Flying up that hill • Andrea

L’hiver.
Tout ce que Viggo aime. Même si techniquement et officiellement, l’hiver n’est pas là. Il s’en fiche, parce que le plus important là, c’est maintenant. Dehors, avec Andrea, à débattre d’un truc ridicule aux yeux de tout le monde, mais important pour ces deux idiots. Il peut faire froid et pleuvoir, ou neiger peu importe, ils sont quand même là, dehors à débattre avec ardeur. Bon, le fait qu’ils soient bien couverts aide aussi.

« Quand je te dis que le wakaname soba est meilleur, qu'il y a pas de débat à avoir là-dessus. Fais pas chier ! Tu peux pas comparer ça à du Katsu Curry quoi… Ça n’a rien à voir ! »

Il s’arrête et le regarde sérieusement, parce que ce n’est pas possible à ses yeux que Andrea puisse dire que le wakanme soba n’est pas à son goût ???

« C’est comme si tu me disais que le balai c’est bien meilleur que le skyglider alors qu'on sait tous les deux que ce n’est pas vrai ! » dit-il en levant les mains vers le ciel, exaspéré alors qu’il se moque légèrement de lui.

Il est bien conscient, Viggo, de déclencher la guerre de cette façon, mais il veut lui faire comprendre ce que ça lui fait quand son pote OSE comparer deux nourritures et dire que le wakaname soba ne dépasse en rien. Ça a été une révélation gastronomique pour lui pourtant quand il est arrivé au Japon. Au départ, Viggo avait peur de se retrouver à pleurer à chaque repas, tellement il ne pouvait pas se faire aux repas épicés. Puis bon, il sait que dans le fond, il dit la vérité: le skyglider, c'est meilleur que le balai, rien ne peut surpasser ça. Son ami, risque de ne pas avoir le même point de vue en vrai, comme sur beaucoup de choses: ils sont jamais d’accord sur un truc. Même la pizza par exemple, Viggo avait ronchonné qu’il n’y avait pas la pizza au chorizo comme il l’aime. Ça l'a bien soulé, mais voilà, il n’a rien dit parce qu'il était l’invité et il ne voulait pas se faire jarter dehors. Viggo observe Andrea et voit tout de même qu'il a peut-être fait une connerie… Bon, peut-être qu'il est allé trop loin, mais bon, comme on dit souvent chez lui: zéro regret.

« Bah quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? C'est là où tu vas me dire que je suis magnifique dans mon manteau d'hiver ? Je l'ai acheté hier ! » En plus il est fier ce con.

Comment en étaient-ils arrivés là ? Bonne question. Mais la remarque du Suédois fait souffler l’Anglais ? Sont-ils vraiment en train de s’engueuler pour une histoire de bouffe ? Oui. Enfin ce n’est pas une engueulade, plutôt un débat. « Tu vois on critique les Anglais pour leur manque de goûts culinaires, mais je crois que là on tient un truc avec vous les Suédois là. A part du rennes y a rien de bien intéressant dans votre cuisine, pas étonnant que tu kiffes les watanamoncul soba là. J’arrive pas à croire que tu préfères ça au katsucurry. Le curry mec ??? Le porc pané ??? Te faut quoi d’autres mec ?? C’est incroyable ? Et les petites carottes qui fondent en bou…  »

Mais le blond n’écoute déjà plus car il sort LA comparaison qu’il ne fallait pas sortir.
« T’es sérieux là ? » ça sort involontairement et c’est accompagné d’un regard qui juge l’acolyte. « Commence même pas le débat balais / skyglider avec moi  » Et là encore, Andrea semble être tourné sur le genre de mec qu’il ne faut pas mettre au défi, ceux à qui il ne faut jamais dire « essaye même pas » car la seule chose qu’ils trouveront à faire c’est bien d’essayer. « Avec ton manteau d’ours là, on dirait une diva c’est trop  » Et les remarques fusent, alors qu’ils continuent leur route pour rentrer et qu’ils s’engouffrent désormais dans ce qui ressemble en tout et pour tout à un PVSR (Parking pour Véhicule Sans Roues. Lorsqu’ils y arrivent les deux jeunes européens sont invités à placer leurs index sur un écran noir qui lit alors leurs empreintes digitales et leur permettent d’accéder au dit parking. « On se rejoint en haut, tu vas voir si le balai défonce pas ton skyglider  » Et dieu sait qu’il n’avait pas envie de faire de course, pour deux bonnes raisons : la première, il n’avait pas envie de se rendre compte que le skyglider allait potentiellement plus vite; la seconde, il s’était déjà fait arrêté par la police des transports et n’avait pas forcément envie de se prendre une nouvelle amende pour conduite inappropriée sur la route. C’est-à-dire que ce qui était évidemment autorisé au Cosmoball ne l’était évidemment pas sur la route.

Lorsqu’ils se retrouvent à la sortie, ce sont les saphirs qui affrontent les émeraudes dans un combat de regards qui en ferait sourire certains. « Vas-y pour voir, montre ton skyglider, présente le pour voir, je t’écoute  ». Ah c’est qu’il était sérieux le petit Davis quand on remettait en question sa collection de balais. Et rien de mieux pour prouver, que de sortir son seul et unique Himmelzhämmer III, (aka Le Dompteur du Ciel, pour ceux qui n’auraient absolument pas fait Allemand en LV2). Balais dernières générations du constructeur allemand qui font une furie dans le milieu du cosmoball en Europe. L’avantage de cette jolie bête ? Il permet d’affronter toutes les bourrasques possibles et utilise le vent des environs pour se recharger et gagner toujours plus en vitesse. Moins de poussière utilisée, et il serait, apparemment plus écologique que son concurrent américain. Bref, une pépite qu’Andrea s’était vu offrir par ses sponsors et qu’il ne regrettait pas. «Matte le manche, 100% matière recyclée, pas une tâche, le truc brille, pas un défaut. Les poils sont en argent mec, en argent. Ça file dans l’air t’entends rien, tu sens rien, y a un tempête, tu la traverses, le truc est incroyable, l’autonomie je t’en parle même pas, et surtout, c’est confortable ? A zéro moment tu te fais mal aux couilles en fait. Bref, l’Himmel III il défonce ton Sky claqué au sol, mais après c’est pas une compétition hein  ! C’est comme le katsu curry, c’est meilleur mais on est pas là pour débattre  » lance-t-il au garçon accompagné d’un clin d’œil.