I'm a vanilla baby (ailin)

( 22.11.23 · @Guo Ailin)

I'M A VANILLA BABY

Novembre. Un mois pourri. Peut-être qu'il fait beau à Kyoto, mais pas ici. Malgré le soleil qui tape en journée, malgré les feuilles qui signent la période de l’automne, il y a quelque chose de dérangeant dans ce mois. C'est le mois où rien ne se passe. À part les quelques anniversaires des un et des autres qui aident à rendre les semaines moins moroses, ça reste, qu'on se le dise : un mois de merde. Ça, en tout cas, c'était ce que pensait Andrea qui venait tout juste d'arriver dans la salle d’attente de son psychologue. Personne dans la pièce sauf un autre type, peut-être un peu plus jeune, ou un peu plus vieux que lui, il ne sait pas. Mais s’il est là c’est bien pour une raison. Est-ce que lui aussi avait des problèmes d’addictologie et de lycanthropie ? Est-ce que c’était juste un gars dépressif ou en manque de confiance ? Etait-ce un étudiant ayant vécu un accident grave et en processus de rétablissement et d’acceptation ? Aucune idée. Pourtant, Andrea lui faisait désormais face.

“Hey !” Dans cette salle d’attente, pas de magazines démodés sur la table basse, juste des livres récents, certains de modes, d’autres sur le sports et certains autres sur la santé mentale. Le patient du jour attrape son portable et se met à passer les stories des uns et des autres. Il like la story de son cousin Charlie qui, apparemment, a réussi ses oeufs au plat du matin, puis la story d’un joueur de Cosmoball qui fait la promotion d'une boisson énergétique. Puis finalement son regard se porte sur le garçon d'en face. Est-ce qu'il le fait ou pas ? Ça se fait pas, mais au moins ça pourrait une tentative de discussion ? “Ça fait longtemps que tu consultes ici ?” A vrai dire il n'avait jamais eu l'occasion de le croiser. L'emploi du temps du stargazer l'avait obligé à changé ces derniers horaires de rendez-vous avec sa psychologue. “Je sais que c'est probablement très indiscret mais vu qu'on est au même endroit, c'est pour quoi que tu consultes ?”

( 22.11.23 · @Andrea Davis)

I'M A VANILLA BABY

et ça vrille !
là : dans les iris ,,
flammes à brûler.

cendres à carboniser les euphories, sourires à s'être tous envolés. il n'en restait que les amours sans couleurs : ceux cramés, à venir salir les doigts de noir. quand elle en était celle, toujours serrée dans ses bras ! quand il ne pouvait l'enlacer lui que dans les songes d'Orphée. et s'il se retournait, viendrait-il à pouvoir lui en tendre ses phalanges, une dernières fois ?
de ces pas lourds :
à mener ,,
jusqu'aux vides.
de ces salles, à refléter les mois sans saveur. c'est qu'à la maison, tempête à s'être calmée. douceur retrouvée ! pour en savourer quelques idylles presque méritées. mais Ailin : tout cogne, dans sa tête. et derrière les sourires, et derrière les rires, c'en étaient les douleurs, à venir percer les carapaces. de ses paumes abîmées, à lui torturer l'esprit. car à chaque regard posé dessus, il repense à lui. Karma ! frère disparu ,, à hanter ses journées comme fantôme à vouloir le nuire.


et assis, là, à se perdre dans les pièces, à relever la tête sous les vocales à le sortir de ses torpeurs. sourire à en faire plisser les yeux, main presque trop familière à se lever pour en saluer la présence, c'est que les anonymes s'en perdraient à nouveau dans les silences ! jusqu'à ce que tinte les orages. prunelles à venir le fixer tout doucement, épaules à se hausser : combien de temps ? à ne même plus savoir. — Quelques mois sans doute ? On s'est jamais vu, non ? car les chaleurs à émaner de sa voix, il s'en redresserait, presque intrigué. — Direct comme ça, t'as l'air sympa toi. rire franc ! à n'en faire aucune signification péjorative !
car Ailin :
à apprécier ,,
les honnêtetés.
— Drame familial si on peut dire ? Mon frère s'est suicidé, et ça va pas trop là dedans. index à tapoter sa tempe, comme d'une banalité presque trop mondaine. c'est qu'il préférait en faire humour ((à le tuer)) pour en effacer chaque preuve des difficultés. — J'espère que ça plombe pas l'ambiance... car tout en devenait toujours plus sombre : quand les limbes en étaient évoquées. — Et toi ? J'espère que c'est tout aussi fun. c'est que les mots s'en faisaient maladroits ,, presque trop ironiques : ô carnage parfois incompris ! qui n'en voulait pas de mal. corps à finir par se lever pour se rapprocher, à en pointer du bout de ses doigts gantés une place juste à côté. — Je peux ? Ca fera plus convivial. Y'a pas beaucoup de monde qui aiment parler, d'habitude. Alors j'profite. à laisser sous-entendre : que le monde en était trop morose.

( 22.11.23 · @Guo Ailin)

I'M A VANILLA BABY

Finalement Andrea a bien fait de poser cette question au gars d'en face. Car non content qu’il répond direct mais il n’a pas l’air vraiment gêné, à lui demander s’il peut s’asseoir près de lui. La confession est tombée et le sourire d’Andrea s’efface instantanément, comme si on venait tout juste de lui asséner un coup sur la tête, ou de lui tirer dessus, peu importe. Il a mal. Il a mal d’entendre ce que son voisin vient de lui dire. Il était là à cause de son frère. A cause du suicide de son frère. Andrea déglutit. “Oh…Oui oui tu peux t’asseoir” c’est la seule réaction qu’il a. Pourtant, même s’il ne connaît pas le frère du disparu, il y a quelque chose qui lui brise le cœur. Peut-être parce qu’Andrea lui-même avait tenté de mettre fin à ses jours et que c’était pour cela qu’il était actuellement suivi et ce depuis 2019. Les émeraudes dévisagent le garçon, s’attardent sur ses yeux bruns. Et soudainement il se prend à imaginer ce qu’il se serait passé si c’était lui qui avait mis fin à ses jours. Si ce jour-là Somi n’était pas venu le sauver. Qu’est-ce qu’il se serait passé ? Est-ce que sa sœur serait à sa place chez le psy ? Ou bien Somi ? Etait-il plus facile de se remettre d’une mort volontaire ou involontaire ? Allez savoir. Il ne s’était jamais vraiment posé la question, trop obnubilé par cette envie, quasi quotidienne, de passer l’arme à gauche. S’était-il déjà mis à la place de ses parents ? De sa soeur ? De ses amis ? De sa copine ? Pas vraiment. Ou peut-être que si. Mais à chaque fois il en venait à la conclusion qu’ils pouvaient continuer de vivre sans lui. C’était peut-être vrai, mais qu’en était-il des séquelles ?

Certaines personnes trouvaient le suicide courageux. D’autres le trouvaient lâche et égoïste. Pour Andrea, c’était juste un acte de désespoir. C’était l’acte initié lorsque l’espoir avait quitté tout votre être et qu’il n’en restait plus rien. C’était pour certain, et peut-être pour lui aussi, une façon d’échapper à la mort, aussi étrange cela puisse être. Quoi de mieux que de se livrer à elle en ayant accompli tout ce qu’on souhaitait sur cette terre ? Quoi de mieux que de se livrer à elle plutôt qu’elle vous condamne et vous fasse attendre en vous torturant l’esprit et le corps de bien des manières ? Car elle ne prévenait jamais. Sauf si on l’appelait.

Est-ce que l’espoir l’avait quitté ce jour d’avril 2018 ? C’est-ce qu’il pensait oui, lorsqu’il avait englouti tout ce flacon et qu’il s’était laissé tomber sur le sol, attendant que la faux ne vienne le transpercer. Il ne se rappelait pas vraiment des détails ni des souvenirs, car tout restait très flou, mais il se souvenait parfaitement de la voix de sa meilleure-amie. Et il se rappelait du flou qui l’entourait avant qu’il ne perde connaissance, et peut-être qu’à ce moment précis, une lueur d’espoir et de regret avait été aperçue dans les yeux du jeune homme.

“Je… Désolé j’ai du mal à..Fin désolé pour le temps de réaction c’est juste que…fin…” Il se gratte la joue, le coeur battant, encore frêle d’émotions après toutes les pensées qui venaient de parcourir son esprit. “Je suis désolé pour toi et ton frère, et pour ta famille.” finit-t-il par dire en soufflant légèrement, les yeux légèrement brillants. “Je me doute que…ça doit pas être évident” Il n’en savait rien. Lui n’avait jamais perdu quelqu’un de la sorte, il était celui qui voulait se perdre. “Mais… Mais faut pas lui en vouloir… à ton frère. S’il a fait ça je veux dire, c’est probablement parce qu’il était fatigué d’une situation et…” Il souffle doucement et regarde vers le plafond, il n’allait pas se mettre à pleurer devant inconnu, certainement pas ici. “Je me doute qu’il doit te manquer… En tout cas, je sais que c’est pas facile à faire mais culpabilise pas. Et je te le dis en tant que personne qui…” Il hésite.

Doit-il lui dire? Peut-être oui. C’est la moindre des choses. “En tant que personne qui a déjà essayé…de…mettre fin à ses jours, il faut pas culpabiliser. On est nés… On sait pas pourquoi. Nos parents nous ont mis au monde mais on ne sait pas pourquoi. On est là, sur Terre et parfois ça va, et parfois ça va pas. Et faut pas culpabiliser parce qu’une personne a plus envie d’être là. C’est pas ta faute. C’est la faute de personne, c’est la vie.” Il ne sait pas s’il aurait dû dire tout ça. A vrai dire, il n’avait rien demandé. “Je suis désolé…j’ai plombé l’ambiance mais… fiou… Bref. Tu voulais savoir pourquoi je suis ici ? Et bien t’as la réponse. J’ai…des petits problèmes de…enfin…j’ai plusieurs problèmes mais, j’ai beaucoup d’idées noires, régulièrement, j’ai des problèmes physiques parfois et des problèmes d’addictologie, ce qui fait beaucoup pour un seul être. D’où le psy…” Il marque la fin de sa phrase avec un petit sourire puis s’essuie finalement une pommette légèrement humide du revers de la main. “Ton nom c’est quoi au fait ? Je me demande si je t’ai pas déjà vu quelque part, mais peut-être que je confonds ! En tout cas mon pote, je me doute que tu devais être proche de ton frère, et je sais que c’est pas facile, que ca le sera jamais mais je suis sûr que ça ira… ça finira par aller”. Et tandis qu'il essaye de rassurer le garçon Andrea attrape son portable, naviguant sur l'écran pour se rendre sur la conversation qu'il avec sa meilleure amie. Il pianote quelques mots, des désolé à tout va. Puis il fini par tout effacer pour mieux écrire "Je t'aime" et l'envoyer à la Japonaise.

( 22.11.23 · @Andrea Davis)

I'M A VANILLA BABY

percutent :
les souvenirs !
de ses mots ,,
à faire naufrages.

quand de familiarités offertes : ce n'en étaient pas sujets à cacher ! pour celui qui avait appris à faire avec ((sans)) lui. de sourires qu'il offrirait, à ne pas dramatiser la chose, et c'était peut-être parce qu'au final : Ailin s'était un peu perdu lui-même ! quand il en aurait explosé, avant, de ce sujet qu'il n'aimait pas aborder. il en aurait brûlé les rues, déchaîner les phalanges contre ceux qu'il méprisait : pour en enterrer les quelques larmes qui en avaient ravagé les visages auparavant. mais tout était vide, à présent ! à en avoir enfoui les douleurs comme si rien ne s'était passé ,, et c'était peut-être un peu pour cela, qu'il s'en était réfugié ici. à ne pas vouloir en extérioriser les maux sur ceux tant aimé : pour ne pas les perdre eux aussi de ses haines infernales.
à brûler ,,
lui :
tout entier !
quand de ses accords, à s'installer presque chaleureusement près de celui aux sourires arrachés, il en avait surement plombé l'ambiance ! cœur meurtri, à venir palpiter comme malédiction à se faire résiliente. ô les chaos en reprendrait un jour le dessus ,, à venir l'engloutir, quand dans le noir : il s'en sentait si seul. de ces doigts qui ne pouvaient pas en rester accroché chaque minute à ceux de celle qui en ramenait un peu de lumière dans ses journées ! à ne pas vouloir l'emporter dans ses chutes ! et ô les paumes à tout doucement redevenir douloureuses ,, venaient à réémerger sa voix à lui. loin, trop loin peut-être : et autre fois il en aurait tenté d'en suivre les sonorités, comme si le temps pouvait en être remonter. comme s'il pouvait en attraper encore sa main avant de le laisser sombrer.


— T'as pas à t'excuser, j'ai pas pris de pincettes pour balancer ça faut dire. Désolé.  car sans doute en avait-il pris l'habitude, finalement, d'en sortir les mots qui s'en faisaient si douloureux. à finir par se taire : l'écouter ! comme si les sagesses venaient à le prendre. et ça le détruit, Ailin, malgré ses airs confiants, et ça le tue ! de savoir que les autres en renfermaient secrets bien trop tragiques. à venir le ronger, le détruire minute par minute : quand de ces futurs venaient s'en effacer années à venir comme prophéties atroces. — Je suis pas aussi doué avec les mots que toi, je suis même une catastrophe ambulante mais...C'est une bonne chose, que tu sois encore là. Regarde, tu peux même avoir l'honneur de me connaître, si c'est pas beau. qu'il voulait en tenter d'en remonter ces morals presque si pesant ! à le penser inversement : quand lui en était heureux d'en avoir fait nouvelle rencontre presque trop amicale. — J'imagine que chacun a ses raisons. Comment je pourrai lui en vouloir ? Tout comme toi. Y'a pas de bon ou mauvais chemin, puis ça fait du bien d'en parler à quelqu'un. Enfin même si le psy a parfois l'air plus gonflé qu'autre chose. c'est qu'il préférait en rire !
faire comme si :
tout était ,,
normal !
— Alors merci. Pour tes mots, j'veux dire. Je suis sûr que ça ira mieux, un jour. Pour toi aussi d'ailleurs. parce que quand on venait déjà à toucher le fond ,, rien ne pourrait en être pire, par la suite. quand lui venait à y voir certains courages : à réussir à se confier ! à en avouer ce qui en était de plus enfoui au fond d'un être. chaos à régner, mais pas assez : pour en tuer le restant d'âme. — T'es courageux. C'est pas tous les jours, qu'on croise des personnes aussi charmante que toi. Moi un peu plus et je finissais par encastrer mon poing dans tout ce qui m'entourait. C'était pas très beau à voir.  rire fatigué ! quand les mots s'en faisaient presque mielleux ! à n'en penser pourtant pas moins : Ailin ,, seulement doué de ses gestes ,, quand les mots s'en faisaient toujours trop d'une chaleur étonnante.  — Et moi c'est Ailin, on s'est peut-être déjà croisé, qui sait. Quand j'étais étudiant peut-être ? Enfin ça fait un bail que j'ai drop les cours alors ça m'étonnerait...Mais c'est sympa de se poser un peu loin de tout. Et toi ? qu'il en pencha tout doucement son visage ! comme pour se surprendre à lui-même en avoir envie de sortir de sa petite boutique ! découvrir le monde : pour mieux respirer. — Tu parles beaucoup aux inconnus ? Non parce que sinon... et alors à venir en attraper son propre téléphone, le lui tendre finalement comme finalité si parfaite, c'est les sourires : qui en rayonneraient sur son visage ! — Je suis sûr qu'on risque de se recroiser ici, mais c'est un peu morose non ? En plus t'as l'air sympa, alors si tu veux mon num. Ah il parait que j'suis un peu chiant et impulsif, alors je te mets en garde. J'ferai peur, qu'on m'a déjà dit. malice certaine ! à vouloir en balayer toutes les douleurs d'un instant ! ô et peut-être arriverait-il à faire sourire juste un peu ,, celui toujours prêt à en servir d'oreilles ,, Ailin ! frayeur d'un temps, à faire frémir les plus tranquilles. — Enfin je dis ça mais on s'connait à peine. Mais bon, quitte à juste se croiser ici autant faire des trucs plus sympas, non ? Pour se changer les idées. rien de bien compliqué !

lui : à en espérer ,,
monde un peu mieux !
loin des problèmes.