wherever you stray, i follow (shota)

Shota lui avait fait de la peine. « Je n’irais pas au gala parce que j’ai personne pour y aller avec moi mais amuse-toi bien, Senpai ^w^ » avait suffi pour que Tianyi change d’avis et délaisse le cavalier qu’il avait choisi au hasard parmi ses contacts (celui-ci lui avait envoyé des messages remplis de choc consterné mais Tianyi l’avait mis en sourdine). Il se disait, le pauvre, Shota n’avait jamais fait un seul gala de sa vie, il méritait de voir ce que c’était, quand même… Mais pour ça, Tianyi lui avait fait promettre de respecter plusieurs règles pour que la soirée se passe correctement. Un, ne jamais quitter son champ de vision. Deux, toujours rester à moins de cinq mètres de lui. Trois, ne pas boire les bouteilles directement au goulot. Quatre, ne pas faire de grabuge. Cinq, ne pas parler aux inconnus. Six, suivre Tianyi et c’était tout. Shota avait vivement acquiescé de la tête, tout content, étoiles dans les yeux, mais Tianyi ne s’était pas senti plus rassuré que ça. Par mesure de sécurité, il avait glissé un petit objet dans la poche de Shota, qui permettrait à Tianyi de le localiser si jamais il se perdait. Shota était trop innocent, il ne fallait pas que sa pureté ne le quitte un jour… mais il savait que, petit, il aurait adoré que quelqu’un l’accompagne pour lui faire découvrir les merveilles du monde. Chaque année, Tianyi allait au gala pour finir dans le lit d’un inconnu mais cette année, il se contenterait de ramener calmement Shota chez lui et de s’assurer qu’il dormait avant de partir. De toute manière, s’occuper de Shota lui permettrait d’occuper son propre esprit, aussi. S’il ne pensait plus à Akito ou Tomoe parce qu’il était occupé à surveiller derrière Shota, c’était déjà ça. D’ailleurs, ils allaient sûrement venir tous les deux ensemble, et Tianyi priait de tout son cœur qu’il ne les croise pas de toute la soirée. Il y aurait du monde, ils n’étaient pas obligés de se croiser. Il valait mieux, en tout cas, si les organisateurs ne voulaient pas que la soirée se finisse en bain de sang.

« Tu te souviens des règles ? Répète-les moi. » Ils étaient debout, à l’entrée, Tianyi s’assurant que la grande perche l’écouterait toute la soirée. « Prends ma main, maintenant, et ne la lâche jamais. C’est la septième règle. » Il tendit sa paume à Shota pour que celui-ci la prenne. Tianyi n’était même pas embarrassé de ça, il se souvenait simplement du désastre il y a quelques jours quand Shota l’avait suivi dans une boîte de nuit (malheur, quelle soirée du malheur). Shota semblait désormais au courant de ce qui tracassait Tianyi, mais tous deux n’en avaient pas reparlé (parce que Tianyi n’avait pas envie d’en parler, surtout). Shota prit sa main et alors que Tianyi s’avançait, il sentit que Shota entrelaça leurs mains. Tianyi lui jeta un regard noir. « Ce n’était pas nécessaire. » Mais il ne fit pas l’effort contraire de délier leurs mains, et ils s’engouffrèrent à l’intérieur, Tianyi serrant légèrement la main de Shota pour s’assurer qu’il ne disparaîtrait pas.

L’intérieur était obscur et Tianyi se dit qu’il avait vraiment bien fait de prendre la main de Shota car s’il ne l’avait pas fait, il l’aurait déjà perdu. On les accueillit avec des roses et il en prit une, Shota faisant de même. « C’est la première fois que tu vois une rose ou quoi ? » dit-il d’un ton sarcastique, mais s’amusant intérieurement des yeux brillants de Shota. Puis ils arrivèrent dans le hall et Tianyi espéra ne pas croiser un seul visage connu.  Il ne s'attarda pas sur la beauté du lieu, immunisé à ce genre de choses, car ça ne l'intéressait pas. « Dis-moi ce que tu veux faire, maintenant. Et vite, j'ai pas ton temps. » Tianyi ne le disait pas, mais il était tout aussi perdu que Shota pour les choses à faire : après tout, lui, normalement, il se contentait d’aller draguer des hommes et la soirée s’écoulait comme ça. Il ne cherchait pas à faire plaisir à un gamin qui découvrait ce qu’était un gala.

l'amour, c'était un concept flou. contrée inexplorée par le garçon. l'amour était comme une immense vallée aux fleurs aux milles couleurs. le vent y était doux et le soleil brûlant. et quand la nuit tombait dans l'immensité de ce ciel, alors la voie lactée se teintait d'or liquide, celui des étoiles filantes montrant le chemin aux amants qui se sont choisis. shota n'y avait jamais mis un seul pas, il n'avait même pas osé imaginer les couleurs de ce tableau inconnu. non, shota n'avait jamais pu sentir les papillons s'envoler au creux de son ventre, ou bien encore les prémices des premiers bourgeons éclore les fleurs dans son abdomen. en revanche il avait connu les rayons perçants le noir de son coeur par le soleil de tianyi, il avait aussi entendu les mélodies du bonheur de milo, ainsi que la douce ballade de rédemption d'akito. et toutes ces choses avaient réchauffé son coeur esseulé d'une petite flamme vacillante qui ne faisait que grandir et grandir encore quand sa main était dans la sienne. huang tianyi, ce n'était pas de l'amour non mais de l'adoration pure, une sorte de fascination débordante, peut-être légèrement envahissante.  huang tianyi détenait dans ces mains les pièces de son puzzle qu'il avait lui-même confié après l'avoir mélangé. c'est donc  machinalement que shota vint entrelacer ses doigts dans ceux de son ami d'un sourire éclatant. il découvrait le bonheur à ses côtés, celui d'être accepté, alors quand ses doigts fins rencontraient les siens tout prenait sens, oui tout était parfaitement à sa place.  la septième règle, lui montrait un chemin pavé vers cette vallée inconnue.   jamais il ne lâcherait sa main.
((pourtant))

shota écoutait tianyi avec la plus grande attention car après tout, ce n'était pas vraiment son monde. tianyi dégageait ses barrières et faisait tomber toutes les barricades qu'il avait érigé aux portes de son coeur trop blessé, trop déçu. il enfonçait les portes qu'il avait verrouillé sans même s'en rendre compte, de peur d'être pointé du doigt à l'instant même où ses pas le mèneraient vers l'inconnu.
le silence au bord des lèvres, il acquiesçait et avait-il montré dans la tête de son sauveur les règles qu'il lui avait énoncé un peu plus tôt. et au début tout était merveilleux. les roses, le décor, tout était beau à ses côtés. il était émerveillé baigné dans la lumière de tianyi. mais  le stress emportant ses mots au sommet de ses barricades, là où il ne pouvait pas grimper sans tomber dans le vide. il en avait encore trop peur.  se refusant toute négativité sa glotte se contractait en silence et le garçon venait simplement serrer cette main qui l'emmenait vers l'inconnu. ignorant alors les battements irréguliers de son coeur, cacophonie désagréable, il suivait tianyi mais plus ses pas s'engouffraient dans ce vide, plus les papillons cessaient leur danse, jusqu'à s'éteindre et retomber loin dans son ventre. ses sourcils se fronçaient légèrement. il y avait du bruit, de la musique, énormément de gens. ils étaient beaux, heureux, amoureux. mais que faisait-il là ? et pourquoi avec huang tianyi ? faisait-il pitié au point de l'importuner ce soir sachant que son esprit et son coeur était habité par d'autres. il étaient 2 dans cette vallée, il l'avait vu. il avait aussi vu que parfois c'était le ciel qui tombait plutôt que les étoiles, et qu'il ne faisait pas toujours beau chez lui.

les pensées filaient et défilaient dans son esprit lorsqu'il voyait les autres, et qu'il s'apercevait lui-même dans le reflet des vitres. tianyi était gentil, il était son tout. mais jamais n'avait-il voulu l'importuner, et ce soir il n'entendait seulement que le brouhaha de son coeur. tristement shota aurait voulu démêler tous ses noeuds, mais il était finalement impuissant, même perdant face à tout ça et la vérité éclatait comme un ballon à ses yeux lorsqu'ils regardaient leur deux corps liés par cette promesse. tianyi ne devait pas être vu.. pas avec lui.  shota ne récoltait que les malheurs non les fleurs. shota ne provoquait que le rire jamais l'admiration. alors huang tianyi ne  devait pas être vu avec lui.

parce qu'il l'adorait,
parce qu'il lui montrait une petit bout de sa vallée,
peut-être que la 7ème règle il devait la briser.
juste pour lui, le protéger .

nerveux, shota vint couper le contact. il regarda à sa droite et à sa gauche pour une porte de sortie, tout était flou, trop de monde, trop d'ennemis, et trop de rire qu'il entendait malgré lui.
il s'inclina devant son soleil, car il était aveuglé, dépassé. ses lippes viennent seulement s'écraser avec douleur quand il murmura simplement. «désolé» avant que ses pas fassent machine arrière, l'amenant vers les toilettes fermant à nouveau la porte, barricadant son coeur de p e u r.

Maladroitement, Tianyi fit avec Shota le tour du gala, faisant un commentaire sur chaque activité qu’il voyait, comme s’il était son guide touristique personnel. Ça, c’est le buffet. Tu peux te servir, mais à bon escient. Ce coin-là, il faut l’éviter, sinon tu te retrouves à danser avec un inconnu. Le bar est là, si tu veux de l’alcool, mais je ne t’y emmènerais pas. Peut-être était-ce la première fois que Tianyi parlait autant, surtout pour parler de choses aussi futiles que les différents lieux d’un gala… mais tant que sa main serrait bien celle de Shota, tout allait bien, au fond.
Il en avait oublié de vérifier qu’il allait bien.
La chaleur quitta sa main et Tianyi se tourna immédiatement vers Shota, qui s’inclinait déjà, murmurant un mot qu’il n’entendit pas mais comprit malgré tout, parce qu’il était habitué à le lire sur les lèvres de Shota. Désolé.
Et le voilà disparu, et Tianyi leva les yeux au ciel. Pourquoi est-ce qu’il avait accepté de venir avec Shota, déjà ? Pourquoi l’avait-il amené ici ? Il savait pourtant que ce n’était pas une bonne idée, il aurait dû venir avec un garçon au hasard pour finir dans son lit sans se souvenir de son visage, pour oublier Akito, pour oublier Tomoe, oublier son propre cœur. Shota, c’était un éternel rappel que Tianyi n’était pas dénué d’un cœur et ça, ça faisait mal. Il aurait aimé être un monstre, mais Shota l’empêchait d’en être un.
Alors, à contre-coeur, il se dépêcha de suivre Shota jusqu’à l’endroit où ses pas l’avaient guidé : les toilettes. La porte barricadée, Tianyi lâcha un soupir et frappa à la porte. « Shota. Ouvre cette porte. » Il réitéra les coups à la porte, cette fois plus forts. « Shota. Ouvre cette porte avant que je ne m’énerve. » Frappa encore. « Tu veux autant me voir défoncer cette porte, c’est ça ? » Sceau magique déposé sur les serrures pour les rendre difficiles à détruire avec la magie, Tianyi supposait qu’il devait y aller à l’ancienne : en détruisant la porte elle-même, tout simplement. Mais s’il faisait ça, il gâcherait la soirée de Shota en les faisant être expulsés tous les deux. Tianyi soupira lourdement et se retourna, collant son dos à la porte, croisant les bras. « Pourquoi tu t’enfermes ? Ça te plaît pas le gala, finalement ? Autant me le dire, qu’on parte tout de suite. » Il fronça les sourcils. « À moins que ça soit autre chose ? » Et si Shota n’avait pas envie de passer la soirée avec lui, finalement ? La pensée jeta un froid dans sa poitrine, mais il devait admettre que c’était plausible. Peut-être que Shota voulait simplement que Tianyi le laisse tranquille. Il souffla du nez, agacé. « Tu veux que je te laisse seul ? Pour que tu finisses drogué et à la merci de tous ces gars dangereux qui traînent dans des fêtes comme celles-ci ? » Shota ne répondit pas, comme toujours. « C’est ce que tu veux, Shota ? » Tu ne veux plus de moi ? Il laissa passer un silence avant de frapper sur la porte d’un coup sec, colère froide. « Désolé de te l’apprendre, mais on n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Je ne te quitterai pas d’une semelle. » Même si Shota ne voulait plus de lui, Tianyi ne se laisserait pas faire. Il ne laisserait pas Shota finir comme lui. « Sors de là tout de suite ou je détruis cette porte. »