my answer is you

kira n'avait jamais cru aux coups de foudre. ceux qui transpercent la myocarde en plein coeur d'une flèche innocemment décochée  par cupidon.  stratégie si bien maitrisée que celui-ci s'assure toujours que la victime soit suffisamment faible, suffisamment seule pour atteindre le coeur sans pour autant tuer sa proie. non, il suffisait de viser la surface et de tirer délicatement , toucher comme une caresse pour que tout disjoncte et s'attaque au système nerveux de leurs adorables et destructeurs mensonges. une histoire gribouillée à l'encre rouge vous le  savez non? ce film qui se déroule sous nos yeux, celui au scénario brouillé et déconstruit comme un mirage d'une autre vie ((celle qu'on espérait si fort)) aux morceaux incomplets qui se déroule sous nos yeux lorsque l'on voit l'élu. et la magie opère, dépourvue de la précieuse  poussière. elle réunit les victimes de cupidon le malicieux, d'une flèche, d'un coup. et les fait s'être manqué sans même ne s'être jamais rencontré. la foudre

kira ne connaissait pas le coup de foudre. elle le méprisait autant qu'elle le jalousait. car cupidon s'était joué d'elle, lui avait ris au nez. c'était au final entre elle  & lui. oh cupidon laisse moi avoir la chance de rencontrer celui que j'attends. car je sais qu'il est là. mais cupidon n'en faisait rien. il se contentait de tirer sur son chemin sur ceux qui finissaient toujours par partir, au final kira ne gardait comme souvenir que les dos de ceux qui s'en vont et qui ne se retournent pas. ô mon dieu que kira haïssait le démon cupidon pour ça.  

comme tous les jours, à la même heure, kira parcourt le couloir de la grande Tokimitsu Jujutsu Daigaku. comme tous les jours c'est le regard déterminé que ses pas battent en rythme, ceux qui la mèneront un peu plus près de ses rêves. comme tous les jours les regards se retournent sur son passage, sans pour autant qu'elle ne vacille, et que ses yeux ne s'y attardent enfin....
aujourd'hui cupidon vint à nouveau se jouer de la guerrière kira. enfin c'est ce qu'elle cru lorsque le plexus vint s'écraser en elle, et que son coeur à la hâte, souffre terriblement à diffuser le poison en ses veines, comme un coup de poignard au thorax qui lui serait fatal lorsqu'elle atteint  son niveau. et qu'il la dépasse sans même la regarder. ((cupidon rit encore)) et tout d'un coup c'était comme si  c'était sa destinée. tout d'un coup plus rien d'autre ne pouvait compter comme si  c'était la raison entière de son existence et que s'il allait trop loin, elle n'en survivrait pas. ((cupidon en est hilare))  vient-elle alors se retourner brusquement  vers l'inconnue dont elle n'avait pas vu le visage mais seulement l'âme tout comme s'il avait transpercé la sienne au passage laissant une trace indélébile.  elle vient saisir  sa main d'une force désespérée pour l'empêcher de partir loin, et d'emmener un fragment d'elle avec lui  sans aucun mot, kira plonge ses yeux dans les siens et au contact de sa paume sur l'épiderme inconnu, elle se sent enfin entière pour la première fois depuis si longtemps.
et le temps se suspend,
pendant la mascarade qu'avait préparé le démon cupidon,
tirant un peu trop loin dans le coeur de la maudite : il avait réussit à réunir la mort et sa faucheuse.
kira allait mourir d'une flèche qui n'aurait jamais dû être décochée pour lui.

il a toujours été constitué ainsi kaz - d'accumulations, là pour déformer la peau ; encore lisse, juvénile, dépourvue de cicatrices. un surplus débordant pour noyer chaque parcelle de son être tout entier. les innocents. ceux qui détiennent son âme et son cœur. et la passion marie l'audace à travers des pupilles dilatées, l'ego gros comme un ballon : toutes les soiffes et les victoires du conquérant là entre ses paumes, délivrées comme des évidences ; pour celui qui perçoit, marche sur l'échiquier comme le roi, invaincu, intouché. surtout intouchable. armure de fer construite de toutes les noirceurs du monde. toutes les déceptions. tout pour protéger l'âme de ce qui menace le plus le trône : la chute. kaz la craint, de tout son être ; de la même manière qu'il ne peut ignorer son appel.
à trop jouer avec le feu, il s'en est brûlé les doigts.
la prophétie l'a décrite. maintes et maintes fois. la destinée de l'ange aux ailes déployées, toujours plus prêt du soleil. toujours plus prêt de sa perte.
le soleil prend la forme de traits étrangers. des ecchymoses contre l'épiderme lorsque sa poigne se referme, et l'entraine vers le vide, le précipice de tout ce qui fut, et anéanti par l'égo d'un homme. la déesse est belle, bien que loin des mythes et des dessins d'antan. pourtant il reconnait sa grandeur - peut-être même qu'elle le terrifie. kaz n'a jamais senti une âme si grande. une chute si plongeante. un appel si hypnotique. et à travers son regard, il en découvre des années lumières ; tous les secrets de l'univers. un cosmos tellement plus grand que lui qu'il en oublie le roi, et sa poigne de colosse. toutes les armures qu'il a jamais pu porter. toute la confiance de pâte-à-modeler. pour n'en laisser que le miroir, et le reflet de deux enfants. et un fil. une connexion éternelle qui lie leur doigt. une promesse tenue dans le silence, que l'équilibre et les lois de l'univers seuls savent indestructibles. intangibles.
kaz ne sait pas encore que c'est un trou noir qu'il a laissé. un gouffre sans fin. et des morceaux, éparpillés partout. le roi ne s'intéresse jamais à ses sujets. comme kaz ne réfléchi jamais, aux conséquences de ses actes. aux ecchymoses et aux vides sidéraux qu'il laisse derrière lui ; à même la peau de celle qui pourtant semble le regarder comme le créateur - d'une œuvre bien meilleure que le cauchemar qu'il laisse derrière lui, accroché à son nom.
à ce moment précis, la roue se met en marche. pour un meilleur ou pour un pire.
« on se connait ? »
des vies entières défilent sous ses yeux, et son âme est une maison ; qu'il connait de fond en comble. kaz la laisse tenir sa main comme si la lâcher signifierait la fin du monde.

et c'est absolument comme s'il avait recueilli  en lui toute l'essence de la nature humaine, détenant au creux de sa paume faiblement recroquevillée le centre de sa gravité. se déroule alors la diffusion de leur film à deux,  grisé par le temps comme une vieille cassette que l'on aurait regardé trop souvent. la scène de retrouvailles de deux corps inconnus aux âmes qui se connaissaient pourtant par coeur se jouait sous leurs yeux ébahis. son thorax qui se soulève sans calme, ses paupières qui se ferment délicatement contre ses opales pour se réouvrir laissant entrevoir le monde qu'elle a tant cherché, celui aux couleurs ébènes et au gout légèrement métallique et goudronné. car lorsque ses rêves ((cauchemar))  la kidnappent, c'est toujours lui qu'elle l'entrevoie, seul sur son trône fait d'os et de crânes. oh cupidon si tu savais à quel point tu avais merdé, changeant le trajectoire de sa destinée à tout jamais le créateur venait de rencontrer sa bête meurtrière, dégueulante de ses espoirs ridicules et sa détermination vengeresse. mais que la chute sera fatale quand le détachement de leurs corps provoquera en elle le déchirement des âmes-soeurs  « oui...»

 oh si tu savais comme je t'ai cherché,
oh si tu savais comme tu m'as manqué.

« enfin je crois ...» mon dieu qu'elle se sent laide kira face au créateur, lui qui l'avait façonné, lui qui l'avait idolâtré en espérant d'elle la puissance et  pouvoir. la  bête se révélait-elle  être à la hauteur lorsque tout ce qu'elle pouvait lui offrir n'était que son auto-destruction telle une obsolescence délicieusement programmée et l'odeur putréfiante de son coeur noirci par le poison.  la bête se révélait-elle être à la hauteur quand finalement sans lui elle n'était qu'une bête affreuse et perdue.
sans lui elle n'était rien, avec lui elle ne serait plus.
« peut-être pas en fait. »la sentence est alors bien trop dure à accepter face à celui qui avait défié secrètement les lois de l'univers pour y placer une partie de lui en elle comme des fragments d'étoiles se perdant dans le cosmos vaste et imprévisible. au final kira avait été aspirée dans le trou noir du châtiment divin perdant le chemin vers sa maison car, c'était lui sa maison.(celle où on s'y sent bien, celle où s'y sent soi). elle était sa punition pour avoir joué avec l'univers de ses mains d'enfants, n'osant toujours pas détacher la sienne comme une supplication, je t'en supplie dis moi que je ne suis pas folle, dis moi que tu le sais aussi. une larme vient perforer la barrière érigée de ses opales cristallisées par la peur et l'admiration. il avait suffit pourtant d'une légère  fissure pour que s'écoule tout le désespoir d'un jamais, le deuil d'un peut-être car après tout qu'est-ce qu'un monstre comme elle pouvait lui  apporter de plus que sa mort offerte en offrande  sur un plateau rouillé par les essais, rouillé par le prix d’un échange inéquivalent .  comme si on une main venait arracher son coeur à main nu pour le découper et le distribuer aux personnes présentes dans cet étroit couloir (( il n'y avait personne d'autres qu'eux à cet instant) l'une de ses larmes vient couper comme une entaille la main de la faucheuse rompant le mirage de la kira victorieuse la dévoilant frêle et brisée ((ce qu'elle s'évertue tant à cacher)) . « désolée pour le dérangement »
ne devrait-elle pas forcer alors les mains à la séparation ? décrocher les doigts fusionnés par le désespoir à n'y rien comprendre ? mais kira serait prête à se baisser autant de fois qu'il le faudrait pour ramasser la couronne de son roi esseulé, de sa malédiction royale. alors elle ne peut s'empêcher de  serrer encore un peu plus sa main contre la sienne le visage caché par sa chevelure d'or. elle supplie mentalement le favoris d'avoir la force de les séparer, car elle est aujourd'hui battue à plate couture dans ce jeu d'échecs où la reine se retrouve vite évincé face au roi envers qui elle n'a aucune chance de résister. c'était couru d'avance.

qu'il est cosmique ce vide - derrière les rêves étoilés se dresse le néant fait de noir, toutes les crasses de l'univers qui finissent ici-bas. kaz n'est, n'a jamais été le surhomme qu'il prétend être, construit d'os et de sang, de toute la chaire qui le lie au chaos et au entrailles de la terre. kaz a toujours été ainsi - attiré par le goût inévitable de perdition. comme un destin scellé, ses mains sont construites pour briser, tout écraser. ses yeux n'ont de magique que des sorts venimeux, et ses lippes des chants mortuaires, des balades aux allures tendres, pour monter en crescendo vers une chute plongeante du haut du pic. parce que derrière toute bonne chose se cache un mal bien plus grand. et c'est ce qui plane, derrière la minute infinie avec perséphone. ombre vetue de noir qui se dresse derrière elle, un rappel de la fin qui l'attend. et ça lui glace le sang. kaz s'accroche aux lueurs, aux brises printanières, et aux chants mélodieux des oiseaux. une magie si belle qu'elle possède là, au creux de ses paumes, tout au fond de son être. kaz rêverait, pouvoir déposer la couronne, d'un empire si sombre, pour faire face à la lumière ; s'étaler tout entier, cœur et âme ouverte, sur cet océan de vert, prairie paisible et dénuée de tout vice. personne ne devrait déranger l'ordre. personne ne devrait mettre feu au doux jardin de la déesse. pourtant hadès se tient là, et de sa simple présence, tout est voué à l'échec. kaz aimerait plus que tout, lâcher sa main. récupérer tout le courage en son être pour hocher la tête, avouer ne pas la connaitre. lui tourner le dos pour toujours. ne pas faire face aux conséquences. pire encore, refuser de s'attacher à une histoire sans espoirs. pourtant il n'y arrive pas. « ça ne me dérange pas, je suis pourtant persuadé de te connaitre, c'est drôle » rien de drôle là dedans. le sentiment laisse derrière lui des allures inquiétantes. aucun lien n'a jamais été aussi fort, si soudainement. comme si son cœur n'était plus sien, mais annoté, arraché de sa poitrine pour trouver un nouveau refuge, entre les branches d'un autre. peut-être que si kira était allongée sur une table, le thorax à l'air libre, il y trouverait ses organes, tout ce qui est d'humain en lui. quelque part l'idée le terrifie. appartenir autant à quelqu'un d'autre. « je m'appelle kaz, et toi ? est-ce que tu veux qu'on aille s'asseoir ? c'est un drôle d'endroit pour rester planté là... » des hurlements raisonnent aux enfers, des braillements qui l'assaillent de regrets. tu n'aurais pas du. tu aurais du la laisser partir.