chaos has come again. (malvina)

ça allait bientôt faire cinq ans, et ça faisait toujours aussi mal.

aussi vif que le premier jour, de ses souvenirs qu’il se prenait parfois à douter avant de reprendre contenance. c’était la même chose à chaque fois, la même visite annuelle, le même passage chez sa mère, seule maintenant qu’elle n’avait plus luca, et lui qui lui proposait de venir habiter à makosa avant d’essuyer un refus de sa part parce qu’elle ne voulait pas laisser luca seul. il tire agressivement sur sa cigarette tandis qu’il pénètre dans le cimetière. le nevada en fin d’année n’était pas des plus accueillants, le ciel grisâtre ne présageait rien de bon mais le temps était loin des premières neiges quand il avait enterré son petit frère. le parapluie anti-uv était ouvert malgré tout, réflexe japonais qu’il avait acquis après toutes ces années passées. il n’aurait pas attiré le moindre regard sur le continent asiatique mais ici, c’était une autre histoire. un soupir s’échappe alors qu’il marche entre les tombes ; son petit frère lui manquait toujours autant.

ses pas finirent par ralentir jusqu’à s’arrêter net alors qu’il n’était pas encore arrivé à bon port. les sourcils se froncent légèrement à la vue d’une silhouette féminine devant la tombe de luca, avant de se ressaisir, rien d’anormal à la situation, mais il ne serait pas seul avec lui. le brigadier s’avance avant de s’arrêter près de la pierre tombale, gardant une certaine distance. « … hello. you’re here for luca ? »

ça allait bientôt faire cinq ans, et ça faisait toujours aussi mal.

ça lui faisait mal parce que pour la première fois de son existence, quelqu'un a mis en lumière son incompétence. tous les jours elle croise le regard triomphal de malcolm, et le silence que lui réserve son petit frère semble lui crier qu'il est meilleur chasseur qu'elle. c'est faux. mal, elle a juste commis une erreur avec luca, a stagné plus que raison avec son gentil américain. il a eu raison de passer à l'acte, malcolm. malvina, elle s'en veut juste de ne pas avoir été la première à le faire. les poings serrés devant la pierre tombale de leur triste victime, elle s'y agenouille quelques instants, ses doigts gantés passant doucement sur la gravure récitant l'identité du défunt. luca mastriani. le temps d'une fraction de seconde, son coeur se serre bizarrement alors que le sourire du bel vient s'imposer à ses souvenirs. le moment est vite passé alors qu'elle se relève et jure qu'elle se vengera de l'affront de son benjamin. mal, elle est tentée de commencer par la famille immédiate du malheureux, ne sachant que trop bien que le vampirisme se propage bien souvent dans l'entourage proche du sujet. peut-être pourrait-elle retrouver les deux grands frères dont luca lui a parlé ?

ses grands plans sont stoppés net par le bruit d'une personne qui approche. avec son don de jūjin, malvina, elle a pu l'entendre de loin. elle profite des quelques secondes qui lui restent avant que l'intrus n'arrive pour prendre un air faussement affecté, feignant une tristesse de mise. puis une voix résonne. elle est masculine, presque familière. derrière ses lunettes de soleil, l'écossaise lève ses yeux au ciel en entendant la question de l'inconnu. son agacement n'est pas perceptible et c'est d'une voix douce qu'elle lui répond. yeah. what about you ? elle est parfaite dans son rôle, mal. ce n'est que quand elle décide de se retourner vers lui qu'elle vacille, reconnaissant sans trop de mal son homme mystérieux, le père de l'enfant qu'elle n'aura jamais.  

alessio reste immobile jusqu’à ce que la silhouette de l’inconnue se révèle. brune. un visage qu’elle n’avait jamais vu auparavant, mais le brigadier n’apparait pas surpris. luca avait eu une vie en dehors de lui, avant le cataclysme que devint après leurs vies. elle semblait avoir le même âge que luca, si celui-ci aurait pu continuer de grandir. cette pensée est assez pour lui donner un pincement au coeur. parfois, il lui manquait si fort que respirer lui devenait compliqué, lui, le mort-vivant. « yes. » qu’il répond simplement avant de s’avancer à ses côtés et de faire à son tour un hommage.

les yeux sont clos, ses mains entrelacées alors qu’il prie pour luca, et pour lui-même ; pour qu’un jour il puisse également connaître la paix. les prunelles s'entrouvrent et il tourne la tête vers l’inconnue, « i miss him everyday. luca. » alessio n’attendait pas de réponse de sa part ; c’était sa manière d'extérioriser ses pensées, de relâcher la pression qu’il accumulait sans trop faire attention. « thank you for visiting my little brother’s grave. » mais le remerciement vient du coeur, et son regard se pose enfin véritablement sur la femme ; traits flous devenant plus détaillés. « were you his classmate ? »