Strike me if you can (senri)

20 heures et des brouettes dans le quartier où le soleil ne se lève jamais. Andrea raccroche enfin de son téléphone, conversation avec la mère Davis qui lui demande comment se sont passées ses vacances en Italie. Incroyables, parfaites, d’autant plus qu’il était bien accompagné. Tellement bien qu’il promet à sa mère de l’emmener avec lui la prochaine fois.
Mais désormais ses pensées ont quitté la Toscane. Le voilà qui descend un escalier interminable pour se rendre dans une salle de bowling où pas mal de personnes sont déjà en train de jouer. Piste 1 prise, piste 2 aussi. Piste 3, pareille. La musique est moins forte qu’à l’accoutumée mais un panneau lévitant dans la salle indique que l’établissement fermera ses portes après 22 heures. Wow. Des propriétaires courageux.

Après avoir cherché ses amis du regard, Andrea jette un coup d’oeil à leur conversation groupée et lit une vingtaine de messages non lus, indiquant qu’ils seront tous en retard. A croire qu’ils s’étaient donné le mot. Il souffle et répond un simple “Ok” sans prétention. Tant pis, il s’offrira une partie tout seul en attendant. Après avoir réservé une piste et donné la somme qu’il faut au comptoir, Il trempe ses Air Force dans un liquide ensorcelé qui permet au joueur de ne pas avoir à troquer ses baskets contre des chaussures affreuses de bowling. (Bien évidemment, cette option ajoute un coût en plus à la partie, mais pour le bien de son look, Andrea n’était pas à quelques dama près).

Arrivé sur sa piste réservée, l’Anglais se stoppe soudainement. “Toi ? Ici ?”  S’il y avait bien une personne qu’il ne s’attendait pas à voir ici, c’était bien elle, Senri. Il hausse un sourcil puis regarde derrière elle. Près de la jeune femme, se trouve un type. Pas moche, mais pas beau non plus, du moins d’après lui. Est-ce que c’était son mec ? ça l’aurait arrangé de la croiser en compagnie de Taizo, il aurait pu se fournir et se faire une partie avec eux. “Comment ça va depuis euh...juin je crois c'est ça ? C’est dommage que tu sois prise je t’aurai bien défié une nouvelle fois” Petit clin d’oeil adressé à la brune alors que face à lui apparaît la pinte de limonade préalablement commandée.

C’est peut-être ça, l’enfer - coincée le cul sur un siège en plastique moulé à se farcir une soupe électro aux voix de hamsters sous K et une ambiance de cirque pour enfants sous des lumières aveuglantes aux couleurs criardes. À siroter un vin rouge blasphématoire clairement resté trop longtemps dans un frigo, fagotée dans une robe, à écouter ce mec lui mansplain toutes ses meilleures stratégies pour gagner au bowling. Il croit peut-être l’impressionner, mais jusque là, c’était surtout une stratégie de type nettoyage de gouttière. Senri se contente de hocher la tête avec un sourire poli de godiche, mais intérieurement, elle bouillonne.

Par pitié, qu’on abrège ses souffrances. ll est nul à chier, mais Jean-Michel est tellement persuadé d’être un crack des boules en se regardant le nombril qu’il ne voit que du feu au manque de réactions de Senri, silencieuse, préférant se siffler des verres de pinard douteux plutôt que de jouer les mijaurées et feindre une quelconque admiration. Toujours pareil, ces types sur Elixir - elle s’attend jamais à rien de plus qu’un bon coup pour passer le temps, et elle est toujours déçue.

Toi ? Ici ?

Comment ça elle ici ? Senri se retourne sur son siège, verre à la main, pour trouver la trogne ahurie de Davis visiblement tout seul sur la piste d’à côté. Comment ça va depuis euh...juin je crois c'est ça ? C’est dommage que tu sois prise je t’aurai bien défié une nouvelle fois, raille Davis, et il n’a pas idée de l’immense perche qu’il vient de lui tendre pour sauver sa santé mentale. Senri se retourne un peu mieux pour se pencher vers Davis. Par pitié sors moi de là avant qu’il ne recommence sur sa théorie de la pose du flamant rose aérodynamique pour un strike assuré, souffle-t-elle avec une expression tout à fait sérieuse au gosse.

Son date semble capter qu’il n’a plus sa totale attention, et c’est maintenant ou jamais. Senri pose son verre sur la table et affiche son meilleur sourire faux-cul. Wilbur ! Toi ici ! C’est le destin ! Je ne t’ai pas vu depuis des ANNÉES - commence-t-elle d’une vois très forte et avec un jeu d’actrice relatif. Jiro-san, voici Wilbur, c’est mon neveu préféré, que je n’ai pas vu depuis que son père a décidé de déménager dans la Cordillère des Andes pour développer sa ferme à laine d’alpaga - un crève-coeur de nous voir Willy arraché de force à la famille mais les relations entre ma soeur et son ex-mari étaient compliquées depuis qu’elle a essayé de l’étouffer dans son sommeil - ma mère a toujours dit que c’était de famille… La tronche du type se décompose au fur et à mesure que Senri sort son baratin sans queue ni tête - et vite, c’est le moment d’asséner le coup final. Tu dis quoi, Willy ? Tu retournes au Pérou demain ?! fait-elle d’une voix de fausset en se penchant vers Davis comme si il avait prononcé le moindre mot. Fichtre ! Je suis DÉSOLÉE, Jiro-san, merci infiniment pour tous ces précieux conseils, mais je dois ABSOLUMENT passer ces dernières heures à jouer avec mon cher neveu avant qu’il ne disparaisse de nouv…

Elle n’a même pas le temps de finir sa phrase que le type acquiesce en silence, avant de s’éclipser en balbutiant quelque chose d’inaudible - confusion semée avec succès, enfin libre, purée. Senri laisse échapper un soupir de libération. Bordel, je tombe vraiment toujours sur des abrutis finis, commente-t-elle, avant de passer du côté de la piste de Davis, sans oublier son verre de vin. Je t’en dois une. On se le fait, ce match ? Ou t’attends des potes ?

“Sa théorie de Flamquoi ?” Pas le temps de répondre, tout va trop vite. C’est comme si en s’adressant à Senri il avait malencontreusement appuyé sur le bouton On sans pour autant trouver le bouton Off. Et la voilà partie dans une myriade d’excuses à mi-chemin entre la telenovela disponible sur witchflix et un début de fanfic vaseuse entre une jeune étudiante provenant d’amérique du sud et une superstar coréenne. “Wil…” Wilbur ?? Mais c’est moche Wilbur ? Elle ne pouvait pas plutôt l’appeler James ? ou Jack ? Et pourquoi pas Charlie ? ou Andrew pour aller plus vite ? Pourquoi Wilbur ? “Oh hum yeah hi ! Hola ! Nice to meet you ! Come stai ? Stai bene ?” Avec un peu de chance le gars dont Senri voulait se débarrasser n’allait pas voir la différence entre de l’espagnol et l’italien que Andrea venait tout juste d’apprendre après une dizaine de jours sur les terres méditerranéennes. Alors il est forcé de se prendre au jeu, un sourire totalement faux sur le visage -il y était habitué, grâce aux rares caméras qui se penchaient sur lui pendant des défaites-. “Enchanté Jiro-san !” Le voilà qu’il s’aventure dans un japonais en renforçant au maximum son accent ordinairement présent mais faible. “Oui oui je retourne bientôt au Pérou, Margarita va accoucher dans quelques jours ! Je passais rapidement au Japon pour les affaires !” Grand sourire, bien blanc et bien hypocrite. “Je suis dans le commerce de laine justement, avec mon père ! On vent un peu partout en amérique, et là on aimerait s’importer en Asie”


Senri applique une nouvelle couche de mensonges jusqu’à ce qu’elle soit enfin seule avec l’Anglais. “Sérieusement  ? Wilbur ? Andrew aurait fait l’affaire non?” peste-t-il, presque sérieusement, avant de boire une gorgée de sa limonade, comme s’il venait de recevoir le nom de son rôle pour une comédie musicale de Willy Tonka et les Alpagas.  C’était semblerait-il le pire mensonge qu’il ait dû improviser aussi vite et il se détestait presque d’avoir été à la fois aussi bon et aussi mauvais. “T’aurais juste pu lui dire que t’étais pas interessé par ses explications de merde non ? A quoi ça sert de faire des films comme Barbie, si vous suivez pas ce que le film vous dit hein, la communication non ?” Est-ce qu’il était mal placé pour parler ? Peut-être oui, car il n’était pas un très bon exemple pour la lutte anti mansplain,mais en tout cas il savait une chose, il avait presque pitié de la manière dont ce type s’était fait jeter. Solidarité masculine oblige. Une autre chose était sûre, Andrea ne se risquerait pas à expliquer quoi que ce soit à Senri à moins qu’elle le lui demande d’elle-même. “Eh ouais j’ai des potes qui vont arriver mais pas maintenant, y a moyen qu’ils annulent toute façon donc je suis chaud pour une partie !”

Alors sur la tablette près de la piste, Andrea en profite pour ajouter un joueur et modifier leurs deux noms. “Wilbur vs Jiro-San" paaaarfait.

Le stargazer attrape quelques boules, choisit celle qui convient le mieux à sa main gauche, et il se met en place pour tirer. "C'était ton premier date avec lui ? Je pensais que tu te tapais Taizo moi".

Nombre aléatoire (1,10) : 10

Davis capte vite la combine et rajoute une couche stupide sur les bobards idiots - ils sont absolument pas crédibles, mais passent visiblement suffisamment pour des fous pour que le type décide de leur laisser de l’air. Margarita ?! raille Senri alors que Davis s’offusque du prénom qu’elle lui a attribué dans son histoire rocambolesque. Je sais pas, j’ai paniqué, réplique-t-elle, à moitié sérieuse - ça lui paraît nettement plus drôle de partir sur un faux nom aussi ridicule que possible.

Senri se décale du côté de Davis, libérée de son boulet - le môme semble pas saisir le pourquoi de ses combines pour fuir. Andrea, si tu savais ce à quoi on est confrontées lorsque les hommes ne semblent pas savoir prendre un “non” comme une réponse valable… c’est un réflexe de survie, commence-t-elle, comme si elle s’apprêtait à lui livre son plus grand secret avec un soupir dramatique - d’un ton peut-être excessivement dramatique, mais avec un fond tout à fait sérieux. L’expérience et sa tendance à attirer les types les plus ridicules l’ont tristement menée à la conclusion qu’inspirer une confusion extrême ou même la peur était souvent sa seule véritable porte de sortie pour éloigner les forceurs. Je comptais clairement pas le rappeler, autant qu’il rentre chez lui en se disant qu’il a évité une tarée et pourra vivre un jour de plus sur cette Terre, ajoute-t-elle en haussant les épaules avec un haussement de sourcils amusé.

Davis la suit sans trop hésiter dans son offre de match - garanti plus intéressant qu’écouter l’autre parler pour le restant de ses jours. Jiro-san, c’est moi, fait-elle avec un ricanement, je t’ai déjà parlé de ma technique secrète du Flamant rose aérodynamique ? Descend son verre de piquette d’une traite en se levant pour virer ses talons et jouer pieds nus, alors que le rose lui monte lentement aux joues à chaque verre supplémentaire.

Elle laisse l’honneur au cadet, mais elle s’attendait à tout sauf à ce qu’il lui sort de but en blanc, qui lui fait presque s’étouffer sur sa vinasse. Et je te demande si tu te tapes ta pote starlette, moi ?! réplique-t-elle sans filtre. C’est quel genre de question, ça ? Je l’ai chopé sur Elixir, mais je sais pas pourquoi je m’acharne sur cette app de mort, y’a que des types éclatés au sol, grommelle-t-elle avec un soupir. Et là, elle peut s’estimer heureuse de s’en être débarrassée tôt - lorsque les tue-l’amour se dévoilent dans un contexte plus privé, la gênance est toujours multipliée par dix, bien que Taizo soit toujours un très bon élément pour chasser les squatteurs fissa.

Taizo. Taizo ?! Senri secoue la tête. À défaut de savoir quoi faire des visions que Davis lui insuffle avec ses conneries, elle lui fait signe de jouer au lieu de parler. Il strike, en plus. Ha ! C’est la chance du débutant ça. Sauf si t’es un disciple du Flamant Rose et que toi aussi t’as percé tous les secrets du Grand Piaf Esprit des Boules, baragouine Senri, peut-être un peu pompette d’avoir noyé son ennui dans la piquette.

Elle saisit alors une boule à son tour, pour essayer de la lancer correctement, alors que l’alcool a peut-être un peu raison de sa trajectoire.

Nombre aléatoire (1,10) : 5

“Oui Margarita qu’est-ce qu’il y a ?! Pour le coup c’était vraiment son nom ! Sauf qu’elle était fin elle est toujours, Chilienne, et pas Péruvienne” ajoute le jeune homme en haussant les épaules, comme si des justifications étaient obligatoires. Ah Margarita, il ne l'avait pas oublié. Enfin si. Si. Il l’avait oublié car maintenant il n’y avait dans l’esprit du garçon que les beaux yeux de mademoiselle Hanaoka, mais Margarita restait toutefois un joli souvenir qu’il évoquait seulement lorsque l’idole n’était pas là, histoire d’être un minimum respectueux. La vérité est qu'il aurait aimé pouvoir en parler en sa présence, et qu’en tant que meilleurs amis ils auraient pu le faire; à une chose près : ils étaient désormais un peu plus que des meilleurs amis.

C’est d’ailleurs elle que Senri mentionne en réponse à la question indiscrète du gringalet. “What ?” s’exclame-t-il machinalement, en Anglais. “Ew non ! Non, on est juste de très bons amis. Fin on est littéralement meilleurs amis quoi.” Et au moment où il prononce les deux derniers mots, ce sont des flashs de lui-même et de Somi se bécotant à chaque coin de ruelles, qu’elles soient romaines, florentines ou encore napolitaines, même les milanaises y avaient eu le droit. C’est ça, ils étaient des meilleurs amis. Des meilleurs amis qui s’embrassaient, mais ça, elle n’avait pas besoin de le savoir. Alors le bouclé change de sujet, et se concentre sur le nouveau but de leur soirée : jouer. “Ouais c’est pas ouf Elixir, t’as qu’à aller voir une sogaka, elle t’indiquera peut-être où chercher. Moi ça m’a aidé fut un temps” Entre deux conseils, Andrea lance sa boule avec entrain et conviction, de telle sorte qu’il marque un strike dès le début de la partie.

“Eh beh ! Si j’avais su que j’avais une main gauche habile ça m’aurait évité certaines tendinites” lance le gamin en attrapant sa pinte. Il regarde Senri jouer et grimace face au résultat. “Ouais pas ouf ta technique de Flamant rose là, mais je dirai rien sinon on va encore m’accuser de mansplain, ça doit être la malchance du débutant dans ton cas” il hausse les épaules en esquissant un petit sourire, repensant aux nombreuses fois où Somi lui avait fait comprendre qu’il n’avait pas besoin de ces explications -qu’il jugeait pourtant très utiles-.

“Bon du coup Madame la Journaliste, t’as des nouvelles sur les disparitions là ?” Ses doigts en profitent pour récupérer sa boule de prédilection, puis il se met en place. “Tu sais si le couvre feu va bientôt sauter ? Pas que les émissions sur les criminels m'intéressent mais si je pouvais avoir le droit de fumer ma clope à minuit dans la rue sans qu’on m’arrête ça serait cool quand même. Déjà qu’en journée ça aime trop nous fliquer, mais alors la nuit…” Andrea tente une nouvelle fois de sa main gauche, espérant que la boule ne finira pas sa course dans la gouttière.

Nombre aléatoire (0,10) : 9

La contre-attaque de Senri face aux questions indiscrètes de Davis fait mouche ; le gosse est désarçonné et réagit sans attendre avec confusion. L’exclamation de dégoût, cela dit, même Senri se serait pas permise - et maintenant qu’elle y pense, c’est encore pire, dans son crâne embrumé par le mauvais vin, alors que les voix dans sa tête se réveillent pour raconter toutes les merdes auxquelles elles peuvent penser - taizo, sma- oh, ta gueule ! - sous l’effet de la suggestion. Davis rétablit les choses et Senri hoche la tête avec lui. Bah ouais, tout pareil, réplique-t-elle comme pour prouver son point et tomber d’accord sur les statuts de leurs BFF respectifs, tendant son poing à taper sur celui de son adversaire du soir (narrateur : que les Fondateurs préservent cette femme d’un quelconque réflexe télépathique à ce moment précis)

Le conseil de Davis lui arrache un sourire amusé, cela dit. T’as été voir une sōgaka pour savoir qui ken ? répète-t-elle, l’air goguenard. T’as secrètement cinquante-cinq ans et une technique en béton contre les rides ou comment ça se passe ? C’est des bails de gros daron, ça - et pendant une seconde, l’éventualité de sa mère la coincant dans un omiai pété avec un idiot de Yamato si elle avait présenté un quelconque don particulier plus jeune lui file un frisson. Un peu trop réel pour être complètement ridicule. Et ça t’a aidé ? Ça se passe comment ? C’est comme un Qui-est-ce divinatoire ? Ça lui arrache un rire un peu pompette, cette image de la voyante éliminant les personnages avec un gros nez ou des lunettes en fonction de ce qu’elle sonde dans la tête de son client.

Le gosse semble être doué en bowling, mais Senri est déjà un poil trop éméchée pour trouver un truc intéressant à dire. Sa remarque graveleuse sur sa main lui arrache un ricanement - Andrea Davis a le chic de faire ressortir son côté ado pré-pubère stupide très facilement, faut croire. Non non, pas la technique du Flamant Rose, c’est bon, je l’ai déjà entendue trois fois, râle-t-elle d’un air excessivement dramatique, avant de faire un lancer désastreux pour son ouverture de score. C’est le vin, je tiens plus droit… peut-être que si je commande un shochu ça va pencher dans l’autre sens et ça finira par s’équilibrer, fait-elle avec un rire en revenant s’écrouler sur un siège, pieds nus - et commandant de nouvelles conso sans hésiter sur la tablette. Tu bois quoi ? Quel drôle de duo mal assorti, à descendre des verres dans un bowling qui ferme bientôt.

Le sujet devient vite sérieux, quand Davis remet inévitablement les actualités sur le tapis alors que Senri a déjà le nez dans son prochain verre. J’en sais rien, on a nos infos du ministère, on fait que relayer les communiqués, répond Senri (à sa surprise personnelle, étonnament sérieusement). C’est pas moi qui m’occupe de ça, ils savent que je zone un peu trop sur Tenchijima, donc ils ont foutu quelqu’un d’autre dessus. C’était clairement lui donner un peu trop de pouvoir pour prendre parti, et au vu du contexte, ce connard de Kitano a pas été assez con pour oublier ce détail. Si c’était à moi de rédiger ces trucs, je peux te dire que ça aurait pas été formulé comme ça, grommelle-t-elle. Et se serait sans doute fait virer pour avoir saboté les communiqués officiels du gouvernement avec ses opinions politico-sociales personnelles, en passant. Toutes les réponses téléphonnées puantes et délatoires du journal lui tournent dans la tête, ainsi que le commentaire de Taizo subtilement liké avec son compte personnel - taizo, smash - putain boucle-la et concentre-toi ! - qui avait tout résumé. Les flics nous disent rien, c’est pour ça que tout le monde s’excite et raconte de la merde en pointant du doigt ceux qui les arrangent. Ils sont occupés à jouer les petits fachos et pister les gens qui ont rien demandé pendant que Uminomiya a les pieds dans l’eau avec les inondations, et personne ne moufte. Elle se laisse peut-être un peu emporter, mais ça la touche plus que d’ordinaire - et une injustice qui s’avère toucher ceux qu’elle porte dans son coeur, ça la rend trois fois plus en colère. À part t’emmerder quand tu fumes ta clope, il t’es arrivé des bricoles ? À toi ou à des potes ? Elle sonde un peu, mais si elle peut flairer une brèche dans laquelle s’enfoncer pour que les autorités cessent d’encourager la délation et la xénophobie, Senri est toujours aux premières loges.

Et Davis marque 9 points supplémentaires, lui arrachant une nouvelle râlerie sans lâcher sa bouteille de soju. Oh, mais sérieux, reconvertis-toi dans les boules, mec, fais quelque chose ! s’exclame-t-elle, avant de prendre son tour également, d’une démarche quelque peu alcoolisée. Par le Saint Esprit du Flamant Rose…

Nombre aléatoire (0,10) : 2

“Mais t’es conne ou quoi ?” s’abstient-il de demander lorsque Senri lui fait une remarque sur les voyants. Est-ce qu’il la juge ? Ouais, il la juge, et sacrément même. Sourcil levé il la laisse poser ses questions puis en profite pour s’offrir une gorgée de limonade bien fraîche. “Encore heureux que j’ai pas besoin de sogaka pour ken mais juste, je sais pas, tu lui demandes un peu quelles sont les prévisions pour ton futur, et peut-être qu’entre deux tasses de thé  et trois cartes de tarot elle te dira que t’as des chances de faire des rencontres dans x ou y endroits.” Il hausse les épaules sans savoir quoi dire d’autres. “Après t’as celles qui lisent dans les lignes de ta main. C’est ce que je suis allé voir et là elle a commencé à me raconter ma vie sur ma carrière blabla et ma vie sentimentale. C’est peut-être plus sympa à faire si tu veux t’assurer que tu finiras pas vieille fille à 50 ans avec 10 chats, au mieux t’y crois, au pire t’y crois pas, mais au moins tu sauras” ajoute-t-il avant de se concentrer sur le jeu. Et son tir est plutôt bon, même très bon.

Petite remarque pleine de sous-entendus qui ne tombe  pas dans l’oreille d’une sourde, au contraire, voilà qu’elle se marre pour rien, ce qui fait sourire le garçon, fier d’avoir pu faire rire une nouvelle personne -petite dose d’égo personnelle-. Alors c’est à son tour, et elle se foire plutôt bien. Et entre deux excuses bidons sur le fait que c’est la faute du vin si elle joue aussi mal il tente de reprendre une conversation sérieuse. Alors le gamin s’installe près de la journaliste et termine sa limonade. A la question “Tu bois quoi ?” Andrea hésite, il se ferait bien une bière mais il sait aussi qu’il doit se calmer sur tout type de consommation. Alors il se gratte la tête, zyeute le verre de vin de Senri puis se rappelle qu’elle est déjà un peu trop joyeuse. “Je vais me prendre un coca” fini-t-il par annoncer avant de poser une question à la jeune femme concernant le couvre-feu. Il écoute avec attention et hoche la tête, passant alors ses bras derrière sa tête pour mieux se laisser aller contre le sofa sur lequel il est installé.  

“Va y avoir des manifs c'est sûr, ils vont pas rester à rien foutre bien longtemps, puis merci non merci le couvre-feu à 22 heures là. Je suis sûr qu’ils cachent des trucs, c’est trop bizarre. Et sinon euh…ouais j’ai dû me faire arrêter 2-3 fois quand même. Ça depend les quartiers on va dire. Ça a beau être cosmopolite y a toujours des relous qui vont t’attraper à cause de ta tête mais bon je suis habitué avec le cosmoball….” Il se laisse une petite seconde de réflexion. “Du coup maintenant on fait les soirées en soum-soum. Désolé t’auras pas d’infos croustillantes sur les prochains plans, t’es journaliste, on peut pas te faire confiance !” il hausse légèrement les épaules puis se lève, lorsque c’est à son tour. Un joli 9 qu’il est fier d'afficher sur ses lèvres à l’aide d’un sourire. “Alors ça dit quoiii ?” Et bah dit ça : “Oh, mais sérieux, reconvertis-toi dans les boules, mec, fais quelque chose”  Andrea ricane puis secoue la tête, prêt à faire une blague bien vaseuse. “Nah désolé je préfère  vraiment les petites novas. mais j’y penserai la prochaine fois, sait-on jamais. Bon allez va jouer au lieu de me faire changer de bord là.” Il jette un coup d’oeil à sa démarche et ne peut s’empêcher de rire de nouveau.

“Ah ah putain 2 points seulement… t’es pas juste naze en fait, t'es genre archi-nulle ! T’es sûre que tu veux pas que je t’explique la technique ? Attends, laisse moi te donner mon tip." Il attrape la boule qui lui convient le mieux puis se met en position. “Tu prends ta boule, tu fixes un point, au niveau des quilles. Un peu comme si tu voulais viser entre les deux jambes de ton pire ennemi. En général tu vises celle du mili-oooy tu m’écoutes ?” Visiblement pas puisque lorsqu’il se retourne, elle a déjà son nez dans son verre de vin. “Okay l’alcolo” Tant pis pour elle. L'Anglais lance alors sa boule en espérant pouvoir marquer un second strike.

Lorsqu’il retourne s’asseoir il check son portable sur lequel il peut voir que ses amis ont finalement annulé la sortie. Tant pis.  Après avoir fini son coca, Andrea finit finalement par craquer et se commande à son tour un verre de vin. “D’ailleurs j’y pense, vous avez eu des explications pour ce qui s’est passé en février ? Fin je sais pas si tu te rappelles ou si t’as vécu ça, t'étais là ou pas ? mais…Au gala de la St-Val, j’ai vécu un truc trop bizarre, et je sais que j’étais pas le seul. Je me suis même retrouvé avec des écailles bizarres dans la main et tout. Bref. Parfois je me demande si ça a pas un rapport avec ce qui s’est passé dernièrement, les accidents tout ça ? Ou c’est peut-être la drogue cela dit. Enfin bref, tu ferais mieux d'aller jouer avant que je t’enlève toute dignité” finit-il par dire en souriant comme un roi. Et pendant qu’elle se prépare, il en profite pour mettre en route la video de son portable afin de filmer le prochain tir de la journaliste. “C’est pour l’envoyer à ton bff taizo t’inquiète, faut qu'il voit ton niveau”

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Alcool ou pas, la conversation mène à mal l’esprit sceptique par nature de Senri, et elle peut pas s’empêcher d’emmerder un peu Davis avec ses histoires de voyantes entremetteuses. La gueule du gars avec son sourcil levé lui arrache un grognement. Ohhhhh ça vaaaaa je déconne, fait-elle en foutant une tape franche dans le dos de son adversaire, manquant de trébucher sur la marche de la piste de bowling. Tous ces micmacs de sonder ma tête et mon destin pour me dire qui, quand et où je baise, jamais de la vie, continue-t-elle dans ses marmonnements en légère ébriété. Peut-être que tu devrais arrêter tous ces trucs et juste aller voir blondie, qu’est-ce que tu te fais chier avec ces conneries ! ajoute Senri - avant de se fendre d’un ricanement qui en dit peut-être un peu trop sur le taux d’alcool grandissant dans son sang, et semble plus associé à un gros daron au PMU qu’à son caractère habituel.

Son taux de concentration s’envole avec chaque verre - Senri oublie déjà ce qui lui sort par la bouche dans réfléchir à la seconde où les mots s’envolent, pour se laisser distraire par le prochain sujet. Les tirs impeccables de Davis achèvent de lui faire tourner la page, dans une plainte qu’elle noie vite avec une nouvelle commande de boisson. Un coca ?! s’exclame-t-elle alors que sa voix s’éraille légèrement en pianotant sur la tablette. T’es majeur au moins ? Je veux pas d’emmerdes si les gens commencent à raconter n’importe quoi, râle-t-elle. Et aussitôt dit, aussitôt oublié.

L’instant de sobriété avant que leur commande n’arrive font retomber légèrement son humeur chaotique, et le sujet de conversation n’aide pas vraiment. Parce que tu crois que ça m’intéresse de zoner dans des soirées étudiantes ? Pitié, j’ai passé l’âge, rétorque Senri avec un rire franc lorsque Davis fait de la rétention d’informations sur leurs rassemblements illégaux, en se rasseyant d’un mouvement un peu maladroit et laisser son adversaire jouer. Encore une fois, un score impeccable, déclenchant de nouvelles râleries.

Son tir à elle est encore à chier, mais entre l’alcool et la fatigue, elle essaie à peine - ou plutôt, essaie dans ses capacités limitées. Davis se fout de sa gueule ouvertement, alors qu’elle retourne pour se servir un nouveau verre de sa commande fraîchement servie. C’est qu’il débite, l’animal. Ohhhhhhh non pas le Flamant Rose encore, pitié, libérez-moi, couine-t-elle pour interrompre le mansplaining de trop de la soirée. Merci Sherlock, j’avoue tout, je savais pas ce qu’était le bowling avant que tu me l’expliques, raille-t-elle en lui adressant une grimace sarcastique. Clairement pas là pour gagner ou faire de la performance, si ce n’était pas déjà assez clair.

Senri se relève pour aller tirer à son tour, choisissant une boule sans trop savoir quoi prendre - mais elle fait illusion alors que Davis jette un oeil à son portable derrière elle. Et sa commande ne passe pas inaperçue. Ahhhhhhh merci, un peu de soutien, s’exclame-t-elle en le voyant envoyer sa commande avec un large sourire railleur, ravie de ne pas boire seule. Le sujet dérive sur février et les évènements étranges du gala, ramenant Senri à son sérieux une seconde. J’étais là, ouais. J’étais pas sensée couvrir le truc, et dès le lendemain on m’a envoyée en congé maladie obligatoire, soit-disant pour récupérer de mes blessures, alors que j’ai rien demandé, fait-elle avec une grimace. Et sa brûlure n’avait finalement été plus de peur que de mal. C’est mon rédac chef qui a sorti un truc si je me rappelle bien, et j’étais pas au journal la semaine qui a suivi, mais c’était bizarre. Vague souvenir de suspicions et de choses qui ne tournent pas rond lui reviennent sur le sujet qu’elle avait pourtant quasiment oublié. Je crois que c’est les flics qui ont envoyé un communiqué à publier. Ça ressemblait pas à ce qu’on sort d’habitude. Va savoir pourquoi, conclut-elle en haussant les épaules. La théorie de Davis sur le lien avec les dérèglements lui arrachent une grimace confuse, se passant une main dans les cheveux. Réfléchit à ce qu’il raconte sans trop rien ajouter, à la fois consciente qu’elle ne sortirait rien de très constructif dans cet état, et espérant aussi ne pas oublier ces mots au réveil. Des écailles ? T’as trouvé ça quand on se battait contre le gang des siphonnés à capuche ? répète-t-elle, confuse, avant de relier les points sur le raccourci de Davis. Pas stupide, certes. Mais Senri secoue la tête. Mais non, c’est pas les ryūketsuki, j’en suis sûre, tranche-t-elle, plus par conviction personnelle qu’une conclusion face à de réels indices.

Elle reste pensive plantée là pieds nus avec sa boule de bowling, avant que Davis ne la ramène à la réalité. Oh ouais, laisse-t-elle échapper, avant de se retourner, apercevant le téléphone de son adversaire dans le coin de l’oeil. Hé, tu fous quoi là ! râle-t-elle direct en pointant l’objectif de la caméra du doigt. L’envoyer à Taizo. Taizo. Senri affiche une grimace confuse et agacée, sans rien trouver à dire pour faire taire ses pensées embrumées par l’alcool ni même arrêter Davis - surtout parce qu’il peut envoyer ce qu’il veut à Taizo, elle s’en tape, au fond. Il a déjà vu mille fois pire de sa part. Tiens, cadeau - et elle sort son majeur, pour embrasser son propre doigt et le brandir gracieusement à la caméra. Senri se retourne, et lance la boule dans un tir complètement pas cadré, le ponctuant d’une révérence exagérée face à l’objectif - sans même regarder combien de quilles sont tombées.

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Tandis qu'ils jouent et qu'ils boivent, les deux garnements discutent actualités, comme si leur raison d'adulte venait soudainement défier leur coeur d'enfant. Les théories du cadet sont factuellement réfutées par la journaliste. Elle en est sûre : ce qui s'est passé en février et les écailles qu'il a retrouvé dans sa poche n'ont rien avoir avec l'histoire des ryūketsuki. Comment sait-elle que ce n'est pas lié si elle ne sait pas ce qu'il se passe vraiment actuellement ? Il n'en sait trop rien. Mais une chose est sûre c'est que lui et Nyl avaient bien gardés ces petites écailles au cas où elles auraient besoin d'être de nouveau examiné. S'il avait oublié l'essentiel des évènements de février dernier, il était toutefois certain d'avoir vécu un évènement impliquant la spatio-temporalité. Peut-être que quelqu'un finirait par lui dire qu'il avait juste été drogué ou qu'il avait fait un peu trop de VR mais non, il savait et les autres aussi savaient que tout ça était bien différent. Et les évènements actuels, les meurtres, les attaques, le couvre-feu, Andrea était certain que le gouvernement ou du moins le prefectorat essayait de leur cacher des choses. Et ce n'était pas Andrea, 1m78, 65kg ayant pour seule capacité de savoir attraper des balles sur un balai qui allait pouvoir aider la cause. Non, il était mieux là où il était, assis, un verre d'une main, l'autre main filmant Senri se ridiculiser encore une fois. Il coupe toutefois lorsque le majeur féminin se lève en sa direction. "En fait j'ai même pas besoin de t'enlever une quelconque dignité, tu le fais déjà très bien toute seule" lâche-t-il en ricanant avant d'aller tirer à son tour.

Alors que la boule couleur turquoise finit sa course un panneau de couleur apparaît sur chaque piste pour marquer une annonce importante. Dans les enceintes le message du gérant retentit alors, prévenant les joueurs actuels que la brigade policière est dans le quartier et qu'elle peut débarquer à tout moment. Si certains semblent paniquer et abandonnent leurs pistes, d'autres tentent le diable et se remettent à jouer comme si de rien était. Andrea se tourne alors vers Senri et lève les mains en signe d'ignorance. "On fait quoi ? T'as pas un laisser passé en tant que journaliste ?" demande-t-il en venant toutefois finir son verre de vin qu'il engloutit d'une traite, pas la meilleure idée au monde mais une idée toujours.

Nombre aléatoire (0,10) : 2

La conversation prend un tournant un poil trop sérieux pour que ça plaise totalement à Senri - et pour cause, ça a plutôt tendance à la faire dessaoûler, quand elle préfèrerait se coller une mine pour rigoler un coup. Ses tirs sont tout aussi approximatifs, mais ça lui passe au-dessus. Pour le plus grand plaisir de Davis qui ricane avec son téléphone. Frérot, viendra le moment où tu te rendras compte que la dignité et les apparences, c’est de la pisse de hibours. C’est là que tu commences à vraiment t’en battre les couilles de ce que les gens pensent, fait-elle, zigzaguant d’un pas nonchalant verre à la main pour retourner s’asseoir comme une espèce de sage à la noix. Et s’en battre les couilles, c’est la vraie définition de la liberté, ajoute-t-elle en acquiescant lentement, avant de lever son verre et le descendre une nouvelle fois.

Son discours est presque ponctué miraculeusement par les hauts-parleurs du bowling, qui se mettent à brailler sous une grimace ennuyée de Senri. Le couvre-feu, bah voyons. Elle en avait oublié l’heure et ce léger détail. Certains consciencieux plient bagage autour d’eux, mais Senri les regarde sans bouger, l’air désabusé, debout devant leur piste alors que Davis ne semble pas savoir quelle stratégie adopter. À sa question, se tâte les flancs comme pour fouiller les poches d’une veste qu’elle ne porte évidemment pas, avant de récupérer son sac et jeter un œil dans son portefeuille. Putain de merde, lâche-t-elle en constatant l’absence de sa carte de presse, laissée dans sa besace de travail. Je l’ai laissée chez moi. La tronche de Davis en dit long - et l’état d’ébriété de Senri descend d’une traite, quoi que toujours quelque peu pompette. Va falloir improviser si on veut pas se faire emmerder, râle-t-elle en finissant la bouteille d’un geste nonchalant.

Le bowling se vide, au son des sirènes des Brigades et des néons des gyrophares magiques qui viennent éclairer la rue à travers la vitrine du bowling. Réfléchis, Senri. Le cerveau embrumé rend la tâche difficile. Soit on fait rien et on casque une amende. Soit… elle repasse ses mains dans ses cheveux pour les jeter en arrière. …on bluffe. Si elle parle assez fort et balance les bons noms face à de nouvelles recrues, elle pourrait réussir à les persuader qu’elle fait partie des leurs en civil. User de ses charmes pour faire office d’appât avec une diversion le temps que Davis se tire en douce est aussi une option, alors que Senri se fiche pas mal de payer une amende - mais le risque que la flicaille l’énerve assez pour qu’on l’embarque en cellule de dégrisement n’est actuellement pas assez proche du zéro.

Ses yeux naviguent sur les détails des lieux - attention attirée par la porte indiquée comme “Réservée au personnel”. Ça fait tilt, avec une solution peut-être un peu radicale, mais moins dans la confrontation. Ou alors, on cherche la sortie de secours. Y’a forcément un accès dans l’arrière-boutique, ajoute-t-elle alors. Qu’il leur faudrait atteindre sans que le gérant ne pose trop de questions. Qui serait peut-être verrouillée - il faudrait s’en remettre à leurs compétences magiques pour essayer de la forcer et sortir en douce. Sauf si t’as une grosse star dans tes contacts à appeler pour faire diversion…