Etudes jetées d'un mouvement de main lassif, on lui a dit de choisir. Parce que, finalement, personne n'en avait plus grand chose à faire, du destin de l'enfant maudit. De celui sur qui l'attention ne devait pas être portée plus que nécessaire. Et s'il regrette bien souvent sa situation, il accepte pourtant cette opportunité à bras grands ouverts.

Il brave les interdits parce que c'est ce qu'il a toujours fait, ce qu'il fait de mieux. Il prend les mains de Qing dans les siennes avec la délicatesse papier des oiseaux qui manquent de s'envoler avant de la serrer trop fort dans ses bras à en laisser des traces. Il a un besoin viscéral de la sentir contre lui, de la savoir sien, de la haïr de tout ce qu'elle lui fait ressentir (et sentir son cœur battre quand le sien en est incapable).

Les corps ont tous toujours eu une particularité pour Milo. Pas dans leur genre, pourtant. Ni dans leur sexe. Dans leur drapé, dans leur gestuelle. Il s'amourache de détails, de sensations, d'un point particulier sur lequel il passera les doigts jusqu'à l'oublier, si seulement il y arrive. Milo ne cherche que la satisfaction de sentir le satin glisser sous les doigts et les baisers aux douceurs écœurantes. L'on ne le promettra jamais à personne, tant que la malédiction ne sera pas levée. Il est persuadé, au fond, de ne pas avoir le cœur nécessaire à l'amour.

Oh, douce, douce réussite. Corps malléable, outrage! Au yokai qui ainsi te transforma. A celui qui décida de te séparer d'un corps qui, bientôt, ne possédait plus l'âme qui l'habitait. Contrat d'un géniteur fou passé sans songer aux conséquences (agacé par sa propre progéniture, se souciant bien peu de son destin). Gênes combinées à quelques sortilèges dont les noms sont tus, le corps de synthèse est prêt à accueillir l'âme détachée. Milo retrouve vie, marque de fabrique, là, apposée à même la nuque. Et il ne sait pas comment il peut encore mimer sa respiration, comment il peut toucher du bout des doigts au contact trop feutré, mais il existe et c'est ce qui importe. Jusqu'à ce qu'il ne trouve le moyen, lui aussi, de doubler le destin malade que l'on lui a fait subir (jusqu'à ce qu'il retrouve l'enveloppe charnelle qui lui appartient).

Corps modifié, créé de toute pièce, la magie lui a échappé et pourtant s'est retrouvé dans le tracé agile et naturel des glyphes qu'il créer de toutes pièces avec une aisance surprenante. Il a avec cette forme de magie une affinité toute particulière, la poussière lui obéissant bien plus aisément sous la mine de ses crayons et de ses mouvements précis que dans le creux de quelques incantations.

Eléments ressentis comme quelque chose de prenant, comme un cœur qui fait tambouriner contre une poitrine d'argile, il a parfois la sensation qu'il est plus relié à ces éléments depuis son changement d'enveloppe charnelle qu'avant tout cela. La terre lui rappelle de quoi il est à présent forgé, l'air se fait maître de sa liberté (de ce vide qui l'anime en torrent tempête comme tornade).

Objet presque plus ostentatoire qu'il n'est véritablement utile, la cloche émet un doux son dès lors qu'elle apparaît dans le creux de sa paume, flottante. Teintée de couleurs bleues, plus la poussière vient à en disparaître et moins la lueur qu'elle émet est puissante. Liée à lui via un sortilège de dissimulation, il est capable de la faire apparaître de nulle part en un mouvement de poignet. Magie pourtant plutôt faible depuis son changement d'enveloppe charnelle, Milo s'en sert principalement pour la magie qui lui vient le plus naturellement : le contrôle des éléments, s'initiant plutôt aux glyphes pour tout autre type de sortilège.