ses excuses et ses remerciements avec gentillesse. À tel point qu’au fond, une petite voix lui susurre que de toutes façons, elle ne le mérite pas.
Sauf qu’ils sont tous les deux sur des montagnes russes, et que l’euphorie comme l’accalmie ne durent pas. “You should know, Gaia, that you are not my enemy. And I am not yours. In reality, I am like you. Just like you.” Elle s’arrête, pas sûre de comprendre, le regard qui passe d’un œil à l’autre pour essayer de démêler. Elle a très bien compris, puisque son pouls s’accélère et que son cœur bat la chamade, chamboulé par ce que Niran vient de confesser. “You know as well as I do that appearances are deceiving. So if I’m not a monster, neither are you. You’re probably just as much a victim.” Instinctivement, elle recule d’un pas, puis de deux. Met de la distance parce que c’est ce qu’elle a appris à faire toute sa vie, éduquée par une mère qui haïssait les reiketsuki, sans faire aucune différence. “What?” La question est rhétorique, bien sûr, mais Gaia ne fonctionne plus, suspendue, les tympans en feu et l’esprit qui réfléchit à toute vitesse. Tout se mélange, tout devient flou, incertain. Parce que Niran est comme elle, comme eux, et Gaia entend la voix de Calista dans son esprit, serait bien incapable d’aller contre son éducation, contre ce en quoi elle a cru toute sa vie. Mais Niran est une victime, c’est ce qu’il a dit, comme elle, et le mot ne cesse de s’imposer contre ses tempes, comme s’il cherchait à se confronter à la haine qui bouillonne et grandit. Elle devrait le détester, à nouveau, seulement du fait de son existence, de sa malédiction. Mais elle ne pourrait pas attendre de lui qu’il préfère la mort à sa condition, quand elle-même s’efforce depuis sa transformation de retrouver le goût de vivre, de ne pas considérer la mort comme seule solution. S'il est une victime, comme elle, peut-être qu’il n’est pas comme les autres. Comment pourrait-elle le détester, alors ? C’est elle, qui a eu des mots violents contre les reiketsuki à leur rendez-vous, elle qui n’envisageait à l’époque pas une seule seconde qu’on puisse être victime et détourner le regard du monstre dans le miroir. En réalité, pour la première fois sur le sujet, Gaia n’a aucune idée de quoi ressentir et penser. Et Niran, sans avoir les explications, observe sans doute le combat intérieur qui se trame dans ses pupilles, dans son corps tremblant, même si Gaia ne parvient pas à verbaliser, ne sait pas quoi dire. Le regarde simplement sans avoir la moindre idée de quoi faire avec l’information, comme une enfant face à un immeuble en pleine destruction - celui de ses convictions.

14.02.23 — @Gaia Belacqua

drapeau blanc

Secret jamais avoué en dehors de sa famille, des siens, de ceux qu'il n'a jamais cessé de côtoyé depuis ce jour. Parce que c'est quelque chose de lourd, de tellement difficile à porter, quand les regards se transforment en guillotines. Aux yeux du monde, ils ne sont que des monstres, des êtres qui n'ont plus une once d'humanité. Pourtant Niran existe, ressent bien des émotions, parfois de la douleur quand ses souvenirs se font fantômes. Niran et Gaia ne sont pas moins humain que n'importe qui. En dehors de cette pulsion de sang, ces capacités qu'ils ne comprennent pas, ils restent eux-même, ceux qu'ils ont toujours été. Mais il ne peut pas la forcer à l'accepter, pas maintenant. Il a grandi ainsi, malgré toute la rancune qu'il a pu éprouver un jour. Elle, elle doit vivre ainsi. Sans mentor, sans personne pour la guider, lui dire ce qui est bien ou mal, que ce qu'elle ressent est normal. Et sans lui dire, Niran a pitié. Ce n'est pas négatif, à ces yeux. Non. Il voudrait la sauver, mais il n'en a pas le pouvoir, il ne peutpas porter le monde entier sur ses épaules, souffrir à sa place ou penser pour elle. Niran ne peut faire rien d'autre que ce qu'il a déjà trop fait, ce qu'il a déjà tenté de faire. Ne pas la laisser mourir, ne pas la laisser devenir ce qu'ils ne veulent pas être, supporter les tempêtes qu'elle envoyait vers lui. Il ne peut rien faire d'autre, et c'est peut-être cruel.
Niran n'a aucun doute, il sait que Gaia a compris de quoi il parlait, cette fois. Il sait et que c'est sûrement une bataille en elle qui fait rage dans sa tête, dans ses entrailles, pour savoir si elle doit continuer à le détester ou avoir pitié de lui - il n'attend rien de tout ça, il aime être traité comme n'importe qui - That’s something you can’t always say. But I trust you. Because I don’t hate you. Il ne fait pas un pat de plus vers elle, il est resté là où il était, les minutes précédentes. Il ne s'avancera pas avant elle, ne partira pas tant qu'elle n'est plus là, de peur de faire un geste brusque, de lui faire peur à tout jamais. I wanted to help you, maybe it was inappropriate of me, and I apologize. Apparence parfaite aux paroles qui pourtant, ne crachent rien d'autre que ce que son coeur avoue réellement ; Niran ne sait pas mentir, et il n'aime pas ça. Il n'arriverait pas à le regarder dans les yeux s'il devait le faire. Il est presque trop parfait, et c'est bien là, l'un de ses défauts. I will not try to help you, unless you ask me. I will not force you to like me either, you are free. But I hope you know how to find me, if you ever need anything, whatever it is. Et probablement que cette soirée s'arrêtera là pour eux, qu'elle prendra la fuite sans un mot de plus, et qu'il ne cherchera pas à la retenir plus longtemps. Il en a déjà trop fait pour elle.

14.02.23 — @awae niran

drapeau blanc

Jusque-là, elle s’imaginait qu’ils étaient aux antipodes l’un de l’autre, que Niran ne la comprendrait jamais, voire qu’il se complaisait dans ce qui lui était arrivé, après la fin tragique d’un rendez-vous dont on ne sait même pas ce qu’il aurait donné (même si elle espérait, en rêvait). Elle se disait qu’elle le méritait, qu’en tous cas c’était ce qu’il devait penser, vu les convictions violentes étalées sur la table, avant le dessert. Elle était partie parce qu’elle était énervée mais surtout parce qu’elle n’était pas capable de tolérer ce que sa mère lui avait appris à abhorrer. Victimes ou pas victimes. Mais Calista aussi devait apprendre à voir au-delà, Calista aussi avait fini par lui demander de revenir à la maison, et même si l’amour était encore vacillant, il avait pris le pas sur le monstre. En tous cas, Gaia avait fini par se dire que tout était une affaire de cohabitation, entre elle et le monstre. Mais que faire du du drapeau blanc, que Niran semble avoir tâché de sang, sans le vouloir ? Il ne semble pas avoir ramené la guerre, parce que si la haine se presse dans les prunelles de Gaia, ce n’est que pour mieux confronter le reste, sa confession, sa place. Lui, victime, comme elle. Elle s’est arrêtée de fonctionner, complètement chamboulée, mais ils ne sont pas pour autant revenus à la case départ. Simplement elle ne saurait aligner ni pensée ni mot, se contente de le regarder, ahurie, sous le choc. Il n’y a pour un moment que le silence et sa confession suspendue dans l’air, jusqu’à ce qu’il brise le silence à nouveau. “That’s something you can’t always say. But I trust you. Because I don’t hate you.” Et elle ne comprend pas, comment il peut lui faire autant confiance, quand elle vient à peine de faire ce gigantesque pas dans sa direction, en reconnaissant qu’elle n’avait aucune raison de le détester. Mais elle hoche la tête rapidement, en silence, promesse faite en silence - elle ne dira rien, jamais. “I wanted to help you, maybe it was inappropriate of me, and I apologize. Elle met une seconde à comprendre ce dont il parle ; se souvient des poches de sang déposées devant sa porte qu’elle croyait venir de Dahm, de leur dispute en découvrant que c’était lui. De l’impression qu’elle avait eue qu’il faisait seulement ça par vengeance. Alors elle profite de l’occasion pour rompre le silence, prend l’opportunité pour ne pas avoir à répondre au reste, à se situer par rapport à tout ce qui vient de se dérouler. Suit son instinct, parce que finalement, il ne faisait pas ça par vengeance. “No, you don’t have to apologize.” Le ton est un peu trop empressé, comme si elle voulait clarifier au plus vite, mais elle se calme avant de continuer. “I understand now. Why you did it. I'm the one who should apologize.” Elle fait un pas vers lui, réduit un peu la distance que le choc lui avait fait mettre entre eux. Navigue toujours en eaux inconnues, mais une chose est sûre, Niran ne veut pas lui faire de mal - il a été clair sur le sujet. Elle est la seule à l'avoir fait, jusque-là. “I will not try to help you, unless you ask me. I will not force you to like me either, you are free. But I hope you know how to find me, if you ever need anything, whatever it is.” Et quelque part, au fond, Gaia prend conscience de deux choses. Un, que ce rendez-vous qui constituait la première porte ouverte à l’amour et qui s’est fini si tragiquement a laissé des traces, parce que Gaia ne peut s’empêcher de rougir, un peu plus à chacun de ses mots. Deux, qu’elle ne le mérite décidément pas. Qu’il en a effectivement déjà trop fait pour elle. “Thank you, but you have done enough,” Et elle fait en sorte que son ton paraisse sincère, parce qu’il l’a déjà trop aidée et ne s’est pris que de la haine en retour. Et elle ne dit pas le reste, mais elle le pense tellement fort que la pensée s’impose entre eux. How could I ever deserve someone like you? Mais au fond, elle se surprend à rêver d’un drapeau blanc un peu plus grand, un qui leur permettrait de tout oublier et de danser - de s’aimer.

14.02.23 — @Gaia Belacqua

drapeau blanc

Enfant du soleil, maintenant devenu enfant de la lune sous ses rayons d'une paleur sans nom, sa peau lui ressemble, et le froid qui s'en échappe aussi. Ironie pour un être comme lui, celui qu'on appellerait le monstre de la nuit, lui n'a jamais aimé ces surnoms. Il a détesté plus que tout cette condition, ceux qui l'ont rendu ainsi. Oh, il s'est détesté, bien sur qu'il s'est détesté, mais il était déjà trop tard pour faire marche arrière. Il sait que c'est difficile, cette nouvelle vie, ce corps qui ne fonctionne plus comme autrefois. Que les choses ne seront plus jamais comme elles étaient. Il sait à quel point son coeur peut se déchirer de tristesse comme de colère. Mais lui, Niran, ne voit pas un monstre face à lui. Il voit une victime, une jeune femme à qui on a arraché tout innocence, à qui l'on a sûrement répété que ces créatures ne devraient pas exister. Et il ne sait que trop bien, ce que c'est de ne pas être compris. Homme calme, on lui a souvent dit qu'il paraissait trop froid, mais il est simplement détaché. Du monde, de ses propres émotions. Parce que c'est moins douloureux, quand on se ferme à tout, les paroles ne sont plus semblables à des couteaux. Pourtant, son coeur reste fasciné par celle qui lui fait fasse. Bataille qu'il n'a jamais abandonné, comme convaincu qu'il pourrait la sauver, lui faire changer d'avis. Ô sourire sur ses lèvres, visage qui s'illumine un peu plus à cette distance qui se réduit, car il sait que quelque chose vient de s'apaiser, qu'une hache de guerre s'est enterrée, quelque part entre eux. Pourtant il ne hurle pas victoire, parce qu'il n'y a rien à gagner, il ne désire rien d'autre que son bonheur. You know. Deep down, you don't even need to say thank you. But i appréciate. Il s'incline avec légèreté, signe de politesse et de respect, ce qu'il a toujours eu envers elle. Et quand il se redresse, il garde cette distance pourtant apaisée. Can we have a fresh star? If you don't want to, i understand. I'm not here to push you. Le sourire est toujours immortel sur ses lèvres, sa voix est toujours calme et apaisée, Niran qui ne ressent jamais de colère, il est l'eau qui dort après les tempêtes, la douce où l'on vient se baigner pour soigner ses maux. By the way. Happy valentin's day. I wish you a really pleasant evening. Qu'importe avec qui elle soit ce soir ; il espère qu'elle soit quelque peu en paix avec elle même, avec ceux qui entourent la jeune femme. You deserve it. Sincérité de ses paroles, toujours sages entre ses lèvres.

14.02.23 — @awae niran

drapeau blanc

Il y a trop de choses, dans leurs paroles et dans les silences. Trop d’informations à digérer, de pardons à traiter, si bien que Gaia se sent submergée, ne parvient pas à penser tout à fait. Elle a l’impression d’avoir gravi une montagne en lui confessant que la haine et la rancœur qu’elles lui portaient n’avaient pas de fondement mais Niran en a aussitôt érigé une autre en lui avouant qu’il était comme elle. C’était un bon moment pour le faire, sans doute, mais Gaia menace de s’effondrer, la réalité et ses convictions chamboulées, sans retour en arrière possible. C’est peut-être pour ça qu’elle se dit que ça suffit, qu’il doit en avoir eu assez et que maintenant que la confusion s’est dispersée, ils pourront naviguer sur des chemins éloignés, ne plus se croiser. Il en a déjà fait assez, et Gaia imagine qu’il ne voudra pas en faire plus ; lui prête ces intentions artificiellement, parce que Niran s’est montré poli et avenant, l’a invitée à demander son aide si elle en avait besoin. Elle prend la résolution de ne pas le faire d’elle-même, comme une sorte de punition pour les sentiments qu’elle lui a fait porter depuis sa transformation. Qu’au fond elle ne mérite pas de demander son aide, parce qu’il en a déjà fait bien assez. “You know. Deep down, you don't even need to say thank you. But I appreciate.” Elle s’incline en retour, par instinct et politesse. Ne peut pas agir autrement que par instinct, raccrochée à la réalité par le recul pris pour ne pas succomber. “Can we have a fresh start? If you don't want to, I understand. I'm not here to push you.” La surprise écarquille ses yeux et rosit ses joues, Gaia se retrouvant à nouveau à court de mots, partagée entre l’envie de tout recommencer et faire comme s’il ne s’était rien passé, l’ensemble d’informations et d’émotions qui vient de se succéder et cette impression qu’elle devrait le laisser tranquille, malgré ce qu’il peut penser. Mais il attend une réponse et elle ne peut pas rester éternellement dans le silence, alors elle bredouille en cherchant ses mots, hésitante et bégayante, “I- I, hum, I’m not sure I, I mean yes, but-” Et il semble comprendre que la question est compliquée, qu’elle a sans doute besoin de temps, parce qu’il ajoute, doucement, “By the way. Happy valentine's day. I wish you a really pleasant evening. You deserve it.” Le flot d’hésitations s’arrête et Gaia devient un peu plus pourpre, semble se rappeler de la soirée qui les a réunis. “Thank you! You too! hum, I think I should, hum, I should go,” bégaie-t-elle en se penchant pour le saluer avant de s’éclipser rapidement, une main qui s’écrase contre les yeux à mesure qu’elle se rapproche de la salle principale. “As if you weren’t weird enough, now he’s gonna find you even weirder, you stupid,” se marmonne-t-elle à elle-même, toujours aussi incapable d’agir normalement quand il s’agit de ses sentiments, ridicule quand elle est gênée devant un garçon. Et peut-être que c’est pour ça, qu’elle devrait accepter sa proposition ; parce que qu’elle le veuille ou non, son cœur est visiblement prêt à prendre un nouveau départ.