(+18 tw gruesome) don't hurt yourself. (kayla)

Le soleil s'inclinait sur le front d'Abel. Il avait le regard plongé dans un grimoire dont les poussières voletaient entre les rayons, ceux qui avaient, malgré les rideaux, réussi à percer la noirceur de la pièce. Neela était arrivée, et avait jeté le sien devant son nez - à la page désirée. "I'm gonna do it." avait-elle déclarée, faisant signe du menton vers ce dont elle parlait. Le jeune sorcier l'avait effleuré de ses yeux gris, l'ombre d'un rictus pendant à sa bouche. Il connaissait l'ardeur des désirs de la Barker, la manière dont le feu adorait sa chevelure - s'y accrochant jusqu'à la consumer entièrement. Il connaissait la dangerosité de ses impulsions - il s'en amusait, s'en délectait, maitre d'orchestre de tous les monstres qui fleurissaient sur son corps. L'huile à ses flammes. "What now? This?" son sourcil s'arqua, l'index posé sur l'illustration d'un loup-garou crucifié par la peine. "I'm gonna kill him, Abel." le garçon avait ricané, simplement...il le faisait avant chaque duel, avant chaque bêtise, sa cigarette illuminant un coin de ses iris.
- "Don't take it personally...but you think you can do it?"
- "Even a worm will turn."
C'était aussi expéditif, avec Abel. Une mauvaise idée, une mauvaise décision, et il bâtissait un autel. Seize années et elle se couronna bourreau.

Neela était semblable à un vieux chien. La hargne de sa morsure pulsait dans les plaies, de la moisissure s'accoutumant à l'épiderme. Nerveuse, ses mots se logeaient dans les battants - straight as an arrow, deadly as a bullet. Et elle ne démordait pas, malgré les coups, malgré les cris, ses yeux fermés, elle restait ancrée.

L'idée était née d'un sadisme inconscient - d'une nécessité cruelle. "A necessary evil." s'était-elle justifiée auprès de Robin, alors qu'il roula des yeux.
Elle avait pris la potion de polymorphe dans sa voiture, garée dans une allée silencieuse, à quelques lieux de celle qu'elle avait choisi comme échafaud. Une cigarette cramée avant le cul-sec, une alarme avait été prévue afin qu'elle se réveille de son somme d'une vingtaine de minutes environ, le temps que la potion fasse son effet. Les paupières fermées, le liquide avait semblé brûler sa peau et tirer sur ses cartilages - nothing on my transformation avait-elle pensé, les sourcils froncés et les ongles plongés dans son siège. Elle avait été sous l'eau, la musique s'effondrant dans son crâne.
Une fois que l'alarme avait sonné, elle s'était précipitée sur le miroir du rétroviseur, observant des traits nouveaux percer son visage. La jeune femme devant elle était différente - une élégante froideur dégageant de ses mimiques. Grimaces, sourires, l'orpheline avait pris l'apparence d'une autre pouilleuse.
Puis elle avait attendu, sa stéréo pulsant.


Il lui restait désormais une heure trente avant que les effets ne se dissipent. Alors termina-t-elle son café d'une traite, froid depuis son arrêt. Fuck, I need a cig, l'ongle était mordillé, le coude posé sur l'ouverture de sa vitre, son regard voletait dans toutes les directions; l'entièreté de son corps alerte...des frissons secouaient ses membres de temps en temps. Son coeur battait la chamade. Fuck. Le bout de ses doigts froid. Fuck. Elle secoua son crâne, soudainement plus léger sans le poids de ses cheveux, froissant ses paupières de ses poings. Elle essayait de se souvenir de sa routine de cheerleader, une main en air, l'autre devant elle, les pompoms bruissant sous la lumière argentée du stade. Un pied en arrière, l'autre voltigeant sur le côté. Et ce sourire plastifié écartant ses lèvres.
Be aggressive.
B-E aggressive-gressive.


Elle sortit de sa caisse, surprise de la hauteur de ce corps étranger, claquant la portière derrière elle. Marcha quelques instants avant de se fondre dans la nuit, adossée contre un mur humide. Une heure vingt.
Il devait arriver dans une dizaine de minutes, si ses observations avaient été correctes, ce qui lui laissait un total d'un peu plus d'une heure pour loger une balle dans son myocarde. Easy enough.
Dix huit années qu'elle ne l'avait pas revu - devant elle, en chair et en os. Des photographies, des fantômes, des traits de stylos avaient pris sa forme...mais jamais ne l'avait-elle retrouvé physiquement. Du moins pas d'aussi près, pas sans la protection de son anonymat et de sa cachette. Neela se jetait dans la gueule du loup;
une nouvelle fois.

Mais elle ne pouvait pas l'abandonner. She couldn't abandon the angry little girl in her - she's been abandoned one too many times. Alors respirait-elle doucement, comptant les secondes qui s'écoulaient.


De la brume émergea-t-il, enveloppé d'un manteau de ténèbres - il trainait des peines sous ses souliers, des millions d'étoiles éteintes. Neela se redressa, sa respiration vacillant quelques micro-secondes. He's here, sainte figure qu'elle avait orné de soleil et de rires, il ne restait plus que les ossatures d'ailes, que des cendres collant son palet...peut-être qu'en crachant, elle pourrait se débarrasser de cette rage. Peut-être qu'elle pouvait encore gratter son épiderme jusqu'au sang et y découvrir le dard qu'il y avait laissé.

You know you made me cry
More than you could make me laugh
So funny looking back, I thought it was love
You know you made me sad
When I was already sad
So funny looking back, I didn't need it

Elle pensait halluciner d'abord, attendant qu'il se rapproche un peu plus pour en être certaine. Plissant légèrement des yeux, il n'y avait aucun doute, il était bien celui qu'elle attendait.

"It's Kayn!" avait-elle hurlé, sautant de sa chaise et renversant son verre de lait au passage. Le garçon s'était absenté quelques jours pour une raison qu'on laissait volontairement obscure dans la tête de la jeune sorcière. Miss Jane se pressait également derrière les pas de l'enfant, une serviette balançant dans ses mains. Et lorsque la porte s'ouvrit, Neela avait sauté dans ses bras - et elle pensait que son sourire allait arracher sa face en deux tant il s'engorgeait de grandeur et de joie.
- "Easy Neel, let the poor boy breathe!" la sorcière les sépara, repoussant l'orpheline derrière ses jupes, mais cette dernière laissait tout de même trainer sa main devant elle, espérant qu'il la saisisse.

Des chimères dansaient dans ses méninges, mordillant sa frêle planification - y injectant le poison du plaisir, de l'euphorie. Dans d'autres mondes, ses pieds l'auraient emmené jusqu'à lui. "I've found you!" aurait-elle sangloté, ses paumes se posant sur ses joues, son visage se perdant dans la nuque du garçon...non l'homme, à présent. Man, my ass - mais c'était son monde, et elle attendait seulement de planter ses dents dans son cou et d'en extraire la jugulaire.

L'orpheline se souvenait comment elle l'avait attendu sur son lit d'hôpital, encore persuadée, pendant une semaine entière, qu'il se pointerait malgré les dires des adultes. He would find a way, se consolait-elle - si quelqu'un avait pu s'incruster dans un lieu aussi macabre, c'était bien lui, le garçon aux yeux bleus. Elle était certaine qu'il regretterait sa fuite et viendrait la voir. Elle refusait même qu'on brosse ses cheveux pendant tout ce temps. He knows how to do it. He knows it better.  Au final, avait-elle dû apprendre seule à tresser ses mèches.
C'était le genre de douleur dont on n'arrivait pas à se débarrasser, le genre de peine qui revenait les nuits d'insomnie et hantait les neurones. Certains en devenaient fous, was she too gone now?
Parce qu'elle en était quasi-certaine, Neela. Si on l'ouvrait entièrement, on pourrait y trouver des filaments de son poison, des fissures dans son coeur là où il aurait dû être logé confortablement...des déchirures dans ses bras, son épaule, la moitié de son être charnel appartenant à quelqu'un qui n'était pas elle. A tantôt cette bête qui l'appelait les nuits de pleine lune, tantôt ce fantôme obscur noircissant les plus claires de ses pensées.

Il avançait, d'un pas presque nonchalant, la lumière artificielle s'accrochant en flash à ses cheveux - trempés de cire. La sorcière voulait ricaner, son calme apparent l'irritant. Il était là, Judas - celui qui connaissait l'essence même de sa personne, la vitalité et le funèbre qui s'entrelaçaient en elle : il connaissait le goût de son sang, de sa chair, le son que faisaient ses os lorsqu'ils craquaient, la déchirure qui sortait de ses poumons lorsqu'elle hurlait au loup. Et la pensée même lui donnait la nausée, ses yeux retrouvant le goudron devant elle.
Parfois, se demandait-elle si elle l'avait dégoûté, cette nuit-là...quand elle avait rempli sa bouche de carmin, s'était infiltrée entre ses crocs, léchant sa langue et ses babines.
L'avait-elle rendu malade ? L'avait-il dégueulé quelque-part; la paume de sa main s'accrochant à un tronc, ses cheveux humides de sueur devant les yeux, les pas chancelants. Il avait peut-être eu le tournis, des tremblements saccageant son équilibre.
L'avait-elle rendu malade ? A en vomir dans un coin des bois, à vomir des bouts d'elle sur ses plantes chéries.
I hope not.
Fuck yeah, I bet I did.

- "Hey." dit-elle, quelque-peu surprise par la voix qui sortait de son gosier, plus feutrée que la sienne. Le plus faux des sourires dévoilait ses dents, scindant son visage en deux.
Am I still making you feel sick? Les doigts croisés derrière son dos.

"Don't worry," le blond lui avait murmuré, une nuit, alors que Neela ne pouvait entendre que leur coeur tambourinant à l'unisson sous les draps. "I'll keep your good god busy that night." et un rire avait surgi des lèvres de la sorcière. Encore maintenant, elles tremblèrent d'un léger sourire, la nostalgie diffusant son parfum.
Et Neela espérait, que juste pour cette nuit sa volonté ne flancherait pas. Que juste pour cette nuit, les cieux voileraient leurs yeux. Keep your promise, Belair.

Eiyamachi était toujours plongé dans le noir, bouffé par la nuit et les démons qui y grandissaient paisiblement. Le soleil du reste de l'archipel avait le goût de l'or et des pierres précieuses, et Kayn s'en rendait compte à chaque fois qu'il se voyait contraint de quitter le microcosme sombre - son corps se dissimulait à ses rayons et ses yeux venaient se cacher derrière des verres opaques, tant sa lumière l'aveuglait et sa chaleur le déstabilisait. Il avait toujours évolué au travers des rues du quartier des fêtes et de la crasse, et il se persuadait que les réactions de l'astre sur lui n'étaient que la cause de ses mauvaises actions, de ses mauvais choix. Que d'une certaine façon, il ne méritait pas de s'extirper de sa misère - qu'elle collait tant à sa peau qu'il lui était devenu impossible de s'en débarrasser.

- "By the Founders, you still look like shit Ash'." Hajime lui fit remarquer, le matin même ; des cernes immenses s'étalaient sous ses yeux, et elles possédaient l'apparence de pétales si violacés que l'on pourrait les confondre avec des hématomes. C'est qu'il ne dormait pas beaucoup, en ce moment --- ces dernières années. Cela n'avait aucun lien avec ses activités, ni même ses fréquentations, ou bien le poids de ses actions sur sa conscience ; il savait déjà que l'enfer viendrait le saisir une fois la mort figée dans ses veines, alors il s'était promis de ne pas s'en préoccuper de son vivant.
À l'interlude des cauchemars qui saisissaient ses poumons au point de le faire suffoquer dans son sommeil, Kayn avait l'infini devant lui pour penser, recroquevillé contre sa tête de lit en fixant le mur face à lui dans l'espoir d'ancrer son esprit ailleurs que sur ses angoisses, que sur ces instants de vie qui lui revenaient lorsque son obstination à les fuir était anesthésiée par son éreintement.

Il finit éventuellement par se rappeler de son pendentif, dont les différentes parties s'étaient brisées lors d'une mêlée.

D'aussi loin qu'il s'en souvienne, la construction possédait une valeur particulière à ses yeux, si bien que la récupérer défoncée sur le bitume avait enserré son cœur d'une nostalgie étrange, dont il n'arrivait encore pas aujourd'hui à se libérer. Dans un moment de désespoir, où son corps était si fatigué qu'il peinait même à se lever pour atteindre sa serre et ses plantes, Esraa & lui s'étaient appliqués à en recoller les brindilles de bois sec, avec de la glue dérobée sur une étagère de l'un des konbini à la devanture abîmée par la brume et la pluie. Il n'avait jamais osé lui avouer de vive voix la préciosité de l'objet pour lui, coinçant les mots et leur signification entre des lèvres fermées à double tour, en attendant lui-même de savoir pourquoi.
(Pourquoi des bras fantômes venaient l'étreindre, pourquoi sa rage s'apaisait et pourquoi on lui permettait de reprendre son souffle, à chaque fois que le collier se perdait dans le creux de sa paume ?)

Pour autant, ses cauchemars ne s'étaient pas arrêtés. Et à mesure que la fatigue se répandait comme un venin dans ses membres, Eiyamachi revêtait des allures de cauchemar sans fin, perdant son esprit dans des heures nocturnes qui se confondaient à un abîme infini duquel il ne parvenait pas à s'extraire. Alors à défaut de trouver quelque chose pour calmer ses tempêtes, Kayn faisait en sorte de ne plus les subir ; restait éveillé aussi longtemps que son corps le lui permettait grâce à des potions, avant de céder à l'épuisement pour quelques heures sans rêve.

Esraa n'approuvait pas, Hajime non plus - Kayn s'en fichait de leurs avis. Parce qu'il n'en pouvait plus de ne plus fonctionner et c'était là la seule solution qu'il avait dénichée pour l'instant.
"Deal with it," cracha-t-il en réponse, puis s'extirpa de la portée de toute réponse en claquant la porte de leur appartement.

Aujourd'hui, il devait faire bande à part avec l'orpheline - la perspective de se confronter à son silence l'emplissait de joie. Indifférente, elle ne commentait plus les cernes bleuies qui gravitaient sous ses paupières, comme si elle s'était totalement habituée à leur présence et qu'elles faisaient dorénavant partie de son personnage. Kayn préférait ça aux remarques désobligeantes qu'Hajime ne retenait jamais.
En avance, il saisit son téléphone pour appeler Esraa. Si les bips raisonnèrent contre son oreille, aucune autre voix que le répondeur ne retentit à l'autre bout. sigh. Un second essai, puis un troisième, et il abandonna l'idée de la joindre ; s'extirpa du cul-de-sac où il avait fini par cacher sa voiture usée pour atterrir au coeur de Kagemura. Le village des ombres était calme ce soir, et au bout de quelques regards bien placés, Kayn finit par poser les yeux sur son acolyte,  positionnée de l'autre côté de la route.

Une dizaine de foulées le menèrent enfin à sa hauteur, faisant voler son manteau noir à la façon d'une cape épaisse.
- "Hey." Elle lui offrit un sourire immense en le voyant arriver, et Kayn lui retourna une expression mitigée.
- "Why don't you answer your phone?" Ses mains protégèrent brièvement sa cigarette du vent, laissant le temps à la flamme de son briquet d'éclater dans l'obscurité.
- "Oh sorry, I forgot to take it this morning." Il arcqua un sourcil, surpris.
- "Since when are you forgetting to take your phone? Pour toute réponse, elle haussa les épaules puis le dépassa, empruntant un chemin dénué de foule.
- "Where's Hajime? Isn't he supposed to join us?"
- "He's with Shilo, he needed his skills for something - we're tracking the werewolf without him. Told you last night."
- "Yeah, right."
Dans son avancée, il finit par se retourner pour la dévisager. Il la regarda avec insistance, sans savoir ce qu'il cherchait exactement, laissant la fumée traverser ses lèvres.
- "You okay?"
- "Definitely more than you. Did you sleep at all?"
Il l'ignora, bifurquant sur sa droite pour emprunter un chemin serré. Ils continuèrent un moment à discuter, circulant dans le labyrinthe humide formé par les allées de la basse-ville, et ce fut plusieurs minutes après que son instinct se mit à crier que quelque chose n'allait pas. Plusieurs fois, il ralentit son allure pour vérifier le vide derrière eux, ne croisant que le regard interrogateur de Esraa, habituée à couvrir ses arrières. La manie dissipait momentanément le mauvais sentiment qui se répandait en lui comme une traînée de poudre, mais elle n'arrivait pas à tout-à-fait apaiser les battements de son coeur, qui criaient wrong wrong wrong.

Finalement, ils arrivèrent à proximité des logements délabrés qui bordaient la forêt de Phosphore. Son corps se fondait à la perfection contre les murs gris du marché noir dans l'attente de repérer leur cible, évitant les néons sans même regarder au-dessus de lui. Tous ses sens continuaient de lui hurler dessus, lui donnaient l'impression d'être incroyablement vulnérable, mais il choisit de ne pas l'écouter, conforté par la présence de son amie à ses côtés.
Soudain, un visage à plusieurs mètres d'eux attrapa son attention. Il se tourna vers Esraa, lui indiquant d'un mouvement de tête de regarder discrètement par-dessus son épaule.
- "He's here. Look."
La sonnerie de son téléphone interrompit leur échange, et il lui indiqua de ne pas le perdre des yeux le temps qu'il vérifie ses messages. À la vue de son écran, il fronça les sourcils.

Esraa's joining us for the exchange. U'll be ok on yr own?
Ses doigts s'agitèrent contre son clavier. Esraa's with me.
Les secondes s'éternisèrent avant qu'il ne reçoive une réponse ; à sa lecture, un frisson parcourut toute la longueur de son échine. No bro?? Esraa's already there.

Il avait l'habitude des situations désespérées, de celles qui figeaient ses membres comme s'ils étaient davantage prêts à accueillir la mort qu'à tout faire pour l'éviter. Il avait également l'habitude de traquer, de recueillir des informations et de les vendre, de menacer et d'appliquer lesdites menaces, mais jamais on ne l'avait encore pris personnellement pour cible.
Tout s'assembla dans son esprit, et il savait que la personne face à lui n'était pas celle qu'il pensait être.
Alors lorsqu'il releva son regard vers Esraa - la fausse - sa main droite était déjà posée sur le chrome de sa dague, et tout semblait indiquer sur son visage qu'il se savait en danger.

Il ne perdit pas de temps ; propulsa de sa main libre une première vague de flammes en direction de l'intrus.

tw : jsuis déjà essoufflée, mais mention de démembrement, de sang, de violence, de meurtre, et tout le champs lexical qui va avec - du gore quoi.

La première chose qui lui parvint était le parfum des déluges - le coton du ciel filant au gris, au sombre, le soleil s'éparpillant en des lumières métalliques. L'odeur de la boue qui revenait avec les bourrasques, les tonnerres qui pendaient aux bords des nuages engrossés de chaos, prêt à exploser dans les tympans. Des frissons la parcoururent alors que ses iris se lancèrent vers les cieux - vérifiant que ces derniers ne se couvraient pas, mais il apparut et elle en plissa les yeux. Comme un cyclone qu'on voyait arriver au loin dans les terres, il s'étendait entre l'enfer et le paradis - sa silhouette noire avalant toutes les lueurs et ombres qui se promenaient sur son chemin.
Elle en venait à se demander combien de choses il avait absorbé dans sa tempête - combien de dommages avait-il engendré. Combien de larmes avaient rempli son calice.
Sa propre figure s'était redressée, un pas en avant dans une peau qui la démangeait toujours - qui n'était pas la sienne. Pour un crime seulement, le gant lui conviendrait - si bien, qu'elle pouvait en ricaner, l'âpreté bousillant son gosier.


Le regard perdu entre des lignes, parfois devant un écran grésillant de neige - Neela avait crocheté le meurtre parfait, avec l'attention particulière pour la barbarie de ses actes. Elle se savait impulsive alors ses plans étaient millimétrés - assez de discipline pour sculpter ses muscles et ses sens, pour raviver la vivacité de sa gestuelle, de ses pensées. Pourtant l'optimisme brûlait sempiternellement dans son coeur, cette conviction intime qu'elle parviendrait à loger une balle entre ses sourcils - un soucis de confiance qui avait fait tomber quelques-unes de ses dagues.
Le revolver, lui, était décidé.
Dans ses fantasmes les plus saturniens, elle l'abattait d'un sang-froid absolu; aucun tremblement ne parvenant à la faire flancher, aucun souvenir n'embrouillant sa raison. Parfois était-il de dos, parfois à genoux la suppliant (especially that one), dans de rares cas, qui l'enrageaient, il était debout, face à elle, un sourire narquois soulignant ses lèvres.
Bang.


Il paraissait si grand, elle en fut surprise - malgré sa propre nouvelle taille, il la surplombait d'une demi-tête, la brume s'enroulant autour de son corps. Commandait-il la nébuleuse ? Sa cigarette, fraichement allumée, perçait telle une étoile unique dans l'obscurité ambiante. Neela ne pouvait s'empêcher d'observer ses gestes - moroses et sordides, des habitudes crasseuses se répétant surement chaque nuit. Need one myself pensa-t-elle, les cils scintillants de condensation. Enveloppé de son manteau noir, pâle et cerné, Kayn empruntait l'apparence des croque-morts, trainant des cadavres sur leur dos, les doigts longilignes retournant la terre pour un petit bout de néant. Always licking the boots of death...jusqu'à ce que sa langue n'en soit râpée de cramoisi et de misère.
Pouvait-il lire le dégoût qui empoignait ses tripes ? Si proche de lui, son souffle s'abîmait, se grisait. Des froissements de hoquets, des interjections de myocarde.


Bang.
Et il n'y aurait qu'un cadavre à ses pieds.
La première chose qu'elle ferait serait de sectionner la tête, puis les doigts. Selon le temps qu'il lui resterait, elle le démembrerait entièrement, le bout de la lame s'enfonçant entre les jointures - un craquement familier répondant à son cruel pragmatisme. Elle devinait que cela ne devait être plus compliqué que de s'occuper d'un porc.

- "Ewwww that's disgusting!" le petit garçon roux avait trouvé son chemin jusqu'à la besogne de Neela. Aînée de l'orphelinat, on avait troqué ses pots de miel pour du bétail qu'elle devait récupérer à la ferme de l'oncle Georgie. Jusqu'alors, n'avait-elle qu'éventré de la volaille - la labeur n'était que consommatrice de temps, les plumes entourant la jeune sorcière, le sang parsemant ses gants. Le gabarit étant petit, un grand couteau suffisait. Clac. Clac. Clac. Il s'abattait, se coinçant quelque-peu sur le bois.
Mais depuis sa mésaventure aux bordures de la forêt, et la terreur qui parcourue l'échine de Miss Jane à la découverte du trophée que sa protégée avait ramené, la dame trouva la sagesse d'élargir la production de l'orpheline à des animaux plus grands. Since you wanna play the butcher.
- "You'll eat that, shithead." avait-elle rétorqué, des mèches brunes collant ses joues alors que son tablier arborait le carmin du porc.
- "No I won't."
Il fut le premier assis à table.


Kayn lui posa des questions dont elle bredouilla les réponses avec une fermeté presque convaincante. Ses traits repoussaient les signes d'inquiétude potentiels. Puis elle le suivit - machinalement, traçant de ses propres souliers, les pas du sorciers.
Do it now, une voix lui susurrait l'évidence, do it while he has no doubt. Wait for me., alors que le rythme de l'orphelin était hérétique - enjambant les tâches des racines fluorescentes, ses talons crissant contre des feuilles de journaux jonchant le sol, les lampadaires étirant leur branche au-dessus de leur crâne. Elle le miroitait, d'abord lorsqu'il regardait derrière lui puis quand ils se rencontraient dans l'espace de leurs regards. Cependant ses pupilles dilatées à elle traçait parfois l'incision qu'elle ferait, juste là, à la naissance de sa mâchoire. Et elles dégringolaient jusqu'à ses mains blanches...si blanches pour les atrocités commises. Elles caressaient les lignes, les articulations, les phalanges, la manière dont les tendons éclaircissaient sa peau à chacun de ses mouvements.
Toutes ces choses qu'elle lui volerait.


Par la suite, son plan était de chercher l'entièreté des membres, déchirant des bouts de tissus, afin d'y dévoiler de potentiels tatouages ou des cicatrices qu'elle prendrait le temps d'arracher, la lame bien aiguisée, afin qu'on ne puisse le reconnaitre complètement.
Enfin, elle s'occuperait de tous les potentiels catalyseurs : manteau, bijou, arme. Elle s'en débarrasserait.
Elle laisserait les restes aux charognards et autres chiens de ces lieux - plus tard, les autorités ne trouverait qu'un amas de chair et d'os, loin d'une quelconque humanité. He didn't have one to begin with.


Lorsqu'il s'arrêta. Elle fit de même, son expiration amassant des voiles pâles au bord de ses lèvres. La réalité l'assomma presque - ils traquaient un des leurs. Et elle inspira, profondément - peut-être trop, quand les émotions lui revenaient. Quand les mots de Kayn sous-titraient ses souvenirs personnels : Shilo. Werewolf. Tracking. La cervelle bourdonnante de macabre, elle en avait oublié les actions qu'ils dessinaient - les plans qu'il avait.
Now then, do it now. Pour la fois où on tenta de la kidnapper, de l'alcool pompant dans ses veines. Où Shilo se renfrogna, la "sauvant" de ses propres machinations. Le goût amer des coups qu'elle avait encaissé, les hurlements qui n'arrivaient à déchirer sa poitrine alors que son estomac était torturait de spasmes sur le bitume. She didn't know, back then, how - mais elle le savait, intimement. Neela savait dans la partie la plus primitive d'elle-même, qu'elle ajouterait cet épisode à la facture d'Ashkan.
Il lui fit signe d'observer la cible alors qu'il se retourna, les yeux illuminés par son écran.

Now.


Quant bien même ils analyseraient l'ordure qu'elle laisserait dans les rues, il n'y aurait que les empreintes d'une autre femme, une certaine Esraa et entre les deux, cette dernière avait plus de chance d'avoir un petit casier caché entre la multitude de dossiers. Peut-être trouveraient-ils également un filet de drogue qu'elle avait volé du laboratoire de Robin, plaçant la pochette dans son soutien-gorge lorsqu'il était occupé à lui arranger un cocon.
Neela pouvait compter sur la paresse des policiers - ils seraient surement ravis d'avoir un rat en moins à attraper. Personne ne viendrait pour lui, personne ne venait pour les orphelins de toute manière.
La sorcière l'avait compris bien tôt, les lèvres gelées, le regard vitreux, une flaque de rouge en digne d'halo.


L'américaine extirpa son revolver, un baiser déposé sur le guidon. Close your eyes, en direction du saint-esprit reniflant l'arrière de sa nuque.


La tête, les bouts de peau et les doigts seraient enroulés dans sa veste. L'anatomie de sa haine démembrée. La sorcière les rapporterait chez elle, ses valises étant déjà faites - elle quitterait l'archipel, reviendrait à Salem et balancerait tout ceci dans les bois pour les asticots plumped with death....peut-être roulerait-elle le crâne de Kayn aux pieds de Miss Jane ? Cette dernière hurlerait en devinant l'horreur et Neela allumerait simplement sa cigarette - I did it. I'm finally free.


Le feu vint lécher son épaule de justesse alors qu'elle se jeta sur le côté. Il savait alors, qu'elle n'était que le reflet grotesque de sa compagne funèbre.

It's always best when the covers up
I am the pick in the ice
Do not cry out or hit the alarm
You know we're friends till we die

La sorcière sortit de sa cachette, se tourna vers l'individu qu'ils avaient traqué (qu'il se souvienne de son faux visage, bien que possiblement flou, il comprendrait la hauteur de ce corps étranger) avant de ne retrouver les yeux de Kayn - implantant les siens, noirs, deux comètes dans l'océan. La cible fuyait surement déjà derrière son dos, alarmée par le bruit. Good, even got the time to save someone, un sourire satisfait tranchant sa bouche.
- "Is it how you treat all your friends, Kayn?"
Neela n'avait peut-être pas la force brute mais elle espérait que quelques saints investissaient dans son entreprise. Que le poison salivant à ses lèvres pouvait s'écouler jusqu'à la gorge du sorcier...qu'il s'en étouffe jusqu'à la rigidité.  "I should've known a backstabbing bitch never changes." ses pas menèrent une danse, les membres en alerte.
"Never stay at the same place." lui avait conseillé Abel, alors s'exécutait-elle, gardant une certaine distance, la mêlée n'étant que peu propice à sa funeste odyssée.

- "Still, I thought you'll show a little more mercy for this pretty face." sa paume vint se poser contre sa joue, la mine pseudo-adorable. Et c'était comme si la glace se craquelait petit à petit...comme si la rage pullulait entre les fissures, des bulles de furie éclatant à la surface. Cela se concentrait à sa poitrine, ici, dans le vide qui lui servait de coeur.

And either way you turn
I'll be there
Open up your skull
I'll be there
Climbing up the walls

Ses poignets se frottèrent entre eux, la paume de sa main glissant contre son poing, et elle invoqua la foudre assez proche de Kayn pour l'éblouir. Puis elle le visa, et tira.

tw : gore, violence, insulte, manipulation mentale.

Les dents se serrèrent et les poings suivirent, tandis qu'il observait l'arc de feu s'éteindre avec brutalité contre un mur un peu plus loin - cible manquée. À contrario, tout se mit à se consumer en lui, propulsant l'adrénaline à travers ses membres qui ne demandaient qu'à bouger d'eux-mêmes pour chercher un refuge, une cachette. Il faisait une cible trop facile pour le moment, statique au milieu de l'allée étroite dans laquelle lui et l'imposteur s'étaient arrêtés un instant plus tôt, et ses options étaient limitées s'il voulait se mettre à couvert - impossible de lui tourner le dos, impossible de la lâcher des yeux.

- "Is it how you treat all your friends, Kayn?" La remarque lui tira un rictus mauvais, alors qu'il écarta un pan de son manteau pour saisir sa dague. Il la retira de son fourreau.
- "I should've known a backstabbing bitch never changes." À la façon d'une hyène affamée, sa silhouette se mouva naturellement,  prête à riposter ou à fuir en cas d'attaque. She's prepared, visiblement - mais Kayn savait sa conscience criblée d'indécision, après avoir laissé passer un nombre considérable d'opportunités pour lui ôter la vie.

(Quand ses mains étaient occupées à embraser le bout de sa cigarette, quand il cherchait son chemin dans le labyrinthe poisseux d'Eiyamachi, quand il s'appliquait à prendre connaissance des messages porteur de mauvaises nouvelles d'Hajime. La liste pour alimenter ses soupçons était longue.)

Son instinct avait été empoisonné par le visage dérobé à Esraa, et il n'aurait jamais anticipé la moindre lame se plantant dans le bas de son dos.

- "What can I say ; you learned from the best." Elle hésiterait encore, assuma-t-il - dommage pour elle, tant mieux pour lui. Il saisirait la première ouverture que sa volonté vacillante lui offrirait. Parce qu'au milieu de son propre esprit occupé par la scène se jouant sous ses yeux, il ne trouva pas la moindre once d'hésitation.

- "Still, I thought you'll show a little more mercy for this pretty face."
- "You don't even have the balls to face me, trying to commit some revenge without your own body, so don't bother asking for anyone's mercy."
Il fut le premier à bouger, masse se confondant aux ombres, mais elle fit écho à ses propres mouvements. Son couteau voltigea dans sa direction à une vitesse fulgurante, ratant de près les rondeurs de ses joues gonflées par l'imposture, tandis qu'il observa ses poignets rentrer en contact. Hajime avait suffisamment tenté d'invoquer la foudre pour que Kayn soit en mesure de reconnaitre les signes qui prévenaient de son arrivée et les gestes permettant de la faire tomber contre le bitume dans un éclat bourdonnant.

Pour autant, son attention était occupée par le fait de rester en vie, alors il ne put réagir qu'avec un temps de retard. That's it, that's how I die. La sentence sera immédiate, au moins, presque trop délicieuse pour toutes les erreurs commises. Dans le silence précédent l'impact, il s'attendit à sentir la foudre traverser ses os et illuminer son squelette, projetant des racines rouges là où elle s'abattrait, au simulacre de sa peau. À la place, un flash brûlant, qui le força à relever une manche en travers de sa vision pour bloquer la lumière. Il réalisa trop tard qu'elle ne l'avait pas raté, que l'éclair n'était qu'une distraction bien calculée.

Une détonation fendit l'air, créant un trou minuscule à travers l'amas de fumée disparate formé par le tonnerre, et une balle ripa contre son bras gauche.
Sa gorge se tendit sous la douleur, lamentation instinctive coincée derrière des lèvres pincées à blanc. "Damn, you really are a pain in the ass." Ce fut ce moment que choisit son catalyseur pour revenir à lui, et il n'attendit pas que l'obscurité s'évapore pour agir.
- "Still don't want to show me that pretty face of yours?" Lança-t-il hasardeusement, se penchant jusqu'à être accroupi. Coward. Il respira, regagnant sa concentration, puis entreprit de manipuler la brume anthracite avec une facilité déconcertante. Il la façonnait et la structurait en un, deux, puis trois canidés immenses - meute déformée, aux crocs sanglants d'où pendaient des restes de tissu, aux yeux de folie si rouges que c'était à les confondre avec des rubis. Le poil était noir, hérissé et menaçant, il les dessinait dans sa tête en même temps qu'ils prenaient racine dans la réalité, s'inspirant de sa propre forme lupine malgré lui, et il les envoya dans sa direction une fois prêts, en une symphonie d'aboiements qui alarma probablement tout le quartier.

Qui n'avait pas peur d'un loup affamé, après tout?

succès ses loups sont très convaincants, l'illusion prend - ils sont physiquement ancrés dans le réel et peuvent blesser pendant quelques minutes.
échec ce n'est pas parfait - certains détails permettent de comprendre qu'ils sont faux assez rapidement. L'illusion ne durera pas très longtemps.
-> ( dé : balle de neela )

tw : toujours gore, violence, insulte et allusion au cancer + nouveau pokemon : ptsd

La détonation résonna dans ses tympans - l'excitation divulguant son terrible sourire. Elle pouvait sentir la chaleur familière de son revolver caresser sa paume, la vibration picoter son avant-bras...la beauté d'une lugubre destinée se déroulant devant ses iris. Et lorsqu'elle se rendit compte qu'elle le toucha, la jeune femme ricana - la confiance optimiste de l'amérique bouffant ses neurones, des clignements d'étoiles écorchant son cerveau.
- "Damn, you really are a pain in the ass." elle ne pouvait le contredire - Neela l'avait toujours su...n'était-ce pas la raison de tout abandon ? L'agacement sincère qu'elle provoquait chez tout être...les débris de verre qu'elle laissait par-terre et qu'un chacun devait éviter de peur d'en planter son pied. Seule Miss Jane demeura - seul Abel resta, seul son cercle. Mais pas lui, pas Kayn parce qu'il ne savait comment avaler la peine - comment retirer les tessons d'une chair, comment rester.
"Still don't want to show me that pretty face of yours?" la demoiselle ne se laissait pas prendre par le vice, crachait le poison aussitôt qu'il mordait son talon. I won't bite. I won't.
La faucheuse étira son bras une nouvelle fois, prête à atteindre le coeur cette fois-ci lorsque le brouillard s'éleva devant elle, cloitrant sa vision d'une poussière grise.


Elle aurait voulu avoir quelqu'un qui appeler, cette nuit-là. Une mère. Mom! Un père. Dad! Peut-être même les cieux, mais ils avaient été si vides et froids cette nuit-là. Si sombres et douteux, des nuages de charbon embrouillant les voutes de sa cathédrale. Alors elle se raccrochait aux seules syllabes qui transperçaient la surface de son crâne..."Kayn!!!" avait-elle hurlé à tue-tête, entre les troncs des arbres s'érigeant face à elle dans sa course effrénée. "Kayn!!!" les lettres s'accrochant aux branches comme un bout vulgaire de tissu. "Kayn!!!" jusqu'à en goûter le sang grignotant l'arrière de sa gorge...jusqu'à en perdre le souffle, à en tomber dans la neige. "Please Kayn!!!" quand la bête ouvrit ses crocs devant son visage, la salive coulant jusqu'à son épiderme dévoilé.


Please...Kayn...
La chaleur avait quitté son corps, tombant jusqu'à son ombre sur le sol, laissant devant l'homme qu'une pâle copie d'un être vivant. Un croquis absurde d'une vitalité affreuse qu'elle peinait à mouvoir - figée, le souffle coupé. Des monstres affreux s'enroulaient de brumes, des formes horrifiques sortant de l'ectoplasme noir. Des griffes. Des pattes. Des yeux...d'un rouge...Elle tira une première fois. La balle transperçant la masse immonde sans l'arrêter. Puis une seconde, la panique vidant l'entièreté de son crâne. Comme si l'argent pouvait percer l'horreur.
Comme si l'argent pouvait étouffer l'enfant.
Et les loups se révélèrent - he's here.
Telle une évidence irrévocable.
There's nothing you can do. That's already been done.
La sorcière tira une troisième fois et lorsque les canidés s'avancèrent vers elle, un hoquet d'épouvante fit revenir l'air dans ses poumons.


Make it stop.
I've had enough.
Stop!
La gamine avait hurlé. Si fort à en cracher ses entrailles sur le sol. Si fort à en hérisser les poils. Si strident, elle n'avait jamais pensé avoir tant de voix en elle...tant de peur également, mais la lune n'avait que faire des morveux comme elle, souillé par une disgrâce éternelle, par une maladie qui rongeait l'entièreté de leurs os. L'astre réservait à tous le même sort.


Elle recula rapidement, l'incendie de son revolver l'obligeant à le lâcher à ses pieds. Neela était prête à prendre la fuite - les bois sauraient de nouveau l'accueillir. Elle pourrait mourir au printemps, dans la lueur des phosphores.
Cependant les loups s'entrechoquaient, de la fumée ressortant de leur silhouette et marbrant leur aura. And then she knew...he was fucking with her. Tout aussi subitement le feu s'élança de nouveau entre ses membres, entamant une marche morbide vers son système nerveux - prêt à le consumer tout entièrement. Tout aussi subitement, la vie trouva une fissure dans laquelle se glisser, voilà son serpent personnel...he could murder her thousands of times, she would come back. Again. And again. And again, to haunt him. Si ce n'est face à lui, elle s'incrusterait dans les cratères de son épiderme, se ferait une place entre les tendons et la chair, s'élargirait comme un cancer - elle l'étoufferait doucement, lentement. Il tousserait - vaine tentative du corps pour lui faire quitter l'espace qui n'était sien, il pourrait en vomir, elle resterait logée là. Elle serait la pourriture qui s'éprendra de son cadavre quand elle l'allongera six pieds sous terre.
"Fucking bastard..." murmura-t-elle. Sa mâchoire se crispa et ses mains invoquèrent une bourrasque qui dissout les cauchemars devant elle pour révéler leur funèbre auteur.
"Bastard!" son cri résonna entre les étoiles, troublant la tranquillité inerte des arches célestes et apportant avec lui, le tonnerre. "Fucking liar!" surenchérit-elle, un grognement affreux tremblant dans sa poitrine. Ses pas avançaient vers son némésis alors que le pistolet était abandonné derrière. La sorcière l'abattrait de ses propres mains.
Ses paumes la démangeaient, de nouvelles fantaisies noircissant son regard et elle ne savait si c'était la haine qui brûlait son épiderme ou la potion de Robin qui vibrait.
La brume se tranchait sur son passage, tandis que ses mains écartaient les particules anthracites - s'élevant à ses pieds et se dissolvant dans la nuit.

L'américaine se souvenait de la manière dont les chasseurs traquaient les wendigos. Comment ils les ramenaient jusqu'aux abords des forêts et les coinçaient - un collier électrique attaché à leur cou. Elle se rappelait chacun des détails, lorsqu'elle était appuyée contre le capot de sa voiture, la lumière jaune propulsant des spotlights sur la scène. La nicotine retrouvait la familiarité de ses poumons et la fumée voilait son visage, tant d'étés passés à observer les hommes trimer entre les troncs et ramener les créatures face au monde des vivants - loin des bois, là, devant ses propres yeux où certains se faisaient exécuter tandis que d'autres étaient amenés elle ne savait où. Elle avait vu certaines erreurs, avait quitté les lieux lorsqu'un monstre montrait des signes de malice...avant qu'elle n'entende les cris des chasseurs, avant qu'elle ne connaisse la même fin sous le joug de leur faim.

Elle n'avait pas de collier ce soir Neela, mais la douceur de ses paumes contre le cou du sorcier produirait le même effet. La jeune femme n'aurait qu'à invoquer la foudre et se délecter de voir le blanc rouler dans les yeux de Kayn. Un rictus lui échappa. "You wanna see my pretty face? Huh?" ses mains valsèrent, une bourrasque revint l'encercler - à la manière dont elle avait appris à faire voltiger les cheerleaders, elle coincerait le jeune homme dans sa propre tornade. "Eat your fucking shit, dickhead."


succès elle fait voltiger kayn et le cogne contre le mur.
échec il arrive à dévier le vent.

tw : gore, violence, insulte, manipulation mentale.

Au travers des grognements, une première balle perça l'obscurité. L'acier ne le frôla pas, tir au hasard dans la fumée épaisse ; il rebondit simplement dans l'un des murs de l'allée avant de trouver refuge dans la pancarte d'un néon accrochée en hauteur. Sur son visage, pas un cil ne bougea. Il en fallait plus pour le déconcentrer de sa tâche, pour ébranler son esprit lorsqu'il était occupé à incruster des ses pensées dans le réel. à force d'exercice, les gestes étaient devenus si précis que les erreurs s'en faisaient désormais rares, mais il ne parvenait pas encore à se détacher de la transe étrange que les illusions plus ambitieuses entraînaient chez lui, bloquant sa vision et ses sens comme si une partie de lui s'y incrustait, ne pouvait pas être à deux endroits à la fois. Hajime n'avait de cesse de lui répéter que ça faisait de lui une cible facile, une proie exposée, et il ne saisissait pas encore pourquoi il avait fait ce choix à cet instant, alors que sa vie était plus qu'à tout autre instant menacée.

Une deuxième balle traversa le crâne de l'un de ses chiens, avant qu'il ne le reconstitue de plus belle du bout de ses doigts, aussi agiles que les pinceaux d'un artiste expérimenté. La troisième tentative atteignit ses tympans et ne le fit pas réagir outre mesure, mais elle créa une fissure au travers de l'ombre qu'il s'efforçait de maintenir en place, ouverture qui figea l'espace d'un instant ses prunelles fantomatiques sur elle. Esraa, la fausse, mais si déstabilisée et effrayée que Kayn se perdit un temps dans son angoisse, baissa ses défenses et se laissa berner par des et si mensongers. De là tout s'emmêla, fils d'émotions vicieuses qu'un tel déguisement avait justement pour but de provoquer, et Kayn était tombé dans le piège qu'il avait pourtant si tôt décortiqué. She's not her. Concentration balayée, il savait dorénavant que ce n'était plus qu'une question de temps pour que le tableau sinistre qu'il s'était appliqué à former ne s'efface.

She's not Esraa. Get your shit together.
"Bastard! Fucking liar!" Et peut-être était-ce mérité, après tout. Car si la potion dissimulait son visage à sa convenance, il n'avait absolument rien raté de la vulnérabilité scintillante dans son regard, de la détresse évidente qui avait distillé toute sa soif de vengeance, ras de marée prenant toute la place. Et tout cela n'avait rien à voir avec son déguisement d'une nuit, en vérité. Quiconque tenant à la vie aurait peur d'un grand loup - mais il connaissait que trop bien la détresse qui suivait les jours ; les mois ; les années après avoir été confronté aux canines sanglantes et à l'odeur de putréfaction qu'elles dégageaient.

Trop prévisible dans ses colères, trop enragée pour comprendre qu'elle avait déjà perdu. Ses gestes dévoilèrent son jeu avant que la bourrasque ne l'atteigne, et Kayn parvint maladroitement à s'en protéger à l'aide d'une carcasse de portière, trainant dans le sillage de leur bataille désarticulée. Ça ne l'empêcha pas vraiment d'heurter le mur adjacent, mais le choc fut absorbé - épaule froissée tout au plus. De peur de perdre son ouverture, il renvoya aussitôt le polygone métallique dans la direction de l'assaillante, espérant au mieux la toucher, au pire la surprendre. Dans ses plus grandes malices, il profita de l'angle mort fourni par la diversion, et s'approcha à pas de loup de son assaillante, glissant sur l'asphalte comme de l'eau ruisselant en direction d'un égout.

La nuit fila comme de l'encre au travers de ses doigts, serrés en poings, et le premier coup fendit l'air à vue - direction la mâchoire.
Assaut si soudain qu'il fut presque étonné de sentir la douleur irradier entre ses phalanges, affliction qui vint en canon du contact. Kayn ne s'en formalisa pas - pas maintenant qu'il la tenait si près. À la place, il ignora les frissons de dégoût qui grignotèrent sa nuque lorsqu'il s'appliqua à placer son second éclat de violence, en plein contre des côtes dures comme de l'acier, et insista avec un troisième en pleine pommette, sous un œil qu'il n'aurait jamais cru meurtrir un jour.

She's not her. She's not her.
Finalement, il la laissa tomber, tandis que son sang continuait d'affluer à ses tempes ; criant urgence urgence urgence.
"You should have killed me when you had the chance." cracha-t-il enfin, dédain comme seule émotion gravée sur les traits de son visage. "Is that all you got? I must admit, I'm a bit disappointed." Déplier ses mains lui coûta, cartilage froissé des coups accumulés, mais il ne baissa pas sa garde pour autant. Oh, il ne la sous-estimerait pas de nouveau - par-delà une couche épaisse d'arrogance, Kayn n'était pas du genre à faire la même erreur deux fois. "Who do you work for?" Osa-t-il, parce que pourquoi pas. Il avait beau se creuser la tête, aucune idée ne ressortait plus qu'une autre - gang ennemi, ancien collaborateur, ancienne conquête heurtée... la liste des fantômes laissés dans son sillage était trop longue pour se contenter d'hypothétiser dans le vide.
"Anyways, hope you're sure it's worth the pain." Loin d'être fou au point de croire que sa première chute marquerait son abandon, il s'empara de son poignard, fixé à sa main rougie comme une extension de son bras.

Il l'attendait, à présent.

-> ( dé : salade de phalanges )

tw : toujours gore, violence, sang >>>>

Le vile serpentait dans les veines de la cité. Et parfois avait-elle l'impression qu'il s'incrustait dans ses pores...un agencement de crasse étouffant le soleil. Il n'y avait aucun doute que l'orphelin appartenait à ces lieux. Une construction de chair imitant la psychose ambiante du ciel d'Eiyamachi.
Il avait la douleur construit en lui.
Une monstruosité sordide et un appétit pour la barbarie.

Le vent soufflait autour d'elle, amassant dans sa course des débris de feuilles et de journaux...Toutes les furies de l'univers sifflaient dans ses oreilles, pulsant leur poison dans ses artères - l'âpreté de sa propre salive surprenant chacun de ses mots. Un cocktail molotov de terreur et de brutalité emportait ses sens, explosant contre ses paupières. Et lorsqu'elle déchaina la tempête - il leva sa voile noire.
En quelques minutes, Neela échappa à la morsure froide de sa dague avant de reculer de quelques pas et de connaitre le choc d'un poing contre sa mâchoire.
Elle ne ressentit d'abord aucune douleur, simplement le ricochet de ses dents et le pincement de sa langue entre eux. Le nez picota alors que des larmes éblouirent sa vision. Ses pieds hésitèrent un instant, tenant l'entièreté de son corps en un vertige adjacent à la stupeur. Et alors que ses mains se tendirent pour attraper la manche de Kayn, elle reçut un nouveau coup aux côtes la faisant recracher le sang qui s'accumulait entre ses joues.
Neela n'entendait rien.
Ne percevait rien.
Simplement la meurtrissure de l'usure.
Le troisième coup à l'oeil lui fit perdre l'équilibre subitement. Un hoquet lui échappa puis l'entièreté de son souffle quitta ses poumons.
Etait-ce ce qu'avait ressenti Lucifer en s'écrasant au sol ? L'impression que, durant un court instant, la mort l'avait percé.
La peine pulsa dans sa langue d'abord, qu'elle n'osait bouger. Puis de l'arrière de son crâne comme cloutée au bitume. Elle n'osait ouvrir les yeux...n'osait regarder le paradis lui couler sur les joues. L'enfer brûlait sous elle, chaque plume de ses ailes s'étant envolée dans sa chute. Neela inspira. La voix de Kayn semblait distante.


- "Why are they not moving anymore?" ses grands yeux bruns scrutaient les mouches parsemant le rebord de la vitre.
- "They're dead, sweetheart."
Le tintement de la vaisselle accompagnait le silence. Etrangement, il se fondait dans l'espace qu'on lui offrait - un autre morceau de mutisme. Le choeur domestique de funérailles improvisées.
- "Why did they not fly away? The window was open." l'enfant tourna la tête vers Miss Jane, sa joue posée sur ses mains. "That's dumb."
La blonde ricana, ses lèvres roses bubblegum s'étirant de sorte à révéler timidement ses dents.
- "Sometimes you don't see the issue, darling. Sometimes, you just don't know it's right in front of you."


Elle voyait le ciel, Neela. Le regard brumeux, aspergé de sang et de larmes, s'allongeait sur des traces floutées d'étoiles. Avaient-elles reçu également des coups si forts qu'elles se déformaient sous ses yeux ? Il y avait dans le coin, coupée par un toit misérable, la courbe d'une constellation dont elle ne connaissait plus le nom, et au-dessus du signe de néon, un peu plus loin de son aura fluorescente, une autre. L'orpheline regrettait de n'en connaitre les termes - de n'avoir jamais pris le temps de les apprendre correctement en cours d'astronomie. Ne méritaient-elles pas ceci ? Ne méritait-elle pas cela ? Un bout de familiarité, des amies de longue date, l'observant se faire détrôner de ses rêves.
Peut-être se moquaient-elles...
Peut-être qu'il fallait mieux oublier leur existence toute entière finalement...
Parce qu'elle distinguait assez leur scintillement pour savoir que cela ressemblait à l'éclat d'un rire.
Travel to her...Travel to Miss Jane, and let her know I did nothing with the life she saved.
- "Is that all you got? I must admit, I'm a bit disappointed."
Elle tenta d'ouvrir la mâchoire - de décoller la langue de ses dents, mais elle avait l'impression que le carmin s'était assez agglutiné pour se composer en glue. Une fraction de mouvement lui indiqua qu'une de ses molaires ne tenait qu'à une seule racine...son nez la démangea de nouveau alors qu'elle referma les paupière et poussa le dommage hors de son socle.
- "Who do you work for?" Elle ne pouvait le voir mais sentait son corps rôder autour de sa carcasse - l'écho de sa voix vrombissant derrière un mur d'acouphènes. Pour seule réponse, Neela tourna sa tête et recracha l'ivoire enrobé de rouge, une traine s'étirant de l'asphalte à sa bouche. L'arrière de son crâne résonnait toujours...du sludge noise engourdissant ses pensées. Il n'y avait aucun mot, aucune syllabe qui se formait de manière cohérente...seulement l'étrange sensation de ruisseler le long d'un fleuve.
L'accalmie de la violence.
L'anatomie de la haine.
D'un souffle, la sorcière essaya de rouler sur une épaule, de se redresser - d'accrocher un minimum de fierté à son échec. Qu'il la regarde dans les yeux lorsqu'il tentera de lui trancher la gorge, qu'il observe l'enfant qu'il avait laissé dans la neige - que la froideur reprenne la conquête de son corps. Cependant l'élan était faussé, ralenti - un gémissement vrombissant dans sa gorge à la place alors que de nouveau, du sang remplissait son gosier.
- "Anyways, hope you're sure it's worth the pain." comme une moquerie lancée à sa peine. Avait-il rejoint les astres dans leurs railleries ? Lui qui n'avait jamais planté d'ailes dans son dos...
Puis, son visage se tourna vers celui de Kayn, son oeil meurtri pressant une larme. Elle tenta d'invoquer le vent une nouvelle fois, de protéger sa carasse à découvert. En vain. It doesn't stop here, voulait-elle formuler...ça ne pouvait se terminer ainsi, son dos contre le goudron, une flaque de vermeil formant petit à petit un halo autour d'elle. (ko - dans son échec era) Bet you can check the inside of my skull... et qu'y trouverait-il ? Un amas confus de souvenirs et d'émotions, des dossiers entiers, des collections, un musée dédié à sa colère et sa peine. Un bordel sans nom qui polluait le lot entier de ses neurones. Et quelque-part, dans un coin, la silhouette recroquevillée d'un enfant qui, avant tout, avait seulement peur. Peur de mourir ici, peur de mourir seule sous le dédain d'un traitre - if she was to die here, her grave would be filled with bones when his, would be filled with flowers. Il y aurait la demoiselle, à qui elle avait emprunté l'identité, et le jeune homme également qu'elle voyait stagner autour d'eux...qui avait-elle ? Robin ne pourrait risquer de se retrouver lié à elle....alors qui lui restait-il véritablement ?
- "You..." un souffle, alors que ses iris plantaient celles bleutées du sorcier a thousand time. "you..." La brûlure recommença à perler sous sa peau. "You took everything from me." Son enfance - give me back my girlhood it was mine first - sa (potentielle) famille, son bal de promotion, ses études, Abel, Robin, sa vie entière. Elle voyait la liste des victimes du loup se dérouler...toujours plus longues, chaque lettre arrondie de cruauté et d'amertume. The pain will always be worth it. Just for a speck of your blood. Juste pour le grand sourire qui avait coupé ses lèvres quand elle avait vu la balle le toucher. Pour frôler la lune de ses doigts, un instant seulement. Un instant pour laisser le revolver gouter à la chair. Ses yeux glissèrent vers la main de Kayn...et elle remarqua l'étrangeté dans la collection de ses phalanges. La machinerie qui avait remplacé l'humain. Puis la dague qu'il agrippait avec férocité. "What -" une toux remua sa poitrine. "did they do to you?"


- "Why were you at the hospital?"
L'enfant sautilla près du garçon - les pans de sa jupes s'épanouissant à chaque élan comme des pétales.
- "None of your business." il avait les sourcils froncés. Les tâches noires devant lui n'offraient aucun semblant de signification aux yeux de Neela et parfois pensait-elle qu'il était question d'un code ancien qu'il pouvait déchiffrer à l'aide du piano.
Son doigt appuya sur un clavier. Do.
- "What did they do to you?"
Personne n'avait pris le temps de le lui dire et la curiosité était un vilain trait qu'elle portait.
Une nouvelle note. Fa.
- "Nothing."
- "Is it because you've lost your last baby tooth?" Soudainement ses paumes claquèrent contre sa bouche. "I'm scared to lose the rest of mine. I don't want to go to the hospital. Jacqueline went there two month ago and she's still stuck."
Personne n'avait pris le temps de lui dire que la gamine était morte.
- "What are you babbling about?"
Troisième note. Mi.


- "Are you scared?" finalement sa voix se développa en quelque-chose qui ressemblait plus à un râle. Elle aurait pu en rire, tenta de le faire avant de ne devoir recracher le liquide. "I'm not dangerous, Kayn." Not like this, les vibrations de ses coups faisait place à une douleur nouvelle...Neela n'était qu'une orpheline. Qu'une humaine qui tentait de retrouver sa vie. De récolter son dû.
Soudainement, comme si des orties caressaient l'entièreté de son épiderme, comme si son crâne roulait dans le tambour d'une machine à laver...sa condition lui hérissa les poils. Etait-ce une illusion ? Un incendie se propageait sous ses pores, la démangeant entièrement...elle aurait voulu arracher sa peau ou tremper dans un bain froid tout entière. Elle roula sur le côté une nouvelle fois, opposé à lui. Le coeur accélérait sa cadence tandis que ses paupières se fermaient - not now. Not like this. Un grognement échappa sa poitrine alors que ses paumes heurtèrent le sol. Avec le peu d'énergie qui lui restait Neela invoqua l'électricité - des crépitements argentés flashant autour d'elle afin de dissuader Kayn de l'approcher.
C'est alors qu'elle sentit le poids sur sa tête. Qu'elle sentit la caresse d'une de ses mèches ruisseler jusqu'à sa joue, et quand ses yeux se rouvrirent, sa chevelure bloquait sa vision périphérique, ses mains paraissaient plus claires.
La toux reprit - les filaments de bourbe s'étirant de ses lèvres alors que ses ongles se cassaient sur l'anthracite...que la douleur de la transformation engourdissait l'entièreté de ses membres.
She had to make it.
Ses genoux glissèrent sous elle une première fois, puis à quatre pattes, elle tourna la tête vers Kayn, qui ne pouvait distinguer qu'un oeil accusateur sous la masse brune, puis vers son revolver oublié devant elle à quelques pas.
No time to breathe.
Son corps s'élança vers son catalyseur alors que de sa paume naquit une rafale qui repoussa l'américain, déjà relevé et prêt à attraper l'arme. Elle perdit l'équilibre avant de se rattraper, déchiquetant la pulpe de ses doigts et son pantalon par la même occasion, avant d'arracher l'argent et de le tendre en direction du jeune homme.
- "Stay there!" cria-t-elle, dégageant son visage d'un coup de tête. "Stay...still." plus doucement, cette fois-ci. Les larmes accrochèrent ses joues sans qu'elle ne puisse les sentir, l'enfant avait oublié les étoiles et leurs moqueries. L'enfant, dans le coin du crâne, voulait survivre une nouvelle fois. Une troisième fois. Cette fois-ci serait la bonne. Elle en ferait quelque-chose...elle ne laisserait pas Kayn la détruire. "Surprise..." ses pas se faisaient prudents, reculaient vers un échappatoire. Vers l'ouverture d'une vitre. "Aren't you..." un tremblement dans son ton, mais le rictus acidulé étirait ses lippes. "Aren't you glad I survived?" Il pouvait voir la lèvre inférieure frémissante sous les vergetures de sang. La courbe de ses yeux noirs sous son coup de poing. Have you seen how long my hair is now?
Il lui semblait si grand, maintenant qu'elle avait repris sa taille - qu'elle n'était que la misère que la lune lui avait délaissé. Que Neela. Il lui semblait si grand et si froid. Si monstrueux et cruel.
Ses traits semblaient tordus. Ses doigts d'acier, étranges.
Son manteau noir, funèbre.
Il lui semblait pathétique - une pathétique tentative à l'effroi...à paraitre plus grand qu'il ne l'était au milieu des géants, plus fort que les autres, plus bruyants que les hurlements de ses victimes.
- "I'm gonna have it, Kayn." le clic familier du revolver entraina une certaine chaleur dans le creux de son estomac. "I'll come back...through hate." Or through love. Et alors qu'elle mima un nouveau tir, elle se téléporta à quelques centimètres du bourreau et lui assena un coup à l'oeil avec le manche de Karma. (succès)
What comes around goes back around.
Puis, l'éclipse. Ailleurs.
Neela atterrit contre un mur, assise dans une autre ruelle, avalée par les ombres et la douleur grandissant dans ses côtes.
Seule, rampant vers sa voiture - through the open window.

tw : gore, violence, insulte, manipulation mentale.

II possédait la sensation d'être une hyène rôdant autour de sa proie, un vulgaire vautour qui planerait à quelques mètres de haut d'un corps en décomposition, peignant le sable bouillonnant d'une ombre déformée et funèbre. Des coups attribués plusieurs secondes plus tôt, Kayn en ressentait encore la maigre rétribution ; douleur fantôme craquelant ses os sans rien en montrer en surface, la paume de sa main droite se pressa contre le dos de sa main gauche, frottant la zone de contact pour en éparpiller la gêne.

Face à lui, un tableau de détresse qui ne l'attendrissait que peu. Sa première question - rhétorique, insolente - n'atteignit aucune attention, la seconde eut comme unique réponse un crachat, verni de rouge et de douleur, laissant glisser en guise de preuve d'agonie une dent brisée par l'impact. Il la regarda prendre place dans le tableau sinistre d'Eiyamachi, au milieu du goudron poisseux, des journaux déchirés par les pas et les pluies, des canettes à moitié vides trouées par les rats. Enième trophée d'une énième rixe ; ce combat n'était pas différent d'un autre.

Il ne cilla pas, lorsque son corps se dandina pour rouler sur le côté, se contenta de resserrer sa poigne sur la lame alliée, pas vraiment inquiet. Mais sa composure se brisa, au moment où son regard s'ancra au sien. Silencieux d'abord, il observa la larme rouler sur la pommette qu'il avait mainte fois eu la possibilité d'examiner, de l'autre bout de la pièce ou d'aussi près qu'un papillon se posant sur un pétale. C'était Esraa, mais ce n'était pas elle, et il ne savait pas à quelle désolation son âme s'était brièvement attachée. À celle de son amie, hypothétique, ou celle de cette inconnue, qui maudissait son existence d'un simple oeil fusil.

"You took everything from me." Son esprit se prit à divaguer, de méfaits accomplis qui se disputeraient aujourd'hui sa tête pour la dérober au reste de son corps. Ils étaient trop nombreux pour qu'il n'ose maintenant à s'encombrer de culpabilité. "You did this to yourself." Qu'une moitié de vérité, plutôt la fuite qu'affronter les affres de son passé. S'il ne renfermait que davantage de peine, de colère et de douleur, il ne voulait pas y faire face - il avait déjà assez à composer avec le présent.

L'affrontement des orbes s'arrêta et ses yeux se posèrent sur sa main, celle que l'on avait meurtrie et que l'on avait ensuite réparée avec ce que l'on avait trouvé de mieux, et sans savoir pourquoi, il la cacha derrière son dos.

- "What - did they do to you?" Absence de moquerie dans ses mots, seulement inquisitrice avec un naturel déconcertant, comme si elle pouvait se permettre de tout savoir de lui.
Why would you care?
- "Nail art." Nul besoin d'ignorer le point de discorde. Il savait de quoi elle parlait, et il n'avait (presque) pas honte de l'avouer.
"Are you scared?" La question le surprit, mais pas assez pour qu'il puisse noyer le poisson tout entier dans un simple ricanement.
- "I'm not the one suffering on the floor."
- "I'm not dangerous, Kayn."
- "I can tell." Elle avait la mâchoire malmenée, les côtes froissées, et le corps si faible qu'elle ne parvenait pas à se relever pour terminer sa tâche. Il n'avait pas peur d'elle, seulement de ce que sa présence pouvait signifier ; une menace, une variable dont il ne connaissait rien. Aussi imprévisible qu'une averse soudaine.

Son mouvement provoqua un frisson le long de son dos, mit fin à une transe dont il n'avait pas conscience d'être prisonnier un instant plus tôt. Quelque chose à l'intérieur la dérangeait. Kayn resta spectateur de sa gêne un moment, dissipé sur la bonne action à entreprendre.
Puis ses cheveux crépus se mirent à pousser, perdant de leur boucle serrée, son corps se tassa et la peau s'éclaircit. Par instinct, il voulut approcher pour discerner son visage, son vrai visage, mais à peine eut-il amorcer un premier pas qu'elle devina ses pensées ; érigea des barbelés de foudre entre eux, dissuadant toute approche indésirable.

Le reste se déroula en un battement de cil, et Kayn manqua de temps pour réagir. D'abord la foudre, ensuite le sort qui le rata à peine, non sans repartir avec quelques mèches. Malgré ses blessures, elle bougea plus vite et anticipa chacun de ses mouvements, chacun des choix qu'il fit pour la bloquer dans son avancée vers son pistolet. Like she knows him better than anyone. Il se rendit compte trop tard qu'il n'avait aucune chance ; que si son affection passée l'avait empêchée de lui planter un couteau dans le dos au millier d'occasions qui s'étaient présentées à elle, elle lui permettait que trop bien de prédire son comportement dans les moindres détails.

Il avait perdu ; le canon se glissa dans l'espace entre elle et lui.
- "Stay there!" Il s'exécuta, bridant son corps serein. "Stay...still." Tout était silencieux autour de lui, comme si être mis en joue avait toujours été ce qui lui fallait pour faire taire ses démons. Il ne percevait plus que les battements de son cœur, anormalement lourds et réguliers. À parier, il les aurait crus vifs et désordonnés, parce que personne ne regardait la mort droit dans les yeux comme l'on regarderait des gouttes de pluie tomber.
Il ne savait pas quoi en penser, et il ne savait pas non plus à qui il faisait face, maintenant que le masque avait fondu.
- "Aren't you glad I survived?" Et à ça, il ne trouva rien à répondre. Aux larmes qui coulèrent sur ses joues, à la lèvre qui tremblait, au regard de douleur et à la chevelure de jais, il ne trouva rien à dire. Sa mémoire ne lui offrit aucune clémence, scellait peut-être là son sort en le forçant au silence. Au désarroi.

- "I'm gonna have it, Kayn." le frottement du métal lui parvint, et en dépit de ce qu'il sentait arriver, il ne la lâcha pas des yeux. What a shitty death. "I'll come back...through hate." Un tir - qui le manqua, contrairement à l'acier qui vint lui exploser l'arcade, provenant d'il ne sait où. Il grogna de douleur, tombant au sol sous l'assaut inattendu.

Lorsqu'il rouvrit ses yeux, ses mains étaient recouvertes de sang et elle avait disparu. Il était vivant, le souffle court et le regard agité, mais elle l'avait laissé s'échapper.
Il resta un instant vautré là, dans la crasse de son quotidien, incapable de tout-à-fait saisir ce qu'il s'était produit. Il était vivant, mais elle était partie, emmenant toutes les réponses qui lui manquait, le délaissant dans un brouillard qui n'avait jamais été aussi épais.