without you ☼ anla

Il a l'impression que cela fait trop longtemps qu'ils n'ont pas eu de soirée de ce genre. A simplement acheter n'importe quoi en espérant faire un truc bon. Parce qu'ils n'étaient de toute façon jamais d'accord l'un avec l'autre sur le dîner à préparer. La solution la plus simple serait peut-être de faire des concessions. Mais aucun des deux n'en faisait. Pas même l'un envers l'autre. Et alors qu'il observe le prix des saucisses, se demandant bien pourquoi, en fait, il voulait en acheter, il se dit que, ouais, il pouvait peut-être s'en passer. Et alors il se tourne vers Anla, qui semble aussi observer quelques étiquettes. Il se glisse à côté d'elle comme un fantôme et plisse les yeux pour voir ce qui avait piqué son intérêt avant de ricaner. « Seaweed cookies? Does it even taste good? » Qu'il se moque sans même s'en cacher, attrapant plutôt un paquet de friandises qu'il savait qu'elle apprécierait. Sans même une idée de leur menu, ils n'iraient probablement pas bien loin. Mais ça faisait partie de leur fun. C'était presque une coutume, à ce point.

La présence d'Anla le rassurait. Avait quelque chose de réconfortant, quand son cerveau ne cessait de tourner autour du fait qu'il avait rêvé de façon un peu trop lucide d'un gars sur qui il avait un crush mais qui était déjà en couple. Et il n'était pas sûr de vouloir dévoiler la nature de ce rêve quand, même avec elle dont il était si proche, il avait été incapable d'aller plus loin qu'un baiser. Peut-être quelques caresses qui n'avaient jamais abouti. Et il réclamait du confort sans même s'en rendre compte, cherchait la familiarité dans leurs petites disputes et dans leur quotidien qui lui permettait de ne plus trop penser à tout ça. Il se disait aussi que ce serait là bien l'occasion d'en parler avec elle. Et de ce que cela créait en lui, à présent. « Can we eat spicy? » Qu'il réclame, comme un enfant. « Or curry! » Et les yeux brillent lorsqu'il s'exclame.

les emballages se succèdent sous des regards passablement concentrés, tant pour l’un que l’autre. tu prends conscience de ce que t’effleures une fois sur deux – manifestement plus concentrée sur ce que lui glisse dans votre panier. et tu repasses derrière discrètement pour remplacer ses choix, à chaque fois. comme une mère concernée, peut-être un peu – mais surtout, comme une sale gosse qui ne veut pas lui laisser l’opportunité d’un dernier mot sur le programme de ton estomac. t’as les sourcils qui se froncent dans son attention portée vers les saucisses, no meat. tu protestes, tranquillement. légèrement impassible. tes prunelles se portent sur d’autres étalages sans plus de considération pour les siennes – faussement déconsidérée. tu pourrais lui laisser ce plaisir et cuisiner deux plats distincts pour que le tien ne possède aucune viande. mais les concessions sont absentes de votre relation peu importe les formes qu’elles prennent – et tu ne manques évidemment aucune occasion de l’embêter un peu.

ses épaules ne tardent pas à retrouver la proximité des tiennes, faisant disparaître le contenu de tes mains dans son ombre grandissante. sa remarque dégringole entre tes oreilles comme un outrage de grande ampleur. wha- tu mâches tes mots en secouant la tête d’une incompréhension exagérée, not just any seaweed cookies. tu relèves le paquet pour le secouer sous son nez, le bousculant presque alors qu’il se tourne déjà ailleurs. chocolate cookies, les lettres se pressent avec rigueur entre tes lèvres. la nuance est d’importance, with black sesame and seaweed! tu continues de protester derrière lui en le poursuivant sur quelques mètres – mais son choix de friandises semble mettre un terme à tes grimaces maussades.

difficile de déterminer lequel des deux perd soudainement dix années quand il est question de nourriture. y – or curry! – es. t’as le regard désabusé qui se plaque sur son visage, profondément désintéressé de ta réaction. go for the curry, tu concèdes sans même qu’il ne le remarque. et tu sais que ce ne sont pas seulement les étalages qui détournent son attention. t’attends patiemment depuis vos retrouvailles à l’entrée du commerce que ses pensées se révèlent. il est des fragments qui se perdent dans les airs et qui ne trompent guère tes repères – de ces intuitions formelles dans lesquelles tu patauges trop souvent, notamment que leur source prend forme entre les paumes d’un kazuha envahissant. come, tes doigts se pressent doucement contre son bras pour dissoudre vos pensées respectives. let's choose some drinks. vous vous séparez l’un de l’autre quelques instants devant l’étalage des boissons. t’attrapes quelques sodas que tu maintiens contre ta poitrine d’un bras, avant de te rendre compte de ses doigts qui apparaissent dans ton champ de vision. et du choix qu’il fait. outrageusement sucré. c’est de nouveau avec toute la stupeur du monde que tu le dévisages récupérer son butin dans une satisfaction évidente. are you able to drink anything else? ses décisions te dépassent (trop) souvent, et ça commence toujours par ses courses. t’as les entrailles qui commencent à protester d’impatience, et la faim qui se manifeste doucement. tu récupères une bouteille de ta main libre avant de te retourner vers lui pour lui montrer, something tells me you're gonna need it. le saké de confection ryū trouve naturellement le cœur du panier, auprès duquel tu glisses tes canettes précédentes. t’as une esquisse légère sur les lèvres, certainement un peu narquoise. mais les sous-entendus plaqués derrière tes améthystes sont d’un boucan immanquable entre vos corps.

Il ne comptait sincèrement pas acheter de saucisses. Mais maintenant que Anla lui avait interdit d'en mettre dans son panier, il était presque tenté de le faire malgré tout. Comme un chat pousserait un verre d'eau vers le bord d'une table, regardant l'humain droit dans les yeux en sachant que l'impact allait arriver. Mais elle a déjà tourné les talons et lui ne se retrouve qu'à lever les yeux au ciel. Peut-être parce que son petit plan est bien vite ruiné et il est frustré. Et alors pour mieux riposter, il revient l'embêter avec ses cookies. Les mimiques de son amie le font bien ricaner alors qu'il hausse les sourcils, un sourire sur le bord des lèvres mais, plus que tout, un air moqueur faisant vibrer ses prunelles. « Ah, my bad, I didn't get the grand subtility. » Et elle n'est pas difficile à contenter, finalement, Anla. Elle approuve ses paroles et lui, comme un gamin bien content, se saisit de toute une tripotée de légumes et autres assaisonnements qui donneront bien plus de goût à leur cuisine. C'est que depuis le temps, leurs petits dates cuisine étaient autant devenus une sorte de rencontre confortable qu'une leçon. Il n'était devenu si bon cuisiner qu'aux côtés de sa mère, Anla et peut-être aussi Fuyumi.

A dire vrai, se concentrer sur tout sauf le poids présent sur son coeur avait quelque chose d'aussi incroyable que frustrant. Il savait qu'il allait finir par lui en parler. Parce qu'il avait la sensation qu'elle serait probablement d'une aide nécessaire. Qu'elle trouverait quelques réponses là où, lui, ne s'était jamais retrouvé que sans aucun mot. Et la distraction est bienvenue, le regard saute sur les bouteilles colorées et le côté bariolé encombre, une fois encore, les pensées en roue libre. Et si Anla s'éloigne pour aller faire son propre choix, il la suit. Parce qu'il sait déjà ce qu'il veut, parce qu'il n'a pas besoin de trop y réfléchir, cette fois, et qu'il savait qu'elle n'allait même pas oser lui voler son butin vu la quantité de sucre présente dans la boisson. « Hm... No. Just say you're too weak to handle that much taste and get it over with. » Qu'il taquine doucement avant de mettre le tout dans leur panier. Et lorsqu'elle revient avec de quoi les soûler tous les deux, il ne peut empêcher un ricanement de remonter dans sa gorge. « Ah, you want me to spill all my dirty little secrets. » Sourire un brin désolé, il se dit que de toute façon, il passera à la casserole. Le suspens devrait-il être maintenu? Ce n'était pas comme s'il comptait lui cacher trop longtemps ce qui alimentait son cerveau ces derniers jours. Elle était l'un de ses meilleurs soutiens. Alors à peine eut-il payé qu'il marmonne, presque comme un secret entre eux : « I never believed anyone when they told me there was a missing piece in me... My heart or some shit like that. But I've met a boy, and... I feel like a complete fool. » Qu'il grogne. Et ça semble autant lui faire plaisir que le frustrer. Parce qu'il avait eu la sensation, tout ce temps, que rien n'avait jamais eu de solutions. Autant dans sa maladie que ce sentiment de solitude qu'il avait, parfois, comme à attendre quelque chose (quelqu'un) sans jamais savoir quoi. « So you're right, I'll probably need that drink. »

Hm... No. Just say you're too weak to handle that much taste and get it over with. Un discret ricanement creuse tes fossettes, s’accompagne dans un froncement du nez. You right. Un regard vers l’arrière, malice perchée au-dessus d’une épaule, alors que tes foulées s’éloignent un peu. I’m gonna explode if I drink this thing. Et tes yeux reportent leur attention sur l’étalage des boissons colorées, en recherchent une précisément. Tu n’es jamais en reste sur les compositions douteuses des liquides que tu absorbes comme de l’eau, mais tes intentions se portent ailleurs. Des envies de profiter de l’instant présent, et de faciliter les échanges. Si vos discussions ne manquent jamais de profondeur, il vous faut parfois un peu d’aide pour en soutirer d’autres reliefs. Mais l’ajout du saké dans le panier semble vous mettre d’accord, pour la première fois depuis que vous avez passé les portes de la supérette. Ah, you want me to spill all my dirty little secrets. Tu te rapproches de quelques centimètres, amusée de la remarque – et ton index vient taper le bout de son nez, comme une clochette. I already know all your dirty little secrets, Kazuha. Tes semelles glissent en arrière sans aucun bruit, mais t’as toujours le même doigt en l’air comme à la recherche d’un courant d’air ou pour souligner une nouvelle idée. But a little bird told me there’s a new one. L’esquisse accrochée sur tes lèvres se fait étrangement plus douce, certainement par anticipation – comme si une part de toi connaissait déjà l’issue de la conversation.

I think, tu survoles les denrées entassées pêle-mêle dans le panier, we have everything we need. Come on, tu l’entraînes tranquillement vers les caisses, avant qu’une énième décision impulsive d’une part ou de l’autre ajoute un aliment non-indispensable à la note. Mais l’affaire la plus ardue vous attend cependant au moment du règlement – et même si tu t’étais préparée en avance, laissant Kazuha présenter les courses pour dégainer tes pièces rapidement, l’échec demeure évident. I pay – no, uh. T’essaies de te défaire de l’emprise du Ryū, maintenue sous un bras pendant qu’on encaisse son argent à lui. Il te lâche sans efforts, et tu souffles en remettant tes cheveux en ordre, passablement agacée. I almost bit your arm – (…) But I've met a boy, and... I feel like a complete fool. Les gestes se suspendent dans les airs et il te faut quelques secondes pour assimiler ses paroles. Son regard est ailleurs, pas vraiment dans le même monde que vos silhouettes qui, pourtant, ont une démarche similaire.

Oh. Un son, d’abord. Un murmure audible, poussé par les brises. La marque d’une surprise, qui n’en est peut-être pas tant une. Les mots font sens, assemblés tous ensemble – mais pourtant se répercutent au creux de tes pensées en saccageant quelques silences. Une déception, sans doute, planquée quelque part entre l’étonnement et la satisfaction devoir l’un des tiens (peut-être) trouver son chemin. Tu chasses cette particule égoïste en remplissant tes poumons de l’atmosphère iodée de votre île. So you're right, I'll probably need that drink. Des éclats s’échappent d’entre tes lèvres, douce musique aux oreilles des soucieux. Maybe I should have taken more. Les paroles sont légères, taquines. Tu ne voudrais pas le brusquer dans ses révélations, et tu ne voudrais pas qu’il perçoive tes ombres. You’re not a fool, que tu ajoutes doucement, compatissante. T’as jamais apprécié qu’il se rabaisse, et c’est pas faute de le reprendre plusieurs fois – mais tu comprends, Anla. Les doutes, les incompréhensions. Les chemins sans issue qui vous donnent des envies de tout faire disparaître, à commencer par vos propres cervelles. Let’s go to my place, un mouvement de tête pour le pousser à accepter cette proposition. Nobody’s home. Accueillir votre rendez-vous culinaire te parait soudainement être la moindre des choses, compte tenu de la situation.

Les minutes se sont ravalées rapidement, comme les mètres dans la distance vous séparant de la maison – en silence, ponctué de quelques chamailleries. So. Tu commences à farfouiller dans les sacs pour mettre rapidement au frais ce qui nécessite de l’être. Who’s the lucky one? La porte du frigo se referme doucement d’un courant d’air balancé du revers de la main, alors que tu attrapes deux verres dans un placard. Tu les positionnes à côté de la bouteille de saké, une question subsidiaire pendue aux lèvres. L’hésitation creuse ses sillons quelques secondes, se perd au détour d’un soupir – et puis, tu t’élances, le regard de biais vers ses prunelles sombres pour mieux guetter ses réactions. I know him? Tes gestes s’affairent, mettent en ordre – cherchent à rendre plus légère l’atmosphère, comme si cette conversation nécessitait d’être mise dans une bulle familière, commune. Rassurante. Tu rinces tes mains avant de prendre les premiers aliments à préparer, sans jamais manquer les détails, les pensées toujours attentive à Kazuha, ton regard jamais loin du sien. What – hm. Tu prends un temps pour trouver tes mots – ses mots, précisément. What makes you think he's the missing piece?