death with dignity (zhilan)

01.06.21 — @qiū zhilan
(tw suicide)

death with dignity

L’écran s’allume, puis s’éteint. Gaia ne lui répond pas plus qu’aux autres - non, lui répond encore moins qu’aux autres. Bouge à peine la tête, encore trop faible, au fond du gouffre. Préférerait pourtant se voir écrasée sur les rochers plutôt que comme ça, allongée dans son lit, à se remettre d’une transformation qui sonne comme une sacrée punition. Et de tous ceux qui font sonner le téléphone depuis le moment frabieux, il est celui qu’elle redoute le plus. Parce que cette transformation, en plus de faire d’elle un monstre, en a fait un prédateur, un être inhumain et dangereux, surtout pour lui. Elle ne pourrait se résoudre à lui faire du mal, alors ne vaut-il mieux pas l’éviter, jusqu’à ce qu’elle trouve une solution ?
Mais se dire ça, c’est considérer qu’il y en a une, de solution.
Or Gaia a beau utiliser le peu d’énergie à sa disposition pour fouiller son esprit, l’ensemble de ses connaissances, aujourd’hui son intelligence ne lui sert à rien. Parce qu’il n’y a pas de solution. Rien que l’acceptation de cette foutue tragédie, de ce cauchemar dont elle ne pourra jamais s’extirper ; aucun réveil à l’horizon, juste une nuit insupportable, sans interruption. Mais cette prise de conscience lui est trop intolérable, alors pour le moment l’écran s’allume, puis s’éteint, laissant Zhilan dans le silence et l’absence.
Les heures passent et laissent Gaia avec une conviction naissante et grandissante, font résonner son nom dans l’esprit. Soudain Zhilan devient le plus à même de l’aider, voire le seul capable de le faire. Et Gaia ne pense plus qu’à ça, la main qui hésite à attraper le téléphone pour l’appeler à l’aide. Pas tout à fait en haut de la falaise, mais à quelques mètres du précipice, suffisamment proche pour qu’il faille prendre le temps, ne pas se décider trop vite. C’est dur, de choisir de mourir.
Finalement, le téléphone reste sur la table de nuit, mais Gaia se lève, difficilement, encore affaiblie de l’événement, du trauma. Trouve la force de s’habiller, de se couvrir (de se cacher), de peur de devoir confronter la lumière (ou pire, l’un de ses proches). Boit trois poches de sang, dégoûtée à l’idée d’avoir autant apprécié, mais décidée à ne pas être un danger. Elle s’efforce de compter chacun des pas qui la mènent au manoir des Tenshi, autant pour se donner du courage que pour ne pas s’effondrer sur le chemin, le visage encore blême et le corps tremblant d’une transformation si mal vécue. Gaia se fait peur, mais se dit qu’il n’y en a plus pour longtemps.
Ce n’est pas Zhilan qui ouvre, mais Mehiel, qui la regarde comme s’il venait de voir un cadavre - si tout va comme prévu, ce sera bientôt le cas. “Hi Mehiel, is-hm, is Zhilan here?” Il hoche la tête, l’invite à entrer, et Gaia se dirige vers la chambre qu’elle connaît par cœur. Mais avant de frapper à cette porte, elle hésite, le cœur battant (malheureusement). “Zhilan..?” La voix est ténue, de même que le petit coup de poing. Et le voir lui brise le cœur un peu plus, parce que Gaia voudrait se réfugier dans ses bras, être rassurée, être réconfortée, mais tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle ne peut pas se permettre de le mettre en danger, désormais. Alors quand il ouvre la porte, elle se glisse à l’intérieur en l’évitant au maximum, se réfugie au fond de la pièce, les mains posées contre le mur dans son dos. Et elle n’a pas commencé à parler, n’a rien expliqué, mais même si son visage est caché par ses cheveux et une capuche, il voit bien que des larmes se sont mises à couler. “I need your help, something-something happened, I-” Mais quand il semble vouloir s’approcher, ne serait-ce que d’un pas, elle commence à paniquer, les bras qui se tendent pour l’empêcher d’approcher, la voix qui se brise. “No, no, don’t come closer!!!” Soudain essoufflée par la peur, elle cherche un moyen d’amener la nouvelle, mais les mots restent coincés dans sa gorge, dans son cœur, les poumons ne savent plus quoi faire. Et ça finit par sortir, mais pas sous la forme de mots ; la sortie de ses nouveaux crocs lui arrache un gémissement de douleur, Gaia portant les mains à sa bouche, appuyant fort, comme si ça pouvait empêcher la douleur - et la transformation.
Et lorsque finalement elle croise le regard de son ami, il y a dans ses yeux tout ce qu’elle ne parvient pas à énoncer à voix haute, toute cette détestation qu’ils partagent depuis toujours. Elle l’invite à la détester autant qu’elle se déteste, et murmure, d’un ton suppliant, “Help me to end it, please…”

01.06.21 — @gaia belacqua
(tw suicide)

death with dignity

Silence radio. C'est ce que lui offre Gaia sans la moindre explication. Et Zhilan n'est d'habitude pas du genre à trop y réfléchir, à avoir plusieurs pensées en avalanche en même temps sur les raisons qui poussent ses proches à être indisponibles. Mais Gaia ne lui fout jamais de vent si violent. Elle est du genre à répondre rapidement et, si vraiment indisponible, signale qu'elle reviendra plus tard. Aussi simplement que ça. Mais rien. Pas de nouvelles, pas de réponses à ses questions, aux demandes de sa santé. Et ça le met en rogne, sérieusement. Il aurait envie de l'appeler, de lui dire qu'elle abuse. De peut-être aller chez elle pour s'assurer qu'elle est pas morte.
Il ne fait rien de tout ça.
Il respecte les distances qu'elle met entre eux parce que, si il ne comprend pas, il n'en reste pas moins qu'il n'a pas envie d'overstep là où ses pieds créeraient un fossé entre eux. Et si le fossé était déjà creusé, alors il ne chercherait pas à le sauter. Il avait depuis longtemps abandonné l'idée d'aller chercher par la main les gens qui ne l'estimaient plus.

Il vient de se réveiller, presque, d'une sieste sans rêve quand la voix de Gaia parvient à ses oreilles. Les sourcils se haussent en même temps qu'il se redresse sur son matelas, ayant presque cru halluciner la voix de son amie. Mais il se lève, traverse la pièce, ouvre grand la porte et a le souffle coupé de la voir, là, dans l'ombre de son couloir. Et l'ombre, pour la première fois de sa vie, semble lui aller comme une seconde peau. Elle l'acclame, l'enveloppe. Elle fait d'elle quelqu'un sur qui il n'avait jusqu'alors jamais ouvert les yeux. « Hi- » Mais elle se glisse dans sa chambre sans plus de commentaire. Ne le touche pas. L'évite, même. Et il se demande ce qui lui vaut ce traitement, en quel honneur évite-t-elle tant de ne serait-ce que le frôler. Elle pleure, Gaia. L'eau perle son joli minois, et il se retrouve bien incapable d'en dire quoi que ce soit, bouche bée face à ce changement de comportement qu'il ne comprend pas bien. Il fait un pas en avant, alors qu'elle avoue que quelque chose s'est passé. Et son exclamation le fige, les doigts cherchant à retrouver la peau de la jeune fille se figent dans les airs, les yeux s'ouvrent tous grands. « Gaia, what- What's happening? » Mais il n'a pas besoin d'en demander beaucoup plus que la réponse lui vient en actions plus qu'en mots. Les dents lui poussent. Les crocs, les mêmes que ceux qui ont percé sa peau et manqué de le tuer transforment le visage de Gaia, et ses yeux s'écarquillent sous l'horreur. Sous la peur. C'est à son tour, d'avoir un mouvement de recul. A son tour, de sentir ses membres trembler sous la réalisation qu'il y a un vampire dans sa chambre.
Qu'il connaît le monstre qui se tient face à lui.
Et quelque part, il aurait envie de la rassurer. De dire que ce n'est rien. Mais la main, automatiquement, se porte à l'une des cicatrices de sa propre attaque dans son cou. Il reste là, immobile pendant quelques secondes, n'osant pas la quitter des yeux en voyant l'état dans lequel elle était. Le souffle se coupe sous ses supplications, et il se passe une main sur le visage. Les doigts tremblent. L'air, soudain, semble le faire suffoquer et il a un rire jaune qui perce le fond de la gorge. « First of all, I'm not approaching you. » Parce qu'elle l'effrayait. Ce qu'elle était devenue l'effrayait. La mort que son venin provoquait le terrorisait, même. Et il avait l'impression, là, d'être pris au piège. Car malgré tout, au fond, ne reste-t-elle pas son amie? Le choix de lui demander de mettre fin à ses jours à sa place... Oh, comme la colère gronde dans le fond de la poitrine. Sentiments en émois, c'est que cela fait éclater la voix : « How can you be so fucking selfish? Asking me to end you? » Il a un frisson d'effroi qui remonte le long de son dos. « You... I'm not becoming the monster. You'll stay one. You'll keep me out of it. I'm not killing anyone. I'll never be worse than those monsters. » Et on dirait presque qu'il ne sait plus s'arrêter à parler, fond de la voix tremblante. Il a envie d'en rajouter mais ça s'étouffe dans la gorge.

01.06.21 — @qiū zhilan
(tw suicide)

death with dignity

Elle l’invite à la détester autant qu’elle se déteste, et ça marche.
Sans doute un peu trop bien. Lorsque ses crocs lui extirpent un grincement de douleur et qu’elle presse ses doigts contre les dents acérées, dans l’espoir d’arrêter l’impossible, l’expression de Zhilan se mue, ou plutôt se ferme, se cadenasse, et le cœur de Gaia loupe un battement. Si son silence avait créé entre eux un fossé, en quelques secondes, elle en avait fait une tranchée si profonde qu’en s’y penchant, on pouvait presque deviner le centre de la Terre. Au-delà de la détestation, Zhilan lui offre en un regard toute la peur, la terreur, la panique que la vision de ce monstre lui fait éprouver. Il observe peut-être Gaia, mais il regarde surtout le monstre, les doigts pressés contre ses propres crocs, en tous cas la trace que ceux de l’inconnu avaient laissée. Gaia se dit qu’à quelques années près, ça aurait pu être elle, et à cette pensée, elle a envie de mourir plus encore.
Elle ne sait pas ce qu’elle espérait, en venant le voir, lui ; enfin, si, elle savait, mais elle n’avait pas pu anticiper complètement sa réaction. Elle-même ne s’en était pas remise, de cette chute du haut de la falaise, de cette descente aux Enfers. Déjà quelques jours qu’elle est devenue un monstre, mais pour elle c’est comme si c’était hier. Son corps lui-même ne parvient pas encore à se sortir de la douleur de la transformation. Son cœur n’a même pas essayé, il préférerait largement l’abandon. C’est précisément pour ça, qu’elle est là. “First of all, I'm not approaching you.” Son rire ironique et funeste s’écrase contre ses tempes et ses propres traits s’étirent en vision d’horreur. Pourtant c’est bien ce qu’elle lui a demandé, au fond ; pourtant quand elle croise son regard, c’est bien le miroir du sien qu’elle y voit. Un regard fait de peur et de haine, d’aversion et d’appréhension.
Elle l’a invité à la détester autant qu’elle se déteste, et ça a marché.
Mais Zhilan se refuse à l’aider comme elle le voudrait, la voix qui gronde, masque la peur par une colère sourde, qui fait trembler la suisei-ka, fait dévaler plus vite les larmes sur ses joues. “How can you be so fucking selfish? Asking me to end you?” Elle le regarde toujours, interdite, déboussolée. Ne comprend-il pas qu’elle n’a pas le choix ? Qu’il est le seul à pouvoir comprendre, le seul à pouvoir l’aider ? “You... I'm not becoming the monster. You'll stay one. You'll keep me out of it. I'm not killing anyone. I'll never be worse than those monsters.” Gaia se stoppe, en apnée, le cœur en perdition. Les mots repassent en boucle, même une fois que Zhilan a terminé de vociférer. the monster. You’ll stay one. You’ll keep me out of it.
Elle tombe au sol dans un fracas silencieux, le corps qui se recroqueville sur lui-même. On a l’impression de voir un enfant, une silhouette chétive qui sort à peine du berceau, qui ne sait pas calmer ses larmes et dont le cœur ne supporte pas les montagnes russes. Sauf que Gaia est en plein manège, sur le point de dévaler la pente. En sanglots, elle balbutie ce qui doit n’avoir aucun sens, donne des explications que Zhilan n’a pas demandé, le cœur déchiré. “I asked him, to let me die, I said I’d rather die than be like this, but he didn’t listen, he didn’t…” Mais elle est bien incapable de terminer sa phrase, la voix qui se craquelle dans un hoquet de peur, de tristesse, remplacée par des sanglots que rien n’arrête. Elle n’a plus rien de monstrueux, recroquevillée dans ce minuscule coin de la pièce, à ne plus savoir quoi faire. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’a plus envie de faire partie de ce monde, mais que personne ne l’écoute et que tout le monde l’en empêche. “I don’t know what to do… I-I just want to die…” Ce ne sont plus que des murmures, elle n’est même pas sûre que Zhilan l’entende ; et si c’est le cas, elle n’est pas sûre non plus qu’il en ait quelque chose à faire. Après tout, désormais, elle est des leurs.

01.06.21 — @gaia belacqua
(tw suicide)

death with dignity

Elle est si petite, Gaia, là, recroquevillée sur le sol. Et pendant une fraction de secondes, il a l'impression de se revoir lui-même : à l'agonie, à même le sol, la morsure faisant déjà son effet dans son organisme sans pour autant parvenir à le transformer. Pas entièrement. Venin ne sachant pas s'il devait tuer ou transformer. Et quelque part, il avait aussi espéré que ça en finisse. Car la douleur avait été affreuse. Car même en boule, à serrer toute partie de son corps qui le faisait souffrir (absolument chaque parcelle de peau, chaque muscle, chaque os), à s'écorcher les doigts sur le goudron, il avait eu envie de mourir sur le coup. C'était trop affreux. Trop intense. C'était la sensation que le cœur se serrait à en étouffer sans jamais offrir la sentence finale. Gaia avait-elle espéré que Zhilan lui offre son dernier souffle? Qu'il soit celui qui offre la libération après toutes ces supplications qu'on lui avait refusé? Il avait réclamé une fin et personne ne la lui avait offerte. Elle reproduisait ce même schéma. Et il ne savait pas si ça le blessait ou si ça lui faisait de la peine. Si ça le terrifiait. « I don't care. » Qu'il lâche. Et ça sonne insensible. Ca sonne froid. Il le sait. Et il n'a jamais été comme ça envers son amie, mais la goutte fait tout déborder. Et il tremble, lorsqu'il se plaque contre le mur comme si cela les éloignerait suffisamment. Mais çe na sera jamais assez. Et il le sait. « It won't change anything. I won't kill you, whatever you tell me. I won't. » Car il n'en aurait jamais le cœur. Car il ne serait pas le même meurtrier qu'ils pouvaient être.

Un bon ami murmurerait qu'elle ne devrait pas en venir à de tels extrêmes. Un bon ami prendrait Gaia dans ses bras sans craintes, confiance aveugle en elle pour la bercer, la dorloter. La rassurer. Et peut-être que Zhilan en est un mauvais. Car il ne fait rien, sinon la regarder, pétrifié. Sans savoir quoi faire, lui non plus. Mais il ne veut plus la voir, là, sur le sol de sa chambre, à geindre sur ce qu'elle est quand lui a failli y passer, après une telle morsure. « I often wish I died that day, too. » Et il grimace, les dents grincent et le regard se fait mauvais sur la forme qui laisse les larmes couleur sur son parquet. « But you survived. » Et ça sonne autant comme un reproche que de la jalousie. Peut-être s'agit-il d'incompréhension. Elle, elle avait survécu. Elle, son corps avait la capacité de l'accepter. Lui, risquait encore de mourir des crocs qui s'étaient plantés dans son corps quelques années auparavant. Qui avaient laissé des traces partout sur sa chair. Partout où il avait tenté de le dévorer. Zhilan espérait parfois que le monstre avait sur son derme, lui aussi, les traces de ses attaques sur le corps. Et dans un mouvement lent, Zhilan finit par pointer sa porte du doigt. « Get out. » Qu'il murmure dans un tremblement. « Don't come again. »

01.06.21 — @qiū zhilan
(tw suicide)

death with dignity

Peu à peu, la corde se détend ; à force de tirer, d’exercer une trop forte pression, on la sent sur le point de lâcher. Et ce ne sera plus la peine de la chercher, les deux morceaux seront projetés aux deux extrémités du monde, incapables de se retrouver. Tendus dans le vide, sans leur moitié, à toujours courir après l’autre, en vain. Recroquevillée, les larmes qui dévalent ses joues et les yeux qui se perdent sur le sol d’une chambre soudain devenue très hostile, Gaia n’aperçoit ni la corde, ni la tension qui s’apprête à la fractionner en deux. Elle se contente de supplier pour un service que Zhilan ne lui rendra pas, ne réalisant pas ce que sa demande et sa nouvelle condition allaient avoir comme conséquences. Elle ne saisit pas, à cet instant, qu’elle signe peut-être leur fin, à défaut d’enfin signer la sienne, comme ce qu’elle désirerait. Pour le moment, Zhilan lui offre sa froideur et son indifférence, que Gaia reçoit avec douleur, continuant tout de même à espérer qu’il change d’avis, qu’il s’adoucisse.
Elle ne sait pas, que la corde s’est déjà tellement distendue que rien ne semble pouvoir la réparer. “I don't care. It won't change anything. I won't kill you, whatever you tell me. I won’t.” Elle relève un peu les yeux pour croiser les siens ; remarque qu’il s’est appuyé plus encore contre le mur, comme s'il cherchait à augmenter la distance entre eux, sans pouvoir passer à travers le mur. Et elle s’en veut. S’en veut d’être venue, de l’avoir revu, alors qu’elle se sait être un danger pour lui, qu’elle sait ce qu’il pensait des monstres de son espèce. “I often wish I died that day, too. But you survived.” Et dans sa voix, ça sonne comme l’ultime reproche. Gaia est bien d’accord, le rejoint dans cette détestation d’elle-même ; oui, elle a survécu, mais c’est précisément pour ça qu’elle lui demande de l’aide pour en finir. Oui, elle a survécu, mais son corps s’en remet à peine, encore marqué par la douleur de la transformation, encore traumatisé de l’événement. Elle n’avait pas seulement été transformée, ce soir-là ; elle avait failli mourir, d’abord, poignardée pour un téléphone à la con, poignardée simplement parce que, pour une fois, elle avait dit non. Mais ça, il ne le sait pas. Il ne peut pas le savoir, parce que Gaia ne lui a pas expliqué ce qui s’est passé, et désormais elle sent bien que ça ne servirait à rien. Que dans les yeux de Zhilan, hostiles et inhospitaliers, il n’y a plus de place pour rien, seulement la haine qu’elle lui a elle-même transmis.
“Get out. Don't come again.” Gaia le regarde, interdite, complètement bloquée. Elle voudrait qu’il répète, pas sûre d’avoir entendu (elle préfèrerait ne pas l’être). Elle voudrait qu'il se taise, qu’il arrête, qu’il change d’avis. Elle voudrait que la corde ne se soit jamais déchirée, parce qu’elle prend brutalement conscience que Zhilan n’est plus de l’autre côté.
Mais elle ne peut qu’accepter, le cœur en mille morceaux et les sanglots arrêtés sous le choc. Il n’y a pas d’autre solution, parce que Gaia n’est plus la même et ne le sera plus jamais. Maudite, monstrueuse, dangereuse, elle ne peut qu’accepter la sentence. Alors, en silence et les bras pressés contre sa poitrine, Gaia part en courant et quitte sa chambre, l’appartement,
sa vie.
Dit adieu à cette amitié à contre-cœur, tellement abattue que le sien batte encore.