half a corpse (dahm)

( 19.07.23 · outfit )

half a corpse
Les journées s’allongent de toute leur éternité, pour laisser la place à des nuits sans repos. Tout s’enchaîne, à la fois rapide, et d’une lenteur insupportable – les cernes qui ne cherchent plus à se faire discret sur le visage marqué de la sogaka. Portrait qui vient se fracasser contre l’ego à chaque fois qu’elle le croise ; celui d’une femme épuisée. Les apparences soufflées à la première brise venue. Portrait qu’elle cherche ridiculement à sauver, la rétine explosée mais les lèvres rosées. Les articulations cassées, mais les cheveux tirés. La poupée se désagrège au fil des heures sans jamais réellement s’abandonner, les entrailles écrasées par un mélange encore inconnu de peur et d’anxiété. Elle s’imagine que c’est ce qui la fait encore avancer. Que tant que l’inquiétude du monde continue à s’accrocher à son cœur, elle ne peut pas flancher.
A tort
Le crâne menace déjà d’exploser,
Les genoux de lâcher,
Elle aurait dû le sentir à sa voix un peu moins assurée quand elle s’est présentée au poste, à ses mains moites à la simple idée de recommencer – something’s wrong. Comme une fausse note de noierait dans une marée dissonante. L’instinct sommeille pourtant, profondément. Il s’est éteint sous le poids des automatismes qui rendent les choses plus faciles. Elle est seule, Saeri. Seule face à elle-même. Seule face à ses lacunes. Ça la déçoit plus que ça ne l’agace. Ça cache en réalité les reflux d’un dégoût habituel qu’elle porte à cette partie d’elle – weak. Insignifiante, quand elle croise sa sœur dans la tempête. Quand celle-ci prend le temps de glisser un be safe à sa cadette. Tremblante, quand son amant lui confie les mêmes mots par textos. Elle n’est pas pilier Saeri – se demande si elle le sera vraiment jamais.
L’aigreur est ravalée (une fois) (deux) (trois). Elle n’a pas le temps de s’y attarder. Le sait très bien. Parce qu’encore une fois tout s’accélère. Il faut bouger, se déployer, relayer les équipes qui se sont offertes à la nuit. Et elle obéit – aveuglément. Sans savoir vraiment ce qui l’attend, sans savoir si elle se sent prête. Elle n’a qu’une seconde pour laisser cette idée l’effleurer avant d’entendre son nom, son ordre. Yes sir.
Et, à l’image du reste, tout s’oublie très vite. La fatigue. L’aigreur. La déception. Le dégoût. Elle fait le vide, chasse chacune de ses pensées pour devenir cet automate qui l’empêche de ployer. Elle voit les vagues s’écraser, les unes après les autres, plus féroces que ce qui sommeille en elle. Elle voit la barrière résister. Et se demande combien de temps ce spectacle peut vraiment durer – un jour, une semaine, une année.
Et toujours lui,
pour prendre place à côté d'elle,
pour soutenir ce qu'elle ne peut porter seule,
pour tout gâcher.
Mais l’aigreur est ravalée (quatre fois) (cinq) (six). Of course it had to be you. Résignée, elle abandonne aussitôt le combat. Elle n’a pas la force de le rabaisser, de trouver les mots justes et de les teinter de son venin habituel. La voix retombe aussi platement qu’elle s’était élevée. Neither the place nor the time. Mais le regard se décroche une demie seconde de la jointure de ses doigts, tendus. Se pose sur la carcasse à côté d’elle. You look shitty. He does. Et ça lui fait presque du bien de le constater. De trouver de la compagnie dans ce détail épouvantable.

( 19.07.23 · outfit )

half a corpse
— don't worry, I'm careful. Listen Da- ...Yeah, I know. Love you too. Appel raccroché, téléphone rangé — un long soupir s'échappe de tes lèvres abîmées. Visage enfoui dans la paume de tes mains épuisées (par le chaos, par la douleur), tu t'accordes une courte pause pour reposer ces paupières lourdes de fatigue ; pour te regrouper. Car depuis quelques jours, tu sens la raison te filer entre les doigts. Manipulé tel un vulgaire pantin par la bête grouillant sous ta peau (insatiable), tu déambules et réponds aux ordres sans vraiment y réfléchir — ton corps ne t'appartenant plus qu'à moitié. Tentant néanmoins tant bien que mal d'ignorer tous ces symptômes que tu ne connais que trop bien, symptômes plus violents qu'à l'accoutumée que l'incident n'avait manqué d'éveiller et ce bien plus tôt que prévu, tu sais important de garder ta condition (malédiction) secrète ; de garder autant que possible tes sens aiguisés pour éviter qu'une erreur ne soit commise.

Des bruits de pas précipités se faisant entendre au bout du couloir et te tirant de ta torpeur dans un sursaut, tu t'assures hâtivement que les écailles sauvages parsemant ta peau de leur éclat émeraude soient parfaitement dissimulées sous les manches longues de ton uniforme avant de te lever dans un grognement étouffé. Les minutes (les heures) s'engrènent à une allure folle et tu ne peux te permettre de te prélasser plus longtemps.


Yes, Sir. Déclames-tu à l'unisson, les instructions de ton supérieur hiérarchique une fois données. Prêt à rejoindre le front sans attendre, la voix s'élevant à tes côtés t'arrête dans ton élan. Dans ton état de fatigue second, tu n'avais pas même remarqué que ta partenaire de la journée était nulle autre que Saeri. Et en l'espace de quelques secondes, tes espoirs d'une mission rondement menée s'envolent. Gotta pair the best with the worst. Répliques-tu sans grande conviction, plus par habitude que par un réel désir de la provoquer. Thanks, that's the exact look I was going for. Si ton sarcasme ne peut s'empêcher de prendre le relais quand la furie est dans les parages, tu sais pourtant qu'elle marque un point. Teint blanchâtre, yeux cernés de noir, mains tremblantes — tu n'es que l'ombre de toi-même, Dahm. Recoiffant alors tes cheveux de tes doigts las, ton regard vide d'émotions se pose sur elle sans vraiment la voir. Care to get to work or do you want to chit chat some more ? Sourire fade ne cachant rien de ton humeur massacrante (accablée), tu n'attends pas de réponse avant de tourner des talons en direction de votre poste, ponctuant tes grandes enjambées d'une dernière pique lancée par-dessus ton épaule. By the way, let's not bicker like school girls today and let's just get this over with. Because I don't know about you, but I'd love to take a 3-days nap after this.

( 19.07.23 · outfit )

half a corpse
Y’a la volonté de contester, cracher à son tour tout ce que son arrogance peut lui inspirer ; aversion qui se rapproche chaque jour dangereusement de la réaction chimique. Son souffle fatigué suffit à lui faire lever les yeux jusqu’aux confins de l’univers, serrer les poings et ravaler tout ce dégueulis d’insultes qu’est jamais très loin de dévaler la pente de ses lèvres. Jusqu’au trop plein.
Mais aujourd’hui la volonté va pas bien loin,
S’échoue lamentablement à leur pied, et elle qui se retient de le provoquer. Surenchère habituelle qui trouvera pas son écho, pas aujourd’hui, pas ici, pas comme ça. Elle remplace son venin par une exaspération qui prend tout autant de place – pas sur sa bouche fatiguée, mais dans le noir de ses yeux qui appelle à la tempête, qui se pose, accusateur sur le corps défait de ce qui était, jadis, un ami. Whatever presque muet qui se faufile entre les dents. Y’a plus urgent que leurs querelles de maternelle, que de savoir qui d’entre eux gagnera aujourd’hui le combat ridicule de leurs égos. The nerve. I was barely spitting facts.
Les pieds en équilibre précaire sur la plage de galet, les cheveux tachetés d’étoiles d’humidité projeter par la grandeur des vagues, elle aurait préféré que le vacarme de la mer engloutisse les remarques acerbes et les sous-entendus grossiers de celui qui se voulait le plus mature du troupeau. Mouton de plus aux crochets d’un mépris dévastateur. Elle s’en fout, ça lui passe au-dessus. Pourtant y’a quand même son épaule qui bouscule la sienne (inadvertance assumée) quand elle le dépasse, l’envie de le balancer aux poissons qui meurt dans ses poings serrés. We all know what a lazy piece of shit you are. Stop talking then. Soupçons d’humanité si vite ravalés, de quand ses yeux avaient accroché le teint blafard, les muscles crispés, le regard vide – il est pas plus con qu’un autre jour. Pas moins non plus. Elle sait pas ce qu’elle s’était imaginé dans cette demi-seconde de compassion. S’en voudrait presque, d’avoir pensé qu’il serait capable de mieux (celui dont elle a besoin, aujourd’hui). Et les épaules se font plus lourdes de savoir qu’elle ne pourra pas se reposer sur les siennes (celles d’un collègue).
Alors le regard se perd sur l’étendue salée, les pieds finalement à la lisière du sable et des galets. A attendre que naissent, sous les roulements d’écume, quelque chose d’un peu trop grand. Comme on attend le jugement dernier. Et le temps qui continue son étirement – inlassablement. I’ve never seen anything like this. Plus un murmure qu’une invitation à la conversation. La voix est lourde de cette peur que lui inspire les vagues, de ce qu’elles cachent (réellement). Des mondes, des monstres. Et l’invitation qui se fait finalement ; have you ? Lui qui nage dans ces mystères quotidiennement, qui flirt avec leurs dangers, leurs secrets et ces non-dits qui se susurrent dans les couloirs.
Et finalement les mains se lèvent fièrement devant elle, le catalyseur précieusement bloqué au fond de sa poche. Les yeux qui pensent avoir anticipé un creux un peu trop sombre, qui préfèrent se préparer au pire plutôt que de se laisser engloutir. Finalement pour rien. La barrière ne tremble pas, la vague s’écrase comme les autres. No comment.

( 19.07.23 · outfit )

half a corpse
Why the fuck am I here ? Tu aurais dû refuser cette mission, Dahm. Trouver une excuse, dire la vérité. Mais comment ? Complais dans un déni depuis des années, tu te pensais plus fort physiquement (psychologiquement) — persuadé de pouvoir faire face malgré la fatigue et les maux à n'importe quelle situation avec aplomb, celle-ci y comprise. La réalité, dans toute sa brutalité, n'a quant à elle de cesse de te rappeler ta stupidité (tes erreurs). Car à vouloir être parfait, à avoir peur d'être abandonné, tu n'es aujourd'hui qu'un potentiel danger de plus pour ta camarade — loin d'être le roc sur lequel elle devrait pouvoir se reposer.

Regard se fixant sur tout sauf sur les roulements de l'eau furieuse berçant tes sens au mépris de tes efforts, tu tentes d'ignorer les picotements de ta peau prenant petit à petit une apparence reptilienne ; résistes à l'envie d'arracher chaque écaille une par une en plantant tes dents dans la chair de ta lèvre malmenée jusqu'au sang. Tu ne peux te laisser engloutir par l'appel de la mer — pas maintenant (pas devant elle). No. I hate the sea. Haven't been this close in years. Comme simple réponse à son innocente question ne manquant pourtant pas de raviver tes plaies incurables et de te plonger dans de cruels souvenirs — les faibles rayons de la lune peinant à percer l'obscurité des profondeurs ; l'eau noire emplissant tes poumons brûlants en quête désespérée d'air. Un soupir tremblant t'échappant, ton attention est cependant rapidement détournée par le mouvement soudain de la jeune femme. L'observant du coin de l'œil, tu hausses sobrement des épaules à son embarras. Better safe than sorry, don't worry. Réfléchissant à toute vitesse pour trouver une solution à ta concentration fléchissante, tu décides finalement de faire abstraction de tes ressentiments et de te focaliser sur sa présence à tes côtés. Et imaginant d'avance ses moqueries ou sa colère, tu regrettes déjà les mots s'apprêtant à franchir le seuil de tes lèvres. Remember when you threatened me because of my little abuse of power ? My little sister started dating. Not a fan of her boyfriend, she shouldn't have one to begin with. She's still a baby, only 16. Way too young for boys. Racontant tout et n'importe quoi pour combler le silence (ne pas perdre la tête), tes pupilles glissent un instant sur la mer agitée, t'arrachant un tressaillement incontrôlé. Essuyant machinalement les quelques gouttes de sueur froide roulant sur ta nuque, tu ignores le vermeil tâchant ta bouche de rouge. Mind telling her that the next time we're forced to eat diner together because of our parents ? Would be great if you could emphasize that she should wait to date until she's at least 30. Enième frisson, dissimulé derrière la fréquence frénétique de tes doigts tapotant sur ton bras (incapable de rester immobile très longtemps). She doesn't want to listen to me, says I'm a hypocrite.

( 19.07.23 · outfit )

half a corpse
A en oublier à quoi ils ressemblaient avant – quand elle n’avait pas besoin de rester là, droite, fière, à attendre l’impact. Quand il ne se faufilait pas, sournois, dans ses failles, ses plaies ouvertes pour les soupoudrer de son grain de sel. Celui qui dérange, qui saigne à vif ; celui qui, aujourd’hui, ne vient pas. Et si l’attention s’était portée ailleurs, plus loin, dans le creux de chaque vague, dans la peur de ce qui s’y cache, elle finit toujours par se reposer sur lui. Discrètement. Dans le coin d’un regard étonné, dans une moue boudeuse. Presque déçue de pas voir leur colère s’entrechoquer. Don’t worry. Pas le genre de mot qu’elle imaginait encore se frayer un chemin entre ses lèvres – pas pour elle. Don’t worry, qu’elle laissera filer, avec la même rapidité qu’il est venu, qu’elle regardera se dissoudre dans l’écume à leur pied. L’odeur trop forte retrousse le bout de son nez, contre son gré. La grimace, quant à elle, reste bloquée à l’intérieur, dans l’acide qui lui arrache la trachée ; ça finira par passer. Comme tout le reste. Comme la tempête qu’elle cherche à contrôler, de ces picotements au bout de ses doigts et de cette rage qui secoue toujours les entrailles – celle de vaincre, de réussir, de pas faiblir. Alors elle plonge en elle pour y puiser toute l’énergie qui lui manque, pour mieux se concentrer, et peut-être – my little sister started dating. Le fossé se creuse entre les sourcils, les doigts tressautent de surprise ; the heck is he saying ? L’absurdité dégueule de sa bouche, rempli de ce naturel répugnant, de ce trop-à-l’aise écoeurant. Le monologue piétine la fierté, la réduit en charpie dans ce tableau défait – parce qu’elle le voit, du coin de l’œil, le malaise qui perle sur le front, qui marque les lèvres à vif. L’incompréhension fait barrage au soupir, à le voir se débattre dans une réalité contraire ; loin de l’angoisse qui la ronge, elle, de l’urgence qui glisse dans la marée, et de ce chaos ambiant qui n’a rien pour la rassurer – everyone, get ready. Ça sature contre le tympan, secoue le corps d’un nouveau sursaut. Shit… Elle sent la tension se glisser sournoisement le long de chacune de ses phalanges, caresser sa colonne vertébrale dans un frisson désagréable sans que les yeux ne se détournent de leur objectif – l’horizon en constante évolution. L’index démange, vient gratter l’ongle pour s’éviter d’arracher le système radio planté dans son oreille, et les jurons restent sagement assis à la lisière de ses lèvres. Figés sur place par cette peur ingrate qui pourrait faire trembler jusqu’à ses os.
Ça lui ressemble pas,
Et elle déteste ça, devoir se demander dans la tempête s’il voit tout ça, tout ce qui se superpose, se succède, s’efface en elle. Si elle devinera, en tournant la tête, en croisant son regard, cette malice habituelle au fond de ses pupilles noires. Si elle entendra son rire dans son silence, si elle devinera le commentaire de trop avant qu’il ne s’échappe.
Alors elle (le) regarde pas. Elle attend que ça passe, que la magie serve à effacer les traces de l’averse. Que les sortilèges murmurés du bout des lèvres ne soient plus une nécessité et qu’elle puisse finalement relâcher ses épaules – les doigts toujours engourdis, la poitrine lourde de l’énergie qu’elle n’avait pas, mais dont elle s’est tout de même vidée. Incapable de dire combien de temps ça a duré (quelques minutes, ou toute l’éternité), elle attend soigneusement que le souffle se cale sur le rythme effréné de son cœur pour se donner l’impression d’une quelconque stabilité, même bancale ; was that you asking me for a favor, or did i miss something ? le rire qui l’aurait normalement accompagnée reste coincé dans sa gorge nouée. Il n’y a que ses sourcils pour se caler sur les vagues, à s’arquer sous sa pleine interrogation, et ses yeux pour glisser sur le malaise grandissant – le sien, à lui, trop rare pour ne pas s’y attarder. Let your sister live for Merlin’s sake … If she’s smart enough to call you a hypocrite, she’s clever enough to date a nice guy ... or girl, whatever she likes best. Le soupir effleure à peine les lèvres, à se confondre avec l’angoisse qui comprime les poumons. Se laisse remplacer rapidement par la curiosité qui viendrait peut-être éteindre l’incendie panique qui décime l’intérieur de sa poitrine. What can you possibly have against a 16 years old boy anyway. Ironie absurde de celui qui ne reste jamais plus d’une nuit dans un même lit, celui que les draps oublient sans jamais s’encombrer du souvenir de son odeur – déjà partie. Fantôme de fantasmes à la morale facile, mais aux valeurs absentes. Fantôme tout court, qui disparaît au fil de l’eau, les minutes comme preuve un peu trop tangible du temps qui passe, et l’efface. Are you ok though … ? Elle entend l’hésitation de sa propre voix, presque discrète dans le sillon bruyant de la tempête qui ne se calme pas. Elle la sent, cette peur qui grandit dans le ventre, qui fait pression contre les poumons – des nœuds de stress sur qui se conjuguent entre eux pour en faire de plus gros. Say yes – or else ; l’impression que le sable pourrait s’évaporer sous ses pieds, ou l’engloutir tout entière s’il devait l’abandonner.