❀ flight of the bumblebee (babimari)

Les notes de piano se sont évanouies depuis quelques minutes, et Himari se retrouve seule entre deux leçons, assise face au clavier de l’instrument. Trône au milieu de la pièce, centre de l’attention de cet espace secondaire attenant à la boutique principale - le bois du piano à queue brille sous le soleil d’une après-midi qui touche déjà bientôt à sa fin. Le crayon gratte sur les pages du carnet de notes de Himari, gribouillant pense-bêtes et remarques sur sa petite élève pour la prochaine leçon, mercredi prochain.

Un bruissement fait craquer le parquet dans le silence, et Himari lève le nez pour regarder derrière elle. Elle est bien seule, et rien ne semble bouger. Bois qui travaille ou fragment de son imagination, et son attention se pose de nouveau sur son travail. Nouveau grattement - qui lui fait regarder de l’autre côté, assise sur le tabouret. Himari scanne la pièce du coin opposé jusqu’au plafond d’une mine interrogatrice. Peut-être est-ce le cèdre autour duquel Wada Ongakuya s’atricule grinçant sous un coup de vent. Peut-être pas.

Le calme revient, alors qu’elle referme son carnet pour pianoter sur son téléphone. À se décider sur ce qu’elle cuisinerait pour tsukimi le lendemain, d’un commun accord avec son invité récurrent. Et c’est maintenant une exclamation, suivie d’un bruit sourd dans la pièce d’à-côté, qui la tire de sa pause.

Himari se lève pour faire coulisser la porte de la salle de cours, passant une tête vers la boutique principale. Babylone-san…? appelle-t-elle d’un ton interrogateur, cherchant son collègue en charge du regard. Wada s’est absenté cet après-midi, laissant la maison à son employé - et Himari, là pour les cours de piano. Elle ne voit pas Babylone tout de suite, et referme la porte derrière elle pour glisser dans ses chaussons d’intérieur trop grands vers l’origine des bruits étranges.

Son collègue est là, armé d’un balai - et visiblement, il n’est pas tout seul. Une nuée de minuscules bestioles colorées aux petites feuilles bondissant sur leurs têtes semble s’être engouffrée dans la boutique, à la manière d’une colonie de fourmis. S’attaquent à une série de violons stockés sur une étagère d’un côté, glissant sur les cordes dans des couinements dignes de chats en colère, allant grignoter le papier de partitions sur un meuble de l’autre. Aucun dommage n’est irréparable avec quelques enchantements, mais le désastre leur vaudrait quelques heures supplémentaires, même pour elle, pas vendeuse pour deux dama. Himari affiche une expression de surprise terrifiée, yeux ronds face à la catastrophe. By the Founders, laisse échapper Himari avant de s’avancer pour empoigner un tas de partitions stocké dans un panier en osier et l’éloigner des lieux de l’attaque. What should we do?! couine-t-elle, alors que Babylone, lui, est déjà bel et bien au coeur de la bataille. Le garçon essaye visiblement de chasser les bestioles dans leur faire mal, tentant de contrôler et repousser la colonie de pikmin vers la porte d’entrée de la boutique. What’s the spell for this…?! demande t-elle alors en guise d’aide, sans vraiment préciser qu’elle vient à peine de reprendre la pratique de la magie, et que son niveau de maîtrise de la Poussière doit être similaire à celui d’une enfant de six ans - avant que quelques pikmins téméraires semblent vouloir maintenant s’en prendre à elle, essayant d’escalader une de ses jambes en commençant par son chausson. Shoo! Shoo! couine Himari en secouant sa jambe maladroitement, toujours encombrée du panier de partitions.

Himari se débat tant bien que mal - à essayer de conjuguer sa quête de sauvetage des partitions d’un côté et tenter de chasser les pikmins de l’autre, sans les blesser. Les bestioles sont rapides et habiles, et elles ont vite fait d’escalader ses jambes pour l’envahir, alors que Himari se tord légèrement sous les chatouilles lorsque l’un d’entre eux atteint le creux de sa taille. Babylone semble aussi démuni qu’elle - et peut-être que c’est le bon moment pour aborder le sujet sensible sans qu’elle n’aie à trop gérer les réactions de pitié. The spell, any spell! insiste Himari en bondissant d’un côté et de l’autre pour éviter les nouvelles attaques. I can’t cast them anyway- you’ll have to do it, ajoute-t-elle pour ajuster les attentes. Sans préciser que si elle peut techniquement produire de nouveaux sortilèges de nouveau, ils n’auraient probablement pas grand effet au vu de son piètre niveau.

Babylone semble trouver une tactique pour en piéger quelques uns dans un sac, libérant Himari des chatouilles des alpinistes miniatures. Dans un geste, elle se dépêche de déposer le panier des partitions dans l’arrière-boutique en refermant illico la porte derrière, veillant à ce que aucun intrus n’aie le temps de s’y infiltrer - pour en voir un sur sa main posée sur la poignée, qu’elle pioche du pouce et de l’index par la feuille. Sorry buddy, but you have to go… glisse Himari en grimaçant à la vue du pikmin qui se tortille en émettant des couinements suraigus. Il rejoint ses camarades dans le sac de Babylone, qui semble plutôt satisfait de sa pêche. Just ten?! By the Founders we’re never seeing the end of this… commente Himari en se passant les mains dans les cheveux, repoussant sa frange en arrière pour dévoiler ses sourcils froncés de souci. Watch out! Et le violoncelle menace de s’écraser par terre, si ce n’était pas pour Babylone qui plonge au sol pour le sauver, avant de se faire prendre d’assaut par les bestioles.

Et soudain, à la vue du tableau, Himari passe un cap - comme soudainement consciente du ridicule de la situation, un petit rire s’échappe de ses lèvres en voyant Babylone au sol, avant de se fendre d’une hilarité cristalline malgré elle. I’m sorry- balbutie-t-elle, mains devant le visage, confuse. Let me… try to help you, Gulliver… plaisante-t-elle entre deux éclats, essuyant les coins de ses yeux en cherchant une solution. Himari empoigne une grosse boîte à musique sous son bras, pour venir alors piocher les pikmin de la carcasse de Babylone qui n’ose pas bouger pour éviter de les blesser. Maybe we can lure them outside? What do pikmin even eat anyway?

La vision de Babylone allongé à terre, submergé par les petites créatures qui semblent chercher quelque chose dans ses poches ou dans les replis de ses vêtements, a raison du sérieux de Himari. Et debout au milieu de la boutique, elle ne peut s’empêcher de rire, se rendant soudain compte du ridicule de leur situation. Le rire semble être contagieux et atteint Babylone lui-même, qui baisse les bras également. Please, Himari-san, don't let them kill me, lance-t-il entre deux éclats - et Himari fait se son mieux, boîte à musique sous le bras, pour piocher les bestioles délicatements et les enfermer avant qu’elles ne s’échappent plus loin.

Ils ont besoin d’un plan d’attaque pour se débarrasser des nuisibles de manière pacifique, et Himari se trouve un peu désemparée, incapable de jeter de sortilège digne de ce nom après quelques jours à reprendre la pratique. I think, if we have enough of them we can put them outside of the shop and the others will join… émet Babylone. Himari scrute les pikmin courir en petits groupes çà et là, réfléchissant à une stratégie. Ce que déclare Babylone semble lui rappeler des cours de magizoologie lointains, peut-être de ses premières années d’école. Oh you’re right… because they move in clusters… réfléchit Himari tout haut.

Leurs méninges semblent se retrouver au même moment sur ces idées émises à voix haute. I'l just have to cast a protection spell real quick once they're all outside so they won't be able to come in again, poursuit Babylone, et Himari acquiesce, boîte à musique fermée sous le bras - elle irait les libérer dehors plus tard, une fois la situation définitivement sous contrôle. There are probably some pest repellant seals we can put on the door? ajoute-t-elle alors en pointant la porte du doigt, avant que Babylone ne valide.

Let's try. We just have to capture more of them. Himari hoche la tête une nouvelle fois. Okay… uh… souffle-t-elle d’une petite voix, avant de se rappeler de quelque chose. Rapidement, elle pose la boîte sur une étagère, posant un ou deux livres sur le couvercle pour l’empêcher de s’ouvrir, et s’esquive dans la pièce d’à-côté. Fouille dans son sac, pour en sortir un petit sachet coloré, et le montrer à Babylone en revenant dans la boutique après avoir bien fermé la porte. I think they should like that… fait-elle avec un petit sourire, agitant le sachet de deux biscuits qu’elle gardait pour un petit creux de l’après-midi. They always come in at home whenever I leave crumbs or sweet things around unattended… commente-t-elle en cassant les gâteaux dans le sachet en petits morceaux, se rappelant d’avoir elle-même dû chasser quelques uns de ces invités surprise lorsqu’elle laisse du gâteau trop longtemps sur la table.

Elle ouvre alors la porte pour sortir, et commence sa tâche de Petit Poucet ; commence à disséminer des miettes de biscuit sur le pavé de Yanagizaka, avant de lentement tracer un chemin jusque dans la boutique - et finir par se placer derrière le comptoir, faisant signe à Babylone de la rejoindre. Let’s let them eat - if we scare them they’ll run and hide… chuchote-t-elle presque, avant de réviser leur plan. When the last one is outside, I’ll run and close the door… and you can apply the seal at the same time… continue-t-elle d’une voix basse, comme si le volume sonore allait changer quoi que ce soit à leur stratégie. I couldn’t leave much crumbs outside so we’ll have to act fast…

Himari prend sa nouvelle mission très au sérieux - tout comme Babylone, lui aussi très investi dans leur opération dépikminisation de la boutique. C’est ses expériences personnelles qui finissent par la mettre sur la piste d’une stratégie, alors que Himari sort ses biscuits de son sac d’un air triomphant - sous le rire amusé de Babylone. I sure hope they weren't that many when they came at your house. Himari laisse échapper un petit rire en écrasant les biscuits, imaginant alors la scène qui pourrait se dérouler si une attaque similaire avait lieu dans son minuscule appartement. Never more than a few of them! I don’t mind that much, but my boyfriend hates them, so he casted a few repelling seals around the apartment to keep them outside, répond-elle naturellement. À presque se surprendre elle-même de l’aisance avec laquelle elle mentionne la présence de ce petit-ami dans sa vie, même sans avoir encore le feu vert pour le nommer - elle s’est habituée à l’idée, qui abandonne l’embarras et la gêne des premiers mois pour un éclat brillant dans les yeux. Et un air amusé, à visualiser les accès très comiques d’agacement de Akira, toujours sa caution tête froide et repousse de nuisibles face aux petits pikmin que Himari n’a jamais le coeur de chasser, aussi embêtants soient-ils.

La stratégie est mise en place - Himari se hâte de revenir dans la boutique une fois les miettes disposées jusqu’à l’extérieur. Ils doivent sans doute avoir l’air bien idiots, cachés derrière le comptoir - heureusement que l’après-midi est calme, sans avoir à se soucier de passer pour des enfants aux yeux des clients. Guettent la porte, et lorsque le dernier pikmin sort… Now! s’écrie Babylone, alors que Himari bondit pour glisser en patins sur le plancher de la boutique et fermer la porte d’un geste, s’écrasant à moitié sur le montant avec la vitesse à laquelle elle s’est précipitée. Le sceau est vite appliqué, alors que les particules lumineuses font briller le seuil - et le calme revient.

Une seconde de silence s’écoule, avant de Himari ne se retourne vers Babylone avec un grand sourire extatique. Mission success! Le garçon lève la main pour qu’elle tape avec la sienne, et Himari soit sautiller légèrement sur la pointe des pieds, mais y arrive avec entrain. Yay! s’exclame-t-elle avec joie. On dirait qu’ils viennent de remporter un match de cosmoball international, à les voir s’agiter. L’adrénaline de leur stratégie retombe un peu, et Himari laisse échapper un petit rire soulagé. That was kind of fun… admet-elle un peu honteusement. C’était sensé être une gestion de crise contre des nuisibles saccageurs, mais la situation s’est vite transformée en une sorte de jeu et une série de fou-rires - à son agréable surprise.

Himari remet en place la boîte à musique et quelques autres objets déplacés pendant leur bataille, pour se retourner vers Babylone. Does that happen often? fait-elle, poursuivant la conversation. I spend most of my time in the next room so… I feel a bit bad that it took all of this for me to come out of my… den, to help you, ajoute-t-elle avec un petit sourire navré. Elle n’a jamais encore pris vraiment le temps de discuter avec lui non plus, d’ailleurs, alors qu’ils ne font habituellement que se croiser, assignés à deux types de tâches très différents. If I’m around and I can help you with tending the shop, you know… feel free to ask! glisse Himari en poussant un panier de partitions sous un meuble, à sa place originelle - avant de retirer l’une d’entre elles de son contenant. La couverture et quelques coins de pages sont déchirés, et légèrement grignotés par ce qui semble être une attaque de pikmin affamés. Oh no, this one’s all ripped… do you usually take care of this or should we ask Wada-sensei? Peut-être n’a-t-il encore pas eu l’occasion de réparer d’objet, mais Himari n’est pas non plus trop sûre de savoir depuis quand exactement Babylone occupe son poste.